LES EMBARRAS D'ALGER
--------La ville
d'Alger a connu des embarras de circulation dés les années
20. Un chroniqueur de l'époque écrivait "
les artères maîtresses ne suffisent plus à assurer
la triple fonction de circulation des piétons, du transport des
voyageurs et du transport des marchandises ".
--------On peut
avancer au moins quatre raisons pour expliquer cette situation :
--------Le
relief :
--------L'une
des premières caractéristiques de la ville d'Alger est son
site en forme de cirque. Construite sur la côte ouest de la baie,
l'agglomération est enserrée entre la Méditerranée
et les premières collines du Sahel, dominées par le Mont
Bouzareah (407 m), n'offrant à l'espace urbain qu'une étroite
bande plane de quelques centaines de mètres, et le flanc des collines,
parfois fort pentu. C'est ainsi que seulement deux longs axes, pratiquement
horizontaux, parallèles à la côte traversent la ville
dans le sens nord-sud, tandis que les axes transversaux est-ouest sont
courts et en rampes, souvent raides et même parfois en escaliers.
--------Les
rues :
--------Une
autre caractéristique est l'étroitesse des rues.
--------Dés
1830, les autorités militaires, seule autorité en place
jusqu'en 1871, commence le développement d'Alger. --------Les
premières rues sont ouvertes pour les besoins de l'armée,
mais par mesures d'économie, elles sont très étroites,
les premières (rue de Tanger par ex) ne dépassent pas 5
m. --------Sans
plan d'urbanisme établi, des chemins muletiers conduisant vers
le Sahel sont aménagés en routes. Elles sont de ce fait
mal tracées, et, toujours par économie, étroites.
--------Ce
n'est qu'à la fin du 19éme siècle que les premières
règles d'urbanisme sont établies, mais Alger hérite
de ses rues et routes déjà réalisées. Notamment,
huit grandes voies convergent vers Alger, sans moyen de contourner le
centre ville.
--------La
population :
--------Elle
est en augmentation constante et galopante: 154.000 habitants en 1906,
226.000 en 1926, on estimait alors qu'elle serait de 400.000 en 1950.
Quand on sait qu'elle était de 6 à 700.000 en 1962, la prévision
était exacte, et même un peu courte.
--------L'automobile
--------Elle
se développe à une vitesse fulgurante : un millier de voitures
en 1920, 5000 en 1929. Elles se mêlent aux nombreux véhicules
hippomobiles bien plus lents, aggravant le congestionnement des rues.
--------En
1929, on estime à 9000 par jour le nombre de voitures à
moteur et à chevaux qui entrent dans la ville par les huit artères,
et qui se retrouvent dans le centre ville totalement saturé.
--------Forte
population, étroitesse des rues, insuffisance de voies traversantes,
voitures de plus en plus nombreuses, le résultat évident
était l'engorgement permanent de la ville. Vers 1925/26, il paru
primordial aux autorités de prendre des décisions d'envergure
pour éviter l'étouffement de la ville à brève
échéance.
--------Les solutions
envisagée faisaient largement appel aux transports en commun dont
il fallait accroître l'efficacité dans de grandes proportions.
Les transports en commun
d'Alger
--------La ville
d'Alger fut desservie très tôt par des transports en commun
: en 1841 des omnibus à chevaux, les " Corricolos ",
étaient déjà en service. Ils étaient stationnés
Square Bresson.
--------Le
premier tramway, à cheval, apparu en 1876, pour disparaître
en 1882.
--------En
1891, l'entreprise Delaize obtient la concession des lignes " Hopital
du Dey - Colonne Voirol ", et " tournants Rovigo ", lignes
qui ne sont pas encore électriques.
--------Le
17 septembre 1896, le projet d'électrifier le tramway est agrée,
la concession accordée à l'entreprise Delaize est rétrocédée
à la compagnie Thomson-Houston et prend le nom de Tramways Algériens
(les TA).
--------En 1904,
Alger était desservie par 3 compagnies de tramways :
--------(se
reporter aux articles de Henri
Martin sur le site Alger-roi.net.
---------------La
Société Anonyme des Chemins de Fer sur Route d'Algérie
(CFRA), filiale de l'Omnium Lyonnais, exploitant
plusieurs lignes à voie étroite dans le Département
d'Alger dont la longue ligne côtière Castiglione - Alger
- Aïn-Taya (77 km), la navette de Koléa (44 km), Rovigo (37
km).
