Géographie de l'Algérie
à l'usage des cours élémentaires, moyens et supérieurs

3è et 4è leçons : cours d'eau, divisions administratives, chemins de fer
5è édition

R.Vincent - M.Teillet
ÉDITIONS HEINTZ FRÈRES - ORAN
Envois des documents : Jean-Pierre Penalba
mise sur site le 16-8-2007

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3me Leçon : COURS D'EAU ET COTES

COURS D'EAU.

1. - GENERALITES. - Le régime des cours d'eau est conditionné par le relief et par le climat.

Les montagnes étant parallèles et rapprochées de la côte, les OUEDS algériens sont COURTS (sauf le Chélif) et ont peu d'affluents. En été presque à sec mais à la saison des pluies les averses violentes et irrégulières creusent les pentes abruptes et font de ces oueds des TORRENTS limoneux, fouillant les gorges qu'ils traversent. Ils coulent par intermittences et ne sont pas navigables. Souvent le même cours d'eau prend successivement plusieurs NOMS DIFFERENTS. On utilise ces oueds pour l'irrigation des terres en faisant des barrages ou des canaux de dérivation. Mais les alluvions comblent les réservoirs constitués par les digues.

Selon la direction de leurs cours, on peut distinguer : les rivières méditerranéennes, les rivières des Hauts Plateaux et les rivières sahariennes.

L'oued et les gorges d'El Kantara


L'oued et les gorges d'El Kantara

II - RIVIERES DU VERSANT MEDITERRANEEN:

a) La TAFNA grossie de l'Isly et de l'Isser, prend sa source dans les monts de Tlemcen et se jette dans la mer près de Béni-Saf;

b) Le Sig et l'Habra qui viennent des monts de Daya et de Saïda, arrosent les plaines de Sidi-bel-Abbès et une partie de celles d'Oran. Ils se rejoignent et constituent LA MACTA;

c) Le CHELIF, grossi de la Mina, mesure 700 km. (comme la Seine), c'est le plus long des fleuves algériens. Ses eaux proviennent de l'Ouarsenis et du Djebel Amour de l'Atlas Saharien. Elles réussis-sent non sans peine à traverser les Hauts Plateaux et l'Atlas Tellien. Le Chélif a son embouchure à quelques kilomètres à l'est de Mostaganem;

d) L'Isser, le Sahel, très courts, sont alimentés par les montagnes de la Grande Kabylie et par les monts de Titteri et des Biban;

e) Le RUMMEL, encaissé dans des gorges pittoresques, passe à Constantine et se termine sous le nom d'oued El Kéhir;

f) l'oued Seybouse est la rivière de la plaine de Bône.

III. - OUEDS DES HAUTS PLATEAUX. - Les maigres oueds qui descendent des deux Atlas vers les Hauts Plateaux se perdent dans des dépressions aux eaux saumâtres appelées CHOTTS : tels les chotts Chergui, Gharbi, du Hodna.

IV. - OUEDS SAHARIENS. - Ils des­cendent du versant méridional de l'Atlas Saharien. Ils se perdent dans des chotts ou dans les sables du désert où ils forment d'abord des rivières souterraines. L'oued Sahoura, véritable « rue de palmiers », a fait naître les oasis du Touat; l'oued Djedi celles de Laghouat; l'oued Igharghar, pro-longé par l'oued Rhir, celles de Tougourt avant d'aboutir dans le chott Melghir.

CÔTES.

Les côtes algériennes se développent de l'ouest à l'est sur 1.100 km. Elles sont ROCHEUSES, bordées de falaises parce qu'elles longent les plissements montagneux. Les ports ont été créés dans la partie la plus occidentale des baies et s'adossent à des promontoires pour éviter les vents de l'ouest et les sables amenés par le courant de Gibraltar. La côte est donc PEU HOSPITALIERE.

Principaux caps et principales baies. - De l'ouest à l'est on rencontre :

la baie de Mers-el-Kébir et d'Oran, entre le cap Falcon et la pointe de l'Aiguille;

la baie d'Arzew;

la baie d'Alger entre le cap Caxine et le cap Matifou;

la baie de Bougie derrière le cap Carbon;

la baie de Bône protégée par le cap de Garde.

RESUMES

1°/Cours élémentaire. -- Les rivières de l'Algérie appelées oueds sont courtes, presque à sec en été, torrentielles quand il pleut. Les principales sont : la Tafna, la Macta, le Chélif, le Rummel. Les côtes sont rocheuses, leurs baies peu abritées.

2° Cours moyen et cours supérieur. - Les oueds algériens sont courts, presque à sec en été, torrentiels à la saison des pluies et jamais navigables.

Les rivières du versant méditerranéen sont : la Tafna, la Macta formée du Sig et de l'Habra, le Chélif, 700 km., vient des Hauts Plateaux, l'Isser, le Sahel, le Rum­mel ou oued el Kébir et la Seybouse.

