HISTOIRE de L'OPÉRA D'ALGER
Épisodes de la vie théatrale algéroise
1830-1840
Fernand Arnaudiès

REMANIEMENTS pages 71 à 79

« un défaut commun à beaucoup de constructeurs, est de ne jamais voir assez grand.»
Garnier, architecte de l'Opéra.-Lettre à M.C.Nuitter

sur site le 21-11-2004
L'OCR a laiisé des "coquilles" que je n'ai pas reprises. Veuillez me pardonner. Vous pouvez me les signaler..
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---------L'Opéra de Chassériau devait, dans la suite des temps, subir diverses transformations.
---------En 1856, trois ans seulement après l'inauguration, la salle fut dotée de trois cents places nouvelles. Première transformation, qui occasionna à la ville une dépense de trente mille francs, et qui bientôt allait être suivie de travaux beaucoup plus considérables.
---------En effet, dès Avril 1859, un nouvel agrandissement est jugé nécessaire. M. Duprat, Directeur, propose de le réaliser et de repeindre entièrement la salle. Il fera ce travail important, évalué à cent vingt mille francs, sans qu'il en coûte un liard à la ville, à la condition qu'elle lui consente pour dix ans encore, certains privilèges d'exploitation et de gestion et augmente la subvention annuelle de six mille francs.
---------Le théâtre compte à ce moment : 32 fauteuils d'orchestre, 10 baignoires de pourtour ; 80 loges de balcon ; 36 stalles d'orchestre ; 60 stalles de balcon ; 34 baignoires de pourtour ; 74 loges de premières ; 59 stalles de premières ; 54 stalles de parquet ; 74 loges de secondes ; 60 amphithéâtre des secondes ; 300 parterres ; 100 places de troisième galerie.
---------Outre l'agrandissement de la salle, M. Duprat prévoyait l'utilisation de ventilateurs ; la correction du système d'éclairage au gaz ; l'amélioration de l'acoustique.
---------Après de nombreuses discussions sans grand intérêt aujourd'hui, les travaux commencèrent, sous la direction de MM. Bullez et Dumay.

---------Ces travaux traînèrent en longueur et il y eut des impatients, à tel point que M. Duprat dut aménager, provisoirement, la petite salle du Prado, rue Boccus, afin d'y jouer, tout au moins, le vaudeville. La soirée d'inauguration de ce théâtre provisoire eut lieu le 1er Novembre 1859. On y donna : " Le Mari de la Dame des Chœurs", de Boyard et Duvert ; " Une femme qui se jette par la fenêtre ", de Scribe et Lemoine, et " La Corde Sensible ", de Clairville et Thiboust. Par la suite, M. Duprat présenta : " Ce que femme veut ", de Duvert et Lausanne ; " Les Deux Divorcés ", de Cagnard ; " Un Monsieur et une Dame ", de Duvert ; " Edgard et sa Baronne ", de Labiche. Puis, le mardi 29 Novembre 1859, le théâtre provisoire ferme, après la représentation de : " Mathias l'Invalide ", de Bayard et " Tambour battant ", de Decourcelle.


---------Les travaux étant enfin terminés, le Directeur du théâtre impérial publiait dès le 20 Novembre, le tableau de la troupe pour l'année 1859-1860. Nous y voyons figurer : M. Smitz, premier chef d'orchestre ; Michon, second chef ; Face, premier violon solo ; Martella, fort premier ténor ; Mûller, premier ténor léger ; Ramonat, baryton ; De Grecf, première basse ; Mme Picquet-Wild, première chanteuse légère ; Mlle Dorici, forte première chanteuse, etc...
---------Vinrent ensuite le 10 Décembre 1859, les épreuves de vérification de solidité des balcons.
Les transformations apportées à l'Opéra de Chassériau par MM. Bullez et Dumay ne furent pas exemptes de critiques
---------On dauba sur l'élargissement de la loge municipale qui venait, désagréablement, empiéter sur le second rang des balcons ; sur l'étroitesse des loges de tous les étages où, assurait-on, deux crinolines ne pourraient jamais se tenir côte à côte ; sur l'avancée exagérée des premières galeries, qui plongeaient dans l'ombre les loges de balcon où se montraient généralement les plus belles toilettes.
---------Ce fut sans doute pour remédier à ce dernier et très grave inconvénient que la Direction imagina, à la fin de chaque acte, de faire descendre le lustre au niveau des balcons et de le remonter, à grand bruit, avant le lever du rideau. Exercice assez peu rassurant, aussi entendait-on couramment formuler devant les guichets cette phrase restrictive et éloquente
---------- " Surtout, ne me placez pas au-dessous du lustre. "
---------Plus tard il est vrai, on installa dans le bas de la salle de magnifiques candélabres de bronze, qui vinrent distribuer une lumière propice à des effets de parade et de luxe.


