Aux échos d'Alger n° 21 et 22
Rouïba et les Rouïbéens
Charles CHAVAGNAT.
-------En janvier
1944, Rouïba a accueilli le 1er Régiment de Spahis Algériens
de Reconnaissance rentré depuis peu de la Campagne de Tunisie où
il avait subi de grosses pertes, il était alors a cheval et avait
en face de lui les blindés allemands.
-------Jusqu'en
début septembre, le régiment a été cantonné
dans le village de Rouïba ainsi que dans toutes les fermes des alentours.
Pour ma part, j'étais à la ferme GASTAUD prés du
Hamiz et nous couchions au-dessus des cuves à vin sur des roseaux
attachés côte à côte et reposant sur quatre
pierres qui nous isolaient du ciment.
-------Des
camarades volontaires effectuaient sans cesse des allers retours sur Casablanca
pour ramener le matériel américain nécessaire à
la poursuite de notre action en Métropole et en Allemagne.
-------Les
Spahis ont connu là des jours heureux, très liés
aux habitants qui étaient d'une extrême gentillesse pour
nous et nous faisions tout notre possible pour le leur rendre. Par ailleurs,
je ne pense pas que les fermiers aient eu à se plaindre de nous.
-------Au
contraire, nous leur rendions parfois service, ainsi en arrachant un platane
plus que centenaire avec un char, etc...
-------Un
soir pourtant, prêts à poursuivre le combat, il a fallu quitter
tous ces braves gens pour reprendre la route du front. Nombreux sont ceux
qui ne sont pas revenus Lieutenant MILLET, Adjudant NACHAIZE, Maréchaux
des Logis LERDY, LEGUEN, PASCAL, VALLE, THILLIER, Chef CLAISSE, BOURREL
le curé et tous les autres, je ne m'arrêterais d'en citer
-------Tous
ceux-là ne reverront plus jamais Rouïba
-------Il
s'est donc trouvé, sur le passage du 1e Spahis, un village et une
population accueillante qui ont permis aux soldats que nous étions,
de goûter un havre de paix et de bonheur avant d'affronter les périls
de la guerre.
J'ai voulu leur rendre hommage par ces quelques mots, aux vivants et aussi
à ceux qui, depuis, ont disparu. Le souvenir reste
Charles CHAVAGNAT.
Rouïba
par M. André-Jean GOUJON
30, allée des Villas - AIN-EL-TURK (W. d'Oran)
PREMIERE PARTIE
" L'Histoire de Rouiba -
-------Tout
d'abord, avant de commencer, je tiens à remercier mon ami rouibéen,
Pierre CARATEROT, que vous connaissez tous pour son livre " Quand
notre drapeau flottait sur Rouîba ", et qui m'a précieusement
aidé dans cette première partie L'Histoire de Rouïba
-------L'Histoire
de Rouïba est intensément liée à la conquête
de l'Algérie et, à la mise en valeur de la plaine de la
Mitidja.
-------Le
11 août 1853, sous Napoléon III, le Conseil du Gouvernement
se pencha sur le projet de fondation d'un centre, sur la route d'Alger-Dellys,
à l'embranchement du chemin d'Aïn-Taya, où le Génie
militaire venait de mettre en service un puits artésien.
-------Dès
1845, sur le futur territoire de la commune de Rouïba, quelques concessions
de 100 à 150 ha avaient été offertes ou vendues à
des Européens. En 1852, huit fermes existaient. Le 30 septembre
1853 est publié le décret suivant
- Article I : Il est créé dans l'arrondissement d'Alger,
sur la route Alger-Dellys, un centre de population de 22 fermes, qui prendra
le nom de Rouïba.
- Article Il : Le territoire agricole à affecter à ce nouveau
centre, ce conformément au plan ci-annexé, est de 585 ha
85 a 20 ca.
Fait au Palais des Tuileries, le 30 septembre 1853.
Signé NAPOLÉON
ROUIBA
-------Si l'origine
de ce nom ne laisse aucun doute, sa traduction, par contre, ne fait pas
l'unanimité
- Ce pourrait être une déformation de " petite forêt
" ou de " la descente » ou " petit ruisseau ",
ou encore " broussaille ".
Nous avons une preuve formelle à ce sujet, c'est le reportage d'un
journaliste du journal 1' " AKBAR " qui, en 1853, s'était
rendu sur les lieux et déclarait :
" Dans cet immense désert, je n'ai rencontré que deux
habitations dans un océan de broussailles ".
