agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
L'alfa

L'alfa, appelé Ari par les Kabyles, est une graminée vivace à rhizome très développé :
" La feuille, dit le Docteur Trabut, variable avec l'âge et l'état de la plante, a une longueur de 25 à 120 centimètres, et une moyenne de 50 à 80 centimètres. Elle est, pendant la période de végétation, étalée, d'une forme laminaire, plane et rubanée. Sous l'influence de la sécheresse, les deux moitiés de la feuille se rencontrent et forment un limbe dur, sec et jonciforme ; la pointe est fine piquante, légèrement scabre, souvent jaunissante (pointe dorée des alfatiers). Sur le vif et dans la saison humide, la couleur des feuilles est d'un beau vert foncé ; sous l'influence de la sécheresse ou de la dessiccation, la teinte verte devient blanchâtre. Les feuilles de l'alfa sont persistantes ; elles durent au moins deux ans. "

Les touffes peuvent être serrées les unes contre les autres de façon à offrir l'aspect d'une nappe continue ; de là le nom de mer d'alfa que l'on a donné aux steppes oranaises. Mais parfois elles sont séparées et laissent entre elles des espaces vides à travers lesquels circulent les nomades et les troupeaux, de là encore le nom de paysage, de touffes sous lequel on a désigné les vastes étendues des Hauts-Plateaux, ou des confins du désert. Une impression de monotonie et d'uniformité pénible s'en dégage qui s'ajoute à la fatigue du voyageur. Fromentin l'a éprouvée dans une de ses chevauchées de Boghari à Laghouat :

Afrique du nord illustrée du 12-7-1924 - Transmis par Francis Rambert
fév. 2021

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A propos de l'ALFA, sur ce site, entre autres:

-documents algériens - Série économique - L'alfa en Algérie *
mise sur site le 30-9-2011 - * Document n° 24 de la série : Économique - Paru le 1er mai 1947 - Rubrique FORÊTS
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-Les Productions algériennes : première partie- LES PRODUCTIONS VÉGÉTALES - CHAPITRE DEUX : Les productions végétales naturelles - l'alfa, le crin végétal, le liège,...
- Naissance d'un centre de peuplement :Marhoum, 1883
-  Les voies ferrées de pénétration sahariennes en Afrique du nord française - 1ère partie ( par Georges Bouchet)

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1924 . Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Afrique du nord illustrée du 12-7-1924

L'ALFA

L'alfa, appelé Ari par les Kabyles, est une graminée vivace à rhizome très développé :
" La feuille, dit le Docteur Trabut, variable avec l'âge et l'état de la plante, a une longueur de 25 à 120 centimètres, et une moyenne de 50 à 80 centimètres. Elle est, pendant la période de végétation, étalée, d'une forme laminaire, plane et rubanée. Sous l'influence de la sécheresse, les deux moitiés de la feuille se rencontrent et forment un limbe dur, sec et jonciforme ; la pointe est fine piquante, légèrement scabre, souvent jaunissante (pointe dorée des alfatiers). Sur le vif et dans la saison humide, la couleur des feuilles est d'un beau vert foncé ; sous l'influence de la sécheresse ou de la dessiccation, la teinte verte devient blanchâtre. Les feuilles de l'alfa sont persistantes ; elles durent au moins deux ans. "

