-------Par arrêté du 12 novembre
1830, le général comte CLAUZEL, gouverneur de l'Algérie,
autorise la création d'une salle de spectacles officielle dans
la ville d'Alger, et plus précisément au Palais des Deys,
la Djenina.
-------Ce théâtre d'amateurs
est dirigé par un conseil d'administration, créé
avec l'accord du baron BERTHEZÈNE, général en chef.
-------Ce conseil comprenait, sous la direction
d'André GUILLAUME, auteur dramatique, et de GUIROYE, intendant
militaire et futur maire d'Alger, les personnes suivantes PERON, régisseur,
GROSRICHARD, caissier, ROLLAND de BUSSY, secrétaire, et LAMBERT,
chef d'orchestre.
-------La salle de la Djenina, trop petite,
fut vite abandonnée, et le théâtre réinstallé
d'abord dans une impasse de la rue de la Marine, puis en 1832,
rue des Consuls.
-------La direction de cette salle fut confiée
successivement à GUILLET de l'Académie Royale de Musique,
à MIRECOURT, et à partir du 1er septembre 1833, à
Madame DA COSTA.
-------Transféré bientôt,
rue de l'Etat Major, le théâtre sur nommé par la presse
"La Bonbonnière" (600 à 700 places) fut ensuite
dirigé par Henri CURET - qui mourut peu après l'ouverture
- puis par la veuve de ce dernier, soeur du compositeur et chansonnier
algérois Lucien DESORMES.
-------En 1842, le tableau de la troupe était
le suivant
Administration
MM. Honoré Curet, directeur privilégié
Thurbet, 1er régisseur chargé de la mise en scène
Mise en scène
MM. Hyppolyte, 2ème régisseur-inspecteur
Leuliette, chef d'orchestre
Francelle, répétiteur
Cabassous, souffleur
Bocca, machiniste
Acteurs (vaudeville - comédie
- drame de genre)
MM. Armand Biré, premiers rôles marqués,
les Ferville,
Saint-Aubin, etc...
Mirecourt, jeunes premiers rôles
Sandré, premiers amoureux en tous genres
Alliès, deuxième et troisième amoureux
Dessonville, premiers comiques en tous genres. Les
Arnal, Odry, Vernet, etc...
Thurbet, les financiers et troisièmes rôles
Vermez, deuxièmes comiques
Givot, grimes et caricatures
Adolphe, utilités.
MMes.Sandré, les grandes coquettes, premiers rôles
Richetti, premiers rôles
Mauroy, les jeunes premières en tous genres, ingénuités,
travestis
Caroline, soubrettes en tous genres
Grainer, deuxième et troisième amoureuse
Louise, deuxième et troisième amoureuse
Gardem, les duègnes et les mères nobles.
-------Malgré les travaux d'agrandissement
menés sous la conduite de ROBINET-BERTRAND, la salle restait trop
petite.
-------Après de nombreux palabres,
un décret du 10 août 1850 fixa l'implantation définitive
de l'opéra d'Alger à l'ouest de la place Bresson, ancienne
Place Massinissa.
-------Cette place servit à de nombreuses
festivités notamment en 1857, pour le retour des troupes ayant
pris part à l'expédition de Kabylie, en 1860, lors de la
réception de l'empereur et de l'impératrice Eugénie,
puis en 1870, pour la plantation d'un arbre de la liberté, et en
1920 pour celle d'un arbre de la victoire.
-------Les travaux de construction du nouveau
théâtre se poursuivirent sous la conduite des architectes
CHASSERIAU et PONSART.
-------Frédéric CHASSERIAU,
architecte à 22 ans, fut nommé architecte en chef de la
ville d'Alger en 1849 puis en 1858 et en 1874.
-------Les travaux placés sous le
contrôle de l'entrepreneur SORLIN furent achevés en mai 1853,
la direction de l'opéra restant toujours attribuée à
Mme CURET.
