Fort-de-l'Eau...
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------------Je dois dire que ces anciens Mahonnais se rapprochaient singulièrement par leurs comportements, leurs coutumes, leurs goûts, leurs modes de vie et lagencement de leurs maisons, des anglais et des français que des espagnols, pourtant leurs compatriotes, avec lesquels ils sympathisaient beaucoup. Ceci nétonnera personne au souvenir des dominations anglaise et française qui se sont succédées au cours des siècles sur les Îles Baléares, avant quelles ne retombent dans la Couronne dEspagne. ------------Grands, élancés,blonds aux yeux bleus ou clairs, certains de ces mahonnais rappelaient par leur physique ces anciens vikings qui avaient envahi les Îles Baléares bien des siècles auparavant. ------------Si jai choisi de vous parler des Mahonnais, communauté de colons pionniers dont mes ancêtres de branche paternelle les Pons et les Gornes faisaient partie, cest pour relater les débuts et lévolution des Mahonnais, et leur participation laborieuse et active à lédification de notre ancienne Algérie Française, et ce daprès des recherches que jai effectuées dans les récits historiques du Père Roger DUVOLLET (voir ), Père Blanc, actuellement âgé de 94 ans, qui avait fait son noviciat à la Maison des Pères Blancs à Maison Carrée et ensuite accompli sa noble mission, jusquà lindépendance de lAlgérie, dabord dans plusieurs Villes dAlgérie pendant plus de quarante ans, et notamment pendant 11 ans au Sahara, à Hassi Messaoud et à Ourgla, où il est devenu le Père vénéré et lami de tous les pétroliers qui ont découvert et mis en production les immenses gisements de pétroles et de gaz du Sahara alors Français. ------------DANS LE TOME XIV, faisant partie dune remarquable et impressionnante série de 24 volumes quil a consacré à toutes les Régions et les communautés dAfrique du Nord quil porte dans dans son esprit et dans son cur, tout un grand chapitre est consacréaux Mahonnais de la région de Fort de lEau. ------------Je cite ci-dessous les articles écrits par ce rigoureux et talentueux historien impartial, rédigés après consultation des Archives anciennes, avec quelques coupures quil voudra bien me pardonner : ------------Extraits : " DEPUIS 1835, de nombreux émigrants espagnols originaires de Fort-Mahon, dans lÎle de Minorque, étaient venus sinstaller à Alger et ses environs, à linstigation du Baron de Vialar." ------------observation de Lucienne PONS : Ces Mahonnais arrivaient en famille pour la plupart en barques de pêches par leur propres moyens, accostaient à Sidi-Ferruch où ils étaient accueillis par un PONS, qui les avaient précédés et soccupaient de leurs formalités de recensement auprès de lAdministration Française Coloniale. Cest ainsi que sont arrivés mes ancêtres, les PONS et les GORNES, dont notamment Jean PONS et sa famille et sa parente Dame Agathe GONALONS veuve dun GORNES, avec ses sept fils jeunes adolescents et adultes,ayant tous laissé leurs maisons à MAHON et à FERRERIAS, pour venir trouver des terres à cultiver et sétablir en Algérie comme tant dautres familles des Baléares. ------------Reprenons la relation du Père Roger DUVOLLET : ------------"Ces gens pacifiques, probes, sobres et laborieux en même temps quexcellents maraîchers, en cultivant de nombreux jardins, réalisèrent des économies qui leur permirent dacquérir des terres dans les environs de Hussein-Dey et de Maison Carrée." ------------Observation de Lucienne PONS : Cest ainsi que mon ascendant Jean PONS acheta des terres et fonda le village de BOU-HAMEDI en 1830, près de Fort de lEau et du Fondouk, avec ses fils et sa parente Dame Agathe GONALON vueve GORNES et ses fils. ------------Reprenons la relation du Père Roger DUVOLLET : ------------"Après avoir défriché et mis en valeur ces territoires, ces jardiniers qui commençaient à se trouver très à létroit sur leur terre, leur descendance ayant augmenté, demandèrent à lAdministration de leur accorder quelques concessions dans la région de