-l'homme qui va vers l'ouest
...ou Margueritte, mon village
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-----La ville française d'ALGER s'est édifiée après 1830, entre les hauteurs de la Casbah, ville arabe et la mer. ALGER s'étendit par la suite vers l'ouest, formant le quartier de Bab-el-Oued (porte de la rivière) du nom des fortifications arabes qui existaient avant 1830, au bord d'un petit cours d'eau qui descendait des collines de la Bouzareah.

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Là, s'établirent les premières familles françaises, ainsi que les émigrants des pays méditerranéens : Espagnols, Italiens, Maltais etc. Bab-el-Oued devint le grand quartier populaire d'ALGER, puis les familles plus aisées allèrent habiter au fur et à mesure des constructions, les quartiers situés à l'est de la ville.

-----À Bab-el-Oued s'unirent en 1912, Michel, fils de Pierre Michel VENIS, et Antoinette BRU, familles modestes et bien connues dans ce quartier.

-----C'est qu'ils se connaissaient depuis très longtemps. Les parents d'Antoinette comme ceux de Michel habitaient le quartier, disons le village, de Bab-el-Oued qui était alors en fait, le cœur d'Alger.

-----Bab-el-Oued était peuplé d'ouvriers et de petits employés de nationalité d'origines diverses. Tout ce petit monde fraternisait, se connaissait, s'interpellait dans les rues, et de fenêtre à fenêtre ou de balcon à balcon, car souvent les rues n'étaient pas larges. Ces conversations entre voisins favorisaient les amitiés entre famille mais cela n'allait pas toujours dans le bon sens. Du fait du caractère latin de cette population, à la fois hospitalier et généreux, emporté et jaloux, faisait que des petits conflits et disputes pouvaient se produire quelques fois. Le plus souvent ces différends se terminaient rapidement devant un apéritif et une quémia, et les relations interrompues reprenaient normalement.


-----Pendant les mois d'été du fait de la chaleur fatigante et humide de la journée, les gens prenaient l'air, le soir après dîner. C'est-à-dire qu'ils s'installaient sur les balcons en famille, les conversations portaient sur ce qui avait pu se passer pendant la journée, soit à la maison avec les enfants, soit au chantier ou à l'usine pour le père. D'autres, s'asseyaient devant la maison sur le trottoir avec les voisins, et c'était les papotages pas forcément méchants, mais…Beaucoup d'autres gens, surtout les plus jeunes, préféraient se promener dans les rues. La plus fréquentée étant l'avenue de la Bouzareah, l'artère la plus importante, entre les 3 horloges et le boulevard Guillemin.

-----Les jeunes aimaient rire et plaisanter avec les filles qu'ils croisaient, mais tout cela restait correct. Les parents des filles n'étaient pas loin et surveillaient tout ce petit manège, seules les oeillades discrètes étaient possibles. Les aller et retour se continuaient dans un brouhaha de rires et de discussions jusque vers les 21 heures. Tout le monde rentrait à la maison en se donnant rendez-vous pour le soir suivant. Les rues redevenaient alors désertes jusqu'au lendemain matin.

-----Beaucoup d'idylles naissaient pendant ces promenades et se terminaient par un mariage
Le matin, le train-train habituel reprenait. Les hommes rejoignaient le chantier, l'usine ou le bureau. Les femmes s'occupaient des enfants, de la cuisine et du ménage, et tout d'abord, du marché.

-----Il faut dire que les marchés publics étalent nombreux, et installés tous les jours, comme ceux de la Lyre et de l'Agha, celui de Bab-el-Oued était très renommé. Il était situé sur la place des 3 horloges et dans les rues avoisinantes. Ces 3 horloges, nom qui est resté comme le symbole de Bab-el-Oued, étaient en fait qu'une horloge à trois cadrans en triangle, placée au haut d'une colonne en fonte.

-----Le marché, c'était pour une femme quelque chose de normal, d'habituel et même d'indispensable, non pas seulement pour les besoins de la cuisine, mais pour retrouver des personnes qu'on avait envie de rencontrer, notamment des membres de la famille qui habitent très souvent dans le même quartier, d'avoir ainsi de ses nouvelles et pour avoir aussi des nouvelles d'amis et de voisins. Pour certaines femmes, le marché est absolument nécessaire : cela leur permet de connaître tous les potins du quartier …et de les alimenter copieusement ! Le marché quotidien était si important, que le matin, après le bonjour, c'était: " Es-tu déjà allé au marché ? "

-----Ce marché de Bab-el-Oued était très étendu. Comme dans tous les marchés algérois, on y trouvait de tout : fruits, légumes, fleurs, poissons, le tout d'une fraîcheur exemplaire et prêt pour la consommation car les légumes, les fruits étaient cueillis peu de temps avant, le poisson était péché dans la nuit.
-----Certains marchés sont renommés en France pour leur couleur régionale, dans le midi surtout, mais rien de comparable avec ceux d'Algérie.
-----Pas de femmes parmi les commerçants tous arabes. Ils vantent leur marchandise à hauts cris: " Rigardi, madame, li belles carottes, Ii belles patatas, pas chères.
- qui ci qui veut li oranges comme di miel, goutis ci ti veux !
- La belle sardine ! " etc., etc.…
-----Le fait est que tout cela était tentant. Sur les étals, on voyait sardines, crevettes fraîches pêchées de la nuit, les oursins encore vivants qui se déplaçaient en remuant leurs épines.

-----Pas de prix affiché, il fallait le demander:
" Combien tes tomates ?
- 3 francs le kilo.
-C'est trop cher.
-Comment c'est trop cher ? ! Regarde comme elles sont fraîches, tu trouves pas mieux ailleurs, tu peux chercher. Combien tu veux ?
-2,50 !
-Allez, 2,80 et tu fais une bonne affaire. "
Le marchandage était habituel, d'autant plus que le prix initial était majoré pour pouvoir accepter un prix inférieur.

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