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Ce qui frappe le voyageur qui débarque en Alger
à n'importe quelle période de l'année, c'est l'extraordinaire
impression d'activité qui s'en dégage. Partout des chantiers
de construction, privés ou municipaux, des rues surpeuplées
ou encombrées dans lesquelles s'affairent les Services 'Techniques
de la Ville pour y répandre l'éclairage, y poser des conduites
nouvelles, des égouts, etc..
Ainsi, à un rythme accéléré la Municipalité
d'Alger s'acharne à rattraper le retard accumulé depuis
15 ans par la guerre, ses séquelles... et l'absence de vision aussi.
L'enfant a grandi trop vite, ses parents ne se sont pas souciés
de rajuster ses vêtements au fur et à mesure de sa croissance.
Aujourd'hui il faut faire tous les efforts en même temps.
Les précisions ci-après, illustrant les résultats
du recensement de 1954, donnent une idée précise de l'aspect
sociologique du problème algérois et de la rapidité
de la poussée démographique.
POPULATION D'ALGER
A. - Accroissement
De 1948 à 1954, la population d'Alger ville est passée de
308.321 à 355.040 habitants, elle a donc augmenté de 46.119
âmes, soit 15,15 % de la population de 1948.
La raison de l'accroissement annuel est plus forte qu'entre les deux précédents
recensements conformément aux lois de la progression géométrique.
Si aucun élément nouveau ne vient le modifier, le rythme
de cette progression aura encore augmenté au prochain recensement.
La ville peut atteindre une population de 500.000 habitants d'ici une
douzaine d'années.
Le groupe ethnique européen passant de 179.546 à 192.890
augmente de 13.344 âmes. (17,43 % de la population européenne
de 1948, 4,32 % de la population totale de 1948).
Le groupe ethnique musulman grandit beaucoup plus vite ; passant de 128.775
à 162.150 personnes, il s'est accru de 33.375 âmes entre
1948 et 1954.
(25,11 de la population musulmane de 1948, 10,82 % de la population totale
de 1948).
A ce rythme le nombre des musulmans aura atteint celui des européens
dans 9 ans, la ville aura alors 460.000 habitants.
Dans cet accroissement, i excédent de natalité et l'immigration
ont une part inégale suivant les groupes ethniques.
Pour les européens :
L'excédent de natalité représente 1 % par an.
L'immigration 1 % par an.
Pour les rrrusulmans :L'excédent de natalité représente
2,5 % par an.
L'immigration 1,5 % par an.
Alger ville ne grandit pas seule. Elle est le centre d'une agglomération
qui vit avec elle et qui est passée de 473.261 à 585.000
habitants entre 1948 et 1954.
Cela représente un accroissement de 58,760 âmes pour l'ensemble
des sept villes entourant Alger, passées globalement de 164.940
à 223.688 habitants.
Cet accroissement dépasse en rapidité celui d'Alger.
B. - Densité de la population.
Elle est passée de 224 à l'hectare en 1948 à 258
en 1954.
Mais la population: est très inégalement répartie
sur les 1.400 hectares d'Alger, où la voirie représente
31 % de la surface et ou l'habitation ne représente que 23,70 %,
soit 331 hectares. (D : 1.072 à l'hectare).
Le haut de la Casbah, avec 42.000 habitants sur 15 hectares bat
les recot. ds do concentration avec près de 3.000 habitants à
l'hectare, dans certains quartiers même la densité atteint
4.000 habitants à l'hectare. Les quartiers situés entre
la rue Bab-el-Oued et la rue Randon sont presque aussi denses.
Bab-el-Oued
tout à côté, ovec 35.000 habitants sur
43 hectares, atteint 750 habitants à l'hectare. Le
vieux quartier Rovigo est également surpeuplé.
L'autre pôle de concentration est situé à Belcourt
où l'on atteint le long de la rue Cervantès une densité
de 1.000 habitants à l'hectare.
Les cités de recasement du
Clos-Salembier atteignent la même densité, de
même que les bidonvilles, ce qui est énorme quand on considère
que la population normale d'un quartier d'immeubles à six étages
est de 400 à l'hectare.
Les autres îlots très peuplés d'Alger sont le quartier
de la rue de Mulhouse et le
Champ de Manoeuvre. Il est intéressant de noter que
l'îlot occupé par le grand immeuble du Champ de Manoeuvre
atteint une densité de 750 habitants à l'hectare, alors
que 80 % du sol est resté libre.
Le centre avoisine 400 habitants à l'hectare ; les quartiers du
Hamma et du
Ruisseau, encombrés par de nombreux entrepôts,
n'atteignent pas 300 habitants à l'hectare. Le quartier de ville
situé entre le Télemly
et le Fort-l'Empereur
n'atteint pas 200 habitants à l'hectare, tandis que les coteaux
de Mustapha
supérieur et de la Redoute
ont moins de 100 habitants à l'hectare.
C. - Evolution
La population des arrondissements du centre 4 et 10, a diminué
au fur et à mesure que les immeubles se transforment en bureaux.
Le 2è arrondissement, quartier de la Casbah, malgré sa très
forte densité a vu augmenter encore sa population musulmane qui
construit de véritables gourbis sur les toits de la Casbah (6.000).
13.000 habitants de plus qu'en 1948.
A Bab-cl-Oued, la population européenne a peu varié mais
le groupe musulman et le groupe espagnol sont en forte augmentation.
Même augmentation très forte en pourcentage dans le 6è
arrondissement qui voit diminuer sa population européenne.
C'est le quartier du Clos-Salembier qui a le plus évolué,
sa population est passée en 6 ans de 28.000 à 40.493 habitants,
avec un accroissement de 43,68 %.
C'est à l'heure actuelle le quartier où l'on construit le
plus.
Du point de vue de la répartition des groupes ethniques ,il n'y
a pas de ségrégation. A Alger, dans tous les quartiers on
trouve des européens et des musulmans. Cependant certains quartiers
sont plus particulièrement occupés par les musulmans, on
remarque que ce sont des quartiers surpeuplés : Casbah et Belcourt.
Ceci montre qu'il faut faire dans l'immédiat un gros effort pour
loger ceux des éléments de la population qui s'accroissent
le plus rapidement.
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