| Alger 
        - l'Algérie | 
| Texte, illustrations 
              : Georges Bouchet | 
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| o CRESCIA ( ou Khraicia) Historiquement le plan Guyot avait prévu l'implantation d'un centre de peuplement européen dans le territoire de la tribu des Ouled Sidi Slimane qui avait fui à l'automne 1839. Il nomme ce village Sidi Soliman. 
 Le mot obstacle désigne ici l'ensemble de tous 
        les villages à construire et à relier par des routes carrossables. 
        Cet obstacle doit protéger Alger. Dans l'attente des villages à 
        construire il s'appuie en 1842 sur les camps de 
        Dély Ibrahim, et surtout sur ceux de 
        Birkhadem, Kouba, 
          
         Maison Carrée et Douéra. 
         Le centre a été créé en 1844 en tant qu'annexe de la commune de Douéra, dont il n'est distant que de 4 km. Je ne sais pas à quoi est dû l'abandon du nom Sidi Soliman et son remplacement par Crescia. En 1848 le guide Quétin a jugé que Crescia était un « pays agreste couvert de broussailles, mais au sol fertile.» C'est bien bref et cela laisse supposer un développement assez lent. Géographiquement le territoire 
        communal appartient à la bordure sud du bourrelet anticlinal du 
        Sahel, là où il domine de 150m la plaine de la Mitidja. 
        Comme on a choisi, de ce côté, comme limite de 
        la commune la Route Nationale numéro un, la commune empiète 
        légèrement sur la plaine. A noter tout de même le 
        décrochement vers le nord de cette limite, afin que le cimetière 
        de Birtouta soit situé dans la commune du même nom. Le territoire communal est donc triple. Le nord est un plateau vallonné en pente douce montant de 120-130m le long de l'oued jusqu'à 200m en haut du talus. Cet espace a été presque entièrement colonisé et couvert de vignobles à partir des années 1870 : dans Tartarin de Tarascon, uvre parue en 1872, Alphonse Daudet évoque incidemment le " joli vin de Crescia ". Le bâtiment de la cave coopérative est de 1930. Cette cave de 10 000hl de capacité a été aménagée en collaboration avec la commune voisine de Saoula. Cette cave se trouve d'ailleurs près de la limite des deux communes, mais sur le territoire de Saoula. L'habitation du gérant d'un grand domaine est sans doute antérieure ; elle a surtout beaucoup plus d'allure. La légende de la carte postale est-elle fiable ? J'en doute 
 Au sud, entre la RN 1 et le talus, l'étroit bandeau de plaine possédé par la commune est, vers 1930, entièrement couvert de vignes. Plus tard il y aura peut-être quelques orangers. La plaine est à 50m d'altitude. C'est relativement élevé pour cette partie de la Mitidja : cela a permis à cette zone d'être un peu protégée contre les débordements des marais des Ouled Mendil au début de la colonisation. Entre ces deux espaces occupés par les fermes des colons, le talus à forte pente qui descend vers la plaine est pour l'essentiel resté aux mains des indigènes. La carte des années 1930 mentionne surtout des broussailles et précise le nom des tribus. On peut aussi y remarquer trois indications d'obédience musulmane : deux marabouts (Mart) et une zaouïa, établissement religieux qui pourrait être le siège d'une confrérie musulmane, ou plus modestement, d'une école coranique. Parmi les 22 communes du Sahel prévues par le plan Guyot, seule celle d'El Achour avait en 1954, moins de résidents européens : respectivement 224 et 342. Le village centre est 
        vraiment tout petit, avec deux courtes rues qui se croisent à angle 
        droit, et une rue de ceinture qui suit l'emplacement du dispositif de 
        protection des origines. Le village est traversé par la route de Birkhadem 
        à Douéra par Saoula : c'est celle qui longe l'oued Kerma, 
        en bordure de laquelle a été édifiée la cave 
        coopérative. Mais une autre route tracée sur le plateau 
        rejoint également Saoula. De ces routes je garde un souvenir des 
        années 1943-1944 que j'aimerais voir confirmé par quelque 
        lecteur de mon âge. Sur les bas-côtés de ces routes 
        (comme je suppose un peu partout dans le Sahel près d'Alger) les 
        Américains avaient installé de petits dépôts 
        de munitions, des obus en libre service en quelque sorte, afin de diminuer 
        le risque que ces stocks soient détruits par les bombardiers allemands. 