Les maigres oueds des Hauts Plateaux se perdent dans les chotts Chergui, Gharbi, du Hodna.

Les rivières sahariennes ont fait naître de belles oasis.

Les côtes algériennes sont rocheuses, peu hospitalières. Les principales baies sont celles d'Oran, d'Arzew, d'Alger, de Bougie et de Bône.

QUESTIONNAIRE

Quels sont les caractères des oueds algériens ? Citez les rivières du versant méditerranéen ? Que savez-vous de la Tafna ? de la Macta ? du Chélif ? du Rummel ? Que deviennent les oueds des Hauts Plateaux ? ceux du Sahara ? Citez quelques chotts ? quelques oasis ? Quelles sont les caractéristiques des côtes algériennes ? Principales baies ? Principaux caps ?

Pourquoi les oueds algériens sont-ils courts; de régime très irrégulier ?

DEVOIR
Carte des Cours d'eau

LECTURE
DANS LA VALLEE DU CHELIF

Cette vallée, ou plutôt cette plaine inégale et caillouteuse, coupée de monticules. et ravinée par le Chélif, est à coup sûr un des pays les plus surprenants qu'on puisse voir.

Imaginez un pays tout de terre et de pierres vives, battu par des vents arides et brûlé jusqu'aux entrailles; une terre marneuse, polie comme de la terre à poterie, presque luisante à l'oeil tant elle est nue, et qui semble, tant elle est sèche, avoir subi l'action du feu; sans la moindre trace de culture, sans une herbe, sans un chardon; des collines horizontales qu'on dirait aplaties avec la main ou découpées par une fantaisie étrange en dentelures aiguës, formant crochet, comme des cornes tranchantes ou des fers de faux; au centre, d'étroites vallées, aussi propres, aussi nues qu'une aire à battre le grain...

Quant au Chélif, qui, quarante lieuesplus avant dans l'ouest, devient un beau fleuve pacifique et bienfaisant, ici, c'est un ruisseau tortueux, encaissé, dont l'hiver fait un torrent, et que les premières ardeurs de l'été épuisent jusqu'à la der. nière goutte.

Il s'est creusé dans la marne molle un lit boueux qui ressemble à une tranchée, et, même au moment des plus fortes crues, il traverse sans l'arroser cette vallée misé­rable et dévorée de soif. Ses bords taillés à pic sont aussi arides que le reste; à peine y voit-on, accrochés à l'intérieur du lit et marquant le niveau des grandes eaux, quelques rares pieds de lauriers-roses, poudreux, fangeux, salis, et qui expirent de chaleur au fond de cette étroite ornière, incendiée par le soleil plongeant du milieu du jour.

Eugène FROMENTIN.

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GÉOGRAPHIE POLITIQUE
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4me Leçon : ORGANISATION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

L'Algérie. - Divisions administratives, villes et chemins de fe


L'Algérie. - Divisions administratives, villes et chemins de fer

C'est en 1830 que la France commença la conquête de l'Algérie, conquête qui fut à peu près terminée après la soumission du grand chef arabe Abd-el-Kader (fin de 1847).

Le Gouvernement de l'Algérie a son siège à ALGER. Un GOUVERNEUR GENERAL CIVIL, placé sous l'autorité du Ministre de l'Intérieur, représente le Gou­vernement de la République française.

La loi du 20 septembre 1947 a profondément modifié l'organisation politique et administrative de l'Algérie.

Maintenant, le Gouverneur Général est le chef de tous les services civils, sauf ceux de la Justice et de l'Education nationale.

I1 est assisté ,d'un SECRETAIRE GENERAL et de l'AS'SEMBLEE ALGERIENNE. Cette Assemblée gère, en accord avec le Gouvernement Général, les intérêts propres à l'Algérie. Ses membres, appelés DELEGUES sont élus pour 6 ans au suffrage universel. Tous les musulmans sont devenus CITOYENS FRANÇAIS et jouissent des mêmes droits que les autres français d'Algérie. Ils sont incorporés dans deux collèges suivant leur statut.

L'Assemblée algérienne élit des COMISSIONS. Celle des finances prépare le bud­get. Les recettes faisant face aux dépenses, proviennent d'impôts qui se rapprochent beaucoup de ceux de France.

Un CONSEIL DE GOUVERNEMENT de 6 membres veille à l'exécution des déci­sions de l'Assemblée.

Lorsque la suppression des TERRITOIRES DU SUD, prévue par la loi du 20 septembre 1947, sera effectuée, ces vastes territoires deviendront des départements organisés comme ceux de l'ALGERIE DU NORD.

Les COMMUNES INDIGENES qui sont administrées par un officier aidé de chefs musulmans disparaîtront.

ALGERIE DU NORD. - Elle forme trois DEPARTEMENTS : Oran, Alger et Constantine. Les trois départements élisent des Députés et des Sénateurs qui siègent au Parlement, à Paris.