-------Le 25 août 1853, celle-ci fit
connaître comme suit, la composition de sa troupe
Orchestre
MM. Van Ghele aîné, premier chef {
Van Ghele jeune, second chef { 38 musiciens
Roy, accompagnateur {
Opéra-Comique
MM. Juette, premier ténor
Ressini, second ténor
Fleuret, troisième ténor
Joliet, baryton
Martin, première basse
Lacroix, basse comique, seconde basse
Dumontier, troisième basse
Félix Ceret, ténor comique, trial
Basson, ténor grime, loruette
Mmes.Félix Voiron, première chanteuse
Baudoin, première dugazon, jeune chanteuse
Lucie Mesnard, seconde chanteuse, jeune mère dugazon
Edmond Saline, duègne, mère dugazon au besoin Mongellas,
seconde dugazon
20 choristes
Divertissement
M. Edmond Durand, premier danseur, chargé de régler
les pas
Mmes.-Thérésa, première danseuse
Alphonse Durand, seconde danseuse
Comédie, Drame, Vaudeville
MM. Edmond Satiné, premier rôle
Prosper Delimbre, premier rôle marqué, père noble
et
grand troisième rôle
Prietz, jeune premier, jeune premier rôle
Mongellas, deuxième amoureux
Félix Ceret, premier comique jeune
Bassan, premier comique marqué, financier
Girardot, second comique
Hector, comique grime, deuxième père
Fleuret, troisième rôle
Lacroix, rôles de convenance
Mmes.C. Dalloca, premier rôle, jeune premier rôle Dumonthier,
jeune première, forte ingénuité
A. Evrard, soubrette déjazet, des jeunes premières Mongellas,
deuxième amoureuse ingénuité
Marie Trouville, troisième amoureuse
L. Mesnard, coquette
Edmond Saliné, duègne
-------Le nouveau théâtre impérial
d'Alger ouvrit ses portes le jeudi 29 septembre 1853 par une inauguration
sous la présidence du maréchal comte RANDON, sénateur,
gouverneur général, accompagné du Préfet LATOUR-MEZERAY,
du général de division DAUMAS et du maire d'Alger DE GUIROYE.
-------Le discours d'ouverture fut prononcé
par M.T. LUXEUIL, attaché au gouvernement général.
-------Le 8 mai 1859, le ministre de l'Algérie
visita l'opéra d'Alger où il fut reçu par SARLANDE,
maire d'Alger et DUPRAT, directeur du théâtre.
-------Parmi les notabilités présentes,
on peut noter la présence de TOUSTAIN du MANOIR, secrétaire
général du gouvernement général, MARTIN, président
du Tribunal de Commerce, BERBRUGGER, lieutenant colonel de la milice,
conservateur de la bibliothèque et du musée d'Alger.
-------De nouveaux travaux d'agrandissement
permettront au directeur DUPRAT de publier le 20 novembre 1859, un tableau
de sa troupe comprenant notamment : Smitz, premier chef d'orchestre ;
Michon, second chef ; Foce, premier violon solo ; Martella, fort premier
ténor ; Müller, premier ténor léger ; Ramonat,
baryton ; De Grecf, première basse ; Mme Picquet-Wild, première
chanteuse légère ; Mlle Dorici, forte première chanteuse,
etc...
-------Ainsi, l'importance prise par l'opéra
d'Alger et sa renommée créaient chaque jour des besoins
nouveaux.
De nombreux projets furent présentés, de nombreuses discussions
s'en suivirent au Conseil Municipal, sans résultat.
-------Ce n'est qu'après l'incendie
de 1882 que l'architecte OUDOT put opérer dans ce théâtre
les transformations nécessaires.
-------Mais, auparavant, l'empereur Napoléon
III avait fait en Algérie un voyage d'étude pour préparer
et planifier sa "politique pro-arabe".
------Mercredi 3 mai 1865, arrivée en rade d'Alger de l'escadre
du vice-amiral comte BOUET-VILLAUMEZ escortant le yacht L'AIGLE battant
pavillon impérial.
-------Napoléon III, accompagné
du prince MURAT, du maréchal MAC MAHON, gouverneur général
de l'Algérie et du général de division FLEURY, est
reçu par le maire d'Alger, SARLANDE.
-------Le lendemain, l'empereur parcourt
les environs à l'ouest d'Alger et s'arrête à CHERAGAS,
STAOUELI, LA TRAPPE,
SIDI-FERRUCH, GUYOTVILLE
et enfin à St
EUGÈNE.
