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| Texte, illustrations 
              : Georges Bouchet | 
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| o KOUBA L'histoire de Kouba 
        est connue grâce à un adjoint au maire, Emile Gaudet qui 
        rédigea un fascicule en 1931. je m'y réfère, ainsi 
        que tous mes prédécesseurs, pour les dates du XIX è 
        siècle. Pour ce qui concerne l'origine 
        des pionniers elle est quasi accidentelle. En 1831, des émigrants 
        bavarois, badois et wurtembergeois (pas encore d'Allemagne, ni même 
        de Zollverein en 1831) sont largués sans le sou et sans passeport, 
        dans le port du Havre, par l'organisateur de leur voyage vers le Texas 
        pas encore " américain " mais déjà en révolte 
        contre le Mexique. Ils ne peuvent ni ne veulent retourner chez eux. Embarrassées, 
        les autorités française leur proposent, à la demande 
        de Clauzel, chef à Alger, un lot de terre en Algérie. Ils 
        acceptent. En 1836 Kouba est érigée en Commune. Son territoire atteint alors la mer en incluant la plaine littorale du côté du palais du dey Hussein. Ce morceau de la commune fut perdu en 1870 quand le quartier d'Hussein Dey fut lui-même promu CPE (commune de plein exercice). Dans son plan du 12 mars 1842 Guyot parle de Kouba en ces termes. 
 Il est bon de se souvenir du contexte : à l'automne 
        1839 le djihad proclamé par Abd el-Kader avait balayé toute 
        présence française dans la Mitidja, à l'exception 
        de 4 camps militaires que nous avions pu soutenir et sauver à partir 
        des camps de Maison-Carrée et de Birkhadem. En 1842 les agglomérations 
        du Sahel sont peu de chose : Dély Ibrahim, Birmandreis, Birkhadem 
        et, plus loin, Douéra. Et c'est tout. 
 Le toponyme Kouba, du moins son explication habituelle, mérite un commentaire. L'habitude a prévalu d'expliquer le nom du village par la présence d'une coupole sur la mosquée de Hadj Pacha bâtie en 1543 ou 1545. Mais une koubba (photo ci-contre) n'est pas une coupole : c'est un monument élevé sur la tombe d'un marabout en Afrique du Nord. Une koubba peut avoir une coupole ; ce n'est pas une coupole. L'explication admise du nom Kouba est donc une méprise doublée d'une approximation orthographique. Ce qui n'enlève rien aux mérites du village. Quand, en 1842, Guyot 
        rattache cette commune à la ceinture du Fahs, le territoire de 
        Kouba atteint la mer puisque la plaine d'Hussein Dey en fait partie. Ce 
        qui explique que cette future commune ne soit pas citée par Guyot. 
        La ceinture du Fahs s'arrête à Kouba. La plaine est encore 
        Koubéenne lorsque la gare d'Hussein Dey, sur la voie ferrée 
        de Blida, est inaugurée en 1862. 
 
 Le territoire communal (après 
        la perte d'Hussein Dey en 1870)           
        Une banlieue résidentielle d'Alger. 
        Les constructions sont attenantes avec les villes voisines d'Hussein Dey 
        et d'Alger. Les pentes vers Hussein Dey étant constructibles, elles 
        ont été presque entièrement couvertes de pavillons 
        et de petits immeubles. Vers Alger, du côté du ravin de la 
        femme sauvage, l'escarpement est trop abrupt et l'urbanisation n'est pas 
        allée jusqu'au bord du ravin. Mais sur la route de Birmandreis, 
        le plateau des Anassers était, en 1962, en cours d'urbanisation, 
        à la limite des deux communes. Kouba et Vieux Kouba ne formaient 
        plus alors qu'une seule agglomération qui, avec plus de 20 000hab 
        dès 1954, était devenue une ville de banlieue.  Les collines demeurées agricoles couvraient l'essentiel du restant. La culture principale restait la vigne, mais elle n'était pas la seule. La principale ferme était le domaine Gitton-Servat que l'on apercevait, à droite de la route de Birkhadem. Cette famille possédait deux domaines (l'autre était à Kaddous) et des immeubles à Alger, notamment celui au carrefour des rues Pasteur et d'Isly. Vers la plaine, les fermes devenaient rares et de rares broussailles ont subsisté jusqu'à la fin de la période française. Il y avait aussi des vergers.           