Les touffes peuvent être serrées les unes contre les autres de façon à offrir l'aspect d'une nappe continue ; de là le nom de mer d'alfa que l'on a donné aux steppes oranaises. Mais parfois elles sont séparées et laissent entre elles des espaces vides à travers lesquels circulent les nomades et les troupeaux, de là encore le nom de paysage, de touffes sous lequel on a désigné les vastes étendues des Hauts-Plateaux, ou des confins du désert. Une impression de monotonie et d'uniformité pénible s'en dégage qui s'ajoute à la fatigue du voyageur. Fromentin l'a éprouvée dans une de ses chevauchées de Boghari à Laghouat :
" L'alfa est pour un voyageur la plus ennuyeuse végétation que je connaisse ; et malheureusement, quand il s'empare de la plaine, c'est alors pour des lieux et des lieux. Imagine-toi toujours la même touffe, poussant au hasard sur un terrain bosselé, avec l'aspect et la couleur d'un petit jonc, s'agitant, ondoyant comme une chevelure au moindre souffle, si bien qu'il y a presque toujours du vent dans l'alfa. De loin, on dirait une immense moisson qui ne veut pas mûrir et qui se flétrit sans se dorer. De près, c'est un dédale ; ce sont des méandres sans fin, où l'on ne va qu'en zigzag et où l'on butte à chaque pas. Ajoute, à cette fatigue de marcher en trébuchant, la fatigue aussi grande d'avoir un jour entier devant les yeux ce steppe décourageant, vert comme un marais, sans point d'orientation et qu'on est obligé de jalonner de gros tas de pierres pour indiquer les routes. Il n'y a jamais d'eau dans l'alfa ; le sol est grisâtre, sablonneux, rebelle à toute autre végétation. " Or, ces vastes étendues de touffes représentent une richesse pour l'Algérie. Ils ne constituent pas seulement des pâturages très recherchés par les animaux, car à l'abri de ces touffes croissent de petites plantes très savoureuses, mais parce que l'alfa a une valeur industrielle. De très grosses quantités de tiges sont exportées annuellement par les ports algériens.

Les industries qui travaillent et transforment l'alfa peuvent d'après le docteur Trabut être divisées en trois catégories :
1° Les premières emploient l'alfa à l'état naturel ou simplement blanchi ou teint : sparterie, nattes, vannerie, balais, chaussures, bouquets, brosses, etc.
2° Les tissus sont dissociés par un rouissage, les fibres restent adhérentes et peuvent être employées après un simple battage : cordes, tapis grossiers, ou bien elles sont peignées, filées et tissées en tentures, tapis, etc.
3° Les fibres sont complètement dissociées par les produits chimiques, en tête desquels se placent les alcalis, soude et potasse. Les fibres se feutrent facilement fournissent une excellente pâte à papier employée pure ou mélangée à de la pâte de chiffons, de bois ou de paille.
Les deux premières sortes d'industries ne sauraient consommer d'aussi grosses quantités d'alfa que la fabrication de la pâte à papier. Si l'on n'avait découvert le moyen de faire servir la cellulose de cette plante à cette fabrication, les immenses peuplement alfatiers de la colonie seraient restés inutilisés. La plus grande partie de la production algérienne est, en effet, expédiée sur l'Angleterre, qui l'emploie à la confection d'un papier excellent : souple, soyeux, résistant et transparent.
Il prend très bien l'impression, il fait matelas sous les caractères d'imprimerie, il convient très bien pour les éditions de luxe, les belles gravures. Tous les beaux journaux illustrés anglais sont imprimés sur papier d'alfa ; on en fait aussi dans le même pays un très bon papier à lettre.

Pourquoi, dit M. Victor Demontés, au cours d'une très intéressante étude, l'Alfa en Algérie, la France, qui achète aujourd'hui à très haut prix la pâte de bois de Suède ou de Norvège, ne chercherait-elle pas à imiter l'Angleterre et, en s'adressant à l'Algérie, à fabriquer le papier d'alfa ? Avant la guerre, on donnait comme prétexte le prix de revient de ce papier, plus élevé dans notre pays qu'en Angleterre, à cause des frais de transport et de la cherté des produits chimiques et des charbons. L'alfa, disait-on, revient aux Anglais à 10 francs les 100 kilogrammes, il revient aux fabricants français à 14 francs. Pendant la guerre, où l'on faillit manquer de pâte à papier, et surtout après la guerre, lorsque les changes furent si défavorables à la France, des tentatives ont été faites : elles ne semblent pas avoir été, pour le moment, suivies d'applications pratiques.

Pourquoi l'Algérie, à défaut de la France, n'utiliserait-elle pas l'alfa qu'elle produit et ne lui ferait-elle pas subir les premières transformations ? L'idée est séduisante et de bonne heure provoqua des espérances ; les essais ont été très fréquents depuis la guerre ; aucun ne parait avoir abouti à l'heure actuelle d'une façon définitive, bien que de puissants groupements financiers et industriels, des spécialistes et des savants aient uni leurs efforts en vue de doter la colonie de cette industrie nouvelle. "L'idée qui parait le plus en faveur, à l'heure actuelle dit l'Exposé de 1920, comporte la fabrication, en Algérie, de pâtes sèches qui, sous un minimum de poids et d'encombrement, seraient expédiées en Europe, pour y subir leur transformation en papier. "