Du sport, des sportifs
à Alger et en Algérie
|
32 Ko |
Remerciements
pour leur collaboration à : mon professeur et ami Henri Monducci
7° Dan, Roland Seigneurie 7° Dan, Max Pastor 5° Dan, André
Trivès 5° Dan et Christian Fagard 3° Dan, pionniers du
judo en Algérie. ------Depuis les
premiers balbutiements, en 1935, du judo introduit en France par Me Kawaishi,
ses élèves ceintures noires ont permis son expansion et
son rayonnement en l'exportant à travers l'hexagone, les départements
français d'outre-mer, aux colonies et à l'étranger.
Ainsi leur enseignement a fait tache d'huile et a permis au Judo de connaître
son succès d'aujourd'hui. Mais ce que l'on sait moins, je parle
surtout des nouvelles générations de judokas, c'est tout
le travail qui a été accompli par ces pionniers qui se sont
expatriés pour transmettre leur savoir loin de nos frontières
et ainsi contribuer à son développement. Dans cette course
à l'expansion, l'Afrique du Nord est conquise la première,
et le judo apparaît en Algérie alors que la France métropolitaine
ne compte qu'une poignée de ceintures noires. Dans les trois départements
d'Alger, d'Oran et de Constantine des clubs s'ouvrent, d'abord timidement,
tenus par des judokas au maximum ler kyu et sous la direction technique
de ceintures noires métropolitaines ler ou 2ème Dan (Roger
Picquemal et jean De Herdt), pour connaître ensuite un développement
rapide. La pratique intense de cette activité sportive contribua
grandement à l'évolution des conditions de sécurité
dans tous les domaines. Au début les tapis étaient constitués
d'un lit de sciure recouvert d'une bâche tendue pour évoluer
par la suite avec des tapis de caoutchouc mousse et aussi la relégation
de la table du jury à l'extérieur de l'aire de combat et
la création de périmètres de sécurité.
La rigueur du climat ne tempérait en rien l'ardeur des pratiquants
qui par les températures les plus élevées continuaient
leurs entraînements. Le développement. ------De son côté, en 1951, le département d'Alger connut un développement rapide, après la nomination de nouvelles ceintures noires, et l'implantation de clubs à Boufarik, El Affroun, Affreville, Miliana, Birmandreis, Birkadem, Tipaza, Sidi Moussa, Guyotville, Hussein-Dey, Maison Carrée, Surcouf,Aïn-Taya, etc ... Détaché du Judo Club d'Alger, Yves Greuet créa en 1951 le judo Club de Blida qui compta parmi ses adhérents Galiani, Picot, Richard Seilles, Fortunet et Barbet qui fut champion d'Algérie en 1957 et prit plus tard la direction du club. La Ligue d'Algérie de Judo (rattachée à la Fédération) et le Collège des Ceintures Noires d'Algérie qui travaillaient en symbiose étaient très actifs. Le Cercle Privé d'Oran avec les frères Pastor, Fourous, Ruand, Barrone et Oriol remporte en 1955 les championnats d'Algérie par équipe, qualifiée pour représenter l'Algérie aux championnats de France, elle terminera 2ème derrière le Judo Club Français. Après cela, Max Pastor ayant passé sa ceinture noire, décidé de laisser le Cercle privé de judo à son ami Faurous, et crée le Judokwaï d'Oran qui deviendra champion de France par équipe en 1959. Entre temps au fur et à mesure que ses élèves passent ceintures noires, il les aide à s'installer dans d'autres points de la ville et sur le territoire algérien. C'est ainsi qu'il crée et met en place le Judokwaï d'Ain-el-Turk (responsable Yunk Guy), le Judokwaï Mers-el-Kebir (Torroja Jacques), le Judokwaï Saint-Cloud (avec son frère Georges), la section judo de la G.M.O. (Anton Eugène), la section judo Don Bosco (Rubira José), la section judo de la Base Aéro Navale de Lartigue qu'il entraîne lui-même, le judoka, (Sanz Lucien), le Judokwaï Hammam-Bou-Hadjar (Delamata jean), le Judokwaï AïnTemouchent (Bernardin Claude) le Judokwaï Orléansville et Ain Sefra (Rival Paul) le Judokwaï Constantine (Valero Jacques) et