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-------Le 6 mai, il se rend en chemin de
fer à
BOUFARIK pour visiter le SAHEL et le jour suivant, après
la messe célébrée dans la cathédrale d'Alger,
par Monseigneur PAVY, évêque d'Alger, Napoléon se
rend à BLIDA,
MOUZAÏA, EL
AFFROUN, VESOUL BENIAN et MILIANA.
-------C'est le soir du 11 mai 1865 qu'il
assiste à une représentation de "Rigoletto" au
théâtre impérial d'Alger, dirigé alors par
DAIGLEMONT.
-------Parmi les notabilités algéroises,
notons le général de division DES VAUX, sous gouverneur
de l'Algérie, POIGNANT, préfet d'Alger, TELLIER, secrétaire
général de la préfecture et URBAIN, conseiller rapporteur
ainsi que le premier président PIERREY. .
-------Le 19
mars 1882,( note du déjanté : cette
date alluma un autre "incendie" 80 ans plus tard !) un
incendie se déclare à 3 h 15 du matin et l'alerte est donnée
par le pompier de service Evariste POMMIROL.
-------Seront aussitôt sur les lieux
le maire d'Alger GUILLEMIN et ses adjoints HURE et PORTIER.
-------La reconstruction fut achevée
en huit mois sous la conduite de l'architecte OUDOT.
-------L'inauguration du nouveau théâtre
eut lieu le 1" décembre 1883, son directeur étant FROMANT
qui publie le tableau de la troupe
Administration
MM. Fromant, directeur
Duval, chef d'orchestre
Faure, régisseur général
Trouffy, second régisseur
Rousselot, peintre décorateur
Répertoire
Grand Opéra ; Opéra Comique ; Traductions
; Opérette
Interprètes
MM. Doria, Pomvels, Pombley, Bach, Kolletz, Varenne,
Déthurens, Crépaux, Larrivé, Gourmay, Douchet, Lacroix
Mmes.Rabany, Marielle, Savelli, Lamorrie, Vanderwal, Doriani
Trente choristes, hommes et dames
Orchestre
Chef d'orchestre : DUVAL
Quarante musiciens. Un corps de ballet très important dirigé
pendant longtemps par M. Cerri
-------1937-1939 - Nouvelles transformations
sous l'autorité de ROZIS, maire d'Alger.
-------Les travaux sont dirigés par
le colonel RICHIER, premier adjoint, MOLBERT, ingénieur en chef
et REGESTE, architecte en chef, le directeur étant CARRIE.
Directeurs du théâtre
d'Alger (1853-1940)
Mme CURET, 29 septembre 1853
DUPRAT, 1859-1864
DAIGLEMONT, 1865
CAMPOCASSO, 1865-1867
VACHOT, 1867
JOURDAN, 1868-1869
BEYSSON, 1869
ALMÉRAS, 1870-1873
EN SOCIÉTÉ, 1873-1874
G. LEROUX, 1874
Mme Vve G. LEROUX, 1874
BEN ABEN, 1874-1875
BOUVARD, 1875-1876
EN SOCIÉTÉ, 1876
FROMANT, 1876-1877
Médéric DELESTANG, 1877-1878
RIVAL DE ROUVILLE, 1878-1879
DUMÉRY, 1879-1882
COSTE, 1882 (théâtre provisoire)
FROMANT, 1883-1887
COSTE, 1887
MANENT, 1887-1888
FROMANT, 1888-1889
GUILLIEN, 1890-1892
MANENT, 1892-1894
COULANGES, 1894-1895
COSTE, 1896-1897
MIALLET-MÉTELLIO, 1898-1899
SAUGEY, 1899-1900-1901
COSTE, 1902
GRAZI, 1905
CARTIER-DEVILLY, 1905
GIMER, 1905
EN RÉGIE, 1905-1906
GIMER, 1907
Horace MARTIN, 1907
UHLMANN et CARVALHO, 1907
BRUMENT, 1907-1908
Maurice SAUGEY, 1908-1914
TRAVERSO, 1917
ADER et RAOUX, 1917-1919
SAVONA, 1920-1922
BITARD et JULIEN, 1922-1923
LE DANOIS, 1923-1924
PRUNET, 1924-1925
Victor AUDISIO, 1925-1929
Victor de COTTENS, 1929-1931
Victor AUDISIO, 1931-1934
Joseph SEIBERRAS, 1935-1937
CARRIÉ, 1939-1940
-------Mais
Alger comptait d'autres théâtres ou salles de spectacles
que l'opéra.
