Tizi-Ouzou durant
la Première Guerre mondiale
par Edgar Scotti t
Ambiance lourde, chargée de menaces,
l'heure était grave en ce début d'août 1914, à
Tizi-Ouzou. Sur le plan local, un différend oppose un habitant
à des occupants illégitimes d'une propriété
acquise par lui, auprès des héritiers Bonnemain.
Sur le plan national, l'assassinat de Jean Jaurès et ses obsèques
alourdissent encore une atmosphère tendue.
Paradoxalement, l'annonce de la mobilisation générale était
accueillie avec la plus grande joie. Cette allégresse n'était
pas altérée par le bombardement mardi 4 août 1914
à 8h15 du matin, de Bône et de Philippeville par les deux
croiseurs allemands " Goeben " et " Breslau ".
Un départ la fleur au fusil
Une grande manifestation patriotique était organisée, avec
un défilé de la jeunesse, drapeaux en tête, dans la
Grand-rue, devenue rue Ferdinand- Aillaud, hymne national, chansons de
marche, " Chant du départ ". Tout Tizi-Ouzou était
sur la grande place au-dessous de l'église Saint-Eustache pour
exprimer son attachement à la Mère Patrie. " Vive la
France ! ", " A bas l'Allemagne ! ", c'est par une frénétique
ovation que M. Firbach, sous-préfet, était salué
à son arrivée.
Depuis le 3 août 1914, la population accompagnait à la gare
les réservistes rappelés. Chaque départ faisait l'objet
d'une vibrante allocution du sous- préfet accompagnée d'une
lecture et de l'affichage d'une proclamation du gouverneur général
Lutaud.
Samedi 8 août, le préfet d'Alger, en visite à Tizi-Ouzou,
recevait plusieurs personnalités, notamment le caïd Arezki
Méziane de Tizi-Ouzou, le caïd Boumeghar de Dra-el-Mizan,
le caïd Saïd Cherek de Mekla. Par la voix de M. Amokrane Kouadi,
leur porte-parole, les instituteurs exprimaient au préfet leurs
sentiments de profond et sincère attachement à la France.
Le 19 septembre, la population accompagnait à la gare, proche du
marché du samedi, les soldats de la classe 1914. Comme les précédentes,
cette manifestation entraînait un grand déplacement de jeunes
gens, jeunes filles ou de parents accompagnant jusqu'au départ
du train un frère, un fiancé, ou un fils.
Des affiches bordées de tricolore et ornées de deux petits
drapeaux, informaient les conscrits de la classe 1915, de l'obligation
de se présenter dans les centres mobilisateurs.
La mobilisation générale
Elle touche très rapidement l'ensemble de la population de Tizi-Ouzou
et notamment les médecins, les docteurs Aulong, Meyer, Désiré
Duboucher, ainsi que les pharmaciens, MM. Charles Lefèvre et Auguste
Vieu. Ce dernier a refusé sa mise en affectation spéciale,
pour rejoindre son unité en qualité de deuxième classe.
Durant toute la durée de la guerre c'est Mme Monleau, pharmacienne
depuis 17 ans, qui assurera le fonctionnement de l'officine située
au milieu de la très animée rue Ferdinand-Aillaud. Le journal
local le Petit Kabyle ne manque aucune occasion de comparer l'attitude
de M. Auguste Vieu avec celle de nombreux jeunes fonctionnaires venus
à Tizi-Ouzou apprécier les douceurs de "l'embusque".
Parmi les personnalités mobilisées, le Petit Kabyle
cite M. Emile, Félix Gautier, professeur à la faculté
des lettres d'Alger, avec le grade de caporal et déjà sur
sa vareuse la rosette de la Légion d'honneur.
Parmi les soldats qui partent du bordj, zouaves et tirailleurs algériens
sont revêtus de la tenue orientale avec pantalons garance et bandes
molletières.
Leur sac carré est entouré de la couverture surmontée
de la gamelle réglementaire.
La municipalité dans la guerre
En ce mois d'octobre 1914, M. Zerga devient le premier magistrat de Tizi-
Ouzou, avec comme adjoint M. Casanova. Le conseil municipal est composé
de MM. Achour, Debon, Kieffer, Ollivier, Pinelli, Si Salah, Slimani, Thoniel.
Après un accident de la circulation, la municipalité prend
un arrêté visant à limiter à dix kilomètres
à l'heure, la vitesse des automobiles traversant la ville.
