Les
voies ferrées de pénétration sahariennes
en Afrique du nord française
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Eléments de bibliographie.
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187 ko | vers 2èpartie: Djelfa-Touggourt-djebel Onk |
Il est nécessaire, pour commencer, de souligner le flou entourant la définition de la limite nord du Sahara. Pour les indigènes d'AFN tout ce qui n'est pas Tell est Sahara. Ils englobent donc, sous ce terme, à la fois ce que nous appelons désert et ce que nous appelons steppes. Pour eux Djelfa est la porte du Sahara ; pour nous il faut atteindre Laghouat. Pour éviter d'inutiles discours, je reproduis la carte dessinée en 1953 par Robert Capot-Rey, Directeur de l'Institut de Recherches sahariennes à Alger. Il a choisi la limite des palmeraies qui incorpore le Hodna au désert. Entre les deux lignes la zone dite saharo-steppique. La limite des palmeraie est la ligne continue. Bien sûr je me propose de discourir, non point
des seules voies ferrées qui ont atteint ou dépassé
cette limite, mais aussi de celle de Djelfa qui s'en approche et dont
il avait été prévu qu'elle la franchirait.
I/
La pénétrante de Colomb-Béchar A/
Les étapes de la construction Au sud de Méchéria c'est l'imprécision de la frontière algéro-marocaine et les fréquentes intrusions de nomades marocains, qui posent problème. Il faut donc pouvoir déplacer rapidement des troupes au cas où De surcroît cette frontière est contestée par le sultan du Maroc, surtout près du saillant de Figuig ; et au delà elle reste en pointillé sur les cartes. C'est Lyautey, Commandant des troupes du Sud-Oranais, qui, à l'approche de Beni-Ounif de Figuig, fixe les détails de la frontière de telle sorte que la voie ferrée ne quitte pas le territoire français. Plus au sud on se propose de prolonger la voie jusqu'au Touat, avec terminus à Igli considérée alors comme l'oasis principale de cette région.
· des embranchements Les prolongements alfatiers de la steppe se greffent
sur les gares de Kralfallah et Modzbah, dès la fin du XIXè
siècle. Ils desservent des dépôts d'alfa .De Krafallah
part une voie de 0,60m vers Sidi-Youssef, et de Modzbah une voie de
1,055m qui rejoint à Marhoum une autre voie à 0,60m venue
de Ras-el-Ma. Ces voies alfatières jouèrent un grand rôle
jusque dans les années 1920. Ensuite la concurrence des camions
entraîna leur déclassement. Il n'y eut jamais de trains
de voyageurs. NB 1 :
NB 2 : Quelle situation en 2007 ? Difficile d'être
affirmatif car le site de la SNTF (société nationale du
transport ferroviaire) distingue fort mal ce qui a été
réalisé, de ce qui est en cours de réalisation,
ou simplement projeté à brève échéance.
Je tiens pour assuré que la voie étroite fonctionne encore
jusqu'à Béchar (plus de Colomb). Je sais que la liaison
avec le Maroc est fermée : les traverses ont même été
enlevées. Dans les années 1990 la SNTF a repris un projet
français de 1958 qui aurait consisté à prolonger
vers le sud la voie normale Tabia-Ras-el-Ma avec un tracé non
précisé. La SNTF a sûrement engagé des travaux
pour un ligne directe Ras-el-Ma Méchéria. J'ignore si
elle est terminée. Son achèvement devrait provoquer la
fermeture de la voie étroite entre Saïda et Méchéria.
Au delà de ce seuil de Mékalis, la voie
descend vers Aïn- Séfra ; jusque là, la ligne était
souvent rectiligne sur de longs parcours. Après Aïn-Séfra
elle aborde une vraie difficulté ; elle doit contourner le djebel
Mekter, puis se faufiler entre les djebels Cheracher et Djaara, grâce
à la cluse de l'oued Namouss. Après l'étroit défilé
de Mograr Foukani elle traverse le bassin d'El Feidja et oblique vers
l'ouest pour passer bien près de l'oasis marocaine de Figuig.
Il en est résulté un épisode plus folklorique que
tragique, mais qui aurait pu mal tourner. En effet le convoi inaugural
du 21 avril 1906, rempli de hautes personnalités, fut attaqué
par des cavaliers marocains. Heureusement ce n'était qu'un simulacre,
une fantasia bruyante. Mais il y eut tout de même quelques vitres
brisées. La République, bonne fille, offrit aux cavaliers
du sultan, un voyage de retour en train, avec changement à Perrégaux.
