Alger, Algérie : documents algériens
Série culturelle : villes d'Algérie
Timgad
8 pages + plan - n°59 - 25 février 1952
Ce document présente sous une forme réduite l'étude intitulée : TIMGAD, ANTIQUE THAMUGADI publiée précédemment sous les auspices de la Direction de 'l'Intérieur et des Beaux-Arts (Service des Antiquités) La première partie en reproduit sans changement le chapitre initial, ici seconde en résume les autres suivant un plan différent.

c'est sous le règne de Trajan (98-117), en l'année 100, L. Muniatus Gallus étant légat, que fut fondée par ordre de l'Empereur, la colonie de Thamugadi ou, pour lui donner son nom officiel, la colonia Marciana Trajana Thamugadi dont les habitants furent rangés dans la tribu Papiria. La légion fut chargée des travaux qu'imposait la création d'une ville.

mise sur site le 28-02-2005...transporté ici le 21-9-2008
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LE SITE, LE ROLE ET L'HISTOIRE DE TIMGAD

LE SITE DE TIMGAD.

----------Timgad n'exerce peut-être pas sur celui qui la découvre la même séduction que d'autres champs de ruines de l'Afrique du Nord. On ne trouve ici ni le charme de Tipasa, dispersée dans son paysage grec, ni celui dont s'enveloppent les ruines de Djemila. Bâtie sur un sol relativement peu accidenté, Timgad est une ville aux rues droites et monotones, où la raison a peu plus de part que le cœur. Elle n'a jamais tout à fait dépouillé la rudesse de ce qu'elle fut à son départ : une ville militaire.

----------Mais il ne faut point s'en tenir aux premières impressions qu'elle apporte, ni à la surprise de son immense spectacle de colonnes et de murs ruinés, ni à l'émotion intellectuelle d'une richesse archéologique qui, dans tout le monde romain, n'a guère son équivalent qu'à Pompéi. Il faut la voir au printemps au milieu des blés en herbe et quand la neige fraîche couvre encore les sommets les plus proches. Il faut la voir sous le soleil de midi, dressant ses pierres mornes dans la plaine brûlée. La nuit aussi, quand la lune en transfigure l'image. Peut-être alors deviendra-t-on sensible à la docilité d'une beauté sévère.

----------Les hautes plaines, qui, à travers l'Algérie, s'intercalent entre les deux Atlas, ne constituent pas un ensemble uniforme, mais sont souvent coupées par des chaînons qui les compartimentent. Ainsi au Nord du massif de l'Aurès qui culmine à 2.307 m (dj. Chelia) émerge en quelque sorte une longue arête montagneuse dont l'élément principal, le dj. Bou Arif atteint 1.746 m au Ras Fourar. Entre les deux s'allonge une plaine étroite qui vers l'Est ne dépasse guère une vingtaine de kilomètres de large et qui, à l'Ouest, de Timgad à Batna, n'est le plus souvent qu'un assez étroit couloir. Cette plaine est à une altitude moyenne d'un millier de mètres (Timgad : 1.040 au musée, 1.080 au fort) si bien que les chaînons qui la bordent au Nord et au Sud ne semblent, à l"oeil, qu'assez modestes et d'autant que les ondulations de la plaine compromettent en quelque sorte les horizons. Mais l'altitude ne se fera pas oublier du touriste imprudent. Elle saura lui rappeler à l'occasion qu'il est dans un pays froid où le soleil est chaud.

----------Les étroits chaînons du Nord ne sont que des accidents topographiques. Mais il n'en va pas de même de l'Aurès. Ce dernier est un énorme massif qui, de la vallée de l'Oued el-Kantara à celle de l'Oued el-Abiod, développe ses chaînons sud-ouest, nord-est, sur une centaine de kilomètres de longueur. Il est demeuré jusqu'aujourd'hui une zone refuge des traditions berbères. Tel il nous apparaît, tel Procope l'a vu voici quinze siècles : d'abord sauvage, d'accès difficile. La montagne se défend elle-même, enlevant aux hommes l'obsédant souci des forteresses.

LE RÔLE DE LA VILLE.

----------A vrai dire, la pénétration romaine semble y avoir été plus profonde qu'on ne l'imaginait naguère. Mais en dépit des routes qui le traversaient, l'Aurès resta en dehors des territoires vraiment romanisés. L'Empire ne s'attacha pas d'ailleurs à son intégration. On préféra contenir les populations frustes et rétives que de tenter une assimilation dont la difficulté se mesurait assez bien et dont le profit eut
été maigre. La solution du problème de l'Aurès apparut dans un réseau de fortifications qui ceinturerait le massif rebelle et cette politique, inaugurée par les Flaviens, à la fin du premier siècle de notre ère, resta celle de l'Empire, pour autant qu'il la pût pratiquer, jusqu'à l'époque byzantine.
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Thabudeos (Thouda), Badias (Badès) ad Majores (Henchir Besseriani) surveillèrent le massif vers le Sud ; Mesarfelta (el-Outaya) et Calceus (el-Kantara) vers l'Ouest. Mais c'est vers le Nord que s'intensifiaient les cultures et c'est de ce côté qu'il convenait d'opposer une barrière plus solide à la concupiscence des montagnards. A cette intention s'élevèrent entre autres Mascula (Khenchela), Thamugadi (Timgad) et Lambaesis (Lambèse) où s'établit la légion à laquelle incombait le maintien de la paix romaine en Afrique : la IIIè Légion Augusta.