" A cet espèced'abandon, j'ajoute un sentiment de tristesse
et solitude angoissant."
Aussi, ce ne fut que début mars 1854, qu'eut lieu l'adjudication
de 22 concessions qui furent remises officiellement à leurs propriétaires,
à la fin de ce mois.
-------Qui furent
ces 22 familles de pionniers qui, à la sueur de leur front, au
péril de leur vie, guettés autant par la malaria, le paludisme
et le choléra, que par les pillards, fondèrent Rouïba?
-------Pour
la grande majorité d'entre eux, ils étaient originaires
des Iles Baléares, plus précisément de Mahon, et
avaient été retenus suite aux très bons résultats
obtenus par leurs compatriotes de Fort-del'Eau, qui, dès 1849,
s'étaient lancés dans la culture maraîchère.
-------Rouïba
était inclus dans la commune de la Rassanta qui comprenait Fort-del'Eau
son chef-lieu, ainsi que les hameaux d'Aïn-Taya,
Matifou et Aïn-Beida (Suffren).
Le 22 août 1861, Rouïba fut érigé en commune
de plein exercice. Petit à petit, le village s'équipe.
-------En
1869 fut bâtie la mairie, et en 1876, l'église dont la construction
a été entièrement financée par les familles
européennes. En 1906, ce fût le marché couvert, servant
aussi de salle des fêtes et de sport.
-------En
1906 fut érigée la poste qui, jusqu'alors, se trouvait à
l'intérieur de la mairie. Dès 1887, Rouïba eut son
école communale, avec 3 classes.
-------En
1923 fut inauguré le Monument aux morts financé par une
souscription publique. Rouïba, comme bien d'autres communes d'Algérie,
avait payé un lourd tribu lors de la guerre 14-18 105 de nos enfants
donnèrent leur vie à la patrie.
-------Dès
1930, un jardin publique d'une superficie de 10 ha, allait embellir notre
petit village.
Rouïba eut sa première équipe de football en 1918,
L'Etoile Sportive de RouIba qui, en 1920, prit le nom de " Rouïba
Sports" Une section de boxe, gymnastique, un groupe théâtral,
"Les Gaietés Rouïbéennes" et une fanfare,
vinrent compléter les activités de cette association.
-------Parallèlement,
une société de musique : " Les Amis de Rouïba
", un club cycliste,: " La Roue d'Or Rouïbéenne
", une association de boule, " L'Amicale Boule Rouïbéenne
", tout ceci avait vu le jour à la même époque.
-------Quant
à "Rouïba Sport Foot" il fut radié à
vie en 1929, après de violents incidents face à l'équipe
de Tizi-Ouzou. (Ils avaient sûrement envoyer les boxeurs à
la place des footballeurs ...)
-------Ainsi,
le Club de Foot devait renaître de ses cendres en 1931, sous le
nom de "L'Olympique de Rouïba ".
Le boulodrome
-------A Rouïba
(Ruba, comme disaient certains anciens), vous ne pouviez pas vous tromper.
-------Tout
d'abord, le centre ville avec ses quatre places.
-------Places
de la Mairie, du Marché, du Monument aux Morts et place du Pissoir...
(C'était ainsi...). Place du Marché, le kiosque à
journaux " MAZINI-PONS " où tous les Rouïbéens
venaient prendre La Dépêche, L'Echo d'Alger ou Dernière
Heure, ainsi que leurs paquets de Bastos, Camélia Sports, Job Brasilénas,
etc... Derrière vers l'entrée de la salle des fêtes,
quelques commerçants dont un spécial qui nous effrayait
un peu, (le magasin de couronnes du père Chassin), place de la
Mairie, le Boulodrome, les Établissements Llilo, Antoine (le coiffeur
Dames). Place du Monument aux morts, l'Hôtel de France, la Pharmacie
Benoît-Décaillet et le Moutchou...
-------Enfin
la quatrième place, la pharmacie Nicolas Montpère, le Café
Mereadal, les Établissements Rindavets (Renault) et la Compagnie
Algérienne (banque).
-------Quatre
artères principales, route d'Alger, route de Dellys ou Réghaïa,
route du Fondouk ou avenue de la Gare et enfin l'inoubliable route des
Amoureux, la route d'Aïn Taya.
