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Les Mines de Fer de Rouïna
L'industrie minière qui se développe
tous les jours en Algérie par la découverte de nouveaux
gisements et l'amélioration des conditions de transport, compte
parmi ses principales richesses les gîtes de fer qui s'y trouvent
très nombreux. Ces minerais se classent en plusieurs catégories
suivant leurs conditions de gisement et leurs âges.
Dans la première catégorie figurent des affleurements d'hématite
généralement tendre, à surface plus ou moins vaste,
se développant dans des calcaires d'âges divers et fournissant
des minerais exempts pour la plupart de corps nuisibles.
Ces gîtes seraient les épanouissements d'un ou plusieurs
filons traversant le substratum et ayant servi de fentes pour l'amenée
des eaux minéralisantes ; l'hématite présentant d'ailleurs
fréquemment, dans cette catégorie, des formes épigéniques
de la sidérose, il parait évident que la venue du fer a
eu lieu à l'état de carbonate.
La deuxième catégorie comprend les filons observés
dans les schistes ou marnes schisteuses de consistance suffisante et dans
tous les étages compris entre le gault et l'helvétien et
dans lesquels le fer est l'élément franchement dominant.
Là aussi, la venue du fer a eu lieu à l'état de carbonate,
et les travaux ont rencontré la sidérose en place ou des
ankérites dès qu'ils ont eu atteint une profondeur suffisante.
Les gisements interstratifiés font partie d'une troisième
catégorie. Le minerai est une association de fer oxydulé
et d'hématite rouge ou d'oligiste où la proportion des éléments
associés parait fort variable suivant le cas. Il est parfois disposé
sur lentilles ou couches plus ou moins étendues ou localisées
dans les niveaux calcaires du terrain cristallophyllien où elles
paraissent tenir la place même des quantités plus ou moins
grandes des calcaires.
Une autre catégorie se trouve dans la région de Philippeville
où le minerai de fer est inter stratifié dans les schistes
liguriens. L'âge de ces schistes a été longtemps discuté,
leur aspect, dû à une action métamorphique, les faisant
à première vue prendre pour des schistes anciens.
Le minerai est de l'hématite mêlée au fer oligiste.
il contient parfois de la pyrite de fer.
La dernière catégorie comprend les gîtes associés
aux roches éruptives.
Ces gisements contiennent, en même temps que du fer oxydulé,
des quantités assez importantes de pyrite.
C'est à la première catégorie qu'appartiennent les
gîtes de Rouïna dont l'exploitation, qui s'est développée
avec une rapidité extraordinaire, s'accroît encore tous les
jours et donne, d'année en année, des plus-values considérables.
Les mines de fer de Rouïna sont situées dans la province d'Alger
et tirent leur nom d'un affluent du
Chéliff sur lequel elles sont situées.
Elles sont exploitées par une Société anonyme belge,
fondée en 1907, au capital de cinq millions de francs divisé
en 20 000 actions de 25 francs l'une, entièrement libérées.
Le domaine de la Société s'étend, à Rouïna,
sur 25 hectares environ, dont elle est propriétaire, et sur 800
hectares, dont elle est amodiataire jusqu'en 1977.
Un chemin de fer de 5 kilomètres, construit par la Société
de Rouïna, relie la mine à la gare de Rouïna, sur la
ligne du chemin de fer de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée,
d'Alger à Oran ; ses minerais sont dirigés sur Alger où
la Société possède un vaste emplacement au môle
où ils peuvent être déposés en attendant qu'ils
soient embarqués.
La mine de Rouïna donne deux qualités de minerai dénommées
A et B, toutes deux à haute teneur de fer.
La première, est une hématite très pure ; la seconde
un minerai plus phosphoreux.
Exploitée en 1906 par M. Alfred Theys, l'un des fondateurs de la
Société, sa production s'est
élevée à 40 738 tonnes.
En 1907, elle a été de
.67 706 tonnes
fin 1908,
.66 755 tonnes
En 1909,
.910 24 tonnes
Elle sera, cette année, de 120 000 tonnes et les travaux d'installation
pour développer la production font augurer qu'elle atteindra bientôt
une production annuelle de 200 000 tonnes.
En effet, la Société de Rouïna vient récemment
d'acquérir, un nouveau domaine minier très important à
Beni-Haoua,
commune de Ténès.
Ce domaine nouveau comprend la minière de Breira, de 43 hectares
en propriété, et la concession
de Beni-Akil pour les minerais de cuivre, plomb, argent et
autres métaux associés (fer) sur 4 477 hectares.
Cette exploitation va être reliée à la mer, à
la baie de Beni-Haoua. par un câble aérien de 9 kilomètres,
du système Pohlig, où le minerai peut être directement
chargé sur bateau à l'aide d'appareils spéciaux construits
pour la Société par la maison Richard, de Paris.
Les minerais de Breira sont très riches en fer et d'une pureté
remarquable.
La concession de Beni-Akil, très bien reconnue, sera exploitée
sitôt que les installations nécessaires seront achevées.
Comme on le voit, cette affaire s'est puissamment développée
depuis ses débuts ; elle vient d'assurer encore sa prospérité
par l'accroissement considérable de son domaine minier dans des
conditions particulièrement favorables.
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