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Cette organisation ne fut pas œuvre d'un jour. La légion avait été cantonnée d'abord beaucoup plus à l'Est à Ammaedara (Haïdra). Mais vers la fin du règne de Vespasien (69-79) elle s'était installée à Theveste (Tebessa). Quelques décades plus tard elle avait trouvé à Lambèse son siège définitif. On ignore à quelle date précise. Mais il est possible que ce dernier transfert n'ait pas été opéré sans hésitation et que TIMGAD ait servi de camp provisoire à la légion, à la fin du 1è siècle. Peut-être a-t-on retrouvé le médiocre rempart qui l'entourait, si médiocre que certains n'ont pas manqué d'y voir une construction de basse époque. Si cette hypothèse est valable, la Timgad primitive aurait été enfermée dans une enceinte rectangulaire d'environ 355 mètres sur 325 et son extension aurait coïncidé à peu près avec celle de la ville fondée plus tard par Trajan. On serait en même temps amené à penser que Timgad a pu être municipe avant de devenir colonie. Peut-être municipe et colonie vécurent-ils un temps côte à côte.

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Si Lambèse, située à une vingtaine de kilomètres plus à l'Ouest et à proximité de la grande voie Nord-Sud . qui emprunte le défilé d'el-Kantara, était à coup sûr un meilleur emplacement pour le quartier général de la légion, Timgad n'en était pas moins un excellent point stratégique. Placée à l'entrée du couloir qui suivait jadis la voie romaine, Tebessa-Lambèse, que suit aujourd'hui la route qui la joint à Batna, elle commande en outre les voies d'accès aux grandes vallées aurasiennes de l'Oued el-Abdi et de l'Oued el-Abiod que gagnaient des voies romaines. Le site où la ville devait s'élever ne se prêtait pas moins à son établissement : un plateau ondulé, légèrement incliné du Sud au Nord forme en bordure de la plaine l'ultime contrefort de l'Aurès. Un double réseau d'oueds dont les sources sont toutes proches et qui convergent vers l'aval le limitent à l'Est et à l'Ouest. Un mamelon permettait la construction facile d'un théâtre. La pierre était abondante : grès dans les environs immédiats, calcaires blanc ou bleu, qu'on trouvait à quelques dizaines de kilomètres au Sud et au Nord. Enfin, l'eau ne manquait pas. L'Aïn-Morris, qui alimente encore Timgad, sourd à 3 kilomètres au Sud. On connaît l'existence d'autres sources aujourd'hui disparues et les organisations hydrauliques qu'on a retrouvées çà et là montrent que les précipitations servaient elles aussi à l'alimentation de la ville.

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Si l'on ajoute que la campagne d'alentour était riche en grain, au témoignage de Procope, et en huile, comme l'attestent les moulins à huile trouvés aux environs, et qui à basse époque s'installèrent jusque dans la ville même, on comprend que le site de Timgad ait été retenu par l'autorité romaine pour fonder une ville et que le camp de la légion, si tant est qu'il ait existé, n'ait pas été abandonné après la fixation de celle-ci à Lambèse.

LA COLONIE ROMAINE.

----------Quoi qu'il en soit, c'est sous le règne de Trajan (98-117), en l'année 100, L. Muniatus Gallus étant légat, que fut fondée par ordre de l'Empereur, la colonie de Thamugadi ou, pour lui donner son nom officiel, la colonia Marciana Trajana Thamugadi dont les habitants furent rangés dans la tribu Papiria. La légion fut chargée des travaux qu'imposait la création d'une ville.

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Cette ville de Trajan ne fut quelque temps qu'un chantier dont les premiers colons furent sans doute très peu nombreux, 250 a-t-on dit ; mais on n'en avait pas moins tracé, dès le départ, un plan d'ensemble : la ville avait la forme d'un carré de 1.200 pieds de côté, soit environ 355 mètres. Ce carré était coupé par deux voies principales suivant ses médianes : le cardo maximus du Nord au Sud, le decumanus maximus de l'Est à l'Ouest. Chacun des carrés ainsi délimités fut divisé en trente-six îlots carrés, d'environ 20 mètres de côté ou insulae que séparèrent les cardines et decumani secondaires plus étroits que les précédents.