Birkadem. La Commission des Centres préféra les installer sur un territoire que les Mahonnais connaissaient bien pour y avoir déjàtravaillé comme fermiers, métayers ou ouvriers agricoles depuis 1836. Cinq cent hectares situés en arrière du Bordj El Kifan furent attribués à la création dun Village qui prit le nom de Fort de lEau. Les premiers colons, uniquement des Mahonnais, comprenaient deux cent trente personnes, groupées en quarante cinq familles. Chacune delle reçut sept hectares de terres propres à la culture maraîchère, leau était abondante à peu de profondeur dans le sous-sol ; quatre- vingts hectares furent réservés pour le communal et soixantes dix autres pour de futures concessions. Tout alors étaient en broussailles, les routes nétaient encore que des sentiers, et la sécurité aléatoire" ***** ------------"Mis en possession de leurs lots en Juin 1849, les concessionnaires Mahonnais commencèrent par assécher les marais dont la proximité inspirait quelque crainte, en même temps quil construisait leurs habitations" ------------Obervation de Lucienne PONS : Dame Agathe GORNES-GONALONS a perdu de nombreux fils dans ce travail de défrîchement de ces marais insalubres par suite du paludisme. ------------Reprenons la rédaction du Père Roger DUVOLLET : ------------"Les nouveaux colons" (mahonnais) "construisirent non un gourbi ou une cabane comme le faisaient la plupart des immigrants, mais une véritable maisonnette, la maison mahonnaise, dapparence proprette, passée au lait de chaux, parfaitement adaptée au climat africain. Bien quils ny fussent nullement forcés, au lieu dédifier leur habitation sur leur lot de terrain, ces jardiniers se regroupèrent en un même point, formant ainsi le futur Fort de lEau. Comme ils se connaissaient tous parents ou amis, ils pensaient non sans raison, quen cette époque où les incursions de pillards étaient encore fréquentes, quil était préférable de rester unis que de séparpiller dans de petites fermes isolées. En outre les habitants du Centre, groupés autour du Fort, pouvaient trouver refuge dans ses murailles en cas de nécessité. On leur avait conseillé de construire leurs maisons en lignes parallèles, afin que les premières rangées protègent les suivantes contre le vent de la mer ; en outre, un boulevard planté dune triple rangée darbres devait entourer le village ; les alignements du front maritime devait faire office de coupe-feu. Le projet dinstallation dun débarcadère à proximité du Centre fut abandonné quand on se rendit compte du fait que la mer trop forte en ce point de la côte, empêchait la construction dune jetée." ------------"Très pieux, les Mahonnais ne manquaient pas dobserver toutes les Fêtes Religieuses, ayant apporté avec eux la foi qui, jointe au puissant esprit de famille qui les animait, leur permettait de lutter contre les dures conditions dexistence. Ils eurent dès 1851 leur Chapelle où officiait lAbbé Castagnet. Le dernier desservant de cette paroisse exemplaire fût lAbbé J.P. Toulet. Plus tard une Eglise abrita leur piété qui ne se démentit jamais. Soucieux de sintégrer rapidement aux pays qui les avait accueillis, dès 1856, ils réclamaient à lAdministration un instituteur pour leurs enfants" ------------Observation de Lucienne PONS : La première institutrice du Village de BOU HAMEDI, fondé par mes ancêtres PONS et GORNES, fût Antoinette VIDAL cousine des GORNES. ------------Reprenons le texte du Père Roger DUVOLLET : ------------"Les concessionnaires ne reçurent aucun subside de lAdministration qui neut à exécuter que les travaux publics ordinaires. Chaque attributaire reçut en moyenne un lot à bâtir de 6 ares, un lot de jardin de 20 ares, deux lots de cultures, un de 2 hectares et un de 6 hectares. Cette répartition de la concession se complétait de 45 hectares : 42 ha affectés au communal, O,53 ha destiné au cimetière, et enfin 6,26 ha formant deux lots pour la commune." ------------"Les Mahonnais défrichèrent rapidement leurs lots, vendant les broussailles sous forme de charbon