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         BIRKADEM 
 Birkhadem existait déjà lorsque 
        nous sommes arrivés en 1830. Ce n'était peut-être 
        pas un vrai village, mais il y avait déjà suffisamment de 
        monde dans les haouchs alentour pour qu'une mosquée ait été 
        construite dès le XVIIIè siècle. Il y avait aussi, 
        au centre de la cuvette une belle fontaine aménagée en 1797 
        par le Dey turc Hassan Pacha. 
         
          |  | Elle était 
            alimentée par un aqueduc en partie souterrain, venu de Tixeraïne 
            ; il n'est pas impossible que cet aqueduc ait été tracé 
            et creusé par des esclaves espagnols. Il était encore 
            indiqué sur la carte de 1873. 
 L'histoire a transformé la fontaine en puits (bir) et la légende 
            a ajouté une négresse (khadem) pour former le toponyme 
            Birkhadem qu'il aurait fallu prononcer Bir Rhadem et que nous prononcions 
            Birkadem.
 
 Sur les collines environnantes de belles villas mauresques appartenaient 
            à des dignitaires turcs ou arabes ; et suffisamment de bons 
            musulmans pour participer à la prière commune du vendredi.
 |   
          |  |  En septembre 1830 Clauzel 
        y installe l'un des trois camps retranchés de la protection d'Alger 
        ; les deux autres étant Dély Ibrahim et Kouba. Ce camp est 
        renforcé en décembre 1831 par le Général Duvivier 
        qui établit un escadron de spahis sur une colline, dans le haouch 
        Ben Siam. En 1833-1834 les soldats 
        de Voirol ouvrent la route venant d'Alger par Birmandreis. Et des Européens, 
        dont quelques Allemands du sud venus de Kouba, s'installent spontanément 
        dans la cuvette où se trouve le centre du village. C'est le 22 
        avril 1833 que Clauzel crée un centre de peuplement " dans 
        cet endroit bien alimenté en eau ". Et le 25 juillet de la 
        même année les Turcs sont expulsés d'une grande ferme 
        fortifiée en bordure de la Mitidja, et que l'on transforme en ferme 
        expérimentale. Cette ferme apparaît sur les cartes avec le 
        nom de " ferme modèle 
        ". De 1830 à 1840 le 
        camp de Birkhadem est le plus menacé et le plus actif des trois 
        camps retranchés déjà cités. En 1834 un bataillon 
        tombé dans une embuscade près de l'Oued Kerma, subit de 
        lourdes pertes ; et en 1839, lorsque Abd el-Kader proclame le djihad, 
        c'est à Birkhadem que l'on concentre les colonnes mobiles qui vont 
        à Fondouk et permettent d'éviter l'évacuation de 
        cette garnison française implantée de l'autre côté 
        de la Mitidja au pied de l'Atlas. Cependant les récits des réfugiés 
        de la Mitidja, aggravent le sentiment d'insécurité ; et 
        après l'incendie de deux fermes et l'enlèvement de trois 
        colons près de la ferme-modèle en avril 1840, quelques Européens 
        abandonnent Birkhadem. La population diminue au moment où Guyot 
        rédige son plan qui intègre Birkhadem à la ceinture 
        du Fahs (ou de banlieue) et en parle en ces termes 
         
          | 
               
                | Ce village s'est établi autour de 
                  la belle fontaine du même nom. Il ne s'agit que de seconder 
                  les particuliers qui se portent naturellement sur ce point. 
                  Un plan du village est dressé en ce moment. Des terres 
                  domaniales de l'ordre de 100ha seront aliénées 
                  par le Domaine, à charge pour les acquéreurs de 
                  prendre en même temps un lot au village et d'y bâtir 
                  : une école et une église achèveront d'y 
                  attirer et d'y fixer la population. Cette localité deviendra 
                  très importante à cause du passage de la route 
                  de Blida. |  |  Guyot ne s'est pas trompé en ce qui concerne le 
        rôle de la route qui devint, à partir de 1845 la RN numéro 
        1.
 Quant à l'école et à l'église ses promesses 
        furent rapidement tenues. A la même date, 1843, 
        l'école est ouverte, comme l'avait été la Mairie, 
        dans la mosquée, et l'église est construite par les soldats 
        du Génie. Elle est consacrée à Sainte Philoméne 
        par Monseigneur Dupuch en personne. Son maître autel de marbre vert 
        et noir est un don du roi de Naples Ferdinand II dont une fille portait 
        ce prénom. Et lors de son passage en 1865 Napoléon III offrit 
        2 grands tableaux de peinture.
 