        La zone industrielle du Gué de Constantine  Il n'y a plus de village centre 
        en 1962. Ces deux anciens villages constituent le centre de la ville. Leur plan a été davantage imposé par le relief du plateau dominant la vallée de l'oued Kerma (ravin de la femme sauvage) que par la volonté des créateurs. Il y a seulement, au centre, trois grands bâtiments qui se voient de loin : l'église, le Grand Séminaire et le fort de Kouba. Cette agglomération possède des établissements qui sont ceux d'une ville plutôt que ceux d'un village : Institut Pasteur annexe, vrai stade, bâtiment d'accueil des Invalides de guerre de l'Afrique française, Grand orphelinat, Couvent des surs blanche et Centre de Formation professionnelle. 
 Devant la Mairie une statue, celle du Général Margueritte, rendait hommage, non à un natif du pays, mais à un fils de gendarme arrivé là dès 1831, donc lors de la création de la toute première gendarmerie. Le petit Auguste, arrivé à 8 ans, se serait montré si doué pour apprendre la langue arabe, avec les gamins du voisinage je suppose, que dès l'âge de 11 ans il pouvait servir d'interprète. Ce fils de gendarme fit carrière dans l'armée en Algérie, notamment dans les Bureaux Arabes de Teniet el Haad et de Laghouat. Il mourut en 1870 d'une blessure reçue lors de la bataille de Sedan. A vrai dire cette statue n'était pas dédiée 
        au seul Général Auguste Margueritte mais aussi " aux 
        Algériens tués comme lui à l'ennemi pendant la campagne 
        de 1870-1871 en combattant pour la France ". Les modalités de la desserte 
        de Kouba par les transports en commun sont urbaines, dès le début 
        du XXè siècle avec l'arrivée du tramway en 1905. 
        Au début il s'agissait d'une antenne branchée sur la ligne 
        du Champ de Manuvres à Hussein Dey par Belcourt. A cause 
        de la pente trop forte du boulevard Paul Doumer, seule la motrice montait, 
        sans remorque. 
 
 Enfin une ligne inter-banlieue, toute récente, la 19, reliait Kouba à El Biar par les Anassers, Birmandreis et la Colonne Voirol. Elle passait devant le nouveau centre des invalides militaires ouvert en 1953. Suppléments ecclésiastiques 
                   
        Le Noviciat des SMNDA et l'Orphelinat Saint Charles 
 Elles ajoutaient donc aux contraintes religieuses de leur état, des activités agricoles et domestiques. En 1874 elles durent tenir l'hôpital Sainte Elizabeth ouvert à Saint-Cyprien-des-Attafs et réservé aux indigènes. Ce village, créé en 1872 ainsi que le hameau de Sainte Monique à 5km, avaient été peuplés par des orphelins indigènes recueillis à Kouba et qui avaient accepté de se convertir. Ces deux centres de la vallée du Chélif furent les deux seuls villages arabes chrétiens d'Algérie. Assez vite les Surs Agricoles Hospitalières 
        devinrent officiellement les " Surs 
        Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique ". mais tout le 
        monde les appela Surs Blanches 
        en raison de la couleur de leur vêtement. cliquer sur l'image pour une vue plus large. L'ensemble est imposant. La construction a dû être terminée à la fin des années 1850. Les longs bâtiments des dortoirs, classes et dépendances diverses sont alignés de part et d'autre d'un sanctuaire quasi byzantin. Avec sa coupole à tambour, ses deux demi-coupoles, ses contreforts latéraux, ses tours élancées comme des minarets et son plan en croix grecque , c'est presque Sainte Sophie de Constantinople, en moins grand et moins massif. Son jeune architecte, Jean Eugène Fromageau, avait accepté en 1855, à 33 ans, de quitter Paris pour Alger car il était mal