--------Seule
la partie Deux Moulins - Maison Carrée (20 km) était électrifiée.
Les autres lignes étaient exploitées à la vapeur.
--------Les
Tramways Algériens (TA), société
anonyme concessionnaire de la Ville d'Alger, filiale de la société
de Traction Thomson-Houston, exploitant, depuis 1898, une longue ligne
de 8 km, électrifiée, de l'Hôpital Militaire Maillot
au quartier Mustapha Supérieur avec deux embranchements de 3 km
chacun, l'un vers la Colonne Voirol, l'autre le long du
Boulevard Bru,
--------La
Compagnie des Tramways et Messageries du Sahel (TMS),
entreprise familiale, exploitant, depuis 1901, une ligne suburbaine d'Alger
à El Biar (5 km), Châteauneuf (6,7 km), où était
situé le dépôt, et Ben
Aknoun (8,5 km).
--------Cette
compagnie a disparu en 1937, et les lignes reprises par les CFRA.
--------En
1929, le trafic était, CFRA, TA et TMS confondus, de 60 millions
de voyages par an, et on en prévoyait 100 millions en 1949
LES GRANDS PROJETS
--------Le
premier projet : 1929
--------Vers
1928, les TA font appel à la RATP pour étudier et proposer
des solutions nouvelles aux transports en commun en ville.
--------La
RATP mena une étude détaillée, analysant les besoins
en déplacements de personnes et les réseaux existants. Dans
ses conclusions publiées en avril 1929, elle
conseillait essentiellement, on pouvait s'y attendre, la construction
d'un métro
--------Mais
pas seulement un métro !
--------La
ligne de métro proprement dite était l'épine dorsale
d'un système complet de lignes radiales en correspondance desservant
les banlieues : trains à crémaillère, funiculaires,
téléphériques.
--------On
retrouve les contraintes de relief dans le choix des matériels,
spécifique des lignes en forte rampe.
--------Le
Métro
--------La
ligne de métro, intégralement en souterrain, avait pour
point de départ à Bab El Oued l'Avenue Durando, à
son intersection avec le Bd de Provence. La ligne cheminait vers le centre
ville sous l'avenue de la Bouzareah, l'avenue de la Marne, la place Jean
Mermoz où était la station " Place Mermoz ", pour
desservir notamment le lycée
Bugeaud. Puis elle poursuivait par le sous sol du quartier
de la Marine déjà voué à la démolition,
selon un itinéraire voisin de l'actuelle avenue du 8 novembre.
La ligne traversait la place du Gouvernement pour rejoindre la
rue de la Lyre, avec la station " Cathédrale
". Le choix de la rue de la Lyre était imposé par la
présence d'un collecteur d'assainissement de grandes dimensions,
de l'ordre de 3 à 4 m de diamètre, sous la rue Bab Azoun.
Après la station " Opéra ", la ligne rejoignait
la rue de Constantine jusqu'à la Grande Poste, avec une station
intermédiaire " Rue Waïsse ". A la Grande Poste,
la station recevait 4 voies, avec rebroussement et embranchement vers
deux directions en Y.
Une branche poursuivait par la rue Michelet jusqu'au Parc
de Galland, avec les stations " Facultés ",
" Victor Hugo " et le terminus au Parc.
--------L'autre
branche allait vers le Champ de Manuvre, par la rue Charras, avec
la station " Agha ", par la rue Clauzel avec la station "
Place Hoche ", pour desservir le lycée Gautier, et par l'ancienne
usine à gaz (sans doute avec un passage en aérien), atteignait
le terminus Place Sarrail.
--------Le matériel
roulant était une transposition de celui de Paris. Les voitures
devaient être au gabarit de 2,30 m, longues de 14 m (80 places),
composées en rames de 2 à 4 voitures. Le parc devait compter
32 motrices et 30 remorques.
--------La
prise de courant par 3éme rail, comme le métro de Paris,
avait été préférée à la caténaire
pour diminuer la hauteur de la voûte.
--------Le
tunnel aurait eu de 6 à 7 mètres de large, les stations
n'auraient eu qu'un seul quai desservant les 2 voies à niveau,
ou dans des cas particuliers comme la Place Hoche, 2 voies superposées
avec chacune son quai.