         
          |  | Sur cette carte 
            de 1873 on voit clairement que le village n'a pas encore dépassé 
            les limites du périmètre de sécurité et 
            que son plan est un damier presque parfait. Le plan de 1833 est donc 
            conforme à ce qui deviendra la règle pour la plupart 
            des villages de colonisation lorsque le relief s'y prêtait. 
 Le pénitencier qui a remplacé la caserne des spahis 
            de 1831 est encore loin du village. En 1962 il sera rattrapé 
            par le quartier de villas appelé " Clos Saint Jean ". 
            On peut suivre aussi le cheminement de l'aqueduc qui alimente la fontaine 
            de 1797 : il est tracé en pointillé et marqué 
            " souterrain ".
 
 Le cimetière est toujours resté assez loin du village, 
            sur la route de Kaddous. Au-dessus du portail une inscription latine 
            peu réjouissante " Hodie mihi, 
            cras tibi ".
 |   
          | Je traduis 
            pour les non latinistes : "aujourd'hui pour moi, demain pour 
            toi". On ne serait mieux nous prévenir de notre avenir 
            commun en quatre mots à peine. |  Quelques dates notables 
         
          | 1830 - | septembre, Clauzel implante un camp 
            militaire |   
          | 1831 - | décembre Duvivier renforce beaucoup 
            la garnison |   
          | 1833 - | 22 avril. Décret de création 
            du centre de peuplement sous A. Avizard, Commandant par intérim |   
          | 1833 - | 25 juillet. Confiscation des haouchs 
            turcs, sous Théophole Voirol Commandant par intérim |   
          | 1840 - | Installation de la Mairie dans la mosquée |   
          | 1843 - | Ouverture d'une école dans la 
            mosquée. Un bâtiment spécial sera construit en 
            1887-1889 Consécration de l'église Sainte Philomène
 |   
          | 1845 - | Fin de la construction de la route de 
            Birkhadem à la Mitidja (future RN 1) |   
          | 1848 - | Ouverture d'une Gendarmerie. Un nouvelle 
            caserne sera inaugurée en 1867 |   
          | 1856 - | Birkhadem devient CPE, avec comme annexes 
            Birmandreis et Saoula |   
          | 1860 - | Implantation d'un abattoir |   
          | 1865 - | 8 mai. Visite de l'Empereur Napoléon 
            III |   
          | 1882 - | 5 novembre. Naissance de 
            Catherine Sintès, future maman du futur prix Nobel Albert Camus |   
          | 1889 ou 1896 - | Ouverture du CSR Centre 
            Spécialisé de Rééducation |   
          | 1899 - | Inauguration d'une nouvelle 
            mairie |   
          | 1913 - | Aménagement d'un 
            réseau d'égouts collecteurs |   
          | 1932 - | Inauguration de la salle 
            des fêtes |   
          | 1956 - | 15 octobre. Découverte d'un laboratoire 
            clandestin de fabrication d'explosifs pour le FLN Arrestation de 7 terroristes dont trois juifs, Arbib, Timsit et Smadja, 
            qui avaient mal évalué le
 degré réel d'empathie du FLN pour le peuple élu.
 |   
          | 1959 - | Création d'une SAS |  Le territoire communal
 Avec ses 1600 ou 1800ha selon les sources, Birkhadem est une commune d'une 
        étendue moyenne pour le Sahel. Elle est limitée sur deux 
        côtés, le sud et l'ouest, par l'oued el Harrach et son affluent 
        l'oued Kerma. L'oued el Harrach (on disait l'Harrach), est celui qui traverse 
        Maison Carrée (aujourd'hui El Harrach) avant de se jeter dans la 
        mer. La faiblesse des altitudes, moins de 200m explique que les pentes 
