Voilà un établissement d'instruction qui,
les plans et les photographies en témoigneront, contraste heureusement
avec les casernes ou prisons généralement affectées
à la jeunesse.
Le Lycée de jeunes filles d'Alger disposait avant la guerre
d'un bâtiment construit en 1902 en pleine ville, commode
et bien conçu, mais limité par quatre rues et sans extension
possible. Le développement rapide de l'Algérie et en particulier
de sa capitale, entraînant un accroissement considérable
de la population scolaire, l'insuffisance de cet établissement
ne tarda pas à se manifester.
En 1916, la colonie acheta une belle propriété à
Mustapha
supérieur, sur les côteaux qui dominent la baie
d'Alger, ancien
hôtel d'hiverneurs entouré de jardins et de grands
arbres. L'hôtel fut réparé, transformé et aménagé
en locaux scolaires pour recevoir des externes. Mais il fut bientôt
impossible, faute de places, d'accueillir toutes les élèves
qui se présentaient à chaque rentrée, particulièrement
les internes qui ne pouvaient être reçues que dans le lycée
urbain.
entrée
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Le Gouvernement Général décida donc
la construction d'un Internat pour laquelle il fit l'acquisition d'un
vaste terrain contigu à l'annexe de Mustapha supérieur.
Ce terrain de plus de 3 hectares 1/2 est en forte déclivité
vers le Sud et l'Est ; sa limite du côté nord suit une crête
couverte de pins, à près de 180 mètres au-dessus
du niveau de la mer ; la vue, de ce point, s'étend sur un large
et magnifique panorama : la ville, la baie et la mer.
Le
gai logis et l'oasis
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L'Internat se compose de quatre pavillons - recevant chacun
64 élèves, un bâtiment réunissant les services
généraux et les réfectoires, un petit pavillon pour
le parloir, et un pavillon de service.
plan
d'ensemble (91 ko)
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Les bâtiments sont désignés par des
appellations que les jeunes filles elles-mêmes ont choisies
- L'ACCUEIL est le pavillon du parloir qui comprend en outre, le
bureau de la Directrice, un appartement de surveillante générale,
et un logement de concierge.
- Le NID destiné aux plus jeunes élèves, comprend
deux étages de dortoirs avec les services nécessaires. Au
rez-de-chaussée se trouvent deux salles d'études, une salle
de réunion, quatre petites pièces avec pianos, et une salle
de douches.
Le
Nid, Salle de réunion
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le
Nid, dortoir
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- Le GAI LOGIS reçoit les internes (de 11
à 13 ans) des premières classes secondaires. Ses dortoirs
sont divisés en cabines individuelles, petites chambres avec lit,
lavabo, armoire, table. Les études, salle de réunion, salle
de lecture-bibliothèque, sont au rez-de-chaussée, ainsi
que quatre petites pièces pour l'étude du piano. En sous-soi,
la salle de douches.
- L'OASIS pour les élèves de 13 ans à 15 ans
et La RUCHE pour les grandes jeunes filles des classes supérieures,
ont des dispositions générales identiques à celle
du " Gai Logis ". Seul le mobilier des cabines de " La
Ruche " est légèrement différent, pour permettre
de donner aux étudiantes quelques commodités pour le travail
personnel dans leur chambrette.
Chacun de ces quatre pavillons est placé sous la direction d'une
Intendante qui, au-dessus des surveillantes d'internat, veille de façon
constante aussi bien à la bonne tenue de la maison qu'à
l'éducation des élèves. Elle est logée dans
le pavillon et y dispose d'un bureau.
Le pavillon d'infirmerie, appelé " Les PINS ",
aété construit sur la crête boisée. Il se compose
d'un cabinet médical et salle de consultations, d'une aile pour
les malades en dortoir et d'une aile pour les malades contagieuses. Chacun
de ces deux services possède une salle de jour largement ouverte
d'où la vue s'étend sur la baie d'Alger.
- Le FOYER groupe les services généraux : buanderie
et lingerie dans une aile, économat, cuisines, réfectoires
dans l'autre. Il possède sur l'averue Jonnart une entrée
spéciale pour les fournisseurs.
Pavillon
la Ruche
Plan des étages et du rez-de-chaussée (125 ko)
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Cuisine
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Les constructions sont en maçonnerie avec planchers
en hourdis, couverture en tuiles provençales. En raison de la grande
déclivité du terrain, le rez - de-chaussée se trouve
largement au-dessus du sol sur l'une des faces de chaque bâtiment
; cette partie des murs est construite en moellons de grès apparents,
appareillés d'assises, rejointoyés à joints creux.
Seul le bâtiment des réfectoires a nécessité
des fondations profondes, sur pieux, qui atteignent de 9 à 14 mètres.
Le chauffage central est à eau chaude, avec chaudières au
mazout et groupe moto-pompe de circulation. La chaufferie est placée
dans le sous- sol de l'ancien bâtiment, qu'elle dessert en même
temps que les nouvelles constructions.
La cuisine est mixte, avec fourneau central ou gaz, marmites, friteuse,
fours et grillade à l'électricité.
La buanderie mécanique est alimentée par la vapeur d'une
chaudière au mazout et comprend un séchoir à air
chaud.
Des installations électriques importantes comprennent, outre l'éclairage,
des téléphones automatiques intérieurs, sonneries,
distribution d'heure; contrôleurs de ronde.
Les principales allées qui font communiquer entre eux les divers
pavillons sont carrossables. Les chemins secondaires comportent des escaliers.
Dans l'implantation des bâtiments, on s'est efforcé de conserver
tout ce que l'on a pu des arbres existant déjà sur le terrain
: pins, oliviers, quelques cyprès, un palmier-dattier, etc... De
nombreux arbres ont été plantés en outre : en alignement
le long des chemins carrossables et dans les espaces intermédiaires
; essences résineuses dans la partie supérieure du terrain
où le rocher tuffeux se trouve à très faible profondeur
; arbres à feuilles caduques dans le bas, où la bonne terre
a une très grande épaisseur.
Nos camarades Garnier et Vasselon ont prouvé par la conception
et la réalisation de cet ouvrage que leur science de la construction
s'alliait à un goût exquis et à une connaissance parfaite
de la psychologie des jeunes filles. Ils ont apporté avec juste
raison un soin particulier aux intérieurs que la Direction du Lycée
souhaitait non seulement confortables, mais accueillants et coquets. Certes,
les internés de cet Eden doivent avoir envie, plutôt que
d'en sortir, d'en croquer tous les fruits, y compris celui de l'arbre
de la science.
Georges LE FLECHOIS.
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