Palais
d'été du gouverneur
Cette magnifique résidence fut jadis
la propriété de Mustapha el--Kheil ( La
mère du Ministre était la dame Fatmah Turquia. Sa femme
se nommait Hadja Hanifa bent Ahmed Khodja. Cette dernière habita
plus tard Bouzaréah.), ministre des Haras du Dey, qui
possédait en outre, la maison portant le n° 21 de la rue du
Vinaigre (Salluste), qu'habitèrent des généraux français
(maison habousée en 1829), et deux jardins qui furent englobés
dans la Pépinière du Gouvernement (Jardin
d'Essai).
Le tout fut séquestré, le propriétaire ayant émigré
après les événements de 1830.
Les enfants de celui-ci étant revenus en 1839, on leur reconnut
la propriété de ces biens pour lesquels "des rentes
annuelles et perpétuelles" leur furent attribuées.
La valeur du Palais d'Été fut estimée 22.180 francs.
Le Ministre de la Guerre, Duc de Dalmatie, spécifia au Gouverneur,
dans sa lettre concernant ce palais, que l'intérêt de la
somme qu'il représentait, soit 2.128 francs, serait seul payé
aux héritiers.
La villa du Ministre du Dey comprenait deux corps de bâtiments.
(L'un d'eux fut détruit en 1916 pour la réfection du palais).
Le plus grand (celui détruit), était pourvu ."d'une
cour à carreaux hexagonaux, avec bassin à fond de briques,
paré de carreaux vernis".
A u centre de celui-ci se trouvait "une colonne de marbre surmontée
d'une vasque, également en marbre, avec jet d'eau".
Dans cette cour régnait : "en avant de la galerie et sur
les côtés perpendiculaires à celle-ci, une treille
de trois mètres de largeur, supportée par quarante-deux
poteaux en bois peint".
L'état des lieux, établi en 1846, mentionne entre autres
choses, dans la description du plus petit corps de bâtiment : "Un
vestibule soutenu par quatre colonnes, une cour dallée de marbre,
avec vingt-quatre colonnes torses en pierre, et une galerie à carreaux
vernis très usés".
Le même état fait connaître que le jardin se composait
d'un verger et de carrés de culture potagère.
Nous sommes loin, on le voit, du luxe du palais actuel et de la magnificence
végétale qui l'entoure. Le 6 mai 1854, on annexa à
ce domaine, la campagne dénommée : Djenan Hussein-Pacha,
où sont aujourd'hui les membres du Cabinet militaire du Gouverneur
( Les campagnes situées en face
du Palais d'Été, sur la droite de la route nationale, appartenaient
aussi au Dey Hussein.)
Une partie de cette campagne servait dans les premiers temps de la conquête,
de résidence au colonel des Chasseurs d'Afrique. L'autre partie
était affectée au logement d'une section d'infanterie et
d'une brigade de gendarmerie. Le 5 janvier 1850, cette dernière
partie fut remise au clergé qui y établit une chapelle (Église
Ste-Marie).
La maison de l'ancien ministre turc fut aménagée à
l'européenne en 1846, et peu après, habitée par le
duc d'Aumale, devenu gouverneur. Les premières transformations
de l'immeuble coûtèrent, au Génie, 31.400 francs.
Nombreux furent les événements historiques dont ce Palais
fut le théâtre. Ses plus grands souvenirs sont : la splendide
soirée que donnèrent en ses salons et en ses jardins, au
mois de mai 1865, le duc et la duchesse de Magenta, lors de la visite
de l'empereur Napoléon III, et celles, non moins brillantes, qui
eurent lieu dans le même cadre, en avril 1903, en l'honneur du Président
Loubet; en avril 1922 et en mai 1930 pour les visites des Présidents
Millerand et Doumergue.