        soient modérées au-dessus de la Mitidja et que les versants 
        aient été presque tous défrichés et mis en 
        culture. Dès le début du XXè siècle, il ne 
        restait guère de broussailles.
 Par ailleurs cette commune est un peu atypique, comparée 
        à ses voisines du Sahel, pour au moins les trois raisons que voici.o Son territoire déborde légèrement sur la plaine 
        de la Mitidja, jusqu'aux rives de l'oued el Harrach. C'est juste un peu 
        au-dessus de la plaine que se trouve la ferme-modèle. La voie ferrée 
        d'Alger à Oran traverse ce bout de la commune tout droit, mais 
        il n'y a pas de gare ni de halte : les gares de Baba Ali et du Gué 
        de Constantine sont dans les communes voisines de Saoula et de Kouba.
 o Il y a beaucoup de vigne, mais aussi beaucoup d'autres 
        cultures. La proximité d'Alger, l'abondance de l'eau à faible 
        profondeur, les sols hamri légers ont permis aux Mahonnais, dès 
        les années 1840, de développer les cultures maraîchères 
        et surtout fruitières. Birkhadem était connu pour ses vergers 
        de pêchers ; on y a cultivé également d'autres fruits, 
        des pommes de terre, et du tabac. On avait même essayé la 
        sériciculture car les mûriers poussaient bien ; sans vrai 
        succès. o La situation sur RN 1, qui a constitué à 
        partir de 1845, l'axe majeur de circulation routière vers le sud 
        et l'ouest, a beaucoup aidé Birkhadem à dépasser 
        le stade du village. Les recherches pétrolières, après 
        la guerre de 1939-1945, ont donné un vrai coup de fouet, aux activités 
        liées aux transports. 
         
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   Le territoire 
              communal
 
 |  Les activités des Birkhadémois étaient 
        donc multiples et dépassaient largement le cadre de l'agriculture. 
        Birkhadem n'était certes pas une ville, mais c'était mieux 
        qu'un village. On y trouvait dans les années 1950 des ateliers 
        de conditionnement des fruits pour l'exportation (firme Fédélich), 
        des entreprise de transport à longue distance (transports Tixidor), 
        et même un atelier de carrosserie pour équiper à la 
        demande du client, des châssis de camion livrés nus (établissements 
        Leroy).
 Birkhadem offrait à ses 9000 habitants (en 1954) de nombreux services 
        absents de la plupart des villages du Sahel :médecins, pharmacie, 
        agence bancaire, gendarmerie, mécaniciens automobiles, commerces 
        non alimentaires divers, par exemple celui de matériels électriques 
        du maire de l'époque, Monsieur Borderie.
 
 Il y avait enfin le centre d'éducation ou de rééducation 
        spécialisé pour mineurs délinquants que l'on appelait 
        habituellement centre de redressement et qui occupait les bâtiments 
        de l 'ancien pénitencier.
 
 Le village centre
 
 La comparaison des cartes de 1873 et de 1935 montre que le site originel 
        de fond de cuvette a commencé à être débordé. 
        Le village s'est allongé surtout sur les routes d'Alger et de Kouba 
        qui étaient en pente montante.
 
 Et le plan en damier de 1833 n'apparaît plus. Vingt ans plus tard 
        de nouveaux lotissements ont été créés ; le 
        Clos Saint-Jean entre la route de Kouba et le pénitencier, 
        et les Vergers de l'autre côté 
        du pénitencier et en contrebas, vers Birmandreis. Ces derniers 
        lotissements n'ont que des villas en 1962.
 