Et la frontière resta fixée là où Lyautey
l'avait placée. La gare de Beni-Ounif de Figuig (ou Revoil) était
en Algérie ; et l'oasis au Maroc.
C/
L'exploitation : trafics et rôles Le trafic principal était celui des marchandises ; essentiellement l'alfa et le charbon vers le nord, les carburants importés, vers le sud. Vers le port d'Arzew c'est l'alfa des hautes plaines qui domine dès le début. C'est un écossais qui avait découvert en 1864 que l'alfa permettait de fabriquer du papier de qualité supérieure. Or l'alfa ne manquait pas. En 1873 une " Société Générale des alfas " reçut une immense concession en Oranie, peut-être plus de 600 000hectares sur les 4 millions répertoriés dans toute l'Algérie, contre une redevance de 15 centimes par tonne qui ne fut modifiée qu'en 1956 ! Des embranchements alfatiers avec parcs de stockage avaient fort bien organisé la collecte d'environ 100 000 tonnes d'alfa par an. Cette concession fut une richesse pour cette région pauvre et pour ses concessionnaires (dont la famille Blachette), un fournisseur d'emplois pour les semi-nomades et la source du premier trafic pour le chemin de fer, jusqu'au port d'Arzew. Les clients étaient des papetiers anglais qui jugeaient l'alfa algérien préférable à l'alfa espagnol. Vers le reste de l'Algérie il y eut un trafic charbonnier très irrégulier, à partir des terminus de Kenadsa, Béchar- Djedid et Ksi-Ksou. Ce charbon était de qualité médiocre avec des coûts d'extraction élevés à cause de l'étroitesse des veines ( moins de 0,50m le plus souvent). Il était aussi sulfureux. C'était un combustible passable pour les locomotives à vapeur . La production fut d'ailleurs entreprise en 1917 par les chemins de fer ; elle a progressé jusqu'en 1935 avec 43 000 tonnes, et gravement régressé ensuite jusqu'à la guerre. Les difficultés des relations avec la métropole en 1940 ont relancé la production de charbon, mais pas le trafic du chemin de fer car entre temps une voie normale avait été établie par le Maroc français. ( voir § sur le transsaharien). Ce trafic disparut peu après l'indépendance de l'Algérie, avec la cessation d'activité des houillères, sans doute en 1967. Du port d'Arzew vers le sud le seul trafic notable, à partir des années 1920, fut celui des carburants. Le trafic voyageurs est toujours resté faible. D'Oran à Colomb-Béchar les trains étaient confortables, avec wagon-restaurant et wagons-lits, mais il fallait être patient : au temps de la vapeur le voyage durait 21 heures à 36km/h de moyenne en 1939. Avec le Diesel en 1948 17h30 suffirent, à 43km/h de moyenne et60km en vitesse de pointe. A la gare de Bou-Ktoub un autobus assurait la correspondance pour Géryville (El Bayadh) à 88km vers le S.E. On se souvient qu'avant d'être alfatière , puis charbonnière, cette voie, dans ses débuts, fut d'abord militaire et stratégique. Ces rôles ont accéléré son établissement. Il s'agissait de mieux surveiller, et les tribus nomades des steppes, et la frontière marocaine trop poreuse et trop mal délimitée, du moins avant la convention de Fès en 1912 et le protectorat français. Le rôle militaire ne disparut jamais et redevint capital dans les années 1930 lorsque la France décida d'occuper effectivement les confins algéro-hispano-maroco- mauritaniens. Tindouf n'est occupé qu'en 1934. Par contre cette voie oranaise est restée à l'écart des trafics pétroliers qui sont apparus dans les années 1950 plus à l'est, essentiellement dans le Constantinois. J'ignore dans quelle mesure elle a pu être concernée par la base d'essais nucléaires française de Reggan (1960-1967) et par la base d' Hammaguir où 3 bases de lancement de fusées sont installées dès 1952. Avant l'évacuation de 1967 la France avait procédé à 214 essais, dont celui, réussi, du premier satellite français le 26 novembre 1965, par une fusée Diamant. Il est probable qu'elle a été utile.
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