Rappelons que les pièces artistiques du joli kiosque à colonnes
de marbre qui ornait le parc du Palais, provenaient de l'ancien Lycée
de la rue Bab Azoun. Elles furent transportées à Mustapha-Supérieur
en 1874. Le kiosque disparut, à la transformation du palais, en
1916.
Rappelons d'autre part qu'en 1834, le Gouverneur Voirol avait comme maison
de campagne, la villa Berneil, au quartier de Fontaine-Bleue. (Voir à
: Banlieue - Route de Mustapha-Pacha).
Servirent plus tard, de résidences d'été, à
des gouverneurs, les villas Olivier (El-Biar),
Robe, Conquis et la villa dite "de Gouraya".
* *
Indications complémentaires
Les chefs de la Colonie furent :
Généraux en Chefs
De Bourmont, juillet 1830 - Clauzel, octobre 1830 - Berthezène,
1831 - Duc de Rovigo, 1831 - Voirol, 1833.
Gouverneurs généraux militaires
Général Drouet d'Erlon, 1834 - Maréchal Clauzel,
1835 - Général Damrémont, 1837 - Maréchal
Valée, 1838 - Maréchal Bugeaud, 1841 - Général
duc d'Aumale, 1847 - Général Cavaignac, 1848 - Général
Changarnier, 1848 - Général Charon, 1849 - Général
d'Hautpoul, 1850 - Maréchal Randon, 1851.
Ministres de l'Algérie :
Prince Napoléon puis Comte Chasseloup-Laubat (1858-62), avec les
généraux de ,lac-Mahon, Guesvillers et de Martimprey - Maréchal
Pélissier, 1862 - Maréchal de Mac-Mahon, 1864.
Gouverneurs civils
Henri Didier, 1870 (que l'investissement de Paris empêcha de rejoindre
son poste) - Charles Dubouzey, 1870 - Alexis Lambert, 1871 (ces deux derniers
avec le titre de commissaires civils). - Au titre civil : vice-amiral
de Gueydon, 1871, et Général Chanzy, 1873. - Albert Grévy,
1879 - Tirman, 1881 - Cambon, 1891 - Lépine, 1897 - Laferrière,
1898 - Jonnart, 1901 - Révoil, 1901 - jonnart, 1903 - Lutaud, 1911
- Jonnart, 1918 - Abel, 1919 - Steeg, 1921 - Viollett e, 1925 - Bordes,
1927 - Carde, 1930. C'est, depuis février 1935, M. Le Beau.
Sous-Gouverneurs
Généraux de Martimprey, 1860 - Devaux, 1864 - de Ladmirault,
1865 - Baron Durrieu, 1866. - En 1913: Léon Perrier (secrétaire
général).
Palais d'Été
de Mustapha-Pacha
(Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul, Mustapha Supérieur)
Ce Palais fut constrùit par Mustapha-Pacha,
qui régna de 1798 à 1805.
Ses annexes et ses jardins s'étendaient jusqu'au Champ-de-Manoeuvre.
Mustapha-Pacha dont le nom fut donné à toute la banlieue
Sud d'Alger reçu en donation, de son oncle Hassan-Pacha, d'abord
la partie supérieure des terrains qui constituèrent ce domaine.
"Celui-ci, dit un acte ancien, était situé
quartier Tedjararat".
Mustapha reçut ensuite la partie inférieure, limitée
par la Fontaine Hassan-Pacha, voisine du Champ-de-Manoeuvre; puis en 1802,
l'espace occupé plus tard par le Camp des Chasseurs. Cette dernière
partie, que limitait au couchant, le Behira (Le
petit verger ) était connue jadis sous le nom de Rekka-ben-Fahria.
Elle dépendait du représentant de l'administration de la
Mecque, à qui Mustapha donna en échange un magasin situé
au-dessus de la Caserne Dar-el-Ienkcheria-el-Kédima
(rue Médée). Rekka-ben-Fahria qui se composait de deux parties
: Rekkat-el-Sedjour et Rekkat-el-Toupenat, fut vendu en 1805, à
Hadj Hamdan ben Osman Khodja, neveu de l'Amin Sekka : Hadj Mohammed.