 Et même au village il n'y a que des immeubles bas à un ou 
        deux étages.
 
 Au centre une grande place avec kiosque à musique où l'on 
        dansait pour la fête du village. D'un côté de la place 
        le groupe scolaire, de l'autre l'église, et en face la Mairie et 
        la poste.. Cette place était longée par la RN 1 qui constituait 
        la principale rue du village et au bord de laquelle se situaient la plupart 
        des commerces et des ateliers. Au-dessus de la route à droite en 
        venant d'Alger il y avait un quartier arabe, appelé, me semble-t-il, 
        Djenan el Malik (le petit jardin).
 
 Le quartier des vergers était un peu isolé du reste du village. 
        On y trouvait des terrains de tennis.
  Après 1945 la desserte 
        du village par les transports en commune fut assurée 
        par deux sociétés ; la société Seyfried ensuite 
        rachetée par les autocars blidéens, et la RSTA (ex CFRA).
 Il existait entre Birkhadem et Birmandreis une petit car Seyfried qui 
        prolongeait en fait la ligne de trolleybus I venue de la Grande poste 
        et qui faisait de Birkhadem une grande banlieue d'Alger.
 
 Contrairement aux autres bus qui avaient chauffeur et receveur, ici c'est 
        le chauffeur qui vendait les billets.
 
 A Birkhadem s'arrêtaient tous les cars blidéens partis de 
        la place du Gouvernement et desservant la route du sud jusqu'à 
        Djelfa, ainsi que le village de Saoula.
 
 Birkhadem était le terminus de la ligne RSTA 
        14. Cette ligne qui n'arrivait pas très loin du lycée 
        Bugeaud à Alger, permettait aux lycéens Birkhadémois 
        d'éviter la pension.
 Bien longtemps auparavant, entre 1862 
        et 1914, Birkhadem avait été le seul centre du 
        Sahel non littoral à être relié régulièrement 
        à une gare, celle de Baba Ali située dans la Mitidja, et 
        hors de la commune ! Les voyageurs descendus du train franchissaient les 
        7km grâce à des services de corricolos, diligences à 
        claire-voie munies d'un large coffre. En 1900 il y avait 11 aller-retour 
        par jour. La voiture et le bus ont, après la guerre, tué 
        cette liaison avec Alger plurimodale, longue et lente. Autres lieux habités notables 
        
 Les 9161 habitants de Birkhadem en 1954, dont 2183 Européens, ne 
        vivaient pas tous au village. Il pouvait y en avoir une moitié, 
        guère plus, car outre les nombreuses fermes moyennes disséminées 
        sur tout le territoire, il y avait, aux deux extrémités 
        de la commune, une grande ferme au sud et un village indigène au 
        nord.
  Le 
        village indigène de Tixeraïne
 Il existait bien avant 1830. D'ailleurs le Dey y possédait un palais 
        où il venait parfois l'été. Guyot évoque ce 
        lieu dans son plan, non pour prévoir une implantation de centre 
        européen, mais pour signaler qu'il serait desservi par la paroisse 
        et le curé de Birkhadem. S'il avait imaginé que des chrétiens 
        viendraient s'y installer, il s'est trompé : le village est resté 
        purement indigène, même si quelques fermes européennes 
        en étaient proches.
 
 On disait sa population plus kabyle qu'arabe. Il était situé 
        à l'extrême limite de la commune, en lisière des communes 
        de Birmandreis et de Draria. Il avait été bâti sur 
        un ressaut de terrain au-dessus de l'oued Kerma. C'est tout juste si on 
        l'apercevait de la route d'El Achour qui passait plus bas.
 Après 1954 ce bout de route sinueux et pentu eut une mauvaise réputation 
        et l'on ne s'y attardait pas.
          