-------Les
quartiers le quartier Barras, la cité Lote, le quartier des Punaises,
le quartier de la Siamna, le quartier neuf ou des anciens combattants
et ce qu'on appelait quartier Desbones ou des jardins, vers chez Huet
et Pons le fleuriste.
-------Il
y avait aussi, ne l'oublions pas, "La cour des miracles" où
résidait un sympathique rouïbéen qu'on appelait "Arma-je-meurs"
(les anciens s'en souviennent).
-------N'oublions
pas aussi toutes nos splendides fermes qui portaient le fleuron de la
Mitidja, où tous nos braves colons s'appliquaient à travailler
avec une délicatesse extrême. Tout cela ressemblait à
de vrais jardins. Souvenons-nous un peu du village, et faisons ensemble
le tour des bistrots. Comme le plus ancien à ma connaissance, c'était
Quintana et Sintès. (Les parties de Brisque à 6, de Sehot,
de belotte, de tarot, les apéros des boulistes, des chasseurs,
etc...). Plus loin, chez Mme Angèle (Bar Philippe) avec ses clients
attitrés et quelques vedettes de l'époque (Barret, Pierrot,
etc...). Ensuite, chez Simon avec "Jeannine et Jojo" et ensuite
notre sympathique Georgot Soussan, puis chez CAMPS, successivement CACAVELLI,
et CARRIERE. Vers la gare, chez Gaston CAMUS "avec Marlène
", puis ensuite nos amis Loulou et Gilbert.
-------Le
Café de la Gare au tout début (de mes souvenirs) Mémé
MARIN, puis je crois que ce fût notre ami Norbert ALVINO. Je me
souviens à l'époque de M. MARIN, avoir vu un joueur de foot
entièrement équipé en vert et blanc qui se rendait
au stade pour faire son match (à l'époque les terrains n'avaient
pas tous des vestiaires). C'était notre sympathique Charlot Noël
(c'est loin tout ça).
-------Sur
la place de chez Nix (l'épicier de l'époque), en passant
devant chez Ziza et le marchand "de Zlabia ", on allait au Café
de M. TAROT, je me souviens de son chien "Solo"; puis ce fut
M. Reith et ensuite Gaby Mercadal.
-------En
parlant d'animaux, à Rouïba, je me souviens aussi de la bourrique
à Titou Hund "le boucher" qui faisait la navette abattoirs-boucherie,
avec son chargement, sans être commandé; puis le moineau
dressé de Gilbert Dantrement, la chienne " Solange ",
d'Henri Javayolès, etc...
-------A Rouïba
on était si bien!
-------Allons
maintenant chez Pierrot (Hôtel-Bar-Restaurant). Mon père
m'y emmenait quand j'étais tout jeune, " ça sentait
l'anisette, ça sentait la joie de rire, la rigolade ".
-------Déjà
à l'époque j'étais en contemplation devant le tableau
d'affichage de football et recherchais l'écusson des vert et blanc
de l'O.R. "Le virus du foot commençait à faire effet
".
-------A côté,
c'était Raoul le coiffeur avec ses formidables parties de billard
avec Ziza, Cortell, Robert Hund, puis dans les tours qu'il faisait à
ses amis. Un jour, Ahane passe devant le salon et dit à Raoul :
«
- Tu sais Raoul, je suis mal foutu, j'ai mal partout, etc...
- Eh bien, lui dit Raoul, je vais te faire une ordonnance et tu vas voir
Joseph Fleury à la pharmacie, il va te donner ce médicament,
c'est recta...
-------Une
heure plus tard on voit revenir Ahane, les bras au ciel...
Il lui avait fait prendre du " Bleu de méthylène "
-------N'oublions
pas, bien entendu, "l'appareil photo " spécial, et les
moments de scie musicale et d'harmonica.
-------Enfin,
le dernier Café sur la route de Réghaïa, chez Alimondo,
puis ce fut Pons (du Red-Star d'Alger) et en dernier Georges Puccione.
Rappelons-nous, mes amis, pour les fêtes de Rouïba (sur ces
affiches multicolores) quand l'orchestre faisait l'apéritif de
midi dans tous ces établissements. Quelle époque extraordinaire,
mon Dieu ! Et puisque nous parlons fêtes, restons-y. Oui, les fêtes
de Rouïba, l'arrivée des premiers forains, les baraques de
glaces, etc... M. Albert Ségui et son équipe qui plafonnait
la place de guirlandes en papier, que les jeunes découpaient et
collaient le soir à la mairie, la mise en place des fameuses barrières
bleues, le kiosque à musique, l'entrée principale du bal
avec ses multiples branches de palmier.
