agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
LA CULTURE DU TABAC EN ALGÉRIE

Du tabac fut planté dans une jeune vigne. Au cours de la première année, la vigne trop serrée, de près parut regimber et, brutalement soumise à ce voisinage imprévu, en dessécha, sans doute de colère... Cette manifestation ne fut pas de longue durée, et le tabac - toujours galant et cédant le pas à la vigne - se constatant indésirable, comprit qu'il fallait aller puiser ailleurs ses ressources et ses moyens d'existence et s'en alla vriller plus profondément ses racines.

La deuxième année, donnait de merveilleux résultats, et notre planteur réalisait quarante sept quintaux en deux hectares, non sans cueillir comme à. l'accoutumée, les raisins puissants de sa vigne.

Comme on peut en juger par les photographies ci-contre, le tabac ainsi obtenu ne semble, pas de qualité médiocre et ses feuilles superbes suffiraient à. habiller son homme.

Adam et Eve qui connurent, au Paradis terrestre, une crise du vêtement comme, par ces temps de vie chère, nous n'en connaîtrons probablement jamais, auraient apprécié ces plantations, où ils eussent trouvé l'habit pour les couvrir et le dessert pour les désaltérer. .
Rien ne dit, d'ailleurs, que le jeune Adam n'eut, pas préféré débiter son costume et s'en aller, tout nu, pourvu d'un bon cigare !

La vigne, nous a déclaré M. Ponsetti, propriétaire du clos Sainte-Eulalie, des Issers, où l'expérience tentée vient, d'être couronnée du plus éclatant succès, la vigne est plantée à deux mètres sur un mètre vingt. Au milieu de chaque rang de vigne a été planté, un rang de tabac.
Le tabac fut planté vers le mois de mars et la récolte eut lieu à la fin du mois du juillet.

Les terres subirent à trois reprises une préparation profonde et furent consciencieusement ameublies.

Afrique du nord illustrée des 7-8-1920 + 29-12-1923 + 13-3-1926 - Transmis par Francis Rambert
mars 2021

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A propos du tabac, sur ce site, entre autres:

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- Alger, Algérie : documents algériens - Série économique : agriculture - le tabac en Algérie

- LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962
Georges Bouchet- P
RESENTATION GENERALE GEOGRAPHIQUE - 2 - Une plaine agricole densément peuplée - La plus riche des plaines agricoles sublittorales - Une plaine en voie d'industrialisation à l'est - Une plaine plutôt bien équipée - La plaine d'Algérie la mieux desservie


*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1920 . Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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LA CULTURE DU TABAC EN ALGÉRIE