vu en France à cause de son opposition au style néo-gothique prôné par le maître Viollet-le-Duc et apprécié par l'Empereur. A Alger, en tant qu'architecte diocésain, il construisit non seulement les deux séminaires de Kouba et de Saint Eugène, mais aussi Notre-dame d'Afrique ; tous dans le même style. Au séminaire, comme au noviciat des surs, la durée de la formation était de trois ans dans les années 1860. La tonsure, c'est-à-dire le passage de l'état laïc à celui de clerc, était accordé au bout d'un an et les sous-diaconat au bout de deux ans. La troisième année se terminait avec les deux ordinations au diaconat et à la prêtrise à deux mois d'intervalle. Durant leurs études les séminaristes avaient un après-midi de liberté avec droit de sortie, en soutane noire, col romain et chapeau à large bord. L'une des promenades préférées conduisait à l'embouchure de l'oued el Harrach dans la commune voisine de Maison-Carrée. C'est là que trois jeunes séminaristes auraient, 
        en 1867, médité sur le souhait du Père Eternel (ainsi 
        appelaient-ils leur Supérieur, le père Girard, en raison 
        de son âge et de sa grande barbe blanche). Le père Girard 
        qui entendait comme tous ses élèves l'appel du muezzin 5 
        fois par jour, se désespérait de ce que " l'Islam fût 
        une énigme insoluble et une impossible rencontre ". Il cherchait 
        le moyen " d'aller vers les Algériens " et de nouer un 
        dialogue avec eux. Quand il sut que trois de ses élèves 
        partageaient le même souci, il sollicita une audience auprès 
        du tout nouvel archevêque débarqué à Alger 
        le 15 mai 1867, Monseigneur Lavigerie. Ce dernier, qui avait séjourné 
        en Syrie en 1960 au moment où les Chrétiens étaient 
        persécutés par les Druses, y avait noué une relation 
        d'estime réciproque avec Abd el-Kader. Lavigerie reçut très 
        volontiers le père Girard et ses trois séminaristes. Leur 
        commun souhait de favoriser cet impossible dialogue avec l'Islam poussa 
        l'archevêque à ouvrir dès le 19 
        octobre 1868, un noviciat pour les futurs missionnaires de 
        la " Société des Missionnaires 
        d'Afrique ". Le noviciat fut ouvert dans une maison isolée 
        de Maison-Carrée. Dès l'origine l'intitulé soulignait 
        que l'action de la nouvelle congrégation ne serait pas limitée 
        à l'Algérie. Mais les consignes imposées aux novices 
        : apprendre l'arabe, se nourrir et se vêtir comme des arabes se 
        référaient aux musulmans d'Afrique du Nord. Les premiers 
        missionnaires adoptèrent donc gandoura, burnous et chéchia. 
         En 1962 le séminaire de Kouba fut fermé, puis les terrains confisqués par la réforme agraire, mais les bâtiments restèrent propriété de l'église. Monseigneur Duval, archevêque d'Alger depuis 1954, en fit un " Centre de Pastorale ", puis en 1971 un " Centre d'Etudes Diocésaines ". Quant à l'ex noviciat des surs blanches de Kouba, il hébergea un " Centre d'Etudes Maghrébines ". En guise de conclusion à ce paragraphe très catholique, quelques mots sur les diocèses d'Algérie 
 Les noms des évêques Dupuch (voir), 
        Pavy et Lavigerie ont été attribués à des 
        rues ou des places d'Alger, dans ou près de la casbah. Mais seul 
        le nom de Lavigerie a été donné à un village 
        de colonisation de l'arrondissement de Miliana, situé dans la vallée 
        du Chélif. Il porte depuis 1962 le nom de Djendel. 
 Parmi ses successeurs, seul Léon Etienne Duval fut également nommé cardinal en 1965, 7 mois après avoir été naturalisé algérien. |