Le conseil municipal examinait aussi un certain nombre de difficultés
observées dans l'approvisionnement en café. En raison de
l'existence avant l'ouverture des hostilités, d'un courant d'exportation
de figues sèches vers l'Autriche-Hongrie, de 22 200 quintaux en
1912, la torréfaction des figues sera encouragée, suivant
un processus en usage dans ce pays.
Autre pénurie, celle des bidons de cinq litres d'essence, dont
le non-retour ne permet plus à la Société italo-américaine
d'assurer les livraisons de carburant.
A partir du 17 mars 1915, où le Corps expéditionnaire est
engagé en Orient, une controverse est entretenue par la presse
et notamment par le Petit Kabyle sur le déploiement de régiments
d'Afrique du Nord dans le détroit des Dardanelles en vue d'un accès
à la mer de Marmara.
Le conseil municipal affirme sa solidarité avec les soldats sur
tous les champs de bataille.
Les communautés religieuses face à
la guerre
Lors du passage à Tizi-Ouzou du préfet
d'Alger, le muphti Benzekri, lui avait, en son nom ainsi qu'en celui de
tous les musulmans, exprimé leur totale solidarité avec
la France en guerre. Le 22 août 1914, alors que se terminait le
jeûne du Ramadan, la fête de l'Aïd Seghir n'était
pas célébrée en raison du conflit dans lequel la
France venait d'être contrainte de s'engager. En l'église
Saint-Eustache, l'abbé Goutton faisait prier pour tous les soldats
et plus particulièrement pour les premiers blessés : Louis
Gasquet à Charleroi, Louis Larané du ler zouaves à
Arras, et Louis Brochard du 10e régiment d'infanterie.
En lisière du douar Belloua, la mission du pasteur Rolland allait
être cruellement éprouvée par la mort de Daniel Rolland
aspirant au 3e zouaves le 16 juin 1915. Une année plus tard, le
25 juillet 1916, son frère Samuel Rolland, ne survivra pas à
de graves blessures reçues sur le champ de bataille.
La communauté israélite a un consistoire à Port-Gueydon,
mais n'a en principe pas de ministre à Tizi-Ouzou. Cependant depuis
le 30 septembre 1914, la lecture des prières pour les fêtes
du " Grand Pardon ", ainsi que pour celle de la " Thora
", était assurée grâce au concours de M. Amar
Moïse, un rabbin en garnison au bordj. En cette qualité, M.
Amar Moïse invitait les fidèles à prier pour que Dieu
protège une fois de plus la France et terminait son office par
un vibrant " Vive la France " et " Vive la République
".
L'arrivée des premiers prisonniers allemands
Dans ce climat de ferveur patriotique, il convient de souligner l'arrivée
en gare de Tizi-Ouzou de 200 prisonniers de guerre allemands. La traversée
de la Méditerranée de Marseille à Alger via Bougie
s'était effectuée à bord du " Calvados ",
un transport de la Marine nationale.
Le gouverneur général Lutaud recommandait à la population
de faire preuve à leur égard de beaucoup d'humanité,
sans curiosité, ni haine, ni mépris. Ces prisonniers devaient
travailler à la construction de la voie ferrée de Mirabeau
à Azazga, dont seuls les ouvrages de franchissement seront construits,
mais qui ne sera jamais achevée.
Les Tizi-Ouziens au feu
Tous les hommes sont pratiquement mobilisés, la presse locale fait
l'éloge des enfants de Tizi-Ouzou engagés sur les divers
fronts : Lucien Dargacies, Jean Vercellin, François Cavagnéro,
Baptiste Paya, François Lucciardi, Victor Clergé, Paul Bianco,
Victor Saez, Henri Salcédo, Oreste et François Sonzini,
Auguste Vieu.
Le Petit Kabyle donne régulièrement les noms des
permissionnaires et leur souhaite une bonne détente en famille.
Ce même journal donne aussi des nouvelles des blessés hospitalisés,
Olivier Beaupuis, Louis Brochard, Charles Bouvier, Chérif Sifraouï
deux lois atteint en Argonne, François Cadorel, James Alexandre,
François terga, Adrien Hassen, Olivier Poussard, Louis Gasquet,
Henri Ferrier, Laurent Ronchi, Antoine Galli, Lucien Monchovet, Léonard
France, Paul Eynard, Fernand Richard.
Parmi les soldats distingués, ce même journal cite les noms
du lieutenant Néchache, fait chevalier de la Légion d'honneur
sur le front, Adrien Hassen et Léonard France, décorés
de la croix de guerre avec palmes.