Dans nos vieilles chansons françaises, le vin -j'entends le bon vin ! - a toujours voisiné avec le tabac. Le vin, l'amour et le tabac, dit l'une d'elles. Et on est habitué à voir, en effet, fraterniser le cigare et la bouteille, la cigarette et le flacon, comme fiancés depuis longtemps promis l'un à l'autre, comme époux depuis belle lurette accouplés.
Ne nous en étonnons pas... l'un et l'autre sont de puissants stimulants pour la pensée. Ils provoquent la joie, délient les esprits les plus tardifs et les langues les mieux nouées.
Aussi, si le vin a été chanté, le cigare, la pipe et la cigarette ont eu, de même, leurs thuriféraires et si François Coppée, comme pour l'honorer mieux, met le cigare à la rime de ses poèmes, Pierre Louys, pour compléter l'hommage, proclame dans un de ses contes les plus éclatants qu'une volupté nouvelle nous est offerte avec la cigarette.
Quant à la pipe, voisine inséparable de la chope, nos peintres comme nos écrivains l'ont inlassablement évoquée et dans le Bon Bock, Édouard Manet place l'une et l'autre aux mains de nos joyeux buveurs.
Est-ce pour cette raison qu'un de nos planteurs africains a eu l'heureuse idée de faire compagnonner sa jeune vigne avec ses plants de tabac ?
Je ne sais. Il n'en est pas moins vrai que dans un domaine de la région des Issers un miracle vient de se produire.
Du tabac fut planté dans une jeune vigne. Au cours de la première année, la vigne trop serrée, de près parut regimber et, brutalement soumise à ce voisinage imprévu, en dessécha, sans doute de colère... Cette manifestation ne fut pas de longue durée, et le tabac - toujours galant et cédant le pas à la vigne - se constatant indésirable, comprit qu'il fallait aller puiser ailleurs ses ressources et ses moyens d'existence et s'en alla vriller plus profondément ses racines.
La deuxième année, donnait de merveilleux résultats, et notre planteur réalisait quarante sept quintaux en deux hectares, non sans cueillir comme à. l'accoutumée, les raisins puissants de sa vigne.
Comme on peut en juger par les photographies ci-contre, le tabac ainsi obtenu ne semble, pas de qualité médiocre et ses feuilles superbes suffiraient à. habiller son homme.
Adam et Eve qui connurent, au Paradis terrestre, une crise du vêtement comme, par ces temps de vie chère, nous n'en connaîtrons probablement jamais, auraient apprécié ces plantations, où ils eussent trouvé l'habit pour les couvrir et le dessert pour les désaltérer. .
Rien ne dit, d'ailleurs, que le jeune Adam n'eut, pas préféré débiter son costume et s'en aller, tout nu, pourvu d'un bon cigare !
La vigne, nous a déclaré M. Ponsetti, propriétaire du clos Sainte-Eulalie, des Issers, où l'expérience tentée vient, d'être couronnée du plus éclatant succès, la vigne est plantée à deux mètres sur un mètre vingt. Au milieu de chaque rang de vigne a été planté, un rang de tabac.
Le tabac fut planté vers le mois de mars et la récolte eut lieu à la fin du mois du juillet.
Les terres subirent à trois reprises une préparation profonde et furent consciencieusement ameublies.
Grâce à ce mode nouveau, on peut pendant deux ans, planter du tabac dans sa vigne, sans que celui-ci nuise à Celle-là.
On aura ainsi utilisé et, rendu productive une terre qui, plantée de vigne, ne rapporte jamais qu'à la troisième feuille, deux ans après sa plantation.
Un tel exemple sera certainement profitable, à tous les cultivateurs qui, nombreux, s'occupent, en Algérie, de la culture de la vigne et de la culture, du tabac.
L'une et l'autre; constituent, deux grandes richesses africaines.
On n'ignore pas ce que l'exploitation de la vigne rapporte chaque année à. notre pays, où le tabac compte aussi parmi les plus profitables exploitations agricoles de l'Afrique du Nord.
La courageuse et intelligente initiative de M. Ponsetti saura, nous n'en doutons pas, provoquer un nouvel effort, parmi nos colons soucieux de faire de notre Algérie la plus productive et la plus féconde de nos colonies méditerranéennes.
Grâce à lui, la chanson triomphe et prouve sa raison.
On pourra unir désormais aux noms de Bérenger et de Xavier Privas, qui ont chanté les vertus du vin et du tabac, les noms des cultivateurs qui, dans leurs plantations, ont eu l'heureuse idée d'enlacer à leurs plants nouveaux la vrille et le tire-bouchons de leur jeune vigne.
" Tout finit en France par des chansons ", a-t-on coutume de répéter.
On pourra dire que, c'est de la chanson qu'en Algérie jaillissent les idées neuves et les essais les plus hardis.
L'amour, le vin et le tabac s'est écrié le chansonnier, sans prévoir probablement, qu'un jour le sillon réunirait, la vigne à la nicotiane comme, depuis des siècles, se trouvent, réunis sur la même table, cigares fins et liqueurs parfumées,
Ainsi vont désormais voisiner, dans nos campagnes africaines, feuille de vigne et feuille de tabac.