de bois et de fagots aux boulangers dAlger, creusaient des puits, installant des norias, élevant pour protéger leurs productions, des haies de roseaux qui donnèrent son aspect caractéristiques à leurs campagnes." ------------"Ils prirent eux mêmes linitiative de construire une route qui les relia directement à la Maison Carrée" (centre commercial où se tenait un immense marché de produits agricoles et de bestiaux, proche dAlger) "ce qui leur permit dalimenter Alger en primeurs, et grâce à leurs procédés à la fois pacifiques et énergiques, ils surent se concilier les indigènes et sen faire des auxiliaires. Ils cultivèrent des légumes et des céréales, et dès lannée suivante, la récolte fût très rémunératrice. A dater de ce moment, lélevage du bétail, la plus ancienne source de production locale, céda progressivement la place aux cultures, les Mahonnais tirant le meilleur parti de leur concession." ------------"Le 15 septembre suivant, le Maire de lArba,(voir ce lieu) de passage dans le Centre, constatait que les défrichements marchaient activement et que beaucoup de concessionnaires espéraient quils auraient mis leurs terres en valeur bien avant le terme de trois ans requis par lAdministration. Il estimait que 20 ha. autour de Fort de lEau avaient déjàété mis en valeur, 17 puits fonctionnaient et les maisons dhabitation étaient presque toutes achevées. Il ajoutait que létat sanitaire du Centre était satisfaisant, malgré de fortes chaleurs. Lensemble des Mahonnais, grâce à leur travail acharné comme leur esprit déconomie, purent se libérer rapidement et, très vite, ils furent mis en possession définitive de leurs terres. Le 11 janvier 1850, le Centre de Fort de lEau était créé par Décret du Président de la République Française, le Prince Bonaparte." ------------" Lannée suivante, tout le territoire était défriché et on ne pouvait trouver un seul palmier nain - cette terreur des défricheurs - et déjà la prospérité du village était telle que ses habitants navaient dautres soucis que celui dagrandir leurs concessions." ------------"Si avant 1830, les terres de ce territoire neussent pas trouvé acquéreur à 30 francs lhectare, moins de cinq ans après, on les payait 600 francs à lhectare.A noter que la création du Centre de Fort de lEau ne coûta que 7.000 francs à lAdministration qui, pour ce genre dopérations en dépensait habituellement entre 40 et 50.000 francs dans les autres territoires de lAlgérie". ------------" Les premiers concessionnaires sappelaient alors : ALZINA (Gabriel et Antoine), SEGUR, BARBER, CARDONA, COLL(Antoine et Jean), CAPO, CAMPS, FORNARIA, FEDELICH, GORNES, GINAR, JUANEDA, LUC, LAURANT, MONTANER, MERCADAL, MARQUES(Mathieu, Joseph, Dominique et Jean), MASCARO(Michel et Jean), OLIVES, PONS(Jean,, Christophe, Laurent, Barthélémy, Thomas, Joseph, Jacques), SERRA, SEGUI(Ramon, Laurent),SINTES(Joseph, Laurent, Pierre, Bernard), SALORT(Jean,Jacques), TUDURI(Antoine, François, Joseph), VILLE. La cinquantaine de familles installées à Fort de lEau, comportait 34 couples, 114 enfants, dont 41 filles, 10 célibataires, et 39 domestiques apparentés, et représentait environ 300 individus." ***** ------------" Ces laborieux pionniers creusèrent des canaux, irriguèrent leurs terres et se livrèrent à la culture maraîchère daprès les méthodes simples apportées des Baléares. Leur production très appréciée contribua notamment à lapprovisionnement en légumes des marchés dAlger et de Maison Carrée. Enfin plus tard, lorsque des transports plus rapides sinstallèrent entre lAlgérie et la Métropole, ces maraîchers pratiquèrent la culture des primeurs : tomates, poivrons, pommes de terre, artichauts, petit-pois, choux-fleurs.. quils expédièrent en France. Un article de lAkbar(21.8.1854) nous dépeint leur village et ses habitants à leur début : Laisance règne dans chaque famille. Elle se traduit par une remarquable propreté au-dehors et en-dedans de chaque habitation. La Mahonnaise, spécialement chargée des soins du ménage et délever les enfants, procède