-------Les
cafetiers s'organisaient, aménageaient leurs terrasses, et nous
faisaient profiter de leurs spécialités les fraises à
la vanille, les hérissons ; les diverses kémias escargots,
caragolines, sardines, tramousses, etc... Enfin il y avait les concours
de belote, de pétanque, de quadrette, le tir aux pigeons, les courses
de vélo et dans les baraques à une époque plus ancienne,
le jet de tomates mûres avec Kiko, les petites baraques avec les
films de Chariot ou certaines avec le cinéma cochon; le feu d'artifice
et bien sûr la retraite aux flambeaux avec, je me souviens, les
marches militaires qui vous faisaient vibrer et pleurer au passage de
la grosse caisse.
-------Puis,
les fêtes terminées, on pense aussi à la mer les baignades
à Aïn-Taya, Surcouf, Alger-Plage, les casse-croûte d'oursins
que les plus anciens ramassaient avec "le carreau "et les plus
jeunes à la plongée et tout cela se terminait par une longue
et paisible sieste. A l'époque des congés, quelques familles
s'organisaient et se regroupaient pour une quinzaine de jours, sous les
cabanons sur piliers. C'était à l'époque une sacrée
expédition matelas, vaisselle, bâche, lampes à carbure
et tout l'attirail de pêche.
-------Le
dimanche, arrivaient d'autres familles et bien souvent c'était
la paella, les fromadjades, les cocas. Puis des groupes de célibataires
endurcis venaient s'y joindre avec leurs bonnes bouteilles de Médéa
ou de Royal Chibani. Ils créaient en quelques minutes un orchestre
bidon et Camille Javayolès accompagné par Bastien, Camps
et d'autres, chantaient en anglais...
-------Vous
voyez quoi! Le comble c'est quand arrivait l'équipe de Oresté,
Pépète et Pierrot. Quand Oresté allait pêcher
les murènes sur les petits rochers de Surcouf, c'était sur
la plage des crises de fou rire par les femmes. Le bon vieux, accroupi
sur son rocher, attiré par cette pêche miraculeuse, laissait
involontairement dépasser les outils du large short et vous voyez
la suite... sur la plage, pendant des heures on se tordait de rire. Enfin,
l'été terminé, il fallait rentrer, tout bronzé,
plein d'oxygène et penser au boulot.
-------L'automne
arrivait, mais quel automne! Avec ses soirées calmes, sans un souffle
de vent, avec ses couchers de soleil extraordinaires. Ah! qu'il faisait
doux et bon chez nous... ces soirées de pétanque à
la ferme, chez Jean Campin, avec Edgard, Roger, Jean-flot, les filles.
-------Aussi
les soirées à la maison, après souper (on n'avait
pas de télé à l'époque, on prenait le temps
de rire), on sortait les chaises longues, ou assis sur un bord de trottoir
et les voisins nous rejoignaient, les discussions étaient agréables,
logiques, sans arrière-pensée. Quel calme, quelle tranquillité
d'esprit mon Dieu ! Certains soirs, surtout le samedi, les jeunes, après
la séance de cinéma chez Mazia (salle des fêtes ou
chez Jeannette plus tard), on se retrouvait, assis sur les bancs de la
place de la Mairie, certains commentaient le film, d'autres pensaient
aller faire des farces, voir le tic-tac... En parlant de tic-tac, ha plus
grosse frayeur que nous avons eue, c'est un soir au quartier Borras, avec
l'équipe de José Alès, Mikey, Gilbert Molh, Calafat,
Gargousse, Alain Prieto, etc..., c'est quand Mathias Ballester (qùi
devait s'en douter) nous est apparu en chemise de nuit, bonnet de nuit
et le pot de chambre à la main... Quel scapa à travers champs
et sur qui on tombe ? Sur Slimani, le garde-champêtre qui se demandait
ce qui lui arrivait.
-------On
se tordait de rire pendant de longs moments... tout en rentrant au village.
Le lendemain dimanche, il y avait la messe à neuf heures; certains
n'attendaient que la sortie... et les promenades s'organisaient, les groupes
se formaient, les footballeurs se préparaient.