Les dramatiques nouvelles
Les noms des premiers soldats tombés sur les champs de bataille,
hélas! ne lardent pas à arriver à Tizi-Ouzou: Merbouti
Ahmed ben Larbi en septembre 1914; Jules Gasquet le 9 novembre 1914; Albert
Larané le 6 décembre 1914; Robert Léon le 8 décembre
1914; Charles Roux le 21 décembre 1914 au 5e RTA; Georges Ménard
le 25 décembre 1914 au 2e génie; Arezki Boukhalfi le 28
décembre 1914 au 1er RTA; Edouard Frizone le 5 janvier 1915; Fernand
Charles Delagrange le 10 janvier 1915, au 2e génie.
Toute la population de Tizi-Ouzou suivait avec anxiété le
déroulement des opérations sur le front des Ardennes et
en Champagne, mais c'était en 1915 au cours des campagnes des Dardanelles
et de Serbie que des poilus morts en Orient s'ajoutaient à ceux
de France.
Les années noires
À partir de juin 1915, d'affreuses nouvelles parviennent à
Tizi-Ouzou où, en ville comme au douar, les familles pleurent la
perte d'un fils ou d'un mari.
I Otites
Toutes les communautés religieuses réunissent leurs fidèles
pour des séances de prières à l'intention des morts.
L'abbé Goutton célèbre un service en mémoire
de ceux qui sacrifièrent leur vie sur le front de France, comme
Pierre Burelli le 11 août 1915 au bois de la Grurie, et Louis Ricard
en Champagne le 23 septembre 1915.
C'est alors que, depuis mars 1915, apparaissait un nouveau théâtre
d'opérations, celui des Dardanelles où un Corps Expéditionnaire
d'Orient (CEO), au prix de lourdes pertes, prenait pied à l'entrée
du détroit à Seddul-Bahr (le château d'Europe) et
à Koum-Kalé (le château d'Asie), sur chacune des deux
rives du Bosphore.
Cette offensive, menée conjointement avec l'armée britannique,
placée sous les ordres du général Ian Hamilton, mettait
en ligne une division française composée notamment du 175e
régiment et des 1er et 2e régiments
de marche d'Afrique. Ces unités étaient placées sous
l'autorité du général d'Amade qui avait parmi ses
collaborateurs le lieutenant de vaisseau de Montcabrier, un Toulousain,
appelé plus tard, au commandement de la marine en Algérie.
Sur les plages, le débarquement du matériel était
coordonné par le lieutenant Carcopino, professeur à la faculté
des lettres et directeur du musée archéologique d'Alger.
Après leur mise à terre, les forces françaises et
britanniques auxquelles se sont joints des contingents néo-zélandais,
étaient pilonnées par les batteries turques renforcées
par les canons débarqués des croiseurs Goeben et Breslau,
réfugiés dans les ports turcs à la suite de leurs
tirs contre Philippeville et Bône.
L'appui naval était assuré par les croiseurs, " Jauréguiberry
", " Jeanne- d'Arc ", " Henri IV ", " Provence
" ainsi que par le " Bouvet " coulé le 18 mars 1916,
avec tout son équipage, après avoir heurté une mine,
ainsi que le " Gaulois " et le " Suffren ", moins
gravement atteints.
Au cours des attaques sur Eren-Keui (rive d'Asie), Célestin Martin,
du 9e zouaves, meurt le 13 juillet 1915, sur le navire hôpital "
La Bretagne ", alors que Jean Gimel du même régiment,
gravement blessé, expire le 16 juillet 1915, sur le " Canada
".
Le bilan de la campagne des Dardanelles
Les offensives des forces alliées
contre la presqu'île de Gallipoli font de nombreux morts et blessés
transportés par remorqueurs sur des navires- hôpitaux comme
" La Bretagne ", le " Duguay-Trouin ", le " Canada
", le " Tchad ". Après son utilisation comme transport
de troupes au début de l'expédition, le paquebot "
Charles-Roux " devait être aménagé en hôpital
chirurgical flottant.
L'état sanitaire des hommes dans les tranchées était
fortement compromis par l'intensité des combats, le climat chaud
et humide ainsi que par la vermine. C'est ainsi que 250 à 300 blessés
ou malades par jour étaient évacués par le"
Tchad ", le " Canada ", jusqu'à Toulon d'où
ils étaient répartis dans différents centres hospitaliers
métropolitains.
