sur site le 19-05-2003
-L'Opéra d'Alger au pied des Tournants Rovigo
auteur :
René DOUCET Adh. N°2313
extrait de la revue du GAMT n°59, 1997/3...adhérez !!!
url de la page : http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/Alger/opera/

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-------Par arrêté du 12 novembre 1830, le général comte CLAUZEL, gouverneur de l'Algérie, autorise la création d'une salle de spectacles officielle dans la ville d'Alger, et plus précisément au Palais des Deys, la Djenina.

-------Ce théâtre d'amateurs est dirigé par un conseil d'administration, créé avec l'accord du baron BERTHEZÈNE, général en chef.

-------Ce conseil comprenait, sous la direction d'André GUILLAUME, auteur dramatique, et de GUIROYE, intendant militaire et futur maire d'Alger, les personnes suivantes PERON, régisseur, GROSRICHARD, caissier, ROLLAND de BUSSY, secrétaire, et LAMBERT, chef d'orchestre.

-------La salle de la Djenina, trop petite, fut vite abandonnée, et le théâtre réinstallé d'abord dans une impasse de la rue de la Marine, puis en 1832, rue des Consuls.

-------La direction de cette salle fut confiée successivement à GUILLET de l'Académie Royale de Musique, à MIRECOURT, et à partir du 1er septembre 1833, à Madame DA COSTA.

-------Transféré bientôt, rue de l'Etat Major, le théâtre sur nommé par la presse "La Bonbonnière" (600 à 700 places) fut ensuite dirigé par Henri CURET - qui mourut peu après l'ouverture - puis par la veuve de ce dernier, soeur du compositeur et chansonnier algérois Lucien DESORMES.

-------En 1842, le tableau de la troupe était le suivant

Administration

MM. Honoré Curet, directeur privilégié
Thurbet, 1er régisseur chargé de la mise en scène

Mise en scène

MM. Hyppolyte, 2ème régisseur-inspecteur
Leuliette, chef d'orchestre
Francelle, répétiteur
Cabassous, souffleur
Bocca, machiniste

Acteurs (vaudeville - comédie - drame de genre)

MM. Armand Biré, premiers rôles marqués, les Ferville,
Saint-Aubin, etc...
Mirecourt, jeunes premiers rôles
Sandré, premiers amoureux en tous genres
Alliès, deuxième et troisième amoureux
Dessonville, premiers comiques en tous genres. Les
Arnal, Odry, Vernet, etc...
Thurbet, les financiers et troisièmes rôles
Vermez, deuxièmes comiques
Givot, grimes et caricatures
Adolphe, utilités.
MMes.Sandré, les grandes coquettes, premiers rôles Richetti, premiers rôles
Mauroy, les jeunes premières en tous genres, ingénuités, travestis
Caroline, soubrettes en tous genres
Grainer, deuxième et troisième amoureuse
Louise, deuxième et troisième amoureuse
Gardem, les duègnes et les mères nobles.

-------Malgré les travaux d'agrandissement menés sous la conduite de ROBINET-BERTRAND, la salle restait trop petite.

-------Après de nombreux palabres, un décret du 10 août 1850 fixa l'implantation définitive de l'opéra d'Alger à l'ouest de la place Bresson, ancienne Place Massinissa.

-------Cette place servit à de nombreuses festivités notamment en 1857, pour le retour des troupes ayant pris part à l'expédition de Kabylie, en 1860, lors de la réception de l'empereur et de l'impératrice Eugénie, puis en 1870, pour la plantation d'un arbre de la liberté, et en 1920 pour celle d'un arbre de la victoire.

-------Les travaux de construction du nouveau théâtre se poursuivirent sous la conduite des architectes CHASSERIAU et PONSART.

-------Frédéric CHASSERIAU, architecte à 22 ans, fut nommé architecte en chef de la ville d'Alger en 1849 puis en 1858 et en 1874.

-------Les travaux placés sous le contrôle de l'entrepreneur SORLIN furent achevés en mai 1853, la direction de l'opéra restant toujours attribuée à Mme CURET.