-------En
parlant foot, nous étions tous fiers de nos vert et blanc, des
dirigeants chevronnés, des joueurs qui ont marqué l'existence
du Club à chaque époque. Je me souviens avoir vu jouer (et
cela remonte très loin), Raymond Turlaw (Bibihla), Joseph Alanda,
Jean Fédéhich, Michel Lhiedo, Maurice Ferré; puis
une fois au Municipal à Alger. O. R. contre ?... avec Popaul Orfila
dans les buts, puis Pascalette Ferrer (quel grand goal aussi) sans oublier
dans un temps plus rapproché, J.-M. Debou et Momo (Maurice Prieto)
qui disait ou criait toujours dans un corner: "laiaiaisse... j'ai
! "
-------Puis
bien sûr le porte-fanion au foot à Rouïba, Lucien Torrès
qui a fait les beaux jours du Gallia d'Alger pendant de longues années;
il y eut aussi capitaine François (François Fédéhich),
Mimi Alès, Gilbert Adrover, Maurice Carréras. etc... Puis
ce fut le retour de Pierrot Reichert, venant de l'A.S. Boufarik et qui
forma quelques joueurs de qualité, tels José Casanovas,
Bébert Jaume, Lihite Mora. Et puis je n'oublierai jamais l'entraîneur
Robert Giganti (l'arrière du Red-Star) avec qui Yves Périano,
Marc et René Rouesnel, Dédé Bousignac, Georges Campin,
Lob Gorias et votre serviteur, ont pu ou su laisser l'O. R., donc aux
Rouïbéens, que de sympathiques et glorieux souvenirs. Voilà,
les amis, c'est ça Rouïba!
-------Enfin,
revenons un peu sur la vie commune au village avec quelques souvenirs
que chaque enfant de Rouïba a gardé dans sa mémoire.
Certains anciens se souviennent du temps des " sérénades
nocturnes ", où les garçons allaient chanter sous les
fenêtres de leurs promises. Les chansons de Tino Rossi avec Pompon,
Raoul, etc... Le camion de crème à la vanille (le camion
blanc) et le disque de " Marinella ". - Voilà "
Marinella ", disaient les gosses de l'époque.
-------Pour la capitulation
de l'Allemagne, quand les jeunes de l'époque avaient habillé
un mannequin en " Hitler ", fixé celui-ci sur une charrette;
l'annonce était faite par notre garde-champêtre, au tambour
et le soir sur la place, tout cela orchestré par Pierrot vieux,
le tout Rouïba était réuni. Je me souviens du fameux
discours de Carmille s'adressant à M. Periano. (Rbah Douro Djedja)...
c'était assez cru, mais quel ventre de rire. Il y avait aussi notre
ami Hallélo, le marchand de sardines, avec sa petite charrette,
qui passait dans les rues en criant " sardiiiiines " et les
jeunes reprenaient derrière en disant : «Pourri. Pourri...
- Et ta mère, répondait Hallélo en se retournant
et en faisant semblant de ramasser une pierre.
-------Il
y avait aussi Gigot qui ramassait les ordures avec le tombereau; encore
une à accrocher à nos souvenirs. Les sorties avec Saad (Hugo
Saad) et sa camionnette. Il nous emmenait dans toutes les fêtes
pour pas cher, à fond il faisait du trente-cinq à l'heure
et à la côte d'Aïn-Taya, tout le monde descendait pour
pousser et passer le sommet. Quelle rigolade!
-------C'était
pas beau tout ça ?... Enfin, je vais conclure, car il y en aurait
encore tellement à raconter.
-------Chers
amis Rouïbeens, que Dieu nous garde et que nous ayons le plaisir
de nous retrouver chaque année comme convenu, en donnant à
notre réunion annuelle un air de fête, de jouissance, que
cela ressemble un peu plus aux fêtes de Rouïba (que les organisateurs
se le disent) et non pas à une réunion de groupe, d'affaire...
il faut vivre ces jours de rassemblement tous ensemble à s'éclater...
Ce que nous souhaitons tous je pense, c'est que ces rendez-vous annuels
ne s'arrêtent jamais et que nous puissions montrer à nos
enfants et petits-enfants ce qu'était Rouïba, ce qu'était
l'Algérie, ce qu'est un Pied - Noir
-------Encore
une fois, vive Rouïba!
-------Vive
l'Amicale des Enfants de l'Algérois
Signé Dédé GOUJON.
haut de page
|