chaque samedi à la toilette de la maison, lextérieur et lintérieur sont dans les plus petits détails, blanchis à la chaux, les meubles cirés, et les ustensiles de ménage coquettement placés dans lendroit le plus apparent, brillants de propreté, comme des tableaux de Rembrandt" ------------Observation de Lucienne : Les Mahonnaises étaient aussi de fines brodeuses. Il était coutume pour les jeunes filles de se réunir entre-elles laprès midi sous les vérandas qui se trouvaient bâties à larrière des maison et donnant sur les jardins, pour broder toutes ensembles les magnifiques trousseaux des jeunes filles et des jeunes gens de la communauté qui devaient tout prochainement se marier.Les mahonnaises étaient aussi dexcellentes cuisinières et pâtissières familiales( jai encore le souvenir des délicieux petits pâtés et succulentes pâtisseries que nous confectionnaient ma grand-mère Agathe), elles pétrissaient leur pain cuit dans des fours traditionnels installés dans le jardin de chaque maison dans les villages et fermes. ------------Reprenons larticle de lAkbar : ------------"Quand aux Mahonnais, à moins que vous ne passiez par là un Dimanche, ne le cherchez pas dans lhabitation, ni aux alentours, ni encore moins dans un cabaret ***, il est au champs avec tous ses fils, travaillant sous le soleil ardent avec cette assiduité et cette persévérance dans lesquelles il ny a pas de vrai cultivateur" ------------*** il ny avait pas de cabaret à cette époque à Fort de leau,ce qui faisait ladmiration de tous, contrairement à dautres Centres de lAlgérie où lalcool commençait à se répandre. Les Mahonnais étaient très sobres et nullement pressés daller dépenser cet argent durement gagné dans un estaminet ; un cabaret nouvrit quen 1862 et encore végéta-t-il très longtemps*** ------------Reprenons le texte du Père Roger DUVOLLET : ------------" Comme partout en Algérie, la vigne fît son apparition dans la région de Fort de lEau. Vers 1880, ce territoire en comprenait 75 ha. (puis 153 ha. en 1920), ainsi que 30 ha. de tabac.La prospérité de ces colons fût si rapide que quelques années plus tard, ils réclamaient déjà pour leur fils des terres, dans les villages projetés de Cap Matifou,Aïn-Taya et de Réghaïa. Le 2 juin 1881, ils virent leur circonscription érigée en commune de plein exercice,naissance qui provoqua leffacement du Centre de la Rassauta qui avait pendant trente ans figuré sur la liste des communes algériennes. En 1891, lAdministration répartissait les anciens communaux entre les communes de Fort de lEau,Maison-Blanche et Rouïba. (voir ce lieu)" |
------------"Les Mahonnais étaient bien supérieurs, - comme maraîchers - aux Espagnols et aux Italiens. Ils nemployaient en général que la main-duvre mahonnaise, et les membres dune même famille presque toujours suffisaient pour cultiver le lot et porter la récolte au marché" ------------Observation
de Lucienne : Tout au début de leurs premières
récoltes, alors quils navaient pas encore les moyens
de séquiper de chevaux et de voitures, pendant que les hommes
travaillaient aux champs, il arrivait souvent que les Mahonnaises portent
elle-mêmes les produits au marché pour les vendre. Ma grand-mère
qui le tenait de sa propre grand-mère me rapportait que certaines
de ces vénérables anciennes Mahonnaises transportaient leurs
légumes et fruits à vendre retenus dans leurs larges tabliers,
parcourant ainsi plusieurs kilomètres. ------------"Exceptionnellement quand les garçons manquaient dans les familles, on employait des indigènes, car lexploitation dun lot de sept hectares exigeait quatre ou cinq ouvriers toute lannée. Cest à lélément mahonnais que lon devait lopulent ruban de cultures maraîchères qui sétendait le long du littoral jusquà la Réghaïa, sur plus de quarante kilomètres de Fort de leau à Surcouf, en passant par Cap Matifou, Suffren et Aïn Taya. Ces riches villages comptaient, en dernier, près de quatre mille mahonnais, descendants des premiers pionniers." ------------"Village de colonisation