Mustapha agrandit ce domaine par l'acquisition de plusieurs campagnes,
au nombre desquelles se trouvait celle d'Aïn-Zerka (Fontaine Bleue),
propriété d'un ancien agha des spahis ( Mutapha-Pacha,
on l'a déjà vu, possédait aussi l'immeuble de notre
actuelle Bibliothèque de la rue de l'État-Major, l'Hôtel
de l'Intendance, la maison où réside le Général
du Génie, rue des Lotophages.).
Les travaux que fit exécuter le prince pour l'adduction des eaux
nécessaires à l'entretien de ses jardins, et les indemnités
que celui-ci dut servir à l'État et à certains particuliers
pour les canalisations qu'il emprunta à cette occasion, l'entraînèrent
à une dépense de 1.000 dinars mahboub d'or (39.060 francs).
Le Beylick reçut pour sa part 6.000 dinars (4Le
Dey Mustapha avait le goût des grandes constructions. Il dota Alger
de plusieurs monuments importants, il fit construire des casernes, des
batteries, et fit agrandir le Fort Bab-Azoun, le Fort Neuf, le Fort-de-l'Eau
et la Casbah.).
A la suite d'une révolution, le Dey périt assassiné.
Ses biens furent alors confisqués par son successeur, Ahmed-Pacha,
au profit de l'État. Ceux, constitués en habbous ( Une
partie de ces biens avait été constituée en habbous,
au profit de corporations religieuses, l'autre partie, au profit des enfants
du Pacha et aussi de la deuxième femme de celui-ci : Aicha bent
Abdallah.), devaient être rendus aux héritiers
à leur majorité.
C'est ainsi que le Palais de Mustapha-Supérieur et celui de la
rue de l'État Major (la bibliothèque actuelle) furent remis
au fils aîné ( Ibrahim,
décédé en 1846, à l'âge de 50 ans.)
de Mustapha, lorsqu'il se maria.
Il fut procédé de même, pour les parts revenant aux
autres enfants, à l'émancipation de ceux-ci.
Toutefois, le Palais devenu Hôtel de l'Intendance, ne fut jamais
restitué, non plus que les jardins de Mustapha-Inférieur,
bien qu'une partie des produits de ceux- ci fût régulièrement
apportée, par ordre du Dey, aux héritiers dont on reconnaissait
ainsi le droit de propriété.
Après les événements de 1830, le Gouvernement français,
se substituant au Beylick, prit possession de ces biens, desquels les
héritiers, en 1834, réclamèrent la restitution. Un
long procès fut engagé à ce sujet.
Quant au Palais de Mustapha-Supérieur, qu'avait habité avant
1830 notre consul, M. Deval, il fut loué, par bail emphytéotique
(pour une durée de 60 années), par Ibrahim ben Mustapha-Pacha,
à MM. Joly et Cadet de Vaux, ce dernier commissaire du Roi près
la Municipalité d'Alger.
Le loyer annuel fut fixé à 1.000 boudjous (1.800 francs).
Une somme de dix mille francs fut en outre comptée au prince. M.
Cadet de Vaux décéda bientôt. Sa veuve et M. Joly
louèrent, le 1er juin 1832, le domaine à l'État qui
le réclamait pour ses troupes. Celui-ci, en 1833, prit à
son compte le bail consenti par Ben-Mustapha Pacha. Dix mille francs furent
alors remis à titre d'indemnité aux anciens locataires.
Peu après le droit de possession de cet immeuble fut contesté
au Sid Ibrahim ben Mustapha-Pacha. On prétendit que la famille
de l'ancien Dey n'était nullement propriétaire de ce domaine
devenu, affirmait-on, "bien du Beylick", après
la mort de Mustapha.