La presse en général se déchaîne contre le
gouvernement en raison des pertes particulièrement élevées
subies dans les détroits et qui furent chiffrées à
26 872 tués, blessés ou disparus, soit tués : 183
officiers, 3 669 lit mimes; blessés: 355 officiers, 16 664 hommes;
disparus: 45 officiers, 5 957 hommes.
La campagne de Serbie
Par la suite sous l'impulsion du cabinet de René Viviani né
à Sidi-Bel Abbès en 1863, du Premier ministre britannique
Asquith et de M. Venizélos, des unités alliées dont
le ler et 2e régiments de marche d'Afrique, épuisées
par les pertes subies sur les côtes malsaines de Tripoli où
souffrirent 80 000 Français, quittèrent les Dardanelles.
En dépit de ce douloureux échec l'évacuation fut
un succès, un remarquable modèle. Dans les premiers jours
d'octobre 1915, les zouaves couverts de la boue des Dardanelles, musique
en tête, débarquèrent dans le port de Salonique et
furent aussitôt engagés sur le Vardar. Les Français
se battirent, sur ce fleuve infranchissable avec ses 200 m de large, dans
les tranchées des ouvrages comme celui de " Posen ",
au côté des forces grecques. Dès le 7I octobre, les
premiers soldats tombent à Rabrovo. Le 13 décembre 1915,
toute l'armée d'Orient est en Grèce. En raison du nombre
élevé de Tizi ouziens, ces opérations firent l'objet
de virulentes critiques. " Cette bataille n'est pas la nôtre
", pouvait-on lire en substance dans la revue de presse du Petit
Kabyle. Des navires-hôpitaux comme le " Divona ",
le " Tchad "accueillent des blessés dont beaucoup ne
peuvent même pas être évacués. Depuis septembre,
début de la campagne de Monastir, 47000 hommes sont tombés
dont 13 786 Français. Au cours des mois suivants, Tizi-Ouzou devait
vivre à l'écoute des nouvelles du front apportées
par le Petit Kabyle ainsi que par les journaux du matin. L'Echo
d'Alger, journal républicain indépendant, paraissait le
soir, depuis le mois de mai 1901.
Des campagnes oubliées
Comme dans tous les villages de France, ceux d'Algérie vivaient
au rythme du passage des gendarmes venant annoncer à une famille
la perte d'un mari ou d'un fils. En 1916, Tizi-Ouzou pleurait encore la
mort sur les champs de batailles, étendus alors au front de Macédoine
vers Salonique et de la vallée du Vardar de : Justin Houtmamm le
16 avril 1916; Mesbahi Mohamed Ben Ahmed le 25 avril 1916; Fernand Janin
le 11 octobre 1917 à Bezonveaux; Paul Vigroux, Amar Guernaout,
Akhal Méziane ben Ahmed, Charles Parcejon le 12 avril 1918; Samuel
Rolland le 25 juillet 1918; Smaïl Tourmi le 8 août 1918; Mohamed
Ouanèche le 30 août 1918.
Afin de marquer sa solidarité avec nos alliés américains,
Tizi-Ouzou célébrera pour la première fois le 4 juillet
1918, la commémoration de l'indépendance des Etats-Unis.
L'armistice du 11 novembre 1918
Enfin, lundi 11 novembre 1918 au matin, une dépêche officielle
annonçant la fin de ces meurtrières campagnes était
accueillie avec une joie indescriptible. Les cloches de l'église
Saint-Eustache sonnaient à toute volée. Les édifices
publics et les maisons particulières étaient pavoisés.
Durant toute la journée une joyeuse animation régnait sur
la place de la mairie et dans les cafés. Des témoignages
d'affectueuse solidarité étaient prodigués aux familles
qui ne retrouveront pas un être cher tombé sur le front de
France, sur ceux des Dardanelles ou de Serbie. Au cours de l'après-midi
de ce lundi 11 novembre, les cheminots, drapeaux en tête, défilaient
dans la rue Ferdinand-Aillaud et manifestaient leur joie devant la sous-préfecture.
Cette journée se termina par un apéritif populaire offert
par la municipalité dans la salle des fêtes décorée
de verdure et abondamment pavoisée de drapeaux alliés.
Cependant l'armistice du 11 novembre ne s'appliquait pas au front d'Orient
où la guerre continuait. Après la capitulation bulgare,
c'est l'entrée à Constantinople, après le douloureux
franchissement des Dardanelles, avec la vision des épaves des navires
coulés et des cimetières profanés.
