Les Services Techniques Municipaux avec la collaboration
des sapeurs du Génie, de la Légion étrangère,
de la Régie syndicale des Transports algérois et des entreprises
Roussel Frères, Société Colas d'Algérie,
Cie Industrielle de Travaux et Société Algérienne
de Travaux Publics et Exploitations de Carrières (CITRA - TPÉC)
ont effectué entre le lundi 1er février 15 heures et le
samedi 6 février, en 111 heures de travail continu jour et nuit,
la remise en état complète, y compris son raccord avec
les rues affluentes, de l'artère centrale d'Alger dénommée
rue Michelet et rue Charles-Péguy, comprise sur une
longueur de 350 ml entre la place Lyautey et le
plateau des Glières, dans la zone comprise entre barricades,
au centre le laquelle se trouvait le réduit des
Facultés.
Devant la
Cie algérienne, une grue de 7 tonnes enlève les
rails découpés a'u chalumeau.
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Cette artère comportait un pavage en gros pavés de granit
enserrant dans toute sa longueur deux files de voies ferrées
pour tramways. Les insurgés avaient dressé, pendant toute
la durée de leur retranchement, trois barricades principales
en son travers, une à chacune des deux extrémités
(débouché de la place Lyautey et débouché
sur le plateau des Glières) et une troisième au débouché
de
la rue Charras sur la rue Michelet. Le dispositif était
complété par des barricades en travers des voies transversales
sur l'artère.
Une des
équipes civiles s'affaire au dépavage complet de
l'ancien revêtement.
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Celles-ci étaient composées de pavés prélevés
sur cette artère, de bois et d'aciers prélevés
sur les chantiers voisins, de panneaux de signalisation, grilles d'arbres,
bancs prélevés sur les voies et de toutes sortes de matériaux
hétéroclites. La hauteur des trois barricades principales,
renforcées de jour en jour, atteignait jusqu'à quatre
mètres de hauteur.
C'est dire que d'importantes surfaces de chaussées avaient été
dépavées en maints endroits de l'artère principale:
leur total est d'environ 1.500 m2.
La
chaussée à mi-travail. La partie gauche est encore
encombrée des vestiges du dépavement, rails et pavés.
Sur la partie droite dont l'empierrement est commencé,
d'énormes tas de sable et de caillasse attendent leur emploi.
(Photo prise pendant l'heure de pause).
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Dès 15 h. le ler février, tout l'ensemble de ces barricades
fut entrepris par les bulldozers de l'armée, les parachutistes
de la Légion et les sapeurs du Génie, en vue du dégagement
de l'artère, du tri des matériaux et de leur évacuation.
Quelque 400 hommes de troupe s'employèrent à ce travail
sans interruption, jour et nuit jusqu'à mardi midi.
Entre temps, les Services Techniques. disposaient des équipes
de voirie, renforcées de celles de l'entreprise Roussel dès
la fin du premier jour. Celles-ci allaient travailler jour et nuit jusqu'au
rétablissement complet de la circulation.
Une niveleuse
en action devant les Facultés le long couteau règle
le niveau du nouvel empierrement qui sera bitumé.
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La surface dépavée pour les barricades. étant importante,
on ne pouvait songer à la reconstituer en un temps correct, faute
de main-d'uvre. Sa division en de nombreuses sections ne pouvait,
d'autre part, permettre d'y substituer un empierrement ; celui-ci n'aurait
manqué de donner à l'ensemble une surface hétérogène
désagréable à il et à la circulation.
D'autre part, il semblait convenable d'enlever les voies de tramways,
inutilisées depuis un an et devenant de plus en plus dommageables
à la circulation.
On décida donc d'achever le dépavage mal commencé
sur toute la longueur de l'artère (2.500 m2), et d'y substituer
un empierrement de 0,15 m. d'épaisseur traité en semi-pénétration
à l'émulsion de bitume, revêtu, après compression,
d'un tapis de 5 à 7 cm comportant une première couche
d'enrobés à chaud, puis une couche de sheet-asphalt.
Le dépavage fut exécuté par les équipes
civiles. Les rails furent sciés par la Régie
syndicale des Transports Algérois (R.S.T.A.) déplacés
par les équipes civiles hors de la chaussée et enlevés
par la R.S.T.A. (environ 70 tonnes). Les quelque 100.000 pavés
(1.500 tonnes environ) furent chargés et transportés,
en majeure partie, par les équipes de sapeurs du Génie
- qui apportèrent ainsi, dans un très louable effort continu,
une aide extrêmement efficace - pour le reste, par les équipes
civiles.
Les décombres de toutes sortes furent enlevés des trottoirs.
Commencé lundi vers 20 heures, tout ce travail de préparation
fut achevé jeudi matin à 8 heures.
Dernière
opération, rue Michelet, avant cylindrage, réglage
de la caillasse de 40/60 dont l'épaisseur est ramenée
à 0.15 cm.
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On put ainsi admettre la circulation sur les trottoirs dès jeudi
14 heures, l'accès de la chaussée étant interdit
au public par des cordages placés dans la ligne d'arbres, près
de la bordure du trottoir. Entre jeudi 8 heures et vendredi soir, on
mit en place la pierre cassée et on la traita. Dans la nuit du
vendredi à 6 h. à samedi, la Société Colas
exécuta la première couche du tapis et samedi matin, la
circulation normale était complètement rétablie.
Entre temps, on avait pu : remettre en état le croisement des
rues d'Isly et de l'avenue Pasteur, rétablissant ainsi la circulation
entre ces deux voies dès mercredi matin ; puis rétablir
la circulation entre la première de ces rues et le boulevard
Bugeaud, ainsi que celle entre les rues Charras et Monge dès
jeudi à la première heure.
L'ensemble des moyens en action fut à peu près le suivant
- 18 camions de 10 tonnes, dont 8 de l'armée ; 1 bulldozer ;
1 dérocteur . 2 compresseurs 45 CV ; 2 niveleuses ; 1 chargeur
; 1 grue de 7 tonnes ; 2 réservoirs d'émulsion de 15 t.;
6 rouleaux compresseurs de 12 t. ; 1 barber-green.
L'effectif civil et militaire fut, en moyenne sur 24 heures, de 85 hommes
jusqu'à jeudi matin ; ensuite de 60 hommes civils.
En 111 heures, tout le désordre se trouvait ainsi réparé,
une chaussée neuve de 350 ml et 4.400 m2 entièrement refaite
avec les raccords sur les voies adjacentes et la circulation reprenait
normalement.
E. COLOMB,
Ingénieur en chef de la ville d'Alger