--------Un terrain
de 12000 m2 était à acquérir à proximité
du départ de Bab el Oued pour les installations d'exploitation
: dépôts, ateliers, administration. La somme de 5.400.000
frs. Etait inscrite au budget. Quant au dépôt de l'avenue
Général Yusuf, les TA venaient seulement d'en acheter le
terrain.
--------Il faut
souligner le degré d'avancement de ce projet qui comprend les plans
des stations et leurs accès, des tunnels, la définition
du matériel, et une estimation de coûts très poussée.
--------Le
dossier en était à un stade proche de l'appel d'offres.
--------La
Ligne de Transport Rapide
--------La
ligne devait relier le " Fort
Bab Azoun " (Bastion XV) à l' Hippodrome du Caroubier,
soit 8,6 km. avec un nombre d'arrêts limité et plus espacés
que le tram existant.
--------Ce
projet était encore confus. Seules les grandes options étaient
définies. La ligne devait suivre les rues, de façon pas
toujours précisée, soit sur chaussée avec élargissement
des rues (destruction des immeubles
), soit en viaduc.
--------Elle
partait du Fort Bab Azoun vers le Champs de manuvre (par le Bd Baudin
?), empruntait la rue Charles Lutaud, traversait l'Arsenal qui devait
être déménagé, le bd Thiers et la rue de Lyon,
qu'il fallait élargir à 35 m., puis traversait le lotissement
Brevia avant d'atteindre le Caroubier.
Les stations auraient été : Grande Poste, Agha, Champ de
Manuvre, Belcourt, Jardin d'Essai, Stade Municipal, Ruisseau, Brevia,
Hopital Parnet, Ateliers CFRA, Hippodrome.
--------Le
service devait être assuré par 5 motrices et 10 remorques,
pour un temps de trajet de 21 mn.
--------L'ampleur
des travaux à entreprendre - élargissement des rues à
35 m - et les difficultés administratives et militaires - déménagement
de l'arsenal - qui les accompagnaient sont difficiles à imaginer
et encore plus à chiffrer
--------La
ligne Fort Bab Azoun - El biar
--------C'est
un chemin de fer à crémaillère, à double voie,
passant par la Grande Poste, les Tagarins, le bd Gallieni.
--------La
section Grande Poste - Tagarin est à crémaillère
avec une pente de 16,6%. Au delà, c'est une voie en simple adhérence
avec une pente de 4,5%.
--------Elle
est en souterrain sous le Bd Laferièrre, et à ciel ouvert
au delà jusqu'à El Biar. Pour son arrivée à
El Biar, la ligne longe le Bd Galliéni.
--------Le
matériel roulant prévu comprenait 4 motrices de 100 places,
roulant à 15 km/h en crémaillère et 25 le reste du
parcours. Le temps total était de 17 mn.
--------La
ligne Bd Guillemin - Tagarins
--------C'est
un chemin de fer à crémaillère, en simple voie, de
2,1 km. La différence de niveaux est de 155 m. La ligne part du
Bd Guillemin, coupe la Rampe Vallée en souterrain en pente de 13,8%,
sort de terre et atteint les Tagarins par une pente de 18%.
--------La
ligne Champ de Manuvre - Colonne Voirol
--------C'est
un chemin de fer à crémaillère, en simple voie, de
1,7 km. Les 400 premiers mètres sont en adhérence, le reste
à crémaillère, de 13,6% de pente. La ligne est en
souterrain jusqu'à son croisement avec l'Av Yusuf. Elle suit sensiblement
le boulevard Margueritte et le chemin de Gascogne.
--------L'exploitation
est prévue avec 2 motrices
--------La
ligne Avenue de Picardie - ND d'Afrique
--------Chemin
de fer à crémaillère, en voie simple, de 735 m de
long, en pente de 16%. Service assuré par une seule motrice.
--------NDLA
: cette ligne a été réalisée en 1975 sous
forme d'un téléphérique, en remplacement de la ligne
de trolleybus " H ". De ce fait cette ligne de trolleybus fut
la première d'Alger, et aussi la dernière. Elle aura vécu
une quarantaine d'années.
--------La
ligne Place de la République - Caserne d'Orléans
--------Chemin
de fer à crémaillère en simple voie, de 690 m, en
pente de 17%, pour une dénivellation de 116 m.
--------La
ligne passe sous le côté de l'opéra, sous le marché
de la Lyre, puis sort de terre au dessus de la rue Rovigo jusqu'au terminus.
--------La
desserte est assurée par 2 motrices de 100 places roulant à
14 km/h. Le temps de parcours prévu est de 5 mn.
--------Le
Funiculaire Marabout (Belcourt)
- Villa Sesini (Diar
el Mahçoul)
--------La
ligne est aérienne au dessus du quartier en construction (à
cette époque), pénètre dans la falaise et ressort
sur la plateau à côté de la villa Sesini.
--------La
ligne est longue de 326 m, pour une différence de niveaux de 115
m.
--------La
desserte est assurée par 2 motrices de 100 places roulant à
14 km/h. Le temps de parcoursprevu est de 2 mn.
--------NDLA
: cet équipement a été réalisé en 1955/56
par les TA, sous forme d'un téléphérique.
--------Voilà
le premier projet. On pourrait le qualifier de pharaonique ! Son coût
avait été estimé comme suit, en milliers de frs 1929
:
---Metro
urbain
|
132 850
|
" RER "
ligne à grande vitesse
|
328 600
|
Grande Poste -
El Biar
|
32 800
|
Grande Poste -
Tagarins
|
12 000
|
Ch de Manuvre
- Colonne Voirol
|
11 800
|
Bd de Picardie
- ND d'Afrique
|
3 850
|
Pl de la Republique
- Caserne d'Orléans
|
3 700
|
Belcourt - Villa
Sesini
|
4 300
|
TOTAL
|
529 900
|
--------D'après
les tables de conversion, cela fait environ 300 millions d'Euros, (soit
près de 2 milliards de Francs)
Mais est ce vraiment convertible
par simple règle mathématique ? On peut en douter, et estimer
ce projet à une somme nettement supérieure.
--------Le projet
n'a pas vu le jour, ce qui n'étonnera personne !
--------Le
second projet
--------Le coût
du projet de métro était jugé trop élevé
(et on le croit volontiers !), mais les problèmes demeurant, voire
empirant, en 1933 un nouveau projet est mis en étude par les TA
(Tramways Algérois) assisté cette fois de l'Omnium Lyonnais,
dans le but de trouver une solution plus légère, donc plus
réaliste.
--------La solution
retenue fût un tramway souterrain.
--------La ligne
était creusée en tranchée dans les rues, enterrée
sous une dalle et suivait de ce fait strictement les rues.
--------La
partie souterraine irait de la Place Mermoz (Lycée Bugeaud) au
Parc de Galland.
--------Par
mesure d'économie, le gabarit des véhicules serait ramené
à 2 m de large et environ 20 m de long, sur voie étroite
(1,055 m, celle du tram de surface)
--------Les
stations seraient les mêmes que celles du métro.
Aucune des extensions vers les banlieues n'était envisagée
à ce stade.
--------Ce projet
beaucoup plus léger fût accepté et lancé.
--------La première
tranche consistait en l'acquisition du matériel roulant. Un prototype
de rame à deux motrices réunies par une section articulée
est commandé en 1935, et essayé sur le réseau existant.
Devant ses excellentes performances, la commande de 25 autres rames est
passée, avec quelques modifications tout à fait mineures.
--------Les
rames sont construite et livrées de 1935 à 1938 par SATRAMO,
association de la Société Franco-Belge et Alsthom, et mises
en service en remplacement du vieux matériel désuet, qui
pourtant survivra aux CFRA jusqu'en 1950/51.
--------Parallèlement,
les TA développent le réseau de trolleybus, en transformant
dans ses ateliers de Yusuf une trentaine d'anciens autobus, avec un équipement
électrique Vetra. Les lignes atteignent la plupart des banlieues,
les trolleybus s'avèrent parfaitement adapté à la
raideur des pentes, le réseau est cohérent. Il est estimé
en 1939 comme étant " le plus moderne
du monde ".
--------Mais en
1939, la guerre vient contrecarrer tous les plans. Le projet d'enfouissement
du tram est remis à plus tard, c'est à dire à jamais.
Les lignes restent définitivement en surface, et sont exploitées
par les 26 rames SATRAMO.
--------Les rames
SATRAMO, de conception si modernes qu'elles n'ont été égalées
que 30 ans plus tard, rouleront dans Alger jusqu'en septembre 1959. Elles
seront supprimées à cause du plan de circulation qui mettaient
les rues en sens uniques, et qui obligeait le tram à rouler en
sens contraire, provocant des désordres considérables, voire
des accidents. (Et non à cause des " barricades " de
janvier 1960, comme cela a été écrit par ailleurs)
--------Ce matériel,
seulement âgé de 20 ans, n'était pas encore totalement
amorti. Les 26 rames sont longtemps restées au dépôt
de Yusuf, (jusqu'en 1965) en attente d'un éventuel repreneur. Mais
l'écartement des voies de 1,055 m, une vraie curiosité en
la matière, particulière à l'Algérie, a interdit
toute transaction.
--------Pourtant,
parfaitement entretenu, c'était un matériel en excellent
état.
-------Les
" Troisièmes " projets
--------Après
la guerre de 1945, le problème de la circulation algéroise
n'était toujours pas réglé, et s'aggravait constamment.
A nouveau les TA font appel à la RATP pour les assister dans une
nouvelle étude.
--------Plusieurs
solutions sont étudiées :
--------Le
tram en site propre
--------Se
basant sur l'efficacité des réseaux de tramways de Belgique,
d'Allemagne, d'Autriche, où, contrairement à la France,
ils avaient été maintenus et modernisés, avec voies
en sites propres et croisements des grands axes en tunnels, un projet
de trams a été remis en chantier.
--------Un tram
en site propre dans Alger a été étudié, mais
les rues sont trop étroites, il n'est pas possible de dégager
les emprises nécessaires aux voies sans affecter sérieusement
la chaussée libre. La conséquence en serait une circulation
rendue plus difficile, donc contraire au but recherché.
--------Le
tram enterré.
--------La
solution consistait à rester en aérien en banlieue et traverser
le centre ville en souterrain, à l'instar du tramways bruxellois.
Le réseau se déployait en deux branches à partir
de la Grande Poste, une vers le haut de la rue Michelet, l'autre vers
Belcourt. En fait, c'était la réédition du plan de
métro de 1929, et il faut bien voir que c'était, que c'est
toujours, le schéma imposé par la topographie de la ville.
--------Ce projet
présentait un certain intérêt, à condition
que les lignes atteignent les banlieues, afin d'éviter les ruptures
de charge. Or, les lignes de trams avaient justement été
déposées en banlieue
--------Il
n'eut pas de suite.
--------Les
rues en sens uniques
--------Pour
améliorer la circulation automobile, un plan mettant les axes principaux
en sens uniques, descente par Michelet, montée par Saint Saens,
a été proposé. Il se heurtait à la circulation
des trams qui allaient et venaient par les mêmes rues. Comme il
n'était pas question de poser de nouvelles voies, et que, de toutes
façons, la rampe du Bd Saint Saens était inaccessible aux
trams, l'idée vint de supprimer les trams dans les rues étroites
éligibles aux sens uniques, et les maintenir dans les rues larges
à double sens, la rue de Lyon par exemple. On aurait réformé
les tramways de la RDTA (ex CFRA) déjà anciens (les rames
qui circulaient étaient d'anciens matériels reconstruits)
et les remplacer par les rames SATRAMO des TA, beaucoup plus modernes,
et incomplètement amorties.
--------Projet
sans suite, les CFRA ont fermé la dernière ligne tramways
en mai 1957, remplacée par des autobus, et déposé
des voies, précipitamment, comme pour interdire toute remise en
service !
--------NDLA
: L'Histoire ne dit pas si les sites propres ont été associés
aux sens uniques des rues. C'était peut être la solution
--------Un
tunnel pour trolleybus
--------En
1957, c'est un tunnel pour trolleybus qui est projeté.
Le tunnel débutait au nord de la Place Jean Mermoz, et recevait
les lignes de remplacement du tram, et les lignes provenant des Deux Moulins
et de Pointe Pescade. Le souterrain rejoignait la rue de la Lyre, et poursuivait
par la rue Henri Martin, la rue d'Isly, avec les stations Cathédrale,
Opéra, et deux autres rue d'Isly.
--------La
station Grande Poste permettait le doublement des voitures, le retournement
des lignes ayant leur terminus à la Grande Poste, et la bifurcation
entre deux directions.
--------Au
delà de la Grande Poste, nous retrouvons le même schéma
en Y : une branche Michelet jusqu'au carrefour Roosvelt-Galliéni,
desservant les stations Facultés, Richelieu, Hoche, Parc de Galland,
Yusuf, Telemly. Les lignes continuaient ensuite suivant leurs itinéraires
normaux, aériens.
--------Et
une branche Champ de Manuvres, avec les stations Agha, Sadi Carnot,
Victor Hugo, et Sarrail. Les lignes continuaient en aérien par
la rue de Lyon jusqu'à Hussein Dey et Maison Carrée.
--------Les pentes
ne devaient pas dépasser 6%.
--------Un guidage
automatique devait conduire les trolleybus à la place des conducteurs.
C'était, en quelque sorte, l'anticipation du guidage des "
trams sur pneu " comme ceux de Nancy, ou de Caen. Dans ce domaine,
Alger avait encore une quarantaine d'années d'avance !
--------Plusieurs
systèmes ont été pensés :
---------
l'essieu directeur asservi à un système de galets s'appuyant
sur des guides verticaux, installés sur la chaussée, avec
des variantes :
---------
le guide entre les roues, mais qui présentait des risques lors
de la prise du guidage.
---------
le guide hors roues, qui étaient extérieur au véhicule,
présentant un encombrement rédhibitoire.
---------
le guidage au niveau du toit du véhicule, qui posait des problèmes
de hauteur du système
---------
un système de lorry porteur de l'essieu avant roulant sur une voie
ferrée, dont les rails pouvaient être saillants, ou non.
--------Dans certains
cas, il fallait en passer par un servo moteur, technique pas répandue
alors.
--------Le projet
présentait l'intérêt de lignes desservant les banlieues
jusqu'en centre ville sans rupture de charge. Mais c'était au moment
où la RDTA abandonnait ses trolleybus pour les autobus : ligne
de Pointe Pescade-Maison Carrée, ligne de tram du Ruisseau convertie
en autobus
--------En
outre, certains responsables ont redouté que les automobilistes
s'insurgent contre l'interdiction qu'ils auraient d'emprunter un tunnel
si commode.
Pourtant, l'absence de ventilation imposait l'unicité de la traction
électrique et interdisait techniquement les moteurs thermiques,
voitures particulières comme autobus..
--------Un
autre événement a pesé lourd contre toute propulsion
électrique, c'est la découverte du pétrole d'Hassi
Messaoud, abondant et de haute qualité. Une qualité qui
laissait penser alors qu'il pouvait être utilisé brut, avec
une simple filtration. Mirage du carburant à très bon marché,
économiquement écrasant pour l'électricité.
D'ailleurs, la RDTA a déjà remplacé ses trams par
des autobus, alors que la ligne électrique était prête
sur plans. La politique générale était au tout diesel.
--------L'Histoire
montre que ce fuel d'Hassi Messaoud apparemment si pur était en
réalité désastreux pour les moteurs ! Il fallait
revenir au gazole raffiné, mais le mal était fait.
--------Le
quatrième projet
--------Nous sommes
en 1957/58, le problème de la circulation en ville n'est toujours
pas résolu !
--------Les
TA font à nouveau appel à la RATP, qui reprend les études.
--------Deux
solutions sont présentées, un métro souterrain, et
un train monorail aerien.
--------Il n'y a
que peu d'exemples de monorails de par le monde, 2 ou 3, tout au plus,
et pas en service urbain. Il semble que les inconvénients relevés
aient été nombreux et lourds, car c'est la solution métro
qui a finalement été retenue.
--------Le
métro, version 1959
--------C'est
un métro sur pneumatiques, du type de celui que la RATP a mis au
point sur la ligne de la Porte des Lilas.
--------Cette
solution est préférées aux autres car elle présente
le plus grand débit en voyageurs que toutes les autres qui se heurtent
à la topographie de la ville, avec des rampes souvent importantes.
--------Le
tracé
--------Le
terminus nord est au carrefour Bouzareah-Cambon, où la place nécessaire
peut être dégagée pour la construction des dépôts-ateliers,
et établir une gare de correspondance routière.