On déclara que si cette famille avait habité ce palais dans
la suite, elle n'avait pu le faire que grâce à la bienveillance
du Dey Omar, lequel ne lui aurait délivré à ce sujet,
qu'une "simple autorisation de résider".
C'est pourquoi en 1835 le Génie cessa de payer les échéances
du loyer à la famille de Mustapha.
Ibrahim alors, attaqua le Génie en justice, affirmant en même
temps, son droit de propriété auprès du Gouvernement.
Un long débat s'engagea sur ce point, mais l'affaire ne put s'éclaircir.
Aussi, en 1837, sur l'avis du Directeur des Finances, paya-t-on à
Ibrahim, l'arriéré des loyers. On reconnut en outre valable,
le bail établi, mais on informa en même temps l'héritier
de l'ancien Dey "que l'État réservait ses droits
et qu'on allait s'occuper de prouver l'authenticité de la confiscation"
(Charon).
L'Administration renonça bientôt aux recherches entreprises
à ce sujet.
Les troupes ( Le 7è . régiment
d'Infanterie légère, dont le loyer annuel fut de 1.800 francs.
En 1830, fut à Mustapha-Pacha un hôpital militaire. (Voir
à : Installation des troupes).) habitèrent jusqu'en
octobre 1848 le Palais de Mustapha-Pacha ( La.
pdrde du domaine qui faisait face e la campagne Yousouf (Yusuf), fut occupée
par une brigade de Gendarmerie et par le Train des Équipages.).
Quelque temps avant le départ des soldats, ce domaine fut demandé
pour des orphelins que l'Evêque Pavy avait installés dans
l'ancien consulat de Danemark, au Télemly, où ces derniers
ne pouvaient plus demeurer, l'Evêque se trouvant dans l'impossibilité
de payer le loyer de leur asile.
La requête du clergé fut accueillie favorablement et, le
5 novembre de la même année, les orphelins étaient
installés dans l'immeuble devenu vacant, sous la surveillance des
Soeurs de Saint-Vincent de Paul ( Le
Génie conserva toutefois, une partie de la propriété
dont le loyer avait été porté en 1847, à 1.860
francs. L'autorité militaire prit un tiers de la location, soit
: 620 francs. L'autorité civile eut à payer 1.240 francs.).
L'ancien Palais de Mustapha-Pacha est encore affecté à la
même oeuvre de bienfaisance (La
coquille de marbre qui servait de bénitier, en l'ancienne église
de Mustapha, provient du Palais de Mustapha-Pacha. Elle fut donnée
à ce temple le 25 janvier 1841.). Les magnifiques jardins
faisant partie de ce domaine furent de bonne heure cédés
à des particuliers. La superbe orangerie qui s'y trouvait fut,
en 1845, concédée à un sieur Bazire. Un vaste terrain
situé à l'Est du Palais fut, au même moment, loué
à un sieur Ortigoza "pour essai de culture de cactus à
cochenille".
En avril 1863, le département d'Alger acheta, pour 200.000 francs,
la campagne du Dey Mustapha - Pacha et le palais de la rue de l'État-Major,
devenu depuis Bibliothèque
Nationale.
Le tombeau de Mustapha-Pacha se trouve, comme il a été dit,
sous la coupole du Marabout Sidi Abd-er-Rahman.
Bien que regrettablement transformée par l'occupation militaire,
cette villa s'offre encore en certaines parties, fort intéressante.
En une première cour, c'est un décor de colonnes torses
en marbre, de carreaux bleus anciens, fleuris du traditionnel oeillet,
auxquels s'associent de jolies pièces émaillées d'Urbino.
En une autre - cour d'entrée autrefois - de superbes tilleuls,
un beau porche à trois étages et deux galeries superposées
dont les colonnes, à l'étage supérieur, furent malheureusement
emprisonnées en des cloisons. Une troisième cour, cette
dernière très vaste, a gardé l'édifice où,
en arrière d'une triