La Princesse de Battenberg pose à Alger
la première pierre de la nouvelle Chapelle Anglicane

Samedi 6 courant, a eu lieu la pose de la première pierre de la nouvelle église anglicane. La cérémonie était présidée par S. A. R. la princesse Henry de Battenberg. Une estrade tendue de rouge et décorée aux couleurs anglaises et françaises abritait S. A. R. aux côtés de laquelle on remarquait : Miss Cochrane, dame d'honneur; Mme Hay Newton, le Consul général d'Angleterre ; M. Graham, vice-consul ; Watel, chancelier; MM. Aynard, directeur du cabinet du Gouverneur général ; Savignon, maire d'Alger ; Salmon, secrétaire général de la Préfecture ; Altairac, ancien maire ; David, chef du secrétariat particulier du Gouverneur général ; Dubief, directeur adjoint du cabinet ; le commandant Drogue, chef de la maison militaire du Gouverneur général ; Willot, inspecteur général des postes et télégraphes ; Laynaud, Johnston, Arkright, Davies, Rose, Hanbury, Petit, Vidal, etc.

La cérémonie commence par un psaume récité par le pasteur Muriel et par une allocution prononcée en anglais par ce religieux. Puis S. A. R. la princesse Henry de Battenberg, à l'aide d'une truelle fort artistique représentant une main de Fatma, gâche un peu de mortier et scelle la pierre qui formera le socle d'une des colonnes de la porte d'entrée. Frappant sur la pierre avec un marteau en bois précieux, elle prononce cette formule : " Je déclare cette pierre bien posée d'aplomb et d'équerre, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. "

La truelle ayant servi à cette opération porte gravée l'inscription : ". Offerte à S. A. R. la princesse Henry de Battenberg par les fidèles de l'Eglise " Holly Trinity " pour la pose de la pierre de fondation de l'Église par S. A. R ".

La pose terminée, M. Hay Newton, consul général d'Angleterre, remercie les invités. Il assure le Gouverneur général de la très vive appréciation du comité et de la colonie anglaise pour la façon généreuse dont ils les ont traités. Il rappelle que la colonie leur a cédé ce magnifique emplacement et donné une subvention pour élever l'Église.

A l'issue de la cérémonie, S. A. R. et sa suite visitèrent le presbytère, où une collation était servie.

8 mois après.

LA NOUVELLE CHAPELLE ANGLICANE
DE MUSTAPHA-SUPÉRIEUR

On se souvient qu'à la suite de la construction de l'annexe du nouvel Hôtel des Postes d'Alger, au boulevard Laaferrière, la chapelle anglicane dut être démolie. On regretta, un instant, en ce coin élégant d'Alger, une décision qui privait le quartier d'un petit monument, d'aspect extérieur peu somptueux, mais qui. chaque dimanche, réunissait, à l'office du matin, toute l'élite de la colonie hivernale.

Lorsqu'existaient encore les portes d'Isly, la chapelle anglicane détachait sa blancheur en un joli coin de verdure.

La nouvelle chapelle, dont nous avons, récemment, publié les plans, est un chef-d'œuvre d'architecture orientale. Sa construction, de style, jette un défi heureux au vandalisme des propriétaires qui, depuis peu, tentent de faire de la jolie route de Mustapha-Supérieur, le sosie des Tournants Rovigo, en y édifiant de grandes maisons.

L'ÉGLISE ANGLICANE
de la " Sainte-Trinité "

Avant de pouvoir se réunir dans le très beau temple qui s'élève aujourd'hui au milieu du coquet quartier de Mustapha supérieur, les fidèles de la religion anglicane faisaient célébrer leurs offices dans un sanctuaire à l'extrémité de la rue de Constantine, à l'emplacement où fut édidié, par la suite l'hôtel des postes. Ce premier temple fut ouvert au culte le 19 janvier 1871.

Par suite de l'extension de la ville et des besoins de l'Eglise anglicane, la construction du nouveau temple de l'avenue Foureau-Lamy fut décidée en 1909.
Le 5 mars de la même année, l'évêque de Gibraltar présida, en présence des autorités, la cérémonie de la ose de la première pierre, par la princesse Battenberg, sœur du roi d'Angleterre.

De style mauresque, l'église anglicane de Mustapha supérieur abrite de nombreux souvenirs provenant de l'ancien sanctuaire, notamment des marbres rappelant des faits historiques ou la mémoire de héros. Ici une plaque évoque le bombardement d'Alger, en 1660. par le comte Sandwich ; là, est inscrit le nom de Thomas Belton, mort en 1723, esclave en Alger pendant sa jeunesse et qui laissa la moitie de sa fortune pour le rachat des esclaves chrétiens.

Au milieu d'une centaine d'inscriptions, on retient les noms de hautes personnalités anglaises, missionnaires et chapelains.

A l'entrée du temple, on remarque un baptistère, d'art ancien, qui repose sur un épais socle de marbre rouge. De très beaux vitraux, représentant le " Bon Berger " et les Apôtres, ornent l'intérieur. Celui de saint Paul a été offert en mémoire d'un fidèle assassiné dans le Sud, en 1869, par les Touareg.

Il convient de signaler que les vitraux de la façade côté mer " soufflés " lors de l'explosion de 1943, furent entièrement reconstitués avec les débris par une entreprise algéroise.

Cette réalisation impeccable ne laisse pas supposer un tel assemblage.

L'imposant pupitre à tête d'aigle, sur lequel s'ouvre la Bible, donne un caractère majestueux au sanctuaire, au fond duquel l'autel en chêne disparaît en partie sous de magnifiques ornements, dons de militaires, de passage ou en opérations pendant la dernière guerre.

Au-dessus de l'autel, une splendide mosaïque - provenant de l'ancienne chapelle - complète ce bel ensemble que symbolisent, entre deux anges, les paroles du Christ ; " Ego sum lux "

L'évêque de Gibraltar, qui administrait à l'époque un territoire s'étendant de Gibraltar à Constantinople, pouvait dire avec une légitime fierté, le jour de la consécration de l'église de la Sainte-Trinité, le 14 novembre 1909 : " C'est la plus belle de mon diocèse ".