--------La
ligne suit le Bd de Champagne, la rue Pierre Leroux, les avenues de la
Bouzareah et de la Marne, avec les stations " Provence ", "
Square Guillemin ", et " Place Mermoz ". --------Pour
éviter le collecteur de la rue Bab Azoun, la ligne suit la rue
de la Lyre, la rue Henri Martin et la rue d'Isly, avec les stations "
Cathédrale ", " Opéra ", " Isly ".
--------A
la Grande Poste, la station reçoit 4 voies et 2 quais centraux
de 6 m. Le rebroussement des trains est possible. --------Au
delà, la ligne se divise en 2 branches (suivant le schéma
classique
).
--------Une
branche monte sous la rue Michelet, avec les stations " Richelieu-Facultés
", " Hoche-Valin ". Puis, pour éviter des virages
serrés et des passages sous immeubles, la ligne rejoint au plus
court le Bd du Télemly, à peu près sous l'avenue
Claude Debussy, par une rampe de 6,5%, avec la station " Télémly
". Enfin, la ligne rejoint le carrefour Galliéni-Roosvetl,
avec un terminus en boucle.
--------La
seconde branche passe sous la rue Charras avec la station " Agha
", puis par un itinéraire non précisé, sans
doute sous la rue Clauzel, dessert la station " Victor Hugo ",
puis la Place Sarrail. Par la rue de Lyon, en souterrain, la ligne arrive
au Ruisseau avec les stations " Fontaine Bleue ", " Metz
- Musset ", " Villaret Joyeuse ", " Barthou-Sesini
", " Jardin d'Essai ", " et Stade ".
--------En
variante, la ligne pourrait être en viaduc entre Sarrail et Ruisseau,
ce qui était difficile en raison des largeurs du viaduc et des
rues.
--------Coordination
--------Avec
le métro, plus aucune ligne de bus n'entrait dans Alger, ce qui
imposait des changements de moyens de transport aux 3 terminus.
--------L'étude
ne prend pas en compte la gêne induite pour les voyageurs
--------Matériel
roulant
--------Le
matériel serait très proche, pour ne pas dire exactement
identique au métro parisien, en service sur la ligne 11 de Paris,
sur pneumatiques.
--------La
largeur serait de 2,5 m.
--------Les
trains seraient composés de 3 voitures motrices, soit 692 places
par train. Plus tard, l'allongement jusqu'à 6 voitures était
prévu.
--------Les
vitesses maximales retenues étaient de 70 km/h en pallier et 60
en rampe.
--------La
rampe maximale était de 8%.
--------La
fréquence était de 2 mn et demie en heures de pointe.
--------Le
parc nécessaire s'établissait à 83 voitures.
--------Un complément
de 116 trolleybus était estimé pour assurer les dessertes
en correspondance aux stations de rabattement.
--------Ateliers
et dépôts
--------Les
installations du moment ne sont pas satisfaisantes, il faut en créer
de nouvelles. C'est au terminus de Bab el Oued que seront installés
ces services, car mieux situé sur la ligne.
--------Alimentation
en énergie
--------C'est
l'EGA qui réalisera les installations nécessaires, dont
le coût sera répercuté sur le tarif de vente.
--------La
puissance disponible sera d'environ 10000 kw, permettant notamment deux
démarrages en côte simultanés.
--------Bilan
financier
Génie civil
|
10 890 MF
|
Equipements fixes
|
1684 MF
|
Matériels roulants,
Ateliers et dépôts
|
5465 MF
|
TOTAL
|
18 039 MF Hors expropriations
|
--------La règle
de correspondance donne environ 300 000 euros.
--------NDLA
: cette estimation est sensiblement inférieure à celle donnée
par " l'Echo d'Alger " du 19/11/1959, 30 milliards, qui incluait
probablement les expropriations.
--------Ce
projet, présenté dans la presse algéroise le 19 novembre
1959, était dans son ensemble très avancé. Le dossier
comprenait les plans généraux, les plans complets et détaillés
des tunnels y compris les structures et les équipements, des stations
avec leurs accès et services, des dépôts et ateliers,
les spécifications de fournitures électriques, les spécifications
et plans détaillés des voitures (la copie quasi conforme
du métro parisien).
--------Le
dossier était, et il est encore aujourd'hui, à un stade
de " bon pour appel d'offres ".
