-Aux alentours d'Alger :Koléa
guides Bleus 1955.-" 38km d'Alger, petite ville de 140460 hab., à 130 m d'alt., gracieusement étagée sur le revers S. des collines du Sahel, d'où l'on domine la vallée du Mazafran et la plaine de la Mitidja. Marché le vendredi.

PNHA, mars 1999, n°99

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-----Koléa est située au sud-ouest d'Alger, sur le revers méridional du Sahel entre la Méditerranée dont elle est distante de 6 km et la plaine de la Mitidja, à 120 m. d'altitude. Par la route, Koléa est à 38 km de la capitale. La cité, rayée de la carte par les conquérants arabes, renaît vers 1550 avec des Maures chassés d'Andalousie. La ville, presque entièrement détruite par un tremblement de terre en 1825 est immédiatement rebâtie. Koléa, qui signifie en arabe "petit fort", est visitée par les troupes françaises pour la première fois le 25Septembre 1831. Elle est érigée en commune par décret du 21 novembre 1851. A l'origine Douaouda, Fouka, Castiglione, Tefeschoun et Bérard en faisaient partie.
-----La commune de Koléa comprend, outre l'agglomération, les hameaux de Saint Maurice, Berbessa, Saighr et Chaïba-Messaoud. Sa superficie est de 6.172 hectares, inchangée depuis 1912.
-----En 1838, le Colonel Lamoricière s' installe avec son régiment de zouaves et fait construire quatre blockhaus au village annexe de Fouka, aux quartiers Tombourouf et Ben Azzouz (démoli en 1950) et à Mokta-Khera. La ville reçoit, en 1839, la visite du Duc d'Orléans.
-----Koléa s'est orthographié successivement et parfois simultanément Coléa, Koléah, Coléah et enfin Koléa. Ses habitants se disaient Koléassiens. J'ai toujours préféré Coléens.

Une petite ville prospère

-----La population de la commune, qui en 1892 comptait 4461 habitants dont 49,12% d'Européens, passe en 1960 à 2 1963 habitants dont 10,52% d'Européens.
-----La principale ressource est l'agriculture. Le vignoble compte, à son apogée en 1936, 2432 ha produisant des vins d'excellente qualité plus 45 ha de raisins de table. On vinifie dans des caves privées ou dans les caves coopératives de Chaïba et Berbessa. Une autre ressource agricole importante les agrumes oranges, mandarines, clémentines.
-----Dans les vignes et les orangeraies, on fait souvent des cultures intercalaires de carottes, tomates, poivrons, pommes de terre, petits-pois, haricots verts, salades et fèves. Ces mêmes légumes sont produits dans des potagers.
-----On cultive le blé, l'orge, l'avoine, le riz, le maïs dans la plaine de la Mitidja, puis près de l'Oued Mazafran.
Des pêchers, pommiers, cerisiers, néfliers et jujubiers ainsi que des figuiers sont plantés soit dans des vignes soit dans des petits vergers.
-----La seule industrie est la fabrication des briques et tuiles en bordure de Mazafran. Il a toujours existé une activité de vannerie à la sortie de la ville, route d'Alger et un atelier-ouvroir de broderies et dentelles, couvertures et tapis, rue Jean-Baptiste Géry.(guides Bleus 1955 : ouvroir de fillettes musulmanes spécialisées dans la confection de broderies et dentelles algéroises.)
-----JJe vous ai dit que Koléa avait reçu en 1839 la visite du Duc d'Orléans. Aujourd'hui, ce sont des lecteurs de Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui qui visitent la ville en ma compagnie.