        Il faut dire qu' à la même époque le port d'Alger 
        était protégé par de gros ballons appelés 
        " saucisses " et qu' il y avait eu deux catastrophes : un navire 
        bourré de munitions avait coulé à proximité 
        du port, et 12 wagons de munitions et d'essence avaient explosé 
        près de la gare de Maison Carrée. La catastrophe ferroviaire 
        est du 4 juillet 1943 en début d'après-midi. Il y avait 
        eu 79 morts,190 blessés et d'énormes destructions dans les 
        habitations 500m à la ronde. Le désastre eut été 
        bien pire si le chef de gare n'avait réussi à détacher 
        et éloigner les 34 wagons de tête. Il avait été 
        alerté par un cheminot de la gare de Gué de Constantine 
        (commune de Kouba) qui avait remarqué des flammes sur un wagon 
        au passage de ce train militaire américain.  
 La carte postale ayant été écrite 
        en 1913,elle illustre un village du début du XXè siècle. La maison de droite est tout à fait semblable à celle que j'ai placée dans le chapitre sur Baba Hassen. On retrouve d'ailleurs ce type de maison basse dans tous les villages de colonisation, d'un bout à l'autre de l'Algérie. La desserte du village a été assurée par les autocars de la société Seygfried jusqu'à son rachat par la société des Auto-Cars Blidéens. 
 Ce figuier de Barbarie fait tellement partie intégrante 
        du paysage nord-africain que les Français débarquant en 
        1830 ont dû croire qu'il s'agissait d'une plante locale : d'où 
        son nom chez nous.  La plante est une 
        plante grasse à rameaux ou tiges en forme de raquettes, dit le 
        Larousse. Les raquettes de forme ovale sont des tiges très aplaties 
        et épaisses, pourvues de longues épines très rigides. 
        En s'unissant les raquettes forment des sortes de branches. Celles du 
        bas se lignifient en 4 ou 5 ans et forment un tronc irrégulier. 
 Le fruit a la forme d'un petit tonneau de 4 à 5cm de long avec une peau très épaisse parsemée de minuscules épines, ou poils ou soies que les botanistes appellent glochides plantés en touffes. Ces glochides se décrochent facilement et s'accrochent tout aussi aisément sur la peau du cueilleur imprudent, grâce à de petites écailles en forme d'hameçons. Elles sont difficiles à ôter de la peau car elles se cassent dès qu'on les touche ; mais pas de panique, ça ne fait pas très mal et elles finissent par disparaître assez vite toutes seules. On trouve ces glochides sur tous les fruits, même sur ceux des variétés inermes, dont seules les raquettes sont sans épines. Les utilisations en Afrique du 
        Nord             o 
        Alimentaire 
 Le second problème est de débarrasser les 
        fruits de leurs piquants. Il suffit de les rouler dans la poussière 
        ou dans des sacs de réforme. On peut aussi tenter les jets d'eau, 
        mais c'est moins fiable. Reste à peler la figue. Quand on détache 
        la peau grâce à une incision longitudinale, il convient de 
        bien regarder où on met les doigts. La peau s'enlève sans 
        difficulté : le fruit doit émerger intact. S'il se brise, 
        c'est qu'il est trop mûr et farineux : jetez-le. 
 Des nutritionnistes bienveillants ont trouvé à 
        ce fruit plein de vertus : richesse en vitamine C et en calcium, présence 
        de vitamines du groupe B, de provitamine A, de potassium et de magnésium. 
        Le pharmacien de Birmandreis en rajoutait une cuillerée en vendant, 
        et peut-être en préparant, un sirop visqueux à partir 
        de la sève contenue dans les raquettes. Mon épouse en a 
        consommé, jeune, de nombreux flacons, pour ses vertus anti-tussives. 
        Ce sirop était très sucré. Le fruit aurait enfin 
        des propriétés cicatrisantes et anti-rides. Je ne suis pas sûr que les raquettes débarrassées de leurs épines, mais gorgées d'eau, aient été données au bétail, comme on peut le lire dans un manuel de géographie très sérieux. o Industrielle : la cochenille 
 Ce ne fut pas un vrai succès, et ce fut éphémère 
        : 1830-1860. Par contre personne à l'époque ne connaissait l'utilisation possible, très banale aujourd'hui, de la cochenille comme colorant alimentaire ; ni n'a songé à faire fermenter la sève pour en tirer de l'alcool.             o 
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