quelque peu fermé, dont toute léconomie tournait autour de lagriculture, ses habitants formant une communauté unie par une même activité et une même culture, Fort de lEau commença à souvrir vers lextérieur avec létablissement dune petite ligne de chemin de fer dintérêt local, en 1871. Ce système de transport facilita les déplacements des villageois comme la circulation des marchandises. Il disparut dans les années trente, laissant la place à lautomobile, et abandonnant à lentrée de lagglomération, sa petite gare, seul vestige dans les dernières années de ce réseau. Timidement quelques commerces et quelques petites industries sétaient implantés dans Fort de lEau dont la population croissait rapidement, lorsque vers 1890 sa destinée sinfléchit. Le directeur des Annales Africaines frappé par la beauté de la place et par la fraîcheur de la brise marine qui, grâce à lexposition favorable du centre, souffle avec plus de force quà Alger et procure une température agréable pendant les heures chaudes de la journée, émit lidée dune station estivale. Trois personnes tentèrent de réaliser ce projet, MM. Triay, Henriot et Buisson." ------------Observation de Lucienne : Les projets initiaux ne permirent pas à ces Messieurs de poursuivre leur tentative. ------------Reprise du texte du Père Serge DUVOLLET : ------------" Cest alors quun entrepreneur de travaux publics, M. Gueirrouard, se penchant sur la question, reprit les premiers plans proposés. Après de multiples discussions avec le Conseil Municipal, un accord se fit et, en 1891, les premiers travaux commençaient. Un casino, une quarantaine de villas furent construits, le lotissement aménagé et une route ouverte en bordure de mer. A cette époque le conseil municipal réclama un Bureau de Poste à Fort de lEau, précisant que sa population avait presque doublé en dix ans, le centre augmentant de vingt-cinq maisons en trois ans et que la création de la station balnéaire avait déjà attiré plus de 300 familles, alors que la localité ne disposait que de peu de logements." ------------"Un projet de construction dun chantier naval reçut un début de réalisation : quatre hangars furent élevés avant labandon de la tentative et ces locaux servirent dateliers et de garages à la Société des Transports Tropicaux." ------------"Bien que déjà enrichie de plus de 400 ha. de maraîchages, la petite cité balnéaire prit rapidement tournure, et déjà, en 1900, on pouvait découvrir le boulevard du front de mer qui longeait la place, bordé de jolies et pimpantes villas. En 1908, Fort de lEau fut reconnue officiellement comme station estivale et, en 1920, la municipalité envisagea de la transformer en station climatique dété et dhiver, projet qui ne put aboutir complètement." ------------"La seconde guerre mondiale devait porter un coup darrêt à lascension de Fort de lEau : son casino fût réquisitionné et ses plages abandonnées. Mais le coquet village acquit un regain dactivité dactivité, créant de nouvelles plages dans son prolongement maritime, celles du Lido, de Verte-Rive et des Dunes, rapidement bordées de belles villas" ------------Observation de Lucienne : Ces plages très fréquentées des Algérois et des habitants des villages avoisinant permettaient de sy installer les jours de congés et les dimanches en famille sous une belle tente avec des chaises longues tout autour. Les hommes et souvent les femmes pêchait le poisson que la mer généreuse ne leur refusait pas, on le cuisinait sur place et on le dégustait sur de belles nappes dressées dans les tentes, au cours dun repas improvisé, salades de tomates et poivrons, salades de riz, légumes frits ou farcis, courgettes, poivrons, artichauts etc..., petits pâtés à la viande ou à la soubressade etc...ou encore paëllas, cuites sur la plage même, dans dimmenses poêles surveillées attentivement par les mamans et les grand-mères, sans oublier les fruits et les pâtisseries apportés dans un grand couffins de raphia ou de paille tressés, le tout soigneusement emballés dans des