Une belle promenade

-----Partis d'Alger en direction de l'ouest, nous traversons les agglomérations de Saint-Eugène, Deux-Moulins, Pointe Pescade, Bains Romains, Guyotville et Zéralda. Passé le pont du Mazafran, nous prenons à gauche la route qui gravit les coteaux du Sahel en direction de Douaouda. Nous roulons jusqu'au hameau de Saint-Maurice et de là, nous nous laissons glisser vers Koléa à travers de jolies fermes arborées.
-----Arrivés en haut de la ville, Place François Bailly, nous laissons notre voiture près de la station ESSO, non loin de la forge Viguier, et nous voyons au sud le Splendid Cinéma, inauguré en 1931, le profil du Monument aux morts, le Poids Public, très sollicité pendant les vendanges, et la magnifique Ecole des Filles de style mauresque inaugurée en 1900.
-----Nous descendons la rue de la République en longeant l'imposant Monument aux Morts, oeuvre du sculpteur parisien Eugène l'Hoest, inauguré le 11 novembre 1932, implanté au milieu d'un grand parc rectangulaire fleuri toute l'année. A travers les grilles, on remarque en arrière plan, rue Berger, les détails de la façade de l'Ecole.
-----Côté opposé, après le Splendid Cinéma, nous passons devant la minoterie Bailly, le magasin de cycles Abir, l'ancienne bourrellerie Grosjean, le salon de coiffure du trompettiste Amédée Guttadoro et nous arrivons à l'armurerie Briaud, à l'angle de la rue d'Oran.
-----Toujours du même côté, nous longeons le Café du Centenaire (ex Zerbini), la quincaillerie Pierre, l'ancienne poste, le magasin de fourrages et céréales de M. Viguier, l'épicerie Chatain, les bureaux de la briquetterie Mazzaroli, puis la Compagnie Algérienne à l'angle de la rue Lamoricière. Côté ouest, partis de la pharmacie créée en 1935 par M. Tapie qui fait angle avec la rue d'Oran, on passe devant l'entreprise de peinture Riédi, le salon de coiffure Lalanne, le café hôtel restaurant de la Poste, le magasin de Melle Philo, le café glacier (ex Llorca), le magasin de M. Nebot dans lequel M. Colaïori exerçait à la fois la profession de photographe et d'agent Citroën en 1934 lors du lancement de la traction-avant, la boulangerie Carrio, le tabac bazar Fassi, puis la quincaillerie Desarbres, à l'angle de la rue Lamoricière. Au carrefour des rues République et Lamoricière, se trouve le Monument au Général Lamoricière et aux Zouaves inauguré le 21Juin 1914 (aujourd'hui démoli). Marchant rue Lamoricière vers l'ouest, nous passons devant la plomberie Mirallès, la fabrique artisanale de brosses et balais, le magasin de chaussures (ex Espasa), l'ancienne Brasserie Française, transformée pendant quelques années en cinéma, le commerce de céréales de M. Viguier, le Café hôtel restaurant de la Victoire (exPorcel), l'église construite en 1870 (partiellement démolie et transformée en mosquée), le bureau des autobus d'Alger, le commerce de Mme Le Bihan, le salon de coiffure Ventura, le Café du Commerce, la gendarmerie, quelques jolies villas dont la villa Terras, et au fond l'ex-Mécanocoop, et à droite le grand immeuble locatif Terras séparé de la rue par une petite plantation d'orangers.
-----Vers l'ouest de ladite rue, nous voyons après la Compagnie Algérienne, la pharmacie Weber, l'ex-école Jeanne d'Arc où était installée la mairie jusqu'en 1900. Ensuite la rue devient rue Carnot où se trouvent le Café du Globe, l'épicerie Bergue, la boucherie Laplanche, le magasin de tabacs de l'ami Fassi, face à son concurrent Fourah, la boulangerie Ben Allel, des gargottes, des cafés maures et des magasins arabes. Arrivés place du Temple, en bas de l'allée des Mûriers, nous trouvons le temple protestant, construit en 1870 près d'un abreuvoir. Un peu plus loin, la belle villa Juanico. Revenons au carrefour Lamoricière pour continuer la descente rue de la République.
-----De suite à gauche, le square Lamoricière toujours bien entretenu, puis la rue Sainte avec, à l'angle, la Brasserie du Square, la pâtisserie Zbentoute, la papeterie-journaux de Mme Manzano, le Café de Madrid, le magasin de tissus indigènes Boaziz et la mosquée.
-----Continuons la descente de la rue de la République. Après, la Brasserie du Square, l'Horlogerie Noble, la boulangerie Dantoine qui nous régale de pain espagnol, la charcuterie Yvanès, l'horlogerie Breton et la Maison du Colon (Crédit Agricole) qui fait l'angle avec la rue de l'Orangerie, laquelle conduit côté est au marché, côté ouest au boulodrome, au garage Girod, au Crédit Foncier, au Cabinet du Docteur Pény et à la nouvelle poste.