Dans cette ville de légende évoquée par des littérateurs
comme Pierre Loti, dont des places ou des rues portent le nom, les poilus
d'Orient découvrent les colonnes de déportation, les mutilations
de nos soldats en Cilicie et la profanation de leurs cimetières.
Malgré l'opposition du général Franchet d'Esperey,
l'armée d'Orient devait être engagée en Russie pour
soutenir Denikine contre les Bolcheviks au pouvoir depuis octobre 1917.
Après l'occupation des villes d'Odessa, Tiraspol et Rasdelnaïa,
le général d'Anselme négocia avec les Bolcheviks,
l'évacuation par terre et par mer de nos soldats. C'est à
Odessa et à Binder que sont tombés les derniers poilus d'Orient.
Ils connurent des souffrances, des privations, les torpillages, le climat
meurtrier, la canicule en Macédoine, les neiges de Russie, les
eaux glacées du Dniestr, l'isolement, le cafard et même la
révolte. Tous ces hommes avant d'être poilus d'Orient, ou
soldats de Macédoine avaient combattu sur la Marne, en Champagne
et à Verdun.
Le silence et l'oubli
La France ignora leurs souffrances et comme le Dr Désiré
Duboucher ainsi que son beau-frère, le Dr Eugène Huck, retrouvé
sur le " Divona ", ils ne rejoindront leurs foyers avec les
médecins, dont l'Algérie avait grand besoin, qu'après
mars 1919. Les autres poilus d'Orient ne seront libérés
qu'en septembre 1919. C'est une page glorieuse, mais combien douloureuse,
qui était arrachée et soustraite de la mémoire de
cette armée.
Inauguration du monument aux morts
Dimanche 3 août 1919, une émouvante cérémonie
réunissait, dans la salle des fêtes, toutes les familles
des soldats tombés durant la guerre.
Les noms de chacun des soldats étaient cités par M. Meyer,
tandis que deux enfants, un petit garçon et une petite fille répondaient
à tour de rôle " Mort pour la France ".
Plusieurs dizaines d'années se sont écoulées. Plus
aucun souvenir ne subsiste des fantassins et des marins tombés
en France et dans les détroits du Moyen-Orient, lors des opérations
des Dardanelles et de Serbie. Après d'atroces souffrances, ils
furent inhumés dans le silence des cimetières abandonnés
à la suite de ces opérations, aujourd'hui complètement
enfouies dans un profond oubli.
o
Aux enfants de
Tizi-Ouzou morts pour la France
Alemany Raphaël, Alemany François, Billiard
Henri, Caldès Noël, Dubreuil Gaston, Despoux Henri,
Fédélich Jean, Gasquet Louis, Gasquet Jules, Gimel
Marius, Houtmann Justin, Larané Albert, Liély Louis,
Martin Célestin, Parcejon Charles, Parssergue Jean, Razel
Marcel, Rolland Daniel, Rolland Samuel, Robert Léon, Ruas
Louis, Seyller Maurice, Vigroux Henri, Zanot André, Franceries
Jean, Pages Paul, Adlaouï Mohamed, Akhal Méziane, Azaoune
Saïd, Assas Ali, Mesbahi Mohamed ben Ahmed, Ghernaout Amar,
Toumi Smaïl, Roumani Ahmed ben Hamou, Rabah Amar ben Saïd,
Bouimeur Mohand, Boutarah Yahia, Hadj Saïd Mohand, Ben Hamou
Mohamed, Smaïl Akli, Semgouhi Mohamed, Benchoubri Mohand, Amar
ben Akli, Assas Arezki, Djadi Amar, Driss Mohand, Isbouk Amran,
Laoufi Aomar, Bachaténe Amar, Djoudi Hamou, Rafaï Saïd,
Mehouche Arezki.
|
Bibliographie:
- François Charles Roux, L'expédition des Dardanelles au
jour le jour, librairie Armand Colin, 103 boulevard Saint-Michel, Paris,
1920.
- Capitaine F.-J. Deygas, L'armée d'Orient dans la guerre mondiale
1915-1919, Collection de mémoires. Etudes et documents pour servir
à l'Histoire de la guerre mondiale, préface du maréchal
Franchet d'Esperey.
- Consultation de livrets militaires de poilus de l'armée d'Orient.
- Le Petit Kabyle, journal politique et littéraire, organe de défense
des intérêts de la Kabylie et des Issers, éditions
de 1914-1919.
|