Internat du lycée de jeunes filles d'Alger
Architectes : Georges Garnier (S.C.) et René Vasselon (S.A.D.G.).

Voilà un établissement d'instruction qui, les plans et les photographies en témoigneront, contraste heureusement avec les casernes ou prisons généralement affectées à la jeunesse.

extraits de "la construction moderne", revue hebdomadaire d'architecture, 15 et 22 janvier 1939
mise sur site le 31-1-2008...revue en février 2013

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Internat - vue d'ensemble

Voilà un établissement d'instruction qui, les plans et les photographies en témoigneront, contraste heureusement avec les casernes ou prisons généralement affectées à la jeunesse.

Le Lycée de jeunes filles d'Alger disposait avant la guerre d'un bâtiment construit en 1902 en pleine ville, commode et bien conçu, mais limité par quatre rues et sans extension possible. Le développement rapide de l'Algérie et en particulier de sa capitale, entraînant un accroissement considérable de la population scolaire, l'insuffisance de cet établissement ne tarda pas à se manifester.

En 1916, la colonie acheta une belle propriété à Mustapha supérieur, sur les côteaux qui dominent la baie d'Alger, ancien hôtel d'hiverneurs entouré de jardins et de grands arbres. L'hôtel fut réparé, transformé et aménagé en locaux scolaires pour recevoir des externes. Mais il fut bientôt impossible, faute de places, d'accueillir toutes les élèves qui se présentaient à chaque rentrée, particulièrement les internes qui ne pouvaient être reçues que dans le lycée urbain.


entrée
entrée

Le Gouvernement Général décida donc la construction d'un Internat pour laquelle il fit l'acquisition d'un vaste terrain contigu à l'annexe de Mustapha supérieur. Ce terrain de plus de 3 hectares 1/2 est en forte déclivité vers le Sud et l'Est ; sa limite du côté nord suit une crête couverte de pins, à près de 180 mètres au-dessus du niveau de la mer ; la vue, de ce point, s'étend sur un large et magnifique panorama : la ville, la baie et la mer.

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Le gai logis et l'oasis

L'Internat se compose de quatre pavillons - recevant chacun 64 élèves, un bâtiment réunissant les services généraux et les réfectoires, un petit pavillon pour le parloir, et un pavillon de service.

plan d'ensemble
plan d'ensemble (91 ko)

Les bâtiments sont désignés par des appellations que les jeunes filles elles-mêmes ont choisies
- L'ACCUEIL est le pavillon du parloir qui comprend en outre, le bureau de la Directrice, un appartement de surveillante générale, et un logement de concierge.

- Le NID destiné aux plus jeunes élèves, comprend deux étages de dortoirs avec les services nécessaires. Au rez-de-chaussée se trouvent deux salles d'études, une salle de réunion, quatre petites pièces avec pianos, et une salle de douches.


Le Nid, Salle de réunion
Le Nid, Salle de réunion


le Nid, dortoir
le Nid, dortoir

- Le GAI LOGIS reçoit les internes (de 11 à 13 ans) des premières classes secondaires. Ses dortoirs sont divisés en cabines individuelles, petites chambres avec lit, lavabo, armoire, table. Les études, salle de réunion, salle de lecture-bibliothèque, sont au rez-de-chaussée, ainsi que quatre petites pièces pour l'étude du piano. En sous-soi, la salle de douches.

- L'OASIS pour les élèves de 13 ans à 15 ans et La RUCHE pour les grandes jeunes filles des classes supérieures, ont des dispositions générales identiques à celle du " Gai Logis ". Seul le mobilier des cabines de " La Ruche " est légèrement différent, pour permettre de donner aux étudiantes quelques commodités pour le travail personnel dans leur chambrette.

Chacun de ces quatre pavillons est placé sous la direction d'une Intendante qui, au-dessus des surveillantes d'internat, veille de façon constante aussi bien à la bonne tenue de la maison qu'à l'éducation des élèves. Elle est logée dans le pavillon et y dispose d'un bureau.

Le pavillon d'infirmerie, appelé " Les PINS ", aété construit sur la crête boisée. Il se compose d'un cabinet médical et salle de consultations, d'une aile pour les malades en dortoir et d'une aile pour les malades contagieuses. Chacun de ces deux services possède une salle de jour largement ouverte d'où la vue s'étend sur la baie d'Alger.

- Le FOYER groupe les services généraux : buanderie et lingerie dans une aile, économat, cuisines, réfectoires dans l'autre. Il possède sur l'averue Jonnart une entrée spéciale pour les fournisseurs.


Pavillon la Ruche
Pavillon la Ruche
Plan des étages et du rez-de-chaussée (125 ko)

Cuisine
Cuisine

Les constructions sont en maçonnerie avec planchers en hourdis, couverture en tuiles provençales. En raison de la grande déclivité du terrain, le rez - de-chaussée se trouve largement au-dessus du sol sur l'une des faces de chaque bâtiment ; cette partie des murs est construite en moellons de grès apparents, appareillés d'assises, rejointoyés à joints creux.

Seul le bâtiment des réfectoires a nécessité des fondations profondes, sur pieux, qui atteignent de 9 à 14 mètres.

Le chauffage central est à eau chaude, avec chaudières au mazout et groupe moto-pompe de circulation. La chaufferie est placée dans le sous- sol de l'ancien bâtiment, qu'elle dessert en même temps que les nouvelles constructions.

La cuisine est mixte, avec fourneau central ou gaz, marmites, friteuse, fours et grillade à l'électricité.
La buanderie mécanique est alimentée par la vapeur d'une chaudière au mazout et comprend un séchoir à air chaud.

Des installations électriques importantes comprennent, outre l'éclairage, des téléphones automatiques intérieurs, sonneries, distribution d'heure; contrôleurs de ronde.

Les principales allées qui font communiquer entre eux les divers pavillons sont carrossables. Les chemins secondaires comportent des escaliers.

Dans l'implantation des bâtiments, on s'est efforcé de conserver tout ce que l'on a pu des arbres existant déjà sur le terrain : pins, oliviers, quelques cyprès, un palmier-dattier, etc... De nombreux arbres ont été plantés en outre : en alignement le long des chemins carrossables et dans les espaces intermédiaires ; essences résineuses dans la partie supérieure du terrain où le rocher tuffeux se trouve à très faible profondeur ; arbres à feuilles caduques dans le bas, où la bonne terre a une très grande épaisseur.

Nos camarades Garnier et Vasselon ont prouvé par la conception et la réalisation de cet ouvrage que leur science de la construction s'alliait à un goût exquis et à une connaissance parfaite de la psychologie des jeunes filles. Ils ont apporté avec juste raison un soin particulier aux intérieurs que la Direction du Lycée souhaitait non seulement confortables, mais accueillants et coquets. Certes, les internés de cet Eden doivent avoir envie, plutôt que d'en sortir, d'en croquer tous les fruits, y compris celui de l'arbre de la science.

Georges LE FLECHOIS.