pour terminer le Judokwaï d'Oujda avec son frère Charles. À Oran, un club existait également au sein de la police nationale. Issus du Cercle privé, les frères Pédrotti créaient un petit club à La Sénia où il y avait une section judo à la base d'aviation militaire. Un autre à RioSalado était dirigé par les frères Martinez et Perez. Des clubs existaient également à Relizane et Perregaux tenus par des élèves issus du judo Club d'Oran. Inkermann avait aussi un club dirigé par Mas, élève d'Étienne, ainsi que deux autres à Mostaganem avec Martel et Pardo. Le changement. ------Mais pendant
que tous ces développements se produisaient, une ombre vient en
1957 obscurcir le ciel du judo français par la scission du Collège
des Ceintures Noires avec la FFJDA. La progression ------Dans ce contexte du judo algérien, il existait une saine émulation entre les Algérois et les Oranais ce qui était profitable à tous et au judo. Dans ce but des stages étaient régulièrement organisés avec des Maîtres japonais qui enseignaient leurs techniques aux judokas algériens ce qui les faisait progresser dans notre discipline et se sentir moins isolés. Ainsi tous les ans, de 1954 à 1961, et du 1" au 15 juillet, Sensei Michigami, Directeur Technique du Collège des C.N. d'Algérie, a dirigé les stages. Au cours de ses nombreux séjours il a fait des démonstrations notamment sur le champ pétrolifère d'Hassi Messaoud, pour les ouvriers des chantiers, ainsi qu'à Hassi R'mel et à Colomb-Béchar. D'autres experts sont venus d'une manière ponctuelle dispenser leur savoir : les Maîtres Kenchiro Abe, Mikonosuke Kawashi, Hiro Mochizuki, Tamio Kurihara, Shozo Awazu, Tadashi Abe (Aïki Do), Keiichi Sato, Sano et bien d'autres... Les champions ------La volonté de progresser des judokas algériens porta ses fruits au regard du niveau des compétitions et des résultats obtenus. Ainsi Henri Monducci, professeur du Judo Club d'Alger, qui remporta la coupe Kawashi à Alger et à Oran en 1952, fut champion d'Algérie des ceintures noires quatre années consécutives de 1953 à 1956 et dans le même temps ce fut le judo Club d'Oranie qui enlevait ce championnat par équipes quatre fois de suite. De même en 1956 Alain Grangaud (Judo Club d'Alger) est champion d'Algérie junior et champion de France Universitaire des "Moyens" en 1958 et 1960. La même année Yvon Nicolas O.C. d'Alger) est vice champion de France Universitaire des "Moyens" et champion de France militaire en 1967. Kouck et Alonzo du judo Club Légion sont également champions de France militaires en 1956 et Max Pastor champion d'Algérie en C.N. 3` Dan. Yves Reymond G.C. d'Alger) fut en 1958, 60 et 61 champion de France Universitaire des "Lourds", et 62 en "toutes catégories" pour finir en 1965 vice-champion de France Senior des "Mi-lourds" sans oublier André Trivès champion d'Algérie qui fut sélectionné 11 fois en équipe de France de 64 à 68. D'autres bons judokas tels Fichon, Henry, Fagard, Staropolo, Molinés, Marcelin, Thivaud, Guerdès, Barbet, Weber, Gauthier, Gellot qui enleva la dernière année le championnat d'Algérie en "lourds" et en "toutes catégories", Picarel, Navarro, Yves Oriol champion de France militaire, etc... ont occupé les podiums à maintes occasions. D'autres champions régionaux tels : les frères Chabbi, Ruffra (Gymnase Club d'Alger), Chevalier, Tillouine et jean Deluca (Racing Universitaire d'Alger), Parres, Drizzi et Perez (Sport Athlétique de Bab-el-Oued), Immerzouken, Bennadian Righi (J.C. Patriote), et Chicheportiche Q.C. Guyotville) se distinguèrent à de nombreuses compétitions. Ces palmarès démontraient le niveau et la bonne santé du judo en Algérie qui n'avait rien à envier à ceux de la métropole. Il faut signaler un exploit de l'équipe du S.A.B.O., entraînée par Raoul Dipas, composée de Udari, Noucki, Amanation, Perez et Pares, qui