torchons. Entre amis, de tente en tente, on soffrait lanisette ou encore lapéritif Mélika ou Malika de fabrication locale, et on dégustait les khémias : olives noires ou vertes, olives vertes cassées au fenouil(fabrication maison), tramousses, tranches de boudin à la viande parfumées à lanis, escargots en sauce tomate piquante, "scaragolines" avec aïoli, brochettes dagneau ou de foie et gésiers de volailles, merguez, etc......et surtout tranches de soubressade mahonnaise, nature ou grillée : si vous la goûtez un jour en allant aux Baléares," vous men direz des nouvelles !" On arrive à en trouver ici en France, dans quelques charcuteries, mais pour le goût ça ne vaut pas le déplacement et la dépense .... la véritable recette en est perdue, sauf à ma connaissance à NICE, à la Charcuterie PONS, bien connue des Pieds noirs Niçois.Il y en a peut-être daussi bonne dans dautres charcuteries en France, mais excusez-moi je nai pas encore eu le temps de faire le tour de France des charcuteries pieds-noirs, dorigine mahonnaise, seuls détenteurs de la vraie recette. ***** ------------Reprise du texte du Père ROGER DUVOLLET : ------------"La période immédiate daprès guerre vit aussi se former un projet dinstallation dun petit aérodrome dont la continuation ne fut jamais menée à bien, malgré un début prometteur. Peu de temps avant la guerre,le cinéaste Julien Duvivier utilisa le site de Fort de lEau et y créa un studio où, pendant plusieurs mois, le film "Golghota" se tourna." ------------"En 1950, Fort de lEau avait acquis une physionomie nouvelle qui la rendait méconnaissable pour les descendants des premiers pionniers. les anciennes maisons rurales avaient disparues, remplacées par de belles maisons de campagne, tandis que le Centre et le Front de mer senorgueillissaient de ses magnifiques villas, extériorisant ainsi sans complexe la richesse du pays" ------------Observation de Lucienne : "La richesse du pays" : lexpression est juste ; en effet les pieds noirs dans leur grande majorité réinvestissaient toute suite après lavoir gagné leur argent dans des constructions, des équipements et des matériels, pour moderniser leurs entreprises, fermes, commerces etc.... ils nétaient pas du genre à laisser dormir largent en banque en attendant des intérêts, cest pourquoi certains, bien que possédant des biens immobiliers, des fermes et des commerces, sont rentrés rapatriés en France les mains vides. ------------Reprise du texte du Père Roger DUVOLLET : ------------"Il faut noter toutefois que les maraîchers minorquins, principaux créateurs de cette réussite, sabstinrent longtemps de prendre part à la vie moderne de leur cité, vie qui dérangeait leur mode dexistence à caractère familial. Mais les petits-fils" (et arrières petit-fils)" de ces pionniers ne tardèrent pas à sintégrer eux à la nouvelle population, sy plaçant souvent au premier rang" ------------"Les premiers magistrats municipaux de Fort de lEau uvrèrent chacun en son temps, à la réussite de cette entreprise. Ce furent, depuis la création du centre en commune de plein exercice : MM. FREY Henri (1882-1889),COURNIER Léon(1886-1898), COSTA Firmin(1898-1901), ALZINA Benoit (1901-1907), PONS Antoine(1907-1908 décédé en fonction),GUERROUARD Gabriel(1908-1911), de GHEON Victor(1911-1913 décédé en fonction), MAZELLA Joseph(1913-1921),PONS François(1921-1942), MOULIAS Maximilien(1942-1943), SCEMBRI Michel(1945-1947), NAULIS Robert(1947-1962)". ------------"Jusquà la période noire, Fort de lEau demeura aux beaux jours et même en hiver, un lieu de rassemblement, une sorte de carrefour où venaient communiquer les familles dAlger et de cinquante kilomètres à la ronde. En été, après une journée de baignades et de bronzage, on se retrouvait aux tables des nombreux établissements qui étalaient leurs terrasses sur les trottoirs des boulevards du front de mer. On y venait aussi spécialement pour déguster, en même temps que linévitable anisette, les brochettes de mouton si réputées, les merguez, et surtout, la fameuse