-------Le 25 août 1853, celle-ci fit connaître comme suit, la composition de sa troupe

Orchestre

MM. Van Ghele aîné, premier chef {
Van Ghele jeune, second chef { 38 musiciens
Roy, accompagnateur {

Opéra-Comique

MM. Juette, premier ténor
Ressini, second ténor
Fleuret, troisième ténor
Joliet, baryton
Martin, première basse
Lacroix, basse comique, seconde basse
Dumontier, troisième basse
Félix Ceret, ténor comique, trial
Basson, ténor grime, loruette
Mmes.Félix Voiron, première chanteuse
Baudoin, première dugazon, jeune chanteuse
Lucie Mesnard, seconde chanteuse, jeune mère dugazon
Edmond Saline, duègne, mère dugazon au besoin Mongellas, seconde dugazon
20 choristes

Divertissement

M. Edmond Durand, premier danseur, chargé de régler les pas
Mmes.-Thérésa, première danseuse
Alphonse Durand, seconde danseuse

Comédie, Drame, Vaudeville

MM. Edmond Satiné, premier rôle
Prosper Delimbre, premier rôle marqué, père noble et
grand troisième rôle
Prietz, jeune premier, jeune premier rôle
Mongellas, deuxième amoureux
Félix Ceret, premier comique jeune
Bassan, premier comique marqué, financier
Girardot, second comique
Hector, comique grime, deuxième père
Fleuret, troisième rôle
Lacroix, rôles de convenance
Mmes.C. Dalloca, premier rôle, jeune premier rôle Dumonthier, jeune première, forte ingénuité
A. Evrard, soubrette déjazet, des jeunes premières Mongellas, deuxième amoureuse ingénuité
Marie Trouville, troisième amoureuse
L. Mesnard, coquette
Edmond Saliné, duègne

-------Le nouveau théâtre impérial d'Alger ouvrit ses portes le jeudi 29 septembre 1853 par une inauguration sous la présidence du maréchal comte RANDON, sénateur, gouverneur général, accompagné du Préfet LATOUR-MEZERAY, du général de division DAUMAS et du maire d'Alger DE GUIROYE.

-------Le discours d'ouverture fut prononcé par M.T. LUXEUIL, attaché au gouvernement général.

-------Le 8 mai 1859, le ministre de l'Algérie visita l'opéra d'Alger où il fut reçu par SARLANDE, maire d'Alger et DUPRAT, directeur du théâtre.

-------Parmi les notabilités présentes, on peut noter la présence de TOUSTAIN du MANOIR, secrétaire général du gouvernement général, MARTIN, président du Tribunal de Commerce, BERBRUGGER, lieutenant colonel de la milice, conservateur de la bibliothèque et du musée d'Alger.

-------De nouveaux travaux d'agrandissement permettront au directeur DUPRAT de publier le 20 novembre 1859, un tableau de sa troupe comprenant notamment : Smitz, premier chef d'orchestre ; Michon, second chef ; Foce, premier violon solo ; Martella, fort premier ténor ; Müller, premier ténor léger ; Ramonat, baryton ; De Grecf, première basse ; Mme Picquet-Wild, première chanteuse légère ; Mlle Dorici, forte première chanteuse, etc...

-------Ainsi, l'importance prise par l'opéra d'Alger et sa renommée créaient chaque jour des besoins nouveaux.
De nombreux projets furent présentés, de nombreuses discussions s'en suivirent au Conseil Municipal, sans résultat.

-------Ce n'est qu'après l'incendie de 1882 que l'architecte OUDOT put opérer dans ce théâtre les transformations nécessaires.

-------Mais, auparavant, l'empereur Napoléon III avait fait en Algérie un voyage d'étude pour préparer et planifier sa "politique pro-arabe".

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Mercredi 3 mai 1865, arrivée en rade d'Alger de l'escadre du vice-amiral comte BOUET-VILLAUMEZ escortant le yacht L'AIGLE battant pavillon impérial.

-------Napoléon III, accompagné du prince MURAT, du maréchal MAC MAHON, gouverneur général de l'Algérie et du général de division FLEURY, est reçu par le maire d'Alger, SARLANDE.

-------Le lendemain, l'empereur parcourt les environs à l'ouest d'Alger et s'arrête à CHERAGAS, STAOUELI, LA TRAPPE, SIDI-FERRUCH, GUYOTVILLE et enfin à St EUGÈNE.

 

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-------Le 6 mai, il se rend en chemin de fer à BOUFARIK pour visiter le SAHEL et le jour suivant, après la messe célébrée dans la cathédrale d'Alger, par Monseigneur PAVY, évêque d'Alger, Napoléon se rend à BLIDA, MOUZAÏA, EL AFFROUN, VESOUL BENIAN et MILIANA.

-------C'est le soir du 11 mai 1865 qu'il assiste à une représentation de "Rigoletto" au théâtre impérial d'Alger, dirigé alors par DAIGLEMONT.

-------Parmi les notabilités algéroises, notons le général de division DES VAUX, sous gouverneur de l'Algérie, POIGNANT, préfet d'Alger, TELLIER, secrétaire général de la préfecture et URBAIN, conseiller rapporteur ainsi que le premier président PIERREY. .

-------Le 19 mars 1882,( note du déjanté : cette date alluma un autre "incendie" 80 ans plus tard !) un incendie se déclare à 3 h 15 du matin et l'alerte est donnée par le pompier de service Evariste POMMIROL.

-------Seront aussitôt sur les lieux le maire d'Alger GUILLEMIN et ses adjoints HURE et PORTIER.

-------La reconstruction fut achevée en huit mois sous la conduite de l'architecte OUDOT.

-------L'inauguration du nouveau théâtre eut lieu le 1" décembre 1883, son directeur étant FROMANT qui publie le tableau de la troupe

Administration

MM. Fromant, directeur
Duval, chef d'orchestre
Faure, régisseur général
Trouffy, second régisseur
Rousselot, peintre décorateur

Répertoire

Grand Opéra ; Opéra Comique ; Traductions ; Opérette

Interprètes

MM. Doria, Pomvels, Pombley, Bach, Kolletz, Varenne,
Déthurens, Crépaux, Larrivé, Gourmay, Douchet, Lacroix
Mmes.Rabany, Marielle, Savelli, Lamorrie, Vanderwal, Doriani
Trente choristes, hommes et dames

Orchestre

Chef d'orchestre : DUVAL
Quarante musiciens. Un corps de ballet très important dirigé pendant longtemps par M. Cerri

-------1937-1939 - Nouvelles transformations sous l'autorité de ROZIS, maire d'Alger.

-------Les travaux sont dirigés par le colonel RICHIER, premier adjoint, MOLBERT, ingénieur en chef et REGESTE, architecte en chef, le directeur étant CARRIE.

Directeurs du théâtre d'Alger (1853-1940)

Mme CURET, 29 septembre 1853
DUPRAT, 1859-1864
DAIGLEMONT, 1865
CAMPOCASSO, 1865-1867
VACHOT, 1867
JOURDAN, 1868-1869
BEYSSON, 1869
ALMÉRAS, 1870-1873
EN SOCIÉTÉ, 1873-1874
G. LEROUX, 1874
Mme Vve G. LEROUX, 1874
BEN ABEN, 1874-1875
BOUVARD, 1875-1876
EN SOCIÉTÉ, 1876
FROMANT, 1876-1877
Médéric DELESTANG, 1877-1878
RIVAL DE ROUVILLE, 1878-1879
DUMÉRY, 1879-1882
COSTE, 1882 (théâtre provisoire)
FROMANT, 1883-1887
COSTE, 1887
MANENT, 1887-1888
FROMANT, 1888-1889
GUILLIEN, 1890-1892
MANENT, 1892-1894
COULANGES, 1894-1895
COSTE, 1896-1897
MIALLET-MÉTELLIO, 1898-1899
SAUGEY, 1899-1900-1901
COSTE, 1902
GRAZI, 1905
CARTIER-DEVILLY, 1905
GIMER, 1905
EN RÉGIE, 1905-1906
GIMER, 1907
Horace MARTIN, 1907
UHLMANN et CARVALHO, 1907
BRUMENT, 1907-1908
Maurice SAUGEY, 1908-1914
TRAVERSO, 1917
ADER et RAOUX, 1917-1919
SAVONA, 1920-1922
BITARD et JULIEN, 1922-1923
LE DANOIS, 1923-1924
PRUNET, 1924-1925
Victor AUDISIO, 1925-1929
Victor de COTTENS, 1929-1931
Victor AUDISIO, 1931-1934
Joseph SEIBERRAS, 1935-1937
CARRIÉ, 1939-1940

-------Mais Alger comptait d'autres théâtres ou salles de spectacles que l'opéra.