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Ce plan strictement géométrique ne fut toutefois pas intégralement respecté. Pour des raisons qui nous échappent, on ne construisit du côté de l'Ouest que cinq rangées d'insulae au lieu de six. D'autre part, la construction de monuments publics ou privés amena le groupement de deux ou de plusieurs insulae. Celle du forum, en particulier, eut pour conséquence de déporter vers l'ouest le cardo maximus sud qui ne se trouve plus dans le prolongement du cardo maximus nord. Enfin, les remaniements multiples que commande le déroulement de la vie apportèrent quelques entorses au plan primitif. Cependant, ce plan resta dans ses grandes lignes inscrit sur le sol et rien n'est plus net ni plus frappant que sa disposition générale en damier dans laquelle des rues rectilignes, dallées de grès, sauf le cardo et le decumanus maximus qui le sont de calcaire bleu, séparèrent les blocs monotones des insulae.

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TIMGAD grandit vite et, dès la seconde moitié du IIè siècle, elle avait déjà débordé le cadre dans lequel Trajan avait prétendu l'enfermer. Sa superficie primitive était d'une douzaine d'hectares, elle finit par en couvrir au moins cinquante, débordant ses limites initiales principalement au sud et à l'ouest de part et d'autre de la route de Lambèse. Mais ces constructions nouvelles toutes spontanées celles-là n'obéirent plus comme celles qui les avaient précédées à une direction générale. Le tracé des rues fut fait suivant une géométrie moins exigeante et le contraste est flagrant entre la régularité que présente l'aspect de la ville de Trajan et le caractère assez anarchique de ses faubourgs.

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N'en concluons pas, pour autant, que Timgad ait été une ville immense, même à son âge d'or. Elle n'était pas même à coup sûr une des cités les plus importantes de l'Afrique. Sans doute ne risque-t-on guère de se tromper en lui attribuant environ 15.000 habitants. Cela représente une densité moyenne de trois cents à l'hectare, le chiffre est déjà considérable.
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Nous savons peu de chose de l'histoire de Timgad. Les textes antiques ne la nomment presque jamais et quand ils le font, c'est le plus souvent sans rien ajouter à la mention de son nom. Mais les très nombreuses inscriptions découvertes permettent d'en mesurer la médiocrité. Ce fut une petite ville, comme tant d'autres, dans l'Empire, où les vétérans se retirèrent volontiers, mais qu'aucune activité économique de quelque envergure, ni aucun événement intellectuel considérable ne vinrent agiter. Si l'on en juge par ce que nous savons d'elle, la vie y fut parfaitement " quotidienne ". Seules les ambitions humaines en venaient parfois troubler la quiétude. Tel rêvait d'être décurion ou duumvir, comme qui dirait conseiller municipal ou maire, voire de représenter la ville au concilium provincial où les cités s'associent dans la célébration du culte impérial. Rien n'est trop coûteux pour atteindre ces nobles buts ; celui-ci fait bâtir à ses frais un marché ou une bibliothèque ; celui-là élève une statue en l'honneur de l'Empereur ou à la gloire des Dieux, ne manquant pas, bien entendu, de graver sur la pierre ce que lui doit la cité et qui, à défaut de la faveur de ses contemporains, lui vaut parfois la modeste immortalité que constitue le souvenir des archéologues. Mais ces ambitions ne durèrent qu'autant qu'elles furent profitables et l'épigraphie nous montre qu'au IV""' siècle, on ne se fit pas faute d'échapper comme on put à d'onéreux honneurs. L'État dût alors inscrire de force sur l'album municipal tous ceux à qui leur fortune faisait un droit d'y figurer.

LE BAS-EMPIRE.

----------Le grand événement de l'histoire de Timgad fut en somme celui de tout l'Empire : l'apparition du Christianisme. Dès 256, pour le moins, la communauté de Timgad avait un évêque et, peu de temps après, sous Valérien (253-260) ou sous Dioclétien (284-305), elle eut à compter des martyrs. Mais c'est le schisme donatiste qui plus que ce glorieux témoignage allait lui donner quelque lustre. La Numidie en fut la citadelle et les habitants de Timgad apportèrent en nombre. semble-t-il, leur enthousiaste appui au parti de Donat. Timgad fut un moment la capitale de la secte, lorsque son évêque Optat en fut à la fin du IV` siècle le véritable chef. Un concile donatiste s'y tint en 397 et le successeur d'Optat, Gaudentius. avec lequel saint Augustin lui-même ne dédaigna pas de se mesurer (contra Gaudentium. vers 421-422) fut à son tour le champion d'une cause que l'hostilité impériale avait inclinée vers la mort.

