--------"DONNER
aux ébats de l'enfance la verdure et les fleurs, l'air et le grand
soleil, le sourire du ciel avec la joie de vivre, c'est ouvrir la prison
aux petits prisonniers et la cage aux oiseaux ivres de liberté...
", disait un ancien maire d'Alger, qui vouait aux enfants une vive
affection et s'attacha à multiplier dans notre ville les squares
et les jardins publics. Et le bon M.
de Galland - car il s'agit bien de lui - ajoutait : "
c' est rendre " le corps plus robuste et
l'âme plus radieuse ".
--------Animées
par le même esprit, les municipalités qui se sont succédé
depuis ont créé et pourvu des colonies de vacances ouvertes
aux petits Algérois.
--------Cette
année-ci, deux colonies, installées l'une à Tagma,
quelques kilomètres après Yakouren, l'autre à
Fort-de-l'Eau,
viennent encore d'héberger plusieurs centaines de fillettes et
de garçonnets.
--------Celle
de Tagma est située à un millier de
mètres d'altitude, sur un plateau largement ventilé, ombragé
par des chênes majestueux. L'air y est pur, et grandiose le panorama
qu'offre au regard cette succession de cimes des montagnes kabyles, tantôt
dénudées, tantôt dissimulées sous la verte
toison dont
la forêt les enveloppe.
--------Sous
les grands arbres de ce plateau, de riantes maisonnettes ont été
édifiées qui abritent les enfants et le personnel commis
à leur surveillance et à leur entretien : directeur (M.Gaudel)
, économe (M.Cave), médecin (M. Benhaim), infirmière
(Mme Breil), cuisinier (M. Chauvet).
--------Les
communs : dortoirs, réfectoires,cuisine, infirmerie sont spacieux,
propres, aérés. Une eau claire et abondante coule dans les
lavabos. Un groupe électrogène fournit au camp l'éclairage
nécessaire. Enfin, de vastes terrains de jeux et de sports, avec
agrès de gymnastique, ont &été aménagés,
où les enfants s'ébattent, joyeux, sous la vigilance de
moniteurs qui les conduisent aussi en promenade, chaque jour, dans la
proche forêt ou aux abords des montagnes voisines.
--------C'est
plaisir de voir ces petits revenir, en chan-tant, de l'une de leurs sorties
quotidiennes, puis faire honneur au sain et copieux repas qui les attend.
Un prix de pension modique - de 2 à 5.000 francs pour un mois de
séjour - permet aux parents peu fortunés de faire bénéficier
leurs enfants de quelques semaines d'agréables et tonifiantes vacances.
De plus, quarante orphelins (20 Européens et 20 musulmans) sont
admis, eux, gratuitement.
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--------Une auberge
(huit chambres - pour vingt per-sonnes), réservée aux familles
- et tous les Algéros peuvent y être reçus, moyennant
une redevance tres raisonnable - a été créée,
également, à Tagma.
L'on y est traité par un Vatel, M. Francia, qui possède
d'impressionnantes lettres de noblesse puisqu'il a été le
"chef " du généra! Weygand, du maréchal
Juin, de
l'amiral Darlan dont il produit fièrement les satisfecit.
--------A
Fort-de-l'Eau, c'est dans les bâtiment de 'ancien Casino que la
colonie de vacances de la ville d'Alger a été installée.
Les enfants à qui le salubre climat marin est particulierement
recommandé, y sont l'objet de soins aussi dévoués
et vigilants que ceux dont profitent leurs petits camarades de Tagma.
L'établissement est dirigé par M. René Junqua, rugbyman
et haltérophile distingué, secondé par M. Aymon,
économe, Mme Pierre Junqua, infirmière, et huit moniteurs.
--------ALORS
que la saison touchait à sa fin, aux derniers jours d'août,
la municipalité d'Alger convia la presse locale à visiter
les deux colonies. Et les journalistes,q u'accompagnaient MM. Bonnome,
adjoint au maire, délégué aux Sports et à
la Jeunesse ; Gillet, Zigliara, Abdelhamid, adjoints au maire ; Hamrani,
conseiller municipal ; Sellés, directeur des uvres de vacances
de la ville d'Alger; Mlle Antona, inspectrice de l'Assistance sociale,
le Dr Martin, chef du Service de l'Hygiène de la ville, et divers
chefs de services municipaux, les journalistes purent constater la parfaite
organisation et l'excellente tenue - le succès, en un mot - des
deux colonies.
--------Mais
succès oblige, et les édiles algérois responsables
des oeuvres de vacances de la ville, MM. Bonnome et Abdelhamid, se jugent
(très sportivement !) tenus de faire mieux encore, l'an prochain.
C'est-à-dire qu'ils projettent la création d'une troisième
colonie, près de Tagma. Souhaitons-leur la joie d'accroître
le nombre de ces enfants dont ils renouvellent, chaque année, la
provision de bonne humeur et de santé.
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