-------Dès la conquête,
le théâtre MAYEUX, du nom de son propriétaire,
qui se situait aux abords de la place du Gouvernement, mais qui fut détruit
par un incendie en 1845.
-------Le Café de la Perle,
café-concert installé au premier étage de la galerie
DUCHASSAING à l'angle de la rue Bab El Oued et de la place du Gouvernement.
Dirigé par Emmanuel MICKREDITZ, il recevait le chansonnier BORDAS
accompagné par les violonistes SUROT et MAURIN. Détruit
par un incendie en 1837, il fut réinstallé rue des Trois
Couleurs.
-------Le Cirque Olympique
construit en 1834 sur l'esplanade de Bab El Oued.
-------Le Nouveau Théâtre
place Bresson en 1853.
-------Le théâtre Malakoff
à Bab El Oued en 1882, dirigé par Madame NOVEL.
-------Enfin, les théâtres
espagnols de la rue de la Fonderie et de la rue du Scorpion.
-------Comme les cafés chantants du
Gambini ou du Helder à Mustapha, fréquentés par les
officiers des Chasseurs d'Afrique.
-------Signalons encore le fameux
KUR SAAL ouvert en 1903 et démoli en 1928.
René DOUCET
Adh. N°2313
Source : d'après le livre de Fernand ARNAUDIÈS
"Histoire de l'opéra d'Alger de 1830 à 1940 ".
Cet ouvrage cite depuis le début de l'opéra les nombreuses
pièces représentées ainsi que leurs acteurs, soit
vivant en Algérie, soit connus en Métropole.
ADDITIF
Fernand ARNAUDIES, dans son livre "Esquisses anecdotiques
et historiques du vieil Alger", évoque aussi la décoration
picturale de l'Opéra
-------"Le grand foyer de l'Opéra
donna asile, depuis son inauguration en septembre 1853, à différentes
oeuvres plus ou moins adéquates, plus ou moins dignes d'intérêt.
Et d'abord, l' euvre du jeune peintre Alfred COURCHEVEL (1824-1867) représentant
"La capture du Chérif Mohamed Ben Abdallah, près de
OUARGLA" offerte par l'Empereur Napoléon III.
-------Cette immense toile avait appartenu, avant le voyage de
l'Empereur en Algérie, et jusqu'en 1866, au Musée de la
Société des Beaux-Arts du marché d'Isly.
-------Par la suite, on put voir au foyer un bas-relief "Arabe
dansant" de Victor FULCONIS - qui avait figuré au Salon de
Paris en 1881. Victor FULCONIS, né à Alger en 1851, professeur
au Lycée d'Alger, était le fils du sculpteur Guillaume FULCONIS,
auteur notamment du piédestal de la statue du Duc
d'Orléans, du monument de Mazagran et d'un buste du maréchal
CLAUZEL.
-------On put voir encore et toujours au foyer de l'Opéra
jusqu'en 1910, deux toiles, l'une de Victor PROUVE, élève
de CABANEL et DEVILLY "Sardanapale" (toile de 4 m 40 sur 4 m
29), l'autre de CASTELLANI "La bataille de Wissembourg" (2 m
97 sur 4 m 64) qui fut plus tard installée au Cercle militaire.
C'est en 1912 que furent mis en place "La Joie rouge" de Georges
ROCHEGROSSE et "Les Temps héroïques" d'Emile AUBRY.
-------A signaler encore,
dans le livre de l'Histoire de l'Opéra, le renseignement glané
par M. DOUCET "Pour ceux que cela intéresse..."
-------Le peintre Horace VERNET (1789-1863)
Directeur de l'Académie Royale de Peinture à Rome (Villa
Médicis) avait acheté aux environs de Boufarik une ferme
HAOUCH BEN KOULA, mais il prenait ses repas à l'Hôtel Boufarik,
tenu par les époux GIRARD.
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