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Mais les désordres suscités par le schisme, l'affaiblissement du pouvoir que sollicitait partout une tâche surhumaine ne furent point sans inconvénient pour la ville. Elle se trouva la proie tentante de ceux-mêmes que sa crainte avait si longtemps maintenus dans la sagesse. Peut-être restaura-t-on alors l'antique rempart. Si la chose est vraie, on doit conclure qu'il fut impuissant. A la fin du V' siècle ou au début du VIè, les Maures de l'Aurès détruisirent la ville. Les murailles furent rasées et les habitants déportés, nous dit Procope, et l'archéologie confirme les incendies dont Timgad fut victime, malheureusement sans en assurer la date. Mais il ne faudrait point prendre Procope au mot et imaginer un anéantissement de la cité contre lequel les pierres protestent. A l'époque byzantine, encore, l'activité agricole se maintenait à l'alentours, et dans la ville elle-même subsistait une vie précaire. Solomon, le général de Justinien, n'eut pas besoin, quoique il s'en soit glorifié, de la réédifier depuis ses fondations. II n'en reste pas moins que l'élément essentiel de la Timgad byzantine ce fut la forteresse qui se dressa à 400 m au sud de la ville de Trajan.

LA MORT DE TIMGAD.

----------Au milieu même du VII' siècle, à la veille même de la conquête arabe, les Byzantins élevèrent encore une modeste chapelle et quelques indices laissent à penser que la ville ne fut pas abandonnée immédiatement après. Mais, sur ces derniers jours de Timgad nous ne savons rien. Les ruines se recouvrirent peu à peu de terre et d'herbes, les souvenirs d'oubli. Pas un seul historien ou géographe arabe n'en a, à ma connaissance, fait mention. Ce n'est qu'en 1765 que le voyageur anglais Bruce la redécouvrit. On ne voyait plus alors, semble-t-il, que le sommet de l'arc de Trajan, le capitole, le théâtre, la forteresse et, çà et là, des pans de murs et des colonnes éparses. Il fallut attendre l'occupation française pour que les ruines attirassent de nouveau les archéologues. Une courte mission épigraphique de L. Renier, en 1851, en inaugura l'exploration scientifique, mais les fouilles ne commencèrent qu'en 1880. Elles n'ont pas cessé depuis et la majeure partie de la ville est aujourd'hui ressuscitée à nos yeux. Il n'est pourtant pas exclu que des fouilles futures réservent encore d'heureuses surprises.

LES ASPECTS DE TIMGAD

LES RUES ET LES MAISONS.
----------Ce qui crée la physionomie d'une ville, ce sont ses rues plus encore que ses monuments. Celles de Timgad, on l'a dit, étaient rectilignes et même strictement perpendiculaires les unes aux autres, à l'intérieur du périmètre qu'avaient délimité les urbanistes de Trajan. Elles n'offraient certes pas aux promeneurs les charmes imprévus des villes du moyen âge, chrétien ou musulman. Tout au plus les portiques qui en bordaient ça et là quelques-unes parvenaient-ils à en assouplir la banalité. Mais ils leur donnaient aussi un aspect monumental, qui ne devait point manquer d'une certaine grandeur.

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De loin en loin, une fontaine, auprès de laquelle on se plaît à imaginer l'attroupement de toges plus ou moins crasseuses, les cris des enfants et les bavardages des femmes, apportaient à la rue une sorte de don de vivre. On en a retrouvé plusieurs, à proximité du Forum et des Thermes. Mais si l'on excepte la source dit Aqua septimiana felix, qu'on avait enfermée dans un somptueux appareil d'édifices, la plus belle de toutes était vraisemblablement celle que P. Julius Liberalis avait élevée sur la route de Lambèse et par laquelle il n'avait pas dépensé moins de 32.348 sesterces, soit environ 8.000 francs-or.

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Les ares triomphaux constituaient un autre ornement des rues. Le visiteur venant de Cirta pénétrait dans la ville en franchissant une porte monumentale et il apercevait en face de lui celle qui marquait l'entrée du forum sur le decumanus. Mais s'il empruntait la route qui traversait la ville d'ouest en est, celle qui menait de Lambeasis à Mascula, il ne rencontrait pas moins de quatre arcs triomphaux. Deux d'entre eux indiquaient les limites de la ville de Trajan, les deux autres, celles que l'agglomération avait atteintes une soixantaine d'années plus tard, à l'époque de Marc Aurèle. Le plus somptueux des quatre est encore à peu près intact et est généralement connu sous l'appellation inexacte d'arc de Trajan.

Arc de Trajan
Arc de Trajan
Arc de Trajan
face ouest
face est

Construit à une date inconnue, mais certainement au cours du second siècle, il fermait à l'ouest le decumanus primitif de sa masse imposante. Les voitures empruntaient l'arche centrale et l'on voit encore sous sa voûte les empreintes que leurs roues ont laissées sur les dalles bleues. Deux portes latérales étaient destinées aux piétons. Plus petites, surmontées de niches où l'on avait placé des statues, elles étaient encadrées de colonnes corinthiennes qui supportaient des frontons semi-circulaires. Une attique couronnait l'ensemble qui devait accentuer l'impression de lourdeur satisfaite que laisse encore aujourd'hui l'édifice restauré.