*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1924 . Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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LA CULTURE DU TABAC

L'usage de cette plante est aujourd'hui général. Tout le monde fume. Les femmes, les enfants eux-mêmes veulent fumer et les jeunes potaches, dans leurs récréations, s'exercent à conserver la fumée et à la faire sortir par le nez. Ces prouesses leur semblent une preuve de virilité et ils s'en montrent très fiers. Ils fument alors par amour-propre, par genre ; plus lard, ce sera par plaisir, par désœuvrement, ennui, lassitude mortelle, ou tout simplement, l'habitude une fois prise, par nécessité.
On affirme cette habitude déplorable et on va jusqu'à prétendre que fumer arrête le développement physique et intellectuel et qu'il engourdit le cerveau. Il semble que l'on exagère ainsi l'action nuisible du tabac. Il n'est dangereux que par un abus immodéré et trouve d'ailleurs son correctif dans le café, qui, comme lui, a, pendant longtemps, passé pour un poison, avant de devenir d'un usage universel. Et, en dépit de ces esprits chagrins, on fumera, prisera, et ce qui est moins élégant encore, on chiquera.
Fumer c'est, en effet, obtenir une trêve à la tristesse, aux préoccupations irritantes, au mille petites misères de la vie, c'est trouver un refuge, contre le mécontentement de soi-même ; c'est une diminution d'une sensation de fatigue et de découragement ; c'est une jouissance émanant d'une faible congestion du cerveau, une ivresse légère... C'est aussi, en matière de travaux intellectuels et artistiques, se procurer une surexcitation légère, un développement, une clairvoyance d'idées qui souvent vous fuient. Les exemples abondent des hommes éminents dans les lettres, les sciences et les arts, qui sont d'intrépides fumeurs. Nombreux sont ceux qui ont vanté les vertus du tabac, de la cigarette surtout, qui, pour Oscar Wilde, est " le type parfait du plaisir parlait. C'est exquis, ajoute-t-il, et ça vous laisse insatisfait ". Pierre Louys lui consacre un conte qu'il intitule Une volupté nouvelle, la seule que nous ayons inventée depuis l'antiquité, et Jules Laforgue, ces vers agréables :

Oui ce monde est bien plat, quant à l'autre sornettes.
Moi je vais résigné, sans espoir à mon sort,
Et pour tuer le. temps, en attendant la mort,
Je fume, au nez des Dieux, de fines cigarettes.
Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
Moi, le moindre bleu qui vers le ciel se lord, i
Me plonge en une extase infinie et m'endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes
El puis, quand je m'éveille en songeant à mes [vers,
Je contemple, le cœur plein d'une douce joie,
Mon cher pouce rôti, comme une cuisse d'oie.
Tristan Derême, lui préfère sa pipe qu'il veut " bourrer et fumer en silence ".
A l'ombre des rosiers que l'air tiède balance.

On conviendra ainsi que les fumeurs ne sont pas tous de pauvres intelligences atrophiées, et comme les dépeignent les moralistes, qui associent généralement l'alcool au tabac, de lamentables êtres attachés dans les brasseries, comme des mollusques à leurs bancs.
L'Arabe, grand amateur de parfums, sait lui aussi aromatiser les cigarettes avec de l'ambre, mais il préfère cependant le narghilé, au moyen duquel il fait passer la fumée à travers une eau soigneusement parfumée, à la rose très souvent. " Rien n'est plus favorable aux rêveries poétiques, dit Théophile Gauthier, que. d'aspirer à petites gorgées, sur les coussins d'un divan, la fumée odorante, rafraîchie par l'eau qu'elle traverse... "
Ce narghilé se déguste dans tous les cafés maures, où son bouquet d'ambre, qui a la réputation de ne pouvoir contracter de souillure, passe inlassablement de bouche en bouche.
En Algérie, la culture du Tabac s'est développée pendant ces dernières années. Les plantations qui couvraient, en 1915, 7,000 hectares, ont plus que doublé : elles atteignaient 21.700 hectares en 1921.
Les tabacs à fumer proviennent surtout de la Grande Kabylie, de la région de l'Alma et des Issers, des plaines de la Mitidja et de Bône. Dans les oasis situés à l'Est de Touggourt, on cultive une variété de tabac, nommée Soufli, appréciée pour la préparation d'une poudre à priser, en faveur auprès des indigènes.
L'Algérie, en raison de l'étendue de ses plantations, produit des tabacs de qualités variées, convenant à la fabrication des cigarettes et des tabacs à fumer.
Les produits de la Grande Kabylie, de la région des Issers, par exemple, sont recherchés en vue de la confection des cigarettes. Certains tabacs de ces régions sont légers et parfumés.
Les produits de la Mitidja, les tabacs dits Chebli, notamment, conviennent à la fabrication des tabacs empaquetés utilisés pour la pipe et la cigarette.
La plaine de Bône donne d'excellents tabacs jaune clair, en général, aromatiques, qui peuvent être employés avantageusement dans la fabrication de certains tabacs étrangers.
Quant à l'industrie, elle est centralisée dans les grandes villes du littoral, principalement à Oran, Alger et Bône, où il existe d'importantes manufactures. Indépendamment des améliorations qu'ils ont réalisées dans leurs outillages, ces industriels se sont attachés à produire des tabacs de choix.
" La fabrication algérienne, dit Dachol, a acquis une renommée, parce qu'elle a su, par ses mélanges de tabac de diverses origines arriver à fournir un produit répondant au goût des fumeurs. La qualité de ses produits n'est due qu'à la finesse des tabacs employés. Les produits algériens rivalisent à l'exportation avec ceux de l'étranger, qui, cependant, sont présentés avec beaucoup de luxe."