après avoir remporté les championnats d'Algérie fut qualifiée pour la Coupe de France du Collège des Ceintures Noires le 20 mai 1962 à Coubertin. Durant ce temps, des événements d'une grande gravité s'étaient produits au quartier de Bab-elOued qui de ce fait avait subi pendant une semaine un "blocus" par les forces de l'ordre. Malgré cela, la décision fut prise que le S.A.B.O. serait présent à la finale à Paris. À cette époque l'exode commençait et l'aéroport d'Alger Maison Blanche était pris d'assaut par les départs massifs des Algérois qui fuyaient l'Algérie. Autant dire que dans ces conditions les places étaient très limitées et les candidats au départ devaient attendre 2 à 3 jours dans le hall de l'aéroport avant d'obtenir une place sur les vols en partance pour la métropole. Nos judokas se rendant à Paris n'échappèrent pas à cette cohue, et après quarante-huit heures d'attente exténuante, de palabres et d'incertitudes, ils- obtinrent des passages individuels sur des vols séparés. Arrivés à Paris il fallut immédiatement, malgré la fatigue physique et l'angoisse morale, combattre, et dans ces conditions ils remportérent la Coupe de France grâce à une volonté et un esprit d'équipe exceptionnels. Paradoxalement le retour à Alger se passa sans aucune difficulté et dans un avion vide. La presse locale dans son compte rendu de l'événement termina sur une note optimiste en signalant que tous les combattants s'étaient engagés à faire sinon mieux, du moins aussi bien la saison prochaine... la suite de l'histoire est connue et nos champions vécurent, à leur tour quelques jours plus tard, l'exode avec leurs familles. Les animations ------Le département
d'Alger avait même innové, pour l'époque, en créant,
en plus des compétitions classiques, une rencontre originale par
équipes de clubs selon une formule aller-retour des championnats
corpo. Chaque équipe était composée de 4 combattants,
du 4èm° au 1" Kyu, chacun tirant dans son grade respectif
et dans la catégorie junior-Senior avec licence obligatoire et
sans catégorie de poids. Seul les Ippon, Waza-Ari et décision
étaient comptés. Les résultats étaient comptabilisés
sur deux tableaux : l'un avec un classement par victoires pour le championnat,
l'autre avec un classement par points pour le challenge "Air Algérie".
Ces rencontres se déroulaient, suivant un calendrier pré-établi,
les dimanches matin d'octobre à juin et chaque fois dans un club
différent qui remplissait les conditions d'accueil. 15 clubs y
participaient . G.L.E.A. (Henry), J.E.C.A. (Jacob), Club Sportif REPAL
(d'Andréa), S.A.B.O. (Dipas), E.D.E (Fagard), G.C.A. (Marcelin),
C.EA. (Guillaume), J.C.P. Sasso), J.C.S.M. (Laquière), JC Blida
(Barbé), JC Guyotville (Chicheportiche), R.U.A. (Fichon), ASPTT
(Arnould), A.I.A. (Fabre), et JC Alger (Monducci). Une heureuse transition ------Le tempérament
accrocheur des Algériens ne se remarquait pas seulement dans le
domaine du judo, mais aussi dans bien d'autres sports et également
dans celui des arts, et l'exode de 1962 apporta à la métropole
un sang neuf et l'esprit d'entreprise. La section judo du Stade Marseillais
Université Club (SMUC) créé en 1963 par Henri Monducci
avec ses élèves d'Alger et notamment Henry Roland, remporta
en 1964 la Coupe de France par équipes du Collège des Ceintures
Noires avec Alain Grangaud, Christian Amanation, Tony Trougnac, J.-Claude
Acquin, jean Deluca et André Trivès ainsi que le premier
titre de champion du Sud-Est en équipe de ceintures noires devant
le redoutable club cannois de Roméo Degioannini qui avait marqué
son époque. Il y eut aussi André Trivès et Alain
Grangaud qui remportèrent en 1965 la Coupe d'Europe par équipes
des Collèges Internationaux. Le travail effectué en Algérie
allait donc porter ses fruits et contribuer au prestige du judo provençal. Christian d'Andréa |