        La ferme-modèle 
         
          |  | Le bâtiment 
            principal, une ferme fortifiée turque aux murs crénelés, 
            est antérieur à 1830 lui aussi. Cet haouch est connu 
            sous le nom d'Hassan Pacha ou d'Haouch el Dey. Il était situé 
            à peine au-dessus de la Mitidja, à 1km de l'oued el 
            Harrach et à moins de 10km des vastes marais des Ouled Mendil, 
            donc tout près des réservoirs à moustiques. |  Clauzel y installe 
        un poste militaire dès l'été 1830 à 10km du 
        pont sur l'Harrach de Maison Carrée (Bordj el Harrach à 
        l'époque turque), chargé de protéger les accès 
        du pont. L'année suivante ce fort a servi de poste avancé 
        des camps retranchés de Birkhadem et de Kouba. Clauzel a également 
        tenté de créer, en octobre 1830, une vaste ferme sur des 
        terrains confisqués aux Turcs. Cet haouch couvrait environ 1000ha 
        le long de l'oued vers Maison-Carrée. La ferme était organisée 
        en société anonyme par actions de 500 francs. Les terres 
        lui étaient louées avec un bail reconductible de 9, 18 ou 
        27 ans. 
 Dans l'idée de Clauzel cette ferme devait être un exemple. 
        Mais l'insalubrité, le harcèlement des indigènes 
        et le désintérêt des successeurs de Clauzel, amenèrent 
        vite l'abandon de " cette ferme-modèle 
        qui ne fut pas , dit un contemporain, un modèle de ferme ".
 Le projet fut repris en 1833 par Voirol 
        pour une ferme plus modeste et expérimentale de 290 ha. Pourtant 
        le nom de ferme-modèle s'est maintenu jusqu'au bout.
 Cette ferme a échoué en tant que centre d'expérimentation 
        de cultures tropicales. Ni la canne à sucre, ni le coton, ni l'indigotier 
        n'ont consenti à pousser.
 
 Elle a réussi en tant que centre de refuge pour les colons aventureux 
        établis dans la plaine de la Mitidja. Même si elle ne les 
        a pas tous sauvés, elle en a sauvé la grande majorité 
        lors de la reprise de la guerre sainte par Abd el-kader à l'automne 
        1839. Et de sa création jusqu'à l'élimination de 
        la menace Hadjoute elle a servi de sonnette d'alarme contre les incursions 
        des Hadjoutes (tribus maghzen non 
        ralliées) et de centre de repli pour les colons menacés. 
        Les annales signalent cependant encore 2 fermes incendiées et 3 
        colons enlevés en avril 1840.
 
 La ferme-modèle servit , involontairement, à expérimenter 
        les dangers des fièvres le 
        long des oueds et à proximité des marécages. La fièvre 
        est alors le nom donné à toutes sortes de maladies qui n'étaient 
        pas contagieuses, mais qui étaient endémiques. Ces fièvres 
        enrichirent le vocabulaire qui les qualifia de " malignes, putrides, 
        insidieuses, rémittentes, comateuses, tierces, quartes etc. etc. 
        ; et décimèrent garnison et colons. Aujourd'hui nous les 
        appelons paludisme ou malaria. Elles ont fait plus de morts chez les civils 
        et les militaires, que les Hadjoutes. On ne connaissait aucun remède 
        ; on imagina de relever les soldats plus souvent, tous les mois, tous 
        les 10 jours, tous les 5 jours. Cela offrit aux moustiques l'occasion 
        de contaminer tous les soldats qui passaient par là.
 
 Contre ce fléau les médecins étaient impuissants 
        et ne songeaient même pas à incriminer les moustiques. Par 
        chance médecin de l'hôpital de Bône, 
        Maillot, trouva la bonne posologie du sulfate de quinine, un 
        fébrifuge découvert en 1820 par le pharmacien Caventou. 
        Dès qu'on fut capable de le produire en quantité, ce remède 
        fut distribué largement et mit fin aux hécatombes sans mettre 
        fin à l'endémie. Dans certains villages on achetait la quinine 
        au café. Ce n'est qu'en 1880 et 1884, qu'à Constantine, 
         Laveran découvrit que le responsable 
        est un parasite hématozoaire du genre plasmodium et que le transmetteur 
        est le moustique anophèle femelle. Laveran obtint le prix Nobel 
        de médecine en 1907.
 