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Cependant, la plupart des rues présentaient sans doute une assez grande banalité. Un quartier industriel s'étendait au sud de la ville, à proximité des thermes. Quant au centre du commerce, c'était sans doute le decumanus maximus. C'est sur cette voie, à proximité du forum, qu'ont été dégagées les étroites boutiques où s'effectuaient les modestes transactions de jadis. C'est sur elle aussi que s'ouvraient les marchés de la ville. Ils étaient au nombre de trois : le marché de L'est, situé non loin du forum était constitué par deux cours semi-circulaires sur lesquelles donnaient les éventaires ; le marché de l'ouest, situé au delà de l'arc de Trajan et connu sous le nom de marché de Sertius, du nom du généreux citoyen qui l'avait fondé, formait une abside ouverte sur une cour oblongue et bordée de portiques. On peut y voir encore les tables de pierre où s'étalaient les marchandises offertes à la tentation des clients. Quant au troisième marché, il se trouvait à côté du précédent et était, du moins à ce qu'il semble, un marché aux vêtements.

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Les rues n'offraient le plus souvent que le visage aveugle des maisons. Comme la maison arabe, la maison antique demeurait mystérieuse au passant. Comme elle, elle était essentiellement constituée par une cour sur laquelle s'ouvraient les pièces d'habitation, à moins que le luxe du propriétaire ne lui permit d'adjoindre en quelque sorte à cet élément fondamental un appartement privé. Les fouilles nous ont fait connaître des maisons de toute importance. Quelques-unes n'occupent que le tiers ou le quart d'une insula. D'autres en recouvrent deux ; telles les maisons dites de Sertius et de l'Hermaphrodite qui offrent les images les plus précises des demeures du patriciat local et dont la disposition rappelle très exactement les édifices analogues de Pompéi ou d'Herculanum.
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Les cours bordées de portiques, les bassins ou les jardinières qui ornaient les cours, les mosaïques qui décoraient les pièces et principalement le tablinum où le maître recevait ses hôtes, les thermes privés qu'on a découverts dans certaines de ces maisons, tout contribue à nous donner l'image d'une opulence qui sans doute fait un peu méconnaître la misère toute proche et qui, elle, n'a guère laissé de traces. Le goût africain romanisé qui élevait à grand frais ces demeures somptueuses n'est d'ailleurs pas irréprochable. La facture des mosaïques que le Musée a recueillies est souvent médiocre. Celle des statues est le plus souvent franchement détestable. En dépit des critiques qu'il appelle, cet art n'en est pas moins émouvant : il témoigne de la volonté des provinciaux d'imiter en toutes choses la cité triomphale qui leur avait apporté sa paix.
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Mais la ville antique ne s'arrêtait pas à l'endroit où les vivants cessaient d'édifier à leur propre usage. Les maisons des morts relayaient celles des vivants le long des routes. Si les nécropoles de Timgad sont dans l'ensemble mal connues, du moins celle qu'on a découverte à l'ouest de la ville, de part et d'autre de la route de Lambèse, nous permet-elle de nous représenter ce que pouvaient être les autres. Les tombes à incinération s'entremêlent avec les tombes à inhumation. Constructions de toutes sortes d'ailleurs ; depuis le tas de terre allongé suivant l'axe du corps et que consolident des tuiles " affrontées ", jusqu'aux tombes à caisson et aux lourds sarcophages qu'ornent parfois des sculptures frustes ou le texte indigent d'une épitaphe.

LE FORUM. LES LIEUX DE PROMENADE ET LES TEMPLES.
----------Le Centre de Timgad c'est comme dans toutes les villes romaines, le Forum. Celui-ci, l'un des plus vastes de l'Afrique du Nord, était constitué par une vaste esplanade rectangulaire, pratiquement close sur ses quatre côtés. On y accédait vers le sud par d'étroits escaliers, vers le nord par un escalier monumental dont on a déjà parlé. C'est sur cette esplanade, bordée d'un portique sur presque tout son pourtour, que s'élevaient quelques-uns des principaux monuments dont l'existence était indispensable à la vie d'une colonie et qu'on avait construits pour la plupart presque à ses débuts, c'est-à-dire au cours du second siècle.

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Parmi ces édifices, il faut citer au premier chef la curie qui servait de lieu de réunion à l'assemblée des décurions, c'est-à-dire au conseil municipal de la colonie. C'était une salle de petites dimensions précédée par un portique et qu'ornaient quelques statues. Mais son revêtement de marbre lui donnait sans doute un lustre dont le pavement seul nous garde encore le souvenir. Sur la façade orientale, de l'autre côté de la curie, se trouvait la basilique civile, vaste nef où siégeaient les magistrats auxquels incombait le soin de la justice. Tandis que les juges occupaient une tribune située sur l'un des petits côtés de l'édifice, les plaideurs et les oisifs devisaient dans la salle et même ne se privaient pas d'y jouer aux dés, aux osselets, ou autres jeux plus ou moins mystérieux pour nous, dont les dalles ont conservé les traces.

