-------Comme tous
les enfants d'Algérie, Marcel SALVA fourbit ses premières
armes de footballeur dans d'homériques rencontres inter-quartiers
sur les terrains vagues de Bal-El-Oued.
-------A 10 ans, il endosse le maillot rouge
et bleu du Football Club Rochambeau, une petite formation qui vient de se
créer dans le populaire faubourg algérois. Afin de jouer en
ouverture de la rencontre G.S.A.-R.U.A. où évolue son idole
Lucien JASSERON , il décide d'en parler à son maître
d'école passionné de football plutôt que de "taper
cao".
-------Bien lui en prend car la permission
de manquer la classe lui est accordée. Depuis ce jour, il n'aura
de cesse de rejoindre son glorieux aîné dans le firmament des
étoiles du football d'A.F.N. A 17 ans, ce défenseur de grand
talent signe à l'Association Sportive de Saint Eugène où
il cotoie celui qui sera l'ami de toute une vie : Pierrot IZZO.
-------Mais les recruteurs "pros"
veillent sur l'A.F.N., alors formidable réservoir de talents. Et
Marcel SALVA part au Racing Club de Paris avec lequel il remporte deux coupes
de France aux dépens de L.O.S.C. (3 à 0 en 1945 et 5 à
2 en 1949). A noter que dans l'équipe de R.C.P. 1945, 6 Pieds-Noirs
défendaient les couleurs "ciel et blanc" : l'entraîneur
Paul BARON, SAMUEL, JASSERON, PHILIPOT, PONSETTI et SALVA (Vive nous z'autres).
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------Sa classe
et son aisance naturelle, son calme olympien et son fabuleux jeu de tête
lui valent d'être retenu à 13 reprises en équipe de
France. Son retour à Alger est salué comme il se doit mais,
au grand dam des supporters de l'A.S.S.E., il rejoint des rangs du rival
N°1, le Gallia Sport Algérois.
------En 1958,
il prend sa retraite de footballeur mais conserve la charge d'entraîneur
des "coqs" algérois. L'exode de 1962 l'entraîne
à Salon de Provence où il crée une Brasserie-Pizzeria.
------Aujourd'hui,
retraité à Ucel par Aubénas, il suit avec fierté
le parcours du Flambeau Club Pied-Noir du Var dont il a accepté
avec enthousiasme la présidence d'honneur.
------Marcel
SALVA, un joueur et entraîneur d'exception dont le souvenir reste
vivace dans le coeur des amoureux du ballon rond d'Afrique du Nord, de
France et de Navarre.
H.Z
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Le foot-ball, sport roi en Afrique
du Nord, vient de perdre son plus illustre représentant. Champion
de haut niveau, Marcel SALVA, le " Grand Marcel ", restera à
jamais le meilleur défenseur de " là-bas ".
Né le 22 octobre 1922 à Alger, il débuta tout gamin
sous le maillot rouge et bleu d'un modeste club de
Bab El Oued : le F.C. ROCHAMBEAU.
Adolescent, mais déjà grand et racé, SALVA rejoignit
les
rangs de l'A.S.S.E. dans le quartier voisin de Saint Eugène. Sous
la direction d'un mentor d'exception, Paul BARON, il progressa à
pas de géant ; sélectionné à 17 ans de la
Ligue d'Alger, il remporta le Championnat en 1943 et 1944.
Mobilisé en 1942, Marcel avait endossé l'uniforme des aviateurs
cantonnés sur les terrains de l'ancien
Golf à la Redoute. Dans cette équipe de l "Aviation
", il retrouva son co-équipier de 1' A.S.S.E, Pierre LANDI,
ses amis du R.U.A., SAMUEL et JASSERON (ce dernier avait été
et restait son modèle), Pierre PONSETTI du RED STAR et l'oranais
André PHILIPPOT. Ces militaires-footballeurs se distinguèrent
à NAPLES lors des Jeux Inter Alliés. Dans les derniers mois
de la guerre, en attente de démobilisation, cette brillante phalange
se retrouva à Paris et Paul BARON, venu à la rescousse du
Racing de Paris, s'empressa de la recruter.