-------Dès la conquête, le théâtre MAYEUX, du nom de son propriétaire, qui se situait aux abords de la place du Gouvernement, mais qui fut détruit par un incendie en 1845.

-------Le Café de la Perle, café-concert installé au premier étage de la galerie DUCHASSAING à l'angle de la rue Bab El Oued et de la place du Gouvernement.
Dirigé par Emmanuel MICKREDITZ, il recevait le chansonnier BORDAS accompagné par les violonistes SUROT et MAURIN. Détruit par un incendie en 1837, il fut réinstallé rue des Trois Couleurs.

-------Le Cirque Olympique construit en 1834 sur l'esplanade de Bab El Oued.

-------Le Nouveau Théâtre place Bresson en 1853.

-------Le théâtre Malakoff à Bab El Oued en 1882, dirigé par Madame NOVEL.

-------Enfin, les théâtres espagnols de la rue de la Fonderie et de la rue du Scorpion.

-------Comme les cafés chantants du Gambini ou du Helder à Mustapha, fréquentés par les officiers des Chasseurs d'Afrique.

-------Signalons encore le fameux KUR SAAL ouvert en 1903 et démoli en 1928.

René DOUCET Adh. N°2313

Source : d'après le livre de Fernand ARNAUDIÈS "Histoire de l'opéra d'Alger de 1830 à 1940 ". Cet ouvrage cite depuis le début de l'opéra les nombreuses pièces représentées ainsi que leurs acteurs, soit vivant en Algérie, soit connus en Métropole.

ADDITIF

Fernand ARNAUDIES, dans son livre "Esquisses anecdotiques et historiques du vieil Alger", évoque aussi la décoration picturale de l'Opéra

-------"Le grand foyer de l'Opéra donna asile, depuis son inauguration en septembre 1853, à différentes oeuvres plus ou moins adéquates, plus ou moins dignes d'intérêt.
Et d'abord, l' euvre du jeune peintre Alfred COURCHEVEL (1824-1867) représentant "La capture du Chérif Mohamed Ben Abdallah, près de OUARGLA" offerte par l'Empereur Napoléon III.

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Cette immense toile avait appartenu, avant le voyage de l'Empereur en Algérie, et jusqu'en 1866, au Musée de la Société des Beaux-Arts du marché d'Isly.

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Par la suite, on put voir au foyer un bas-relief "Arabe dansant" de Victor FULCONIS - qui avait figuré au Salon de Paris en 1881. Victor FULCONIS, né à Alger en 1851, professeur au Lycée d'Alger, était le fils du sculpteur Guillaume FULCONIS, auteur notamment du piédestal de la statue du
Duc d'Orléans, du monument de Mazagran et d'un buste du maréchal CLAUZEL.

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On put voir encore et toujours au foyer de l'Opéra jusqu'en 1910, deux toiles, l'une de Victor PROUVE, élève de CABANEL et DEVILLY "Sardanapale" (toile de 4 m 40 sur 4 m 29), l'autre de CASTELLANI "La bataille de Wissembourg" (2 m 97 sur 4 m 64) qui fut plus tard installée au Cercle militaire. C'est en 1912 que furent mis en place "La Joie rouge" de Georges ROCHEGROSSE et "Les Temps héroïques" d'Emile AUBRY.

-------A signaler encore, dans le livre de l'Histoire de l'Opéra, le renseignement glané par M. DOUCET "Pour ceux que cela intéresse..."

-------Le peintre Horace VERNET (1789-1863) Directeur de l'Académie Royale de Peinture à Rome (Villa Médicis) avait acheté aux environs de Boufarik une ferme HAOUCH BEN KOULA, mais il prenait ses repas à l'Hôtel Boufarik, tenu par les époux GIRARD.