Elles ne furent certes pas rares, les personnalités
administratives - civiles ou militaires - qui, en l'Alger des premières
années françaises, où tant de choses étaient
à créer, furent l'objet dans le public, d'une particulière
sympathie reconnaissante.
Ne pouvant les étudier ici, collectivement, nous nous bornerons
à un rapide regard sur l'individualité qui avait nom : Colonel
Marengo, dont l'essai de monographie que nous avons publié jadis,
fut exprimé en cette forme concise :
Marengo. Né à Casale
(Piémont), le 8 janvier 1787. De son vrai nom : Cappone (Joseph).
Engagé volontaire. Tambour à Marengo. Reçut à
Friedland, de l'Empereur, le nom de Marengo en remplacement de celui qu'il
avait porté jusqu'alors et que le souverain jugeait indigne du
héros qu'il était. Fut capitaine adjudant-major à
Saint-Cyr. Vint à Alger en 1833. Commanda le pénitencier
du Fort-Neuf.
A la suite d'une injuste accusation, Marengo, qui n'était encore
que commandant, fut le 5 septembre 1836, traduit en conseil de guerre
avec un maréchal-des-logis et un brigadier de gendarmerie. L'innocence
du colonel fut proclamée avec éclat. Après le verdict
d'acquittement, le président du Conseil dit d'une voix émue
et les yeux mouillés de larmes : " Commandant Marengo,
je vous rends cette épée qu'on n'aurait jamais dû
vous ôter ".
Il remplaça, provisoirement, le 20 septembre 1838, le colonel Tamnoy
comme commandant de Place, titre qu'il reçut plus tard définitivement.
Admis à la retraite, le 30 mai 1848. Remplacé par le colonel
Vandelinghen, il se retira à Saint-Ferdinand, où il acheta
une maison de colon. Devint maire de Douéra
et vice-président de la Chambre Consultative d'Agriculture. Fut
nommé en 1854, inspecteur des Milices Algériennes.
Le colonel Marengo mourut à l'Hôtel de la Régence,
à l'âge de 76 ans, le 9 décembre 1862.
L'établissement du Fort-Neuf dont Marengo fut de bonne heure, le
directeur, était des plus défectueux. Il se trouvait dans
le fossé même de la ville. Marengo en améliora les
locaux. Il y avait là, mille condamnés et quatre compagnies
de discipline.
Le colonel exerça une autorité toute paternelle sur ses
hommes dont il s'efforça d'adoucir l'âme, et pour lesquels
il institua dans la prison, des cours d'enseignement primaire.
Il employa ses hommes au défrichement d'un côteau voisin
du fort, où fut créé le jardin qui porte son nom.Ce
jardin Marengo (dont un mot a été dit précédemment)
fit les délices des premiers habitants d'Alger. Le colonel le remit
à l'autorité civile, le 22 juin 1847. La ville le reçut
à son tour, le 6 juin 1848, et en assura l'entretien moyennant
une dépense annuelle de 5.000 francs.
Le colonel avait voulu qu'une partie du jardin servît à améliorer
l'ordinaire de ses hommes. Il y créa un jardin potager à
l'entrée duquel il fit placer deux tables de bronze où on
lisait :
Soulagement à l'infortune
Honte à qui l'en privera.
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Les principales allées portaient jadis
le nom de : Royale, de Nemours et d'Orléans. Le bosquet de la Reine,
y a seul, conservé son ancien nom.
Devenu jardin d'enfants, cet attrayant bosquet a depuis quelque temps,
perdu tout son pittoresque.
Marengo, avec cent condamnés, fonda les villages de Sainte-Amélie,
de Saint-Ferdinand,
le Marabout d'Aumale, la Consulaire ; puis créa Ies villages de
Mahelma, de Fouka,
et la Trappe qu'il édifia avec une compagnie du 2e bataillon d'Afrique
et quelques ouvriers militaires.
De 1844 à 1846, il créa l'Orphelinat de Dély-Ibrahim
et celui du Consulat de Danemark. On lui doit, à Sainte-Amélie,
la conservation de la mosaïque romaine voisine de l'Eglise. Il fit
défricher plus de 400 hectares pour les colons.
Marengo fut enterré à la Trappe. Son tombeau de marbre,
où figurent des grenadiers et que flanquent quatre canons, a été
décoré de pièces sculptées qui ne sont autre
chose que les montants et la frise de la cheminée de la Mairie
de Douéra (détail donné par le commandant Chaylard).
Tombeau de Marengo.
Collection B.Venis
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Ce tombeau porte l'inscription suivante :
MARENGO,
Commandeur de la Légion d'Honneur
Chevalier de Saint-Louis
Maire de Douéra
V.-P. de la Chambre Consultative d'Agriculture d'Alger
Né à Casale (Piémont), le 8 janvier 1787
Décédé à Alger, le 9 décembre
1862
Fidèles à sa dernière volonté,
Sa femme et ses enfants
L'ont fait transporter au milieu
De ceux dont il a été l'ami
Et le bienfaiteur.
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Suivent les noms des batailles auxquelles
participa le Colonel, et des villages qu'il fonda près d'Alger.
Ajoutons que sa fille fut mariée à M. Papier, président
de l'Académie d'Hippone.
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