Le centre ville

-----Arrêtons-nous à présent devant la Place de la Mairie et contemplons ce bel ensemble; au milieu, le kiosque à musique style "art déco", construit en 1928 (aujourd'hui démoli).(guides Bleus 1955 : monument en l'honneuer du général lamoricière- 1806/1865 - le fondateur des régiments de zouaves.) Au fond, l'imposant Hôtel de Ville dont l'escalier monumental est gardé par deux palmiers. La partie supérieure est occupée par le service des impôts. Derrière, le commissariat de police, la salle des fêtes et la Justice de Paix, construits en 1932 et agrandis dans les années 50. De part et d'autre de la partie carrelée, une double allée de ficus. En bordure de la nue de République, trois stations-service Mobil face au square, Shell vers le bas, Beryl à l'angle de la rue de l'Orangerie.
        Passée la rue de l'Orangerie, la rue de la République devient avenue de la Gare. Nous la descendons.
-----Côté ouest après la maison Rainizio qui fait l'angle, on passe devant un quartier de belles villas, on laisse la rue pentue d'Aurelle de Paladines qui rejoint la caserne, puis l'ancienne gare occupée par le service des Ponts et Chaussées ( Koléa fut reliée à Alger par le train de 1900 à 1936), Côté est, après le Café des Amis, on passe devant la cave Mazzaroli d'où l'on aperçoit en contre-bas la vieille mosquée du XVIè siècle de Sidi Embarek , transformée en hôpital, et le Marabout ou Koubba de Sidi-Ali-Embareck,(guides Bleus 1955 : important but de pélerinage) puis on longe l'admirable Jardin des Zouaves, sorte de jardin anglais complanté de platanes, d'orangers et d'arbres exotiques, traversé par une allée de bambous menant au Cercle Militaire, puis l'abattoir, l'avenue devient alors route de Blida. A droite sur la butte, le cimetière européen. Puis ce sont les premiers vergers qui descendent vers la plaine de la Mitidja. En toile de fond à 20 km, l'atlas blidéen est splendide.
-----Retournons-nous vers le sud et nous avons une belle vue générale de la ville marquée parla silhouette du clocher de l'église et le minaret de la vieille mosquée.
-----Faute de temps, je n'ai pu vous montrer ni la rue du Marché avec la charcuterie Alcaraz, le magasin d'espadrilles Gomis, l'épicerie Ziane, la boucherie Belkacem et l'épicerie Ségui près de l'entrée du marché, ni la rue général Leclerc avec les immeubles Guirand et la belle maison Simonard, ni la rue Jean Jaurès dans laquelle est installée l'étude du notaire où j'ai débuté et que j'ai administrée en 1961/62 alors que j'étais en fonctions à Blida, ni la rue Colonel Baril descendant de la Place du lavoir (à l'intersection de la route d'Alger et de la route de Castiglione) vers l'avenue de la Caserne, passant devant le cinéma Palace, la justice de paix, la salle des fêtes inaugurée en 1932, le commissariat de police, la bourrellerie Saunier et les villas Lucciani et Louis Charles, la laiterie Cascalès et la salle de gymnastique de l'UK. inaugurée en 1912, qui servit jusqu'en 1932 de salle des fêtes et de cinéma.
Nous quittons à regret cette jolie petite ville qui fut française pendant 130 ans. Des cartes postales vous rappelleront cette rapide visite virtuelle.

Association des Anciens de Koléa
Maître Porcel
Le Pentagone
82 bd Etienne Peyre
83500 La Seyne-sur.Mer