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C'est sur une de celles du forum, lui-même, qu'on a relevé l'inscription : "Venari, lavari, ludere, ridere,
occ est vivere
(chasser, prendre des bains, jouer, rire, çà c'est vivre) dans laquelle l'un de ses habitués nous a confié les principes de son épicurisme sommaire. Car la place et ses portiques étaient aussi le rendez-vous de ceux qui n'avaient rien à faire et qui trouvaient les uns auprès des autres le moyen d'occuper les heures souvent longues d'une existence vide. Ils s'y croisaient avec les gens d'affaires, avec ceux aussi dont la politique locale entretenait l'intérêt ou l'ambition. Il faut les imaginer dans un décor d'ailleurs tout différent de celui qui s'offre à présent à nos yeux. Non seulement les portiques dissimulaient sans doute à peu près l'horizon des montagnes, et son spectacle mouvant suivant les saisons et les heures ; mais l'esplanade du forum lui-même n'était pas jadis cette grande surface à peu près unie que nous contemplons aujourd'hui. Elle était encombrée de statues, une trentaine environ, que les riches habitants avaient élevées à la gloire des Dieux, de la famille impériale ou de ceux de leurs concitoyens à qui quelque raison valait cet insigne hommage. Sans doute ce bric à brac n'était-il pas du meilleur goût. La période impériale a été l'âge d'or des sculpteurs mais pas celui de la sculpture. Pour autant que permettent d'en juger les fragments recueillis, ceux de Timgad eussent été mieux inspirés de s'adonner à d'autres occupations.

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Fermons pourtant les yeux et ne retenons que le souvenir de cet attachement à la cité et à l'Empire que trahit la floraison de cet art officiel. Sans doute l'attrait des fonctions publiques ne s'explique-t-il pas davantage aux IIme ou III- siècles qu'à d'autres par le seul souci du devoir civique. Du moins ceux qui les briguaient avaient-ils à cœur de laisser autre chose d'eux que le témoignage éphémère de leurs vertus municipales. Quand ils s'avançaient sur la petite tribune qu'on avait élevée en avant du temple, dit de la Victoire, la plupart savaient sans doute qu'on attendait moins de leurs mérites que de leurs bienfaits.

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Ce n'est pas sur le seul forum que se déroulait la vie quotidienne. Les thermes était eux-aussi propices aux palabres. Le bain romain, dont le bain maure est l'héritier abâtardi, se déroulait presque avec le rythme d'un office. Du vestiaire, on gagnait le frigidarium où l'on trouvait les piscines froides, puis une salle tiède (tepidarium), puis une autre où l'on prenait un bain chaud (caldarium), le laconicum enfin, c'est-à-dire la salle de sudation. La cérémonie se terminait normalement par un massage. Mais les thermes comprenaient aussi des salles de pas perdus et vraisemblablement de lecture. Il suffit de se promener dans les grands thermes de Timgad, ceux du nord, proches de la porte de Cirta, ou ceux du sud, proches de la porte de l'Aurès, pour mesurer l'importance de ces édifices dans la vie roi-naine. Dans ceux du sud en particulier, l'infrastructure est demeurée visible et nous permet de reconstituer les procédés dont on usait pour les chauffer. Mais plus révélateur peut-être que l'ampleur des monuments est le nombre des thermes qu'on a découverts à Timgad. Il y en a quatorze, sans compter ceux que comportaient certaines maisons et qui étaient réservés à leurs occupants.

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Mais la flânerie n'occupait pas cependant la vie tout entière des Thamugadiens. Une bibliothèque permettait à ceux qui le désiraient d'accéder aux plaisirs de l'esprit et c'était chose précieuse en un temps où les livres étaient chers et relativement rares. Timgad la devait à la générosité d'un des siens : M. Julius Quintianus Flavius Rogatianus qui n'avait pas ménagé ses deniers pour faire de l'édifice un lieu attrayant. On pénétrait d'abord dans une cour bordée d'un portique et qui s'ouvrait sur le cardo nord. Au flanc de celle-ci s'ouvrait une salle semi-circulaire, au haut. de laquelle était creusée des niches aux parois garnies de marbre et dans lesquelles s'entassaient les rouleaux que constituaient les volumina ; les lecteurs s'asseyaient à côté, sur les marches.

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Cependant, la grande distraction locale, c'était à coup sùr le théâtre. Toutes les villes n'en possédaient pas et les représentations étaient pour les habitants des cités voisines l'occasion d'un déplacement, pour Timgad celle d'une animation inaccoutumée. Bâti au flanc d'une colline, au sud du forum, ce théâtre avait été construit vers le milieu du second siècle et pouvait contenir 3.500 à 4.000 spectateurs. Comme tous les théâtres antiques, il est essentiellement constitué par une série de gradins disposés en demi-cercle et qui servaient de sièges aux spectateurs, du moins à ceux du commun car les notabilités avaient droit à des sièges plus confortables qu'on disposait sur des marches en avant du premier rang. Ces gradins ont été restaurés - ou plus exactement pour la plupart reconstitués - mais de la scène il ne reste que le soubassement. Le mur de fond a disparu, les dépendances du théâtre sont tout juste reconnaissables. C'est ailleurs, à Djemila, ou à Khemissa qu'il faut aller chercher l'image relativement complète d'un théâtre antique.