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LES TABACS ALGÉRIENS

Dans cette revue, nous nous sommes toujours appliqués à faire ressortir les efforts réalisés par les populations rurales de l'Algérie dont l'activité, en se manifestant sous les formes les plus diverses de la culture, est arrivée, en cent ans, à métamorphoser ces contrées au point qu'elles permettent aujourd'hui les plus légitimes espérances.
Un siècle, dont la moitié et plus a été absorbée par les difficultés de pacification, d'organisation, de pénétration, d'installation : en un mot de transformation d'un pays en retard d'un millénaire et de son adaptation à nos méthodes nouvelles, c'est un laps de temps en vérité bien court, pour les résultats obtenus que l'on ne peut contempler sans une juste fierté. Tout au long de notre immense territoire, ce qui fut, sous la domination des Deys, plaines arides, marécages, steppes, est devenu, grâce aux efforts combinés d'une administration prévoyante et d'hommes hardis, tenaces, audacieux et entreprenants, champs fertiles, vignobles opulents, vergers fructueux, créés autour de bourgs prospères et de villes florissantes.
Et c'est ainsi que de Ghardimaou à Oudjda, le voyageur émerveillé parcourt des domaines sans fin, débarrassés des influences ethniques, méthodiquement assolés, où se peuvent admirer, ainsi que nous l'avons indiqué dans de précédents numéros, les cultures de céréales, des vignes, d'agrumes et aussi ces essais récents, mais pleins de promesses, d'industrie cotonnière, et encore ces vastes étendues de tabac auxquelles nous allons, aujourd'hui, consacrer cette étude.
Cependant, avant d'entrer dans le cœur du sujet et pour l'intelligence de ce qui va suivre, il nous parait indispensable de donner sur la production mondiale du tabac un rapide aperçu.
A part ceux dont les Gouvernements, pour des raisons fiscales, en ont interdit la culture, ce qui est le cas de l'Angleterre et de certaines de ses dépendances, notamment l'Égypte, tous les pays des zones tempérée et tropicale produisent du tabac. Mais les variétés récoltées diffèrent d'une contrée à l'autre et tout comme le vin, le tabac a ses crus. Les plus réputés sont : Cuba (tabac de la Havane avec lesquels sont fabriqués les meilleurs cigares connus); le Brésil, qui fournit aussi un très gros appoint pour le cigare ; les Îles de la Sonde (Sumatra et Java, dans l'ordre de leur réputation), dont le tabac a des feuilles d'une finesse de nervures et d'élasticité de tissu qui le place au premier plan pour l'enrobage des cigares ; les Philippines (cigare de Manille) ; les États-Unis (le plus gros producteur du globe), où se distinguent plus particulièrement les États de Kentucky, Virginie. Maryland. Floride, Ohio,, etc., dont les récoltes sont exclusivement employées à la confection des cigarettes et des scaferlatis, et qui doivent leur réputation non seulement à leurs qualités intrinsèques, mais aussi à la perfection de leur triage. Enfin, la Macédoine et la Turquie fournissent des tabacs à feuilles exiguës, fauves ou blondes, légères, très aromatiques, d'une grande valeur marchande et qui constituent le meilleur de ce qui rentre dans la fabrication, si appréciée des dames, des cigarettes dites anglaises ou égyptiennes,
