Alger, Algérie
: documents algériens
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Concerts dans les squares et sur les places d'Alger Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, les squares et les places d'Alger voyaient très fréquemment se produire les nombreuses sociétés musicales qui y donnaient des concerts publics en plein air, attirant une foule d'amateurs, mélomanes ou pas, comme le montrent les cartes postales de l'époque. La musique des Zouaves en garnison à Alger (1er Zouaves jusqu'en 1918, puis 9ème Zouaves) se produisait tout au long de l'année, trois fois par semaine, le mardi, le jeudi et le dimanche à la place du Gouvernement ou au square Bresson (square de la République) pour des concerts d'une heure.
Ces concerts gratuits débutaient à 20 h 30 en été, à 15 h en hiver. Le répertoire, toujours renouvelé, n'était pas limité aux seuls morceaux militaires mais faisait la part belle aux ouvertures d'opéra et à la musique légère comme en témoigne le programme du concert donné le dimanche 23 octobre 1921 à 20 h 30 à la place du Gouvernement : Marche des Musiciens, d'Allier, Ouverture de Don Juan, de Mozart, Ballet Egyptien en 4 parties, de Luigini, La Fille du Tambour-Major, d'Offenbach et la Marche Turque, de Mozart.
Il arrivait parfois, qu'une autre formation militaire, les trompettes du 27ème escadron du Train des Équipages, exécute, dans le petit square du Champ de Manœuvres proche de son casernement, quelques morceaux de son répertoire, nécessairement composé presque exclusivement de pas redoublés et de marches parmi lesquels s'intégrait harmonieusement la célèbre et populaire Marche des Trompettes d’Aida, de Verdi.
Mais Alger comptait aussi de nombreuses sociétés musicales dont certaines donnaient régulièrement des concerts publics en plein air. Du mois d'avril au mois d'octobre, l'Orchestre des Concerts d’Été, subventionné par la Ville d'Alger, offrait le mercredi et le samedi à 20 h 30, au square de la République (Bresson), un programme consistant et varié, avec le concours occasionnel de chanteurs, chanteuses et solistes réputés. Ainsi pour le dernier concert de l'année 1921, le 12 octobre, le programme proposé et dirigé par le chef d'orchestre G. Riva était ainsi composé : Première partie. 1. Marche Nuptiale, de Mendelsohn, 2. Ouverture de la Chasse du Jeune Henri, de Méhul, 3. España, valse de Waldteufel, 4. Scènes Napolitaines, de Massenet. Deuxième partie. 1. Ouverture du Roi d'Ys, de Lalo, solistes MM. Olivier, clarinette, et Verkerk, violoncelle, 2. Hamlet, d'Ambroise Thomas, duo par Mlle Gervaud et M. Romani, 3. Manon, fantaisie de Massenet, 4. Ah vous dirais-je Maman, air pour piston, soliste M. Cl. Perrin. 5. Rigoletto de Verdi, duo par Mlle Gervaud et M. Romani 6. Bacchanale de Samson, de Saint-Saëns. M. Clément Perrin, le piston solo, était le père de Marcel Perrin, membre du quatuor de saxophones de l'Orchestre Symphonique de Radio-Alger mais aussi professeur de musique au lycée Bugeaud et au lycée de Ben Aknoun, qui essaya, avec persévérance et plus ou moins de succès, de sensibiliser, aux plaisirs de la musique classique, des générations de lycéens qui s'intéressaient plus aux chanteurs de variétés.