Le vieux club parisien en avant dernière position avait bien mal
entamé son championnat ; le renfort inespéré des
joueurs venus d'Algérie fut salvateur. Le Racing ne perdit plus
un seul match et dans l'autre compétition, tant convoitée,
la Coupe de France, il parvint en finale et s'imposa face à Lille
battu 3 à O.
Marcel, multipliant de remarquables prestations au fil des matchs, avait
" tapé dans l'ceil " du sélectionneur. Il fit
sa première apparition en Equipe de France à Vienne contre
l'Autriche le 6 décembre 1945. A ses côtés ce jour-là
: le célèbre gardien de but DARUI mais aussi la " Perle
Noire " Larbi Ben BAREK et deux joueurs d'Algérie : SAMUEL
et BASTIEN.
Marcel semblait promis au plus bel avenir, lui encore amateur signant
chez les " pros ", d'autant qu'il avait enchaîné
avec cinq autres sélections " le coq gaulois sur la poitrine
". Il préféra pourtant revenir à Alger. Jeune
marié, estimant la carrière sportive aléatoire, éphémère,
il retrouva donc ses proches qui avaient en charge le commerce familial
de laiterie et bestiaux. Cet établissement, qui prenait beaucoup
d'ampleur, sera exproprié par l'Etat en 1957 pour la construction
de l'immense cité du Climat
de France.
Auréolé de ses succès métropolitains
Marcel reprit sa place à l'A.S.S.E. ; les mois, les matchs passèrent...
A Paris on n'avait pas oublié le talentueux algérois, sans
équivalent à son poste. Les dirigeants du Racing renouvelèrent
les démarches et ces sollicitations répétées
finirent par décider SALVA.
Pendant son second séjour parisien, il remporta une nouvelle fois
la Coupe de France en 1949 et fut finaliste l'année suivante. Avec
les " Bleus " il obtint 7 autres sélections internationales.
Son successeur chez les " tricolores " sera Roger MARCHE qui
le remplaça également dans les rangs du Racing.
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En 1952, le retour de Marcel dans sa ville natale se fit au grand désespoir
des supporters de l'A.S.S.E.. SALVA s'engagea en effet sous les couleurs
du Gallia Sports d'Alger, le GSA, grand rival des Saint-Eugénois.
A la tête de ses " Coqs ", entraîneur, joueur et
capitaine d'équipe, Marcel remporta 3 championnats en 1954, 1955
et 1958 et la Coupe d'Algérie en 1958. Meneur d'hommes, gagneur,
fin tacticien, Marcel qui était admiré, respecté
et craint sur tous les terrains d'Afrique du Nord, devint une figure emblématique
du sport.
Déjà Médaille d'Or de la Fédération
Française de foot-ball, il fut à nouveau distingué
en 1956 par la Médaille d'Or de l'Education Physique et Sportive.
A l'orée de l'année 1959, Marcel " laissa la place
aux jeunes ",
restant l'avisé coach toujours capable de renverser le cours d'un
match. Très profondément attaché à sa terre,
à sa famille et à la vie algéroise, Marcel SALVA
vécut très douloureusement les dernières années
tragiques de l'Algérie
Française et resta inconsolable de ce départ forcé.
Ayant
eu le privilège de le bien connaître et de devenir son ami
en France, j'ai eu maintes occasions d'apprécier l'homme de coeur,
discret et sensible qu'était ce grand champion. Plus de quarante
ans après ses derniers exploits sportifs, Marcel
restait l'homme le plus entouré, le plus fêté lors
des rassemblements de notre communauté. C'est dire si nous ne l'oublierons
pas.
John FRANKLIN
Bibliographie
" Si le Gallia m'était conté !... " -1908-58 "
Quarantenaire de l'A.S.S.E. " 1908-1948
" Encyclopédie du foot bail français Gilles GAUTHEY
1962
" La Mémoire du foot bail d'Afrique du Nord " Hubert
ZAKINE Auto Edition 1995
" Sports Nord Africain " - 1947 Tome 1 Editions Agence Art Graphique
- 1948
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