Urbanisme, architecture à Alger, en Algérie
ALGER AU TEMPS DES OUVRAGES D'ART
prélude d'une solution complète du problème de la circulation
Alger-Revue, automne 1957, revue municipale
mise sur site le 1-10-2007

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BIEN qu'elle ne soit traversée par aucun cours d'eau digne de ce nom, la ville d'Alger a vu, depuis quelques années, se construire un certain nombre d'ouvrages d'art : non seulement des murs de soutènement souvent très importants rendus nécessaires par un relief particulièrement difficile, mais également des ouvrages de franchissement.

Ces ponts, sous lesquels aucune eau ne s'écoule, ne sont pas cependant simple fantaisie d'ingénieurs désireux d'exercer leur talent ; ils répondent en réalité à deux préoccupations distinctes :

Dans certains cas ils permettent d'améliorer des tracés qui, en suivant le relief existant, seraient trop longs et trop sinueux. Tels sont le pont-garage de la rampe des Tagarins et les ouvrages du Télemly (pont sur la rue Duc-des-Cars, immeuble-pont Burdeau, autres ouvrages projetés sur le passage Lebrix et sur la rue Cornuz).

Par voie de conséquence, ces ouvrages augmentent le débit et la fréquentation des voies ainsi redressées, soulageant ainsi d'autres artères plus encombrées.

A titre d'exemple, la construction du pont Burdeau a réduit de 300 mètres environ la longueur du Télemly, supprimant en outre 3 virages dangereux : à la suite de cette amélioration, la circulation sur cette section du Télemly est passée de 5.200 véhicules par jour à 7.600.

L'économie pour les usagers, résultant de la seule diminution du parcours, s'élève, compte tenu du trafic actuel qui est lui-même en voie d'accroissement rapide, à 35 mille francs par jour, soit 12,6 millions par an.

De même, l'ouvrage projeté pour le franchissement du Ravin-de-la-Femme-Sauvage par le boulevard supérieur permettra de relier rapidement Alger à la nouvelle cité des Annassers.

Dans d'autres cas les " ponts " ont pour objectif l'amélioration des carrefours : il n'y a toujours pas de cours d'eau à franchir, mais seulement des courants de circulation et on appelle alors modestement ces ouvrages des " passages supérieurs ou inférieurs.

Rappelons à ce sujet, que sur la plupart des voies urbaines, ce sont les carrefours qui freinent l'écoulement du trafic : schématiquement, on peut considérer qu'une largeur de chaussée de 3 mètres permet le passage de 1.200 véhicules à l'heure en section courante, mais seulement de 500 véhicules à l'heure à proximité d'un carrefour important. Pour améliorer la circulation sur les voies d'Alger, on a donc le choix entre un élargissement très important aux abords des carrefours (ce qui est souvent rendu très difficile soit par la présence d'immeubles, soit par le relief) et la construction de passages supérieurs ou inférieurs qui, en supprimant les cisaillements, augmentent dans des proportions considérables le débit des carrefours. Parfois les 2 solutions seront utilisées successivement. Par exemple, au carre-four Télemly-Franklin-Roosevelt, une étude faite en 1954 avait montré qu'un aménagement à niveau permet-trait d'augmenter de 60 % la " capacité du carrefour : c'est ce qui a été réalisé en première étape. En deuxième étape, la construction d'un passage inférieur permettra, dans un avenir encore indéterminé, de multiplier à nouveau par 2 le débit possible en ce point singulier.

Parfois enfin, les impératifs du relief se conjuguent avec ceux de la circulation pour faire adopter la solution "ouvrage ". C'est le cas, par exemple, pour l'aménagement du boulevard Amiral-Pierre dont la transformation en rampe d'accès au port impose la réalisation d'un ouvrage de franchissement reliant le boulevard Anatole-France à l'Amirauté. De même le boulevard Savorgnan de-Brazza (prolongement du boulevard Galliéni), construit de manière à dégager les vues sur la baie d'Alger, franchira le chemin Yusuf par un passage supérieur qui aura en même temps l'avantage de supprimer tout cisaillement sur cette artère essentielle de la ville d'Alger.

Par la recherche de la solution la mieux adaptée à chaque cas particulier, le Service des Ponts et Chaussées s'efforce donc, dans la limite des moyens qui sont mis à sa disposition, d'apporter sa contribution à l'amélioration de la circulation dans Alger.