---------En 1871, une emprise sur les dégagements permit aux entrepreneurs de gagner encore deux cent cinquante places.
---------Deux ans plus tard, en 1873, M. Bullot apporta de nouvelles modifications aux installations existantes. Il augmenta le nombre des fauteuils de balcon et des loges ; refit quelques peintures, raviva le gris clair et l'or, retoucha le plafond, changea les velours et fit enfin brosser une série nouvelle de décors.

 

---------Mais son rôle ne se limita pas à ces travaux. On lui dut d'autres améliorations ou innovations. C'est lui qui fit installer, au niveau de la scène, et s'ouvrant à hauteur de la rue du Hamma, une sorte de pont levis, manœuvréà chaînes, permettant pour les besoins de la figuration, le passage des chevaux et des voitures.
---------C'est lui qui jugea opportune la modernisation de la machinerie et s'inquiéta de l'utilisation pratique des dessous de l'Opéra. Il construisit ou transforma les treuils, les chariots, les trappes, les mâts nécessaires à la manipulation des montants. Il construisit les " tas ", cloisonnements indispensables à la conservation et au classement des décors. Il apporta tous ses soins à la rénovation des loges d'artistes, qui manquaient du plus élémentaire confort. Il rénova encore les vestiaires, destinés aux musiciens, aux figurants, aux danseuses.
---------C'est lui enfin, qui reçut mission de desceller l'aigle impérial figurant au fronton du monument et de remplacer cet emblème par un écusson aux armes de la Ville d'Alger.
---------Et, puisque ces armes se trouvèrent ainsi incorporées au bâtiment de Chassériau, je me permets une courte digression à leur sujet.
---------Dessinées le 7 Février 1862 par le peintre Jean-Raymond Lazerges, mort à Mustapha le 24 Octobre 1887, elles sont inscrites dans un ancien écu algérien, en cœur, bordé d'or, surmonté d'une couronne murale de style mauresque. Cet écu est coupé d'azur et de sinople par une barre d'or, chargée d'un lion du même ayant la patte droite antérieure, posée sur un boulet et se tenant au-dessous d'un écu de gueules à la croix d'argent, brochant sur le tout. Au premier, d'azur cantonné d'un bateau à voiles d'argent, au-dessus d'un croissant du même métal. Au deuxième, de sinople à la gerbe d'or.
---------Le Conseil Municipal, sous la présidence du Maire, M. Sarlande, adopta le projet Lazerges dans sa séance du 10 Février 1862.
---------La maquette originale exécutée à la gouache a été conservée par la Mairie d'Alger.

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Par la suite, et avant le remaniement Oudot, différents entrepreneurs furent chargés de travaux plus ou moins importants création d'un bureau spécial d'archives ; agrandissement des caves et des souterrains ; création d'un atelier de réparation des décors, d'un atelier de menuiserie, d'un magasin aux accessoires distinct du magasin des costumes.
---------Mais ces dépendances, gagnées sur un espace déjà restreint, ne présentaient aucune commodité et ne facilitaient pas la besogne.
---------On refit l'installation des conduites d'eau ; on remit la toiture en état ; on ajouta quelques fauteuils au parterre en sacrifiant deux ou trois loges ; on restaura les bureaux de location et de vente des billets ; on rajeunit le vestibule en le dotant de nouvelles tentures et de nouveaux lampadaires.
---------L'importance prise en quelques années par l'Opéra, la faveur inespérée, imprévue, dont il jouissait, créait chaque jour des besoins nouveaux et de plus en plus impérieux.
---------La presse, reflétant l'opinion publique, menait, en vue d'une transformation complète et méthodique du théâtre, une campagne qui, pour être discrète, n'en demeurait pas moins active.
En 1875, l'architecte algérois Charles Chevalier avait présenté le projet complet d'un nouvel Opéra : variante, peut-être plus homogène, du style adopté par Chassériau.
---------Ce projet ne fut pas retenu.

---------L'incendie de 1882 devait résoudre le problème, en permettant à l'architecte Oudot d'opérer les transformations souhaitées