Chaque département est administré par un Préfet assisté de deux Secrétaires généraux : l'un pour les affaires européennes, l'autre pour les affaires musulmanes, d'un Conseil de Préfecture et d'un Conseil général, élu, chargé de voter le budget dépar­temental et d'en contrôler l'emploi.

Le département se divise en ARRONDISSEMENTS. Il n'y a pas de cantons. L'arrondissement comprend plusieurs COMMUNES. Celles-ci sont encore de trois sortes :

1°/ Communes mixtes. - Elles existent là où la proportion des musulmans est très forte. A leur tête est placé un ADMINISTRATEUR civil qui est un fonctionnaire NOMME par le Gouvernement. Il est assisté d'une commission municipale se composant de membres élus et de membres désignés par l'Administration.

2° Centres municipaux. - Ils tendent à se substituer peu à peu aux communes mixtes, possèdent un budget qui leur est propre et élisent des conseillers municipaux qui choisissent leur Président.

3° Communes de plein exercice. - Comme celles de France, elles sont administrées par un MAIRE et des CONSEILLERS MUNICIPAUX, européens et musulmans, ELUS. Ce sont les seules communes qui resteront en Algérie puisque la loi du 20 septembre 1947 a prévu la suppression des communes mixtes.

L'ORGANISATION COMMUNALE ALGERIENNE SE RAPPROCHE AINSI PROGRESSIVEMENT DE CELLE QUI EXISTE EN FRANCE PARCE QUE LES POPULATIONS MUSULMANES DEVIENNENT CAPABLES DE S'ADMINISTRER ELLES-MEMES.

RESUMES

1° Cours élémentaire.   L'Algérie comprend trois départements : Oran, Alger et Constantine, ayant à leur tête un Préfet.

Le département se divise en arrondiss­ments et l'arrondissement en communes. Le Maire et le Conseil municipal s'occupent des affaires communales.

2° Cours moyens et classe de fin d'études.- Le Gouverneur général de l'Algérie représente le Gouvernement de la République française.

Il est aidé dans sa tâche par un Secrétaire Général, par l'Assem­blée algérienne et par un Conseil de Gouvernement.Chacun des trois départements de l'Algérie du Nord : Oran, Alger, Constantine, est administré par un Préfet assisté .du Conseil de Préfecture et du Conseil Général.

Le département se divise en arrondissement, l'arrondissement en communes.Les unes comprennent un Maire et un Conseil municipal, élu (comme en France); les autres, appelées à disparaître, sont un peu différentes : ce sont les communes mixtes et les centres municipaux.

Les territoires du Sud, quand ils seront supprimés, deviendront des départements.

L'organisation communale tend, de plus en plus, à se rapprocher de celle de France.

QUESTIONNAIRE

De quand date la conquête de l'Algérie ? Quel est le rôle du Gouverneur général ? Par qui est-il assisté ? Que savez-vous sur l'Assemblée Algérienne ? Quels sont les départements de l'Algérie ? Comment sont-ils administrés ? En quoi se divisent les départements ? Les arrondissements ? Que savez-vous sur les communes algériennes ? Quelles sont les transformations administratives apportées par la loi du 20 septembre 1947 ?

Pourquoi les communes mixtes et les centres municipaux se transforment-ils en communes de plein exercice ?

DEVOIR
Carte des Divisions administratives de l'Algérie.

LECTURE
LA MAISON KABYLE

La maison kabyle traditionnelle est d'une grande simplicité : donnant sur une cour fermée par un portail bas et à deux bat­tants, elle comporte une seule pièce..., divisée en trois compartiments plus théo­riques que réels; le plus vaste est pour les gens; un autre, un peu en contre-bas, abrite le bétail; le dernier, en soupente au-dessus du second, est une resserre à provisions.

Une murette basse percée de vides servant de mangeoires au bétail limite les deux premiers compartiments; elle est surmontée de grands récipients à grains ou à figues... Ils sont faits par les femmes, sur place, avec de la glaise mélangée de paille fine; presque toujours ils sont ornés de moulures en relief, d'un bel effet décoratif.

La toiture est en tuiles creuses, posées sur un lattis de roseaux et une légère couche de terre. La charpente, grossière, est soutenue par des étais mal équarris.

Ni plafond, ni cheminée; le feu se fait dans un trou creusé à même le sol; la fumée se diffuse au travers de la toiture.

Pas de fenêtre non plus; un étroit lucar­neau dans le pignon éclaire la soupente et assure une précaire aération.

Une seule porte d'entrée... sous laquelle on passe en se courbant...

Pour tout mobilier, un coffre en bois, le plus souvent sans décor, quelques jarres, marmites en terre ou amphores ornées de bien jolis dessins. Ni tables, ni chaises, ni lits; on mange assis par terre autour d'un plat unique; le chef de famille est toujours servi le premier et à part. On dort sur des couvertures posées à même le sol; les tout jeunes enfants ont des berceaux rustiques, suspendus aux poutres du toit...

Martial REMOND,
Au coeur du pays kabyle. (Editions BACONNIER, Hélio, Alger).