En France, aucun produit ne se signale d'une façon particulière. La culture du tabac est du reste limitée à 25 départements et, dans chaque arrondissement autorisé, la superficie y est strictement circonscrite. Les départements les plus réputés sont : la Dordogne, le Lot-et-Garonne, l'Isère, le Lot et la Gironde. Dans l'ensemble, la récolte française se chiffre par 150 ou 200.000 quintaux.
Et nous arrivons alors aux tabacs algériens. Leur qualité ? Elle est bien difficile à définir. On sait, en effet, que la coutume est admise de désigner le tabac par le nom du pays où il est cultivé et, par pays, il faut entendre, suivant le cas, l'État, la province, l'île, le vilayet ou la ville aux environs de laquelle on le récolte. C'est ainsi que l'on dit : du Brésil, du Paraguay, du Kentucky, du Maryland, du Sumatra, du Samsoun, du Xanthie, du Havane, du Manille, du Delhi, etc.. Pour bien spécifier les variétés cultivées en Algérie, il faudrait donc que nous recherchions les caractéristiques tant physiologiques que chimiques, ce qui nous entraînerait à des considérations techniques dépassant le cadre de notre revue.
Il nous suffira, pour apporter sur cette partie de notre étude un suffisant éclaircissement, de dire que dans notre Colonie, où cette culture est relativement récente - à part les tribus des Khachenas et des Ouled-Chebel où se cultivait, sous la domination turque, une variété analogue à celle de Samsoun, - il a été introduit à des époques différentes, des espèces qui se sont hybridées avec celles déjà existantes, ce qui a produit des types, d'ailleurs assez mal définis et désignés comme suit par les planteurs : Cabot, Ferhana et Arbi, dans la région de Bône : Colon, Mille-feuilles, Guarn-el-Maza, dans celle de Bordj-Ménaïel ; Spada et Colon, dans celle de l'Alma-Fondouck, Pastoureau et Bou-Kbouba, dans l'Ouest de la Mitidja et notamment dans les régions de cultures irriguées (Boufarik, Rivet, Blida).
On trouve encore, dans les régions de Kerrata et dans le Souf (El-Oued), une sorte appelée Bersili dont les feuilles sont pétiolées. Elle est à peu près exclusivement consommée par les Berbères, en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Ses feuilles sont concassées, mélangées avec du sel natron ou des cendres de certains végétaux (laurier-rose, figuier, etc.). Le mélange se prise ou se chique et les autochtones le désignent sous le nom de Chemmâ ou Makla.
Jusqu'ici aucune méthode scientifique n'a été, en réalité, suivie en Algérie pour obtenir une sélection qui semble cependant indispensable. C'est, en général, un indigène, appelé bahar ou khammès qui, seul, s'occupe de la culture, choisit les sujets reproducteurs et récolte la graine pour l'année suivante, sans se préoccuper des perturbations dans la fécondation, ni de la pollinisation indirecte, dues aux abeilles ou à d'autres insectes butineurs.
On peut signaler cependant des essais de cultures de tabacs étrangers tentés depuis 1924 sous les auspices de la Station agronomique de Barral, par un spécialiste de très haute valeur, M. Jehan. Mais ces essais sont encore trop récents pour qu'on en puisse prévoir déjà les résultats.
D'autre part, certaines coopératives et notamment la Tabacoop de Bône s'efforcent de sélectionner les variétés recollées par leurs adhérents auxquels elles distribuent des graines minutieusement cataloguées. Mais ce n'est que dans un certain nombre d'années que se pourront faire ressentir les effets des initiatives que nous signalons.