 Au plus tard en 1913, la ferme cessa 
        d'appartenir à l'Etat. Les 2 derniers propriétaires furent 
        Keroulis et Germain. Après 1954 cette ferme privée hébergea 
        un poste militaire qui joua, mutatis mutandis, les mêmes rôles 
        d'alerte et de protection que dans les années 1830. Il y avait 
        une moulin sur l'Harrach qui fut abandonné vers 1920, mais le barrage 
        d'alimentation figure encore sur la carte des années 1930.
          
        Le Pénitencier. L'inscription 
        " pénitencier " sur les cartes de toutes les époques, 
        désigne un ensemble de constructions situées sur une colline 
        dominant la cuvette de Birkhadem, et qui a connu des utilisations diverses. Avant notre arrivée c'est le centre d'un domaine 
        appelé Haouch Ben Siam
 Cet haouch est saisi et utilisé par l'armée française 
        pour loger un régiment de spahis en décembre 1831 ; 143 
        hommes et 118 chevaux.
 
 Lorsque la sécurité dans le Sahel et la Mitidja parut solidement 
        établie, vers la fin des années 1850 on transforma les casernes 
        en un pénitencier militaire qui pouvait recevoir 400 à 500 
        militaires. Il faut croire qu'il n'y avait pas assez de punis pour occuper 
        toutes les places, car en 1893-1896 le centre servit de lieu de convalescence 
        pour des soldats blessés de retour de Madagascar.
 En 1927 au plus tard ce centre échappe à 
        l'armée pour devenir une Maison d'Education Surveillée pour 
        garçons mineurs condamnés. On parlait alors de centre de 
        redressement de 200 places, voire plus en se serrant. 
 En 1945 le centre cesse d'être géré par l'administration 
        pénitentiaire. Il est confié à la Justice.
 Après 1951 la capacité d'accueil est ramenée progressivement 
        à 160, puis 75 places. Et surtout on applique en Algérie 
        l'ordonnance de février 1945 qui inverse les priorités : 
        l'éducation ou la rééducation passe avant la punition 
        du délit, pour les mineurs de 13 à 18 ans. La clientèle 
        du centre de Birkhadem était composée de mineurs délinquants, 
        ou vagabonds, ou moralement abandonnés. Le caractère pénitentiaire 
        s'efface : plus de grilles, plus de cellules d'isolement. Il y avait neuf 
        musulmans pour un européen chez les mineurs et une proportion inverse 
        chez les éducateurs. Après 1954 la clientèle a été 
        modifiée par l'arrivée des " politiques " arrêtés 
        et jugés pour menées subversives. Ils étaient plus 
        bourgeois, plus éduqués et meilleurs francophones que leurs 
        prédécesseurs. Ils étaient aussi plus respectueux 
        des personnels, mais ont vite acquis du prestige auprès des autres 
        détenus. Sa destination a survécu à l'indépendance, 
        au moins jusqu'aux années 1990. Puis il est devenu en 1996 en centre 
        d'hébergement des SDF, sans domicile fixe, amenés d'Alger.
 Supplément en images 
         
          | Cliquer 
              sur l'image pour une meilleure lecture Vue générale 
              avec minaret, clocher et route d'Alger
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          | L'école 
              de garçons de 1887  | La 
              rue principale du Clos Saint Jean en 1963  |  
 
         
          | 1-Lacrampe, 2-Bouchet, 3-Bart, 4-Laugel, 
              Directeur, 5-Tanneu, 6-Gaudin, 7-Furio, 8- Lavallée, 9-Madame Bouchet, 10- Mademoiselle Gontran, 
              11-Madame Lacrampe
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