D’autres sociétés musicales se produisaient aussi régulièrement pendant la belle saison. La Philharmonique "Alger-Tourist"donnait ses concerts le jeudi, à 20 h 30, à la place du Gouvernement, avec parfois la participation de la clique des "Gymnastes Saint-Eugénois"et le dimanche après-midi ou en soirée, au square de la République avec occasionnellement le concours de chanteurs et chanteuses, et dont voici le programme du 29 octobre 1916, composé d'air plutôt léger et quelque peu influencé par l'actualité de la guerre. Première partie : 1. Ke-Son, marche de Leroux, 2. Salut à Alger, de Saint-Almand et Malroy, chanté par Mlle Mary Cara, 3. Une Soirée près du Lac, fantaisie mazurka pour hautbois, soliste M. Hubert-Fourès, 4. Ouverture de Célimène, de Boisson, 5. La Traviata, Lorsqu'on a de Folles Amours, de Verdi, chantée par M. Salamano, 6. Gloire aux Serbes, de Saint-Amand, chanté par Mlle Mary Cara. Deuxième partie : 1.Marche du Tsar, de Boisson, 2. Salut aux Zouaves, création de Mme Berthau et Terrier, chanté par M. Salamano, 3. Exelsior, fantaisie de Boisson, 4. La Juive, Il va venir, de Halévy, chantée par Mlle Sapéna, 5. Les Deux Commères, polka pour deux pistons, de Léger, solistes MM. Peronnet et Baille, 6. Thaïs, air du Miroir, de Massenet, 7. La Fille du Tambour-Major, d'Offenbach.
Le square de la République était aussi parfois le théâtre de prestations occasionnelles des "Artistes Musiciens". Exceptionnellement, la place du Gouvernement ou le square Bresson accueillait les concerts donnés par d'autres sociétés, comme la société chorale des "Enfants de l'Algérie"avec le concours de la fanfare de trompettes du "Gymnaste Club d'Alger"ou comme "l'Estudiantina", le "Plectre Algérois" , formation composée de mandolines et de guitares.
Il y avait donc une certaine concurrence pour l'utilisation de la place du Gouvernement ou du square de la République. Mais Alger disposait d'autres squares, jardins et places, susceptibles d'accueillir ces concerts. Ainsi les Algérois pouvaient-ils choisir d'aller écouter les formations (ensemble philharmonique, clique et orchestre) de "L'Africaine de Mustapha"le jeudi et le dimanche, à 21 h, au square du Champ de Manœuvres, ou "L'Union Philharmonique de Bab-el-Oued", le vendredi à 21 h au square Nelson, ou la "Joyeuse Harmonie", avec le concours de la clique "La Lorraine" et de la société "Alger-Fanfare", le jeudi à 20 h 30 au square Bab-Azoun (square Guynemer) ou, plus rarement, l'Estudiantina "Le Diabolo de Mustapha" et"L'Estudiantina d'Alger – Bab-el-Oued", le dimanche à 15 h 30, au jardin du Musée des Antiquités, ou l'association symphonique "Alger la Blanche", certains samedis au square Montpensier.
La plupart du temps tous ces concerts étaient gratuits, sauf lorsqu’ils étaient donnés au profit d'une association, un plateau destiné à recevoir les dons étant alors placé à l'entrée du square. Lorsqu'il s'agissait d'une soirée exceptionnelle ou d'un festival, l'entrée était payante au prix de 25, 30 ou 50 centimes, voire 1 franc, selon le programme, participation considérée comme modeste, à l'époque. Des chaises, parfois payantes (10 ou 25 centimes en enceinte réservée), étaient tenues à la disposition des spectateurs.
Toutes ces animations témoignent de la vitalité de la vie culturelle, artistique et associative d'Alger au temps de la "Belle Époque"et des "Années Folles", d'autant qu'outre ces concerts publics en plein air, le public algérois de connaisseurs pouvait aller apprécier les opéras, opérettes et ballets donnés par les établissements institutionnels : Opéra d'Alger, Kursaal-Nouveau Théâtre, Casino Music-Hall, et les concerts programmés dans les salles des Beaux-Arts, de la Lyre Algérienne, de l'Africaine etc... Francis RAMBERT Sources Internet Divers articles de L’Écho d'Alger de 1912 à 1930 trouvés sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327596899/date.r=l'echo-d'alger.langFR |