Si, dans la Métropole, la fabrication et la vente du tabac sont monopolisées par l'État, si la culture y est contingentée et ne peut être entreprise, dans les arrondissements désignés, qu'après une autorisation délivrée par une " Commission des permis ", si le planteur s'engage à livrer la totalité de ses produits à l'Administration des Manufactures de l'État à des prix fixés annuellement par qualités et en suite d'une expertise effectuée par des Commissions mixtes composées des représentants de l'Administration et des planteurs, en Algérie, il n'en est pas de même : la culture, la fabrication et la vente sont libres sous la seule réserve que le tabac consommé en Algérie ait payé des droits qui, depuis 1907, date de l'établissement de l'impôt, se sont accrus d'une façon sensible. (En 1917. le tabac payait 1 fr. 50 de droit par kilo et actuellement il en paye 9 fr. 50 et ceci sur un prix moyen de 20 francs le kilo.)
En 1924. le total des droits perçus a été de 38 millions 967.595 fr, 93.
Pour terminer, voici quelques chiffres qui donneront une idée à peu près exacte : 1° du développement de la culture du tabac en Algérie, 2° de sa répartition dans les trois départements, 3° des fluctuations de la production, et 4° de la position de l'Algérie par rapport aux autres pays producteurs :
1° En 1924 on comptait, en Algérie, 19.472 planteurs cultivant 22.335 hectares ayant produit 174.988 quintaux de tabac ;
2° Cette production totale se répartissait ainsi : Alger : 8.935 planteurs, 12.140 hectares, 112.863 quintaux ; Constantine : 9.179 planteurs, 10.112 hectares, 60.283 quintaux (ces chiffres comprennent 4.418 planteurs, 796 hectares et 3.699 quintaux de tabac à priser) ; Oran : 86 planteurs, 34 hectares. 797 quintaux (exclusivement de tabac à priser) ; Territoires du Sud : 1.272 planteurs, 49 hectares, 1.045 quintaux (également de tabac à priser) ;
3° En 1925. les chiffres se sont sensiblement accrus : le total de la production s'inscrit de la façon suivante : 21.762 planteurs, 32.632 hectares, 295.528 quintaux se répartissant ainsi ; Alger : 10.501 planteurs, 16.452 hectares, 168.745 quintaux (tabac à fumer) ; Constantine : 10.416 planteurs, 16.106 hectares, 125.300 quintaux (dont 4.407 planteurs, 798 hectares, 6.732 quintaux de tabac à priser) ; Oran : 81 planteurs, 43 hectares, 883 quintaux (tabac à priser) ; Territoires du Sud : 703 planteurs, 31 hectares, 620 quintaux (tabac à priser) ;
4° Enfin, voici un aperçu de la production mondiale et de la place occupée par l'Algérie, place qui s'est modifiée en notre faveur, puisque la statistique que nous donnons date de 1923, qui est la dernière parue :

1. États-Unis 6.240.000 quintaux .
2. Brésil 740.000 -
3. U. R. S. S. (Russie) 645.000.
4. Indes Néerlandaises 635.001
5. Japon 612.000
6. Philippines 473.000
7. Grèce 312.000
8. Bulgarie 267.000
9. France 227.000
10. Allemagne 221.000
11. Italie. 192.000
12. Hongrie 181.000
13. Algérie 173.000
1 I. Corée 132.000
15. Roumanie 124.000
10. Argentine 122.000

 

D'après les chiffres que nous avons donnés plus liant, l'Algérie prendrait actuellement la huitième place, car les totaux connus jusqu'à présent ne modifient pas sensiblement la production des autres pays.
Et maintenant, il nous reste, pour clore cette étude évidemment incomplète, parce que trop rapide, à remercier le Service de la Culture du Tabac du Gouvernement Général à l'obligeance duquel nous devons la plus grande partie de notre documentation.