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Mais la cité romaine est bâtie pour les Dieux, tout autant que pour les hommes. Leurs effigies ornent les demeures privées comme les monuments publics ; les textes- épigraphiques témoignent du souci qu'avaient les dédicants d'attirer sur la ville autant que sur eux-mêmes leur attention favorable. Pourtant Timgad est relativement pauvre en sanctuaires. Ceux de Saturne et de Mercure ou de Cérès, n'ont été identifiés que de façon incertaine et n'ont laissé, s'il s'agit bien d'eux, que des restes archéologiques assez informes. En fait, trois temples seulement, mis à part ceux qui bordaient au sud de l'Aqua septimiana, nous offrent autre chose que la substructure de leur cella. C'est d'abord celui qui se dresse sur le forum lui-même, à côté de la curie et dans lequel on a voulu voir, on ne sait trop pourquoi, un sanctuaire dédié à la Victoire. De petite dimension, comme la plupart des temples antiques, il s'élevait en arrière de la tribune, qu'il dominait de son portique tétrastyle. Ainsi les orateurs pouvaient-ils sentir peser sur eux l'ombre toujours inquiétante des Dieux.

Vue d'ensemble du marché de Sertius
Vue d'ensemble du marché de Sertius

----------Un autre temple faisait face au marché de Sertius, dédié celui-ci au Génie de la Colonie auquel on avait associé d'autres divinités. Deux colonnes corinthiennes supportent encore un fragment d'architrave et leur silhouette grêle se découpe aujourd'hui sur le ciel. Elles suffisent à nous donner une idée de la grâce de ce petit édifice que précédait une cour asymétrique et auquel on accédait par un escalier dont on a conservé les marches.

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Mais le plus important des temples de Timgad était son Capitole, sanctuaire par excellence dans les colonies comme à Rome et dont Jupiter, Junon et Minerve se partageaient l'usage. Bien qu'il ait été restauré - au moins partiellement - dans la seconde moitié du IV"" siècle, l'édifice présente à nos yeux l'image désolée de ses portiques ruinés, de sa cella détériorée. Les fûts des colonnes jonchent le sol de leurs tambours énormes - sauf deux qu'on a pu remonter et qui attestent les vastes proportions que le temple eut jadis - et dont, s'il faut en croire un dessin de Bruce, on pouvait avoir encore quelque idée au XVIII`- siècle.

TIMGAD CHRETIEN ET BYZANTIN.

----------Mais on l'a dit, Timgad ne disparut pas avec les dieux du paganisme, le christianisme triomphant dressa dans la ville convertie ses basiliques et ses chapelles. Mais le schisme ne tarda pas à déchirer la tunique sans couture et les ruines étalent encore, devant nous le témoignage de cette division.

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C'est probablement l'ensemble chrétien le plus remarquable de Timgad que celui qui constitue le quartier donatiste et qu'on a longtemps connu sous le nom impropre de monastère de l'Ouest. L'essentiel en est constitué par une basilique à trois nefs et dont la nef centrale se termine en abside et que précède un atrium. Mais ce sont les annexes qui présentent l'intérêt le plus vif : la maison de l'évêque donatiste Optat et, du point de vue esthétique, le baptistère qui flanque l'atrium au nord-ouest.Le bâtiment lui-même a disparu mais la cuve de mosaïque est demeurée presque intacte à travers les siècles. Les mosaïques polychromes aux dessins géométriques couvrent encore les marches par lesquelles le néophyte descendait pour recevoir le sacrement ; et, tout autour de la cuve le décor floral continue de s'épanouir avec une inaltérable fraîcheur.

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Mais quoique Timgad ait été l'une des citadelles du donatisme, elle n'abandonna semble-t-il jamais tout à fait l'orthodoxie qui finit d'ailleurs par l'emporter. De l'autre côté de la route de Lambèse, celle-ci avait elle aussi son église, moins vaste il est vrai que la précédente, mais qui s'incorporait également dans un ensemble d'édifices dont l'agencement et l'objet ne sont d'ailleurs pas toujours très clairs.

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Au reste, les églises ne manquent pas à Timgad. Malheureusement la date de construction de la plupart d'entre elles ne peut guère être fixée que d'une manière très incertaine. On hésite souvent entre le V° et VIII siècles, et cette imprécision n'autorise guère à des conclusions générales. Un fait toutefois est frappant - qui n'a d'ailleurs pas lieu de surprendre - les édifices chrétiens ne se rencontrent qu'exceptionnellement dans la partie centrale de la ville. Un seul est hors de conteste : c'est la petite chapelle qui s'élève non loin du forum dans la maison de L. Julius Januarius dont on utilisa les murs et l'atrium. Pour la plupart c'est en dehors de l'agglomération qu'il se rencontrent mais avec des colonnes et des pierres disparates et provenant des monuments antérieurs.