--------C'est
dire que le projet était en très bonne voie de réalisation,
et que les articles de la presse algéroise n'exagéraient
rien.
--------En marge
de son étude, il faut noter que la RATP ne s'était pas limitée
au seul projet de métro, et avait prodigué une liste de
conseils et recommandations, débordant probablement le champ de
sa mission :
---------
supprimer les trams
---------
réorganiser les réseaux de transports en commun existants
---------
créer des lignes transversales
---------
prolonger les lignes actuelles pour desservir les banlieues.
---------
favoriser les transports en commun au détriment de la voiture particulière
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interdire les véhicule lents
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interdire le stationnement en centre ville
---------
créer une gare routière
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transférer les halles centrales
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mettre les rues en sens uniques
---------
décaler les horaires de bureaux pour atténuer les heures
de pointe
---------
installer des feux tricolores aux carrefours
---------
créer des passages souterrains on aériens aux croisements
---------
créer des parcs de stationnement auto aux terminus
--------Certaines
de ces recommandations peuvent surprendre, car il s'agit souvent de problèmes
spécifiques à la ville, à régler par la municipalité,
et au delà de la mission de la RATP.
--------Les
réalisations
--------Le métro
n'a pas été réalisé ! Pourquoi ? Nous sommes
en fin 1959, les évènements se précipitent (janvier
1960
). La suite, on la connaît. Le métro ne sera pas
construit, du moins, pas encore.
--------A
remarquer que la qualité du sous sol algérois n'a jamais
été mise en doute dans ces études, aussi bien celle
de 1929 que celle de 1959. Pourtant, le bruit a souvent couru qu'un métro
était impossible à Alger en raison d'un terrain instable.
Bruit apparemment sans fondement, excepté, assurément, en
aval du Balcon St Raphaël qui lui était en effet bien instable.
Effet d'une généralisation par trop sommaire ?
--------En ville,
un plan de circulation avec sens uniques a été mis en application
dans Alger depuis le 19 mars 1959. Cette décision prenait peut
être en considération le projet de métro en cours.
--------Dans le sens Nord-Sud, on avait en sens
unique la rue d'Isly, l'Av Pasteur, le tunnel des Facs, le Bd Saint Saens
jusqu'à sa jonction avec le Télémly.
--------Dans
le sens Sud-Nord, on avait la rue Michelet depuis son embranchement avec
la rue Altérac, le Bd Bugeaud, la rue Colonna d'Ornano.
--------Le
plan imposé apparemment sans préalable, les trams et trolleybus
asservis à leurs infrastructures ont continué de circuler
comme avant, donc une fois sur deux à contre sens ! Les témoins
de cette époque se souviennent d'une grande confusion
--------La
presse parle de sabotage du plan de circulation. Les trams ne survivront
que 6 mois à cette situation. Ils sont supprimés le 12 septembre
1959. Fin d'exploitation en catimini, sans fête ni circulation gratuite
comme cela s'est fait un peu partout lors de la suppression des trams.
--------Les
26 rames sont remplacées par
60 grands autobus ! A-t-on vraiment
gagné au change ? D'autant que les autobus continuent de rouler
à contre sens !! Pour quelles raisons ? Probablement le temps de
réaliser les modifications de voirie nécessaires à
leur intégration dans le tissu urbain. Notamment, pour les trolleybus,
il a fallu poser de nouvelles lignes aériennes pour leur permettre
de suivre les nouveaux sens de circulation. Il n'était évidemment
pas imaginable de déplacer les voies de trams, ni de leur faire
gravir la pente du Bd Saint Saens.
--------En
été 1960, tout était rentré dans l'ordre,
tous les véhicules respectaient les sens uniques.
Et depuis ?
--------En 1980,
environ, l'état algérien a relancé un projet de métro,
qui, à ce qu'on sait, est très peu différent des
projets RATP.
--------Et en août
2003, un projet de tram est réapparu, un tram allant de ex Guyotville
à Aïn Taya, par le bord de mer, soit environ 50 km. Un tracé
souvent très proche des lignes CFRA déposées aux
environs de 1935. Les variantes sont essentiellement des pénétrantes
en ville pour une meilleure desserte.
--------Pas d'innovation
? non, mais le relief de la région d'Alger et la topographie de
la ville sont incontournables, et il paraît bien improbable de pouvoir
faire autrement.
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