soubressade mahonnaise, mieux réussie quailleurs, accompagnée du non moins réputé pain mahonnais sans levure, à la mie compacte, que beaucoup rapportaient chez eux en partant. Ainsi, en toute saisons, Fort de lEau jouait-il un rôle despace-charnière garant de léquilibre familial." ------------Observation de Lucienne : Sans oublier les fruits de mer, huîtres, moules, oursins etc... crevettes, gambas, et poissons de toutes sortes, sépias, calamars, sardines, anchois, cachalots, rougets, merlans etc...... les mahonnais excellents plongeurs (souvenir des Baléares ou certains étaient à loccasion pêcheurs de perles), nhésitaient pas à aller dans les grandes profondeurs pour y rechercher les huîtres, les moules, et les oursins les plus frais, véritable délices à déguster crus avec quelques gouttes de citron.Aussi excellents chasseurs que pêcheurs et agriculteurs, les mahonnais organisaient des parties de chasse, soit pour le gibier courant, soit des battues pour le sanglier dans les collines de basse-kabylie ( Fondouk, Rivet, Saint Pierre Saint Paul, lArba etc......). Je me souviens des récits dhistoire de chasses que parfois mon père nous relatait à la veillée, devant la cheminée ou crépitait un feu de vieux ceps de vigne odorants,en citant le nom des anciens chasseurs mahonnais qui sy étaient rendu célébre pour leur adresse : Barthomé (Barthélémy), Mathéo(Mathieu) etc... bien dautres encore. ------------Conclusion extraite des textes du Père Roger DUVOLLET : ------------"Où trouve-t-on aujourdhui de tels lieux, alors que les structures socio-économiques se soucient moins des besoins humains que de la rentabilité ?" ------------Conclusion de Lucienne : La relation du Père Roger DUVOLLET sur la création de Fort de lEau est très élogieuse pour les anciens Mahonnais Fondateurs, de tout mon cur je le remercie de les avoir fait surgir du passé.Comme tous, ils ont été des êtres humains avec leur qualités et leur défauts, mais au-delà des comportements personnels cest louvre collective accomplie et réussie qui compte et les honore.Le récit du Père Roger DUVOLLET correspond en tous points à ce que men avaient rapporté mon père et ma grand mère sur les coutumes et murs familiales. ------------Les descendants des Mahonnais fondateurs de Fort de lEau et villages avoisinants, se sont ensuite dispersés dans toutes les régions de lAlgérie et dans les villes, notamment dans la capitale Alger. ***** ------------En effet, par le jeu des héritages et des divisions territoriale des domaines qui sensuivent, certains fils et filles devaient sinstaller dans les campagnes dautres régions ou se mettre à rechercher une situation à ALGER ou dans dautres villes ou villages. Cest ainsi que bon nombre de Mahonnais ont pris des fermes importantes en gérance ou en métayage en Basse-Kabylie et dans la Mitidja notamment, pour y cultiver les primeurs, les fruits, les cérales et la vigne principalement. Dautres ont fait des études supérieures, sont devenus pharmaciens, médecins, avocats etc.... ------------Dautres encore ont installés des commerces, restaurants, librairies, charcuteries, ou des artisanats, couturières, ateliers de broderies, tailleurs, sans oublier ceux et celles qui ont passé des concours pour entrer dans ladministration comme fonctionnaires ou sont devenus instituteurs et institutrices, dautres ont fait carrière dans la recherche des pétroles, dautres dans lArmée, dautres ont travaillé dans des entreprises privées. ------------Bref toujours au travail comme tous les pieds noirs, mahonnais ou pas mahonnais ! ------------Si vous
rencontrez ici en France, une Française ou un Français rapatrié
au maintien réservé, mais souriant, affable, sociable, avares
de paroles inutiles, mais prêt à vous entendre et à
vous aider en cas de nécessité, il pourrait bien sagir
dune ou dun pied noir dorigine mahonnaise, alors un
petit conseil : demandez lui de vous offrir lapéritif avec
de la soubressade, vous serez ainsi sûrs et certains de vous en
faire un ami pour toujours. |