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C'était déjà le cas des deux grandes basiliques, donatiste eu catholique. C'est encore celui de l'église qu'on a découverte à l'ouest, à proximité de la route de Lambèse et dont la cour a servi de cimetière. Celui aussi d'une petite chapelle sans doute byzantine située au sud-ouest du Capitole.

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Mais le site chrétien le plus émouvant de Timgad est certainement l'immense nécropole qui s'étend au sud de la ville. Plus de 10.000 tombes ont été mises au jour, la plupart formées de simples tuiles affrontées ; les épitaphes sont exception et Dieu seul peut reconnaître les siens dans la foule anonyme des morts. Deux églises dominaient jadis la nécropole. Elles n'offrent plus que des ruines confuses. Mais l'une d'elles a livré une inscription qui nous apprend qu'elle fut bâtie par Jean, duc de Tigisi, entre 641 et 647, à la veille même des premières expéditions arabes.

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Pourtant ce n'est pas dans ces constructions religieuses qu'il faut chercher le souvenir du Timgad byzantin. Pour défendre ce point stratégique important, le magister militum Solomon fit bâtir en 539 une immense forteresse de 132 m. sur 67 dont les fouilles récentes ont révélé l'extraordinaire état de conservation. De l'extérieur on n'aperçoit que les hautes murailles nues, flanquées de tours carrées et qui s'élèvent encore à plus de 12 m. au-dessus du sol. Mais une fois franchie, la porte unique par laquelle on pénétrait dans l'édifice, au milieu de la face nord, on découvre un ensemble complexe et imposant. Ce sont naturellement les casernements, les magasins, la petite chapelle, aussi, avec son baptistère minuscule. Mais c'est encore un immense bassin qui, sans le, secours de l'épigraphie, eut laissé les archéologues dans une incertitude sans doute cruelle. Une inscription a permis de dater du début du IIIè siècle la construction non seulement du bassin mais des édifices qui l'environnent et e appris qu'il était destiné à recueillir les eaux de l'Aqua septimiana felix. Sans doute cette citerne toute faite et dont l'alimentation était assurée par une source, parut-elle aux Byzantins particulièrement désignée pour fixer le site de leur forteresse

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----------Sans souci de conserver le monument élevé avec un besoin périmé de la grandeur, sans grand ménagement pour les sanctuaires des dieux déchus. Ils élevèrent les murailles utilitaires à l'intérieur desquelles s'abritait leur précaire sécurité.

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----------On ne prétend pas certes avoir donné dans ces quelques pages une image bien précise de Timgad. Peut-ètre cependant suffiront-elles à en montrer l'extraordinaire variété. Ce sont des édifices de toute nature que la pioche a ramenés au jour et leur construction s'étale sur plus de cinq siècles. Leur intérêt est déjà en eux-mêmes, car certain d'entre-eux sont parmi les mieux conservés de leur espèce. Mais la valeur de Timgad tient plus encore ????????(illisible) impressionnante des ruines, qui sont parmi les plus vastes et les plus évocatrices que nous ait laissé le monde antique.

Christian COURTOIS.

TABLE DES MONUMENTS (voir le plan)

1 Porte du Nord ou de Cirta 28 Petits Thermes du Sud.
2 Maison et chapelle 29 Fort byzantin.
3 Petits Thermes du Nord 30 Chapelle du duc Jean
4 Bibliothèque publique 31 Nécropole chrétienne et église
5 Boutiques du decumanus 32 Temple.
6 Latrines 33 Capitole
7 Forum 34 Eglise.
8 Théâtre 35 Cathédrale donatiste et dépendances.
9 Temple de Cérès (?) 36 Thermes du Capitole
10 Temple de Mercure (?) 37 Thermes de l'Ouest.
11 Maison aux jardinières 38 Maison
12 Marché de l'Est. 39 Temple du Génie de la Colonie
13 Petits Thermes de l'Est 40 Marché de Sertius
14 Porte de Mascula 41 Marché aux vêtements.
15 Porte du Faubourg Est 42 Thermes du marché de Sertius.
16 Grands Thermes de l'Est 43 Fontaine de Liberalis
17 Thermes du Nord-Est 44 Porte du Faubourg Ouest.
18 Porte secondaire du Nord 45 Maison et Thermes
19 Maison de Corfidius Crementius 46 Nécropole païenne.
20 Maison de Januarius et Chapelle.
47 Eglise.
21 Arc dit de Trajan 48 Eglise.
22 Maison de la piscina. 49 Maison.
23 Petits Thermes du Centre 50 Edifices du Faubourg Nord.
24 Maison de Sertius.
51 Thermes des Filadelfes
25 Maison de l'Hermaphrodite. . 52 Grands Thermes du Nord.
26 Quartier industriel. 53 Temple de Saturne (?)
27 Grands Thermes du Sud