Il ne faut cependant pas se dissimuler que ces réalisations sont encore très insuffisantes et ne permettront pas, au rythme actuel, de faire face à l'accroissement constant du trafic automobile.
L'objet du présent article ne nous permet pas d'approfondir ce problème ; nous signalerons simplement qu'en 1956, nous avions chiffré à 36 milliards les sommes nécessaires dans les dix prochaines années pour résoudre le problème de la circulation à Alger, dont 12 milliards pour la voirie, 12 milliards pour les transports en commun et 12 milliards pour les parkings.

L'importance des besoins ne doit cependant pas faire mépriser les réalisations en cours qui, si modestes soient-elles, ont apporté des améliorations incontestables, après avoir demandé beaucoup d'efforts et de persévérance (les difficultés à surmonter étant d'ordre administratif, psychologique ou financier, bien plus que technique) et je remercie Alger-Revue d'avoir pris l'initiative de consacrer un article aux " ouvrages d'Alger ", ce qui permettra aux Algérois mieux informés de supporter plus facilement la gêne temporaire que leur cause parfois l'exécution de ces travaux.

P. CARON,
Ingénieur des Ponts et Chaussées.

Grands ouvrages d'art et de circulation mis en oeuvre ou projetés.

1.-Ouvrages récents.
-PONT SUR LA RUE DUC-DES-CARS
-OUVRAGE DE FRANCHISSEMENT DES Tagarins (PONT GARAGE)
-OUVRAGES POLIGNAC
IMMEUBLE-PONT BURDEAU

II. -Ouvrages en cours d'exécution.
-OUVRAGE DE FRANCHISSEMENT DU BOULEVARD LAURENT-PICHAT PAR LE BOULEVARD SUPERIEUR
-OUVRAGE DU BOULEVARD AMIRAL-PIERRE


III. -- Ouvrages projetés de réalisation prochaine.
-FRANCHISSEMENT DU CHEMIN YUSUF PAR LE CHEMIN DEPARTEMENTAL
N 139 (AVENUE SAVORGNAN-DE-BRAZZA) : réalisation probable : fin 1958-59
-OUVRAGES DU CARREFOUR DU TELEMLY-SAINT-SAENS : réalisation probable : 1958-59
-OUVRAGE DE RACCORDEMENT DE LA PLACE SARRAIL AU PORT : réalisation probable : 1959-60 (réalisation probable fin 1962-63, "Alger-Revue 1961)
-OUVRAGES DANS LA CITE DES ANNASSERS : réalisation probable : 1959-60
-OUVRAGE DE RACCORDEMENT DU BOULEVARD LAFERRIERE AU PORT
(OUVRAGE TAFOURAH) : réalisation probable : 1959-60

IV. -- Ouvrages projetés de réalisation plus lointaine.

-OUVRAGE DE FRANCHISSEMENT DU RAVIN DE LA FEMME SAUVAGE, POUR REJOINDRE LES ANNASSERS
-AUTRES OUVRAGES DE REDRESSEMENT DU TELEMLY
-OUVRAGES AU CARREFOUR AVENUE FOUREAU-LAMY - BOULEVARD GALLIENI
-FRANCHISSEMENT DE LA PLACE SARRAIL PAR LE CD 1139 (PROLONGEMENT DU BOULEVARD GALLIENI)
-OUVRAGE DE FRANCHISSEMENT DU FRAIS VALLON POUR ATTEINDRE BOUZAREAH
-DIFFERENTS OUVRAGES SUR LE FUTUR BOULEVARD SUPERIEUR (NOTAMMENT : CARREFOUR AVEC LA ROUTE NATIONALE N° 11 (CONSOLATION). - CARREFOUR AVEC LE CHEMIN DEPARTEMENTAL N" 119 (VOIE DU FRAIS VALLON). - CARREFOUR DES TAGARINS. - CARREFOUR DANS LA BOUCLE DU BOULEVARD GALLIENI. - CARREFOUR AVEC LA VOIE " J ". - CARREFOUR AUX ABORDS DE LA COLONNE VOIROL. - CARREFOUR JONNART. - CARREFOUR DU GOLF. - CARREFOUR DU RUISSEAU. - CARREFOUR CHEMIN VAUBAN.