une ville
d'Algérie : Tizi-Ouzou
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Alors que la moindre bourgade algérienne
possède ses ruines romaines,o n pourrait remuer des tonnes
de terre sans retrouver, à Tizi-Ouzou, le plus petit fragment
de vaisselle cassée propre à éveiller l'attention
de nos distingués archéologues. En Kabylie, en effet, l'occupation romaine se limita aux villes de la cote : Dellys, Tigzirt, Port-Gueydon. Seule localité de l'intérieur, Djemaâ Saharidj, à l'est de Mekla, présente des vestiges antiques qui ont permis de l'identifier à la colonie militaire de Blidah. Pendant des siècles, Kabyles et Romains restèrent sur leurs positions, les visites de courtoisie consistant en razzias réciproques. Sur ce point, les Arabes devaient fidèlement suivre les traces de leurs prédécesseurs romains. Mieux, leurs princes se disputèrent l'appui des cofs locaux. Semblable à la Suisse du temps passé, la Kabylie trouva dans l'exportation de mercenaires des ressources non négligeables. Mals, allez-vous me dire, nous voilà bien loin de Tizi-Ouzou. Patience, nous y arrivons. Succédant aux Arabes, les Turcs adoptèrent au début une réserve prudente. Malheureusement pour la Kabylie, une fois définitivement installés à Alger, ils s'intéressèrent de plus près à ces farouches montagnards... et 11 s s'aperçurent que ces braves gens ne payaient pas d'impot. C'était, aux yeux des Turcs, un véritable scandale. Tous les gouvernements, d'ailleurs. sont turcs sur ce point. Pour inculquer à ces populations retardataires les principes d'une saine orthodoxie financière, plusieurs expéditions furent entreprises. Héas, les Kabyles se montrèrent déplorables contribuables et qui plus est... récalcitrants. On décida alors, sollicitude extrême, d'établir dans leur pays même des « bureaux de perception » alla Turca. Mais malgré tous leurs efforts,'les beys ne purent pénétrer que dans les vallées. Celle du Sebaou, en particulier, fut dotée du Bordj-Sebaou (Camp - du - Maréchal), puis, enfin nous y voilà de Bordj-Tizi-Ouzou, en 1640. Bordj-Tizi-Ouzou .: le Fort du Col des Genêts. Malgré son nom champêtre, ce poste avancé eut une existence tourmentée. Sa garnison turco-kabyle avait de la peine à subsister. Il ne fallait pas compter en effet sur les ressources des tribus environnantes qui, par un hasard permanent, appartenaient toujours au çof adverse. Le gouvernement turc eut alors recours à une solution énergique. Il établit, à cinq kilomètres de là, dans le fertile confluent de l'oued Aissi, une colonie de nègres, chargés d'exploiter les terres de Chamlal et de nourrir la garnison, Ces colons nègres furent d'ailleurs annelés Abid Chamlal (esclaves de Chamlal). A l'heure actuelle, une bourgade porte encore ce nom. Ainsi, pendant toute la période turque, Tizi-Ouzou vecut grâce à cette judicieuse division du travail. Les titulaires du poste changèrent, Selon les alliances : Les Aït-Kassi succédèrent aux Aft-bou-Khtouch, et les Amraoua-Cheraga à ces derniers. Seuls les Chamlal ne changèrent pas et continuèrent à travailler... comme des nègres. C'est au dey Ali-Khodja que Tizi-Ouzou dût de naître à la vie civile. Pour récompenser les Amraoua de leurs bon§ services, il transféra au poste le marché du samedi qui se tenait à Dra-ei-Keddah (Mirabeau) ce qui procura à la garnison saines distractions.., et substantiels droits de marché. Le marché garde encore, dans la région, le souvenir de son fondateur puisqu'on le nomme souvent « Es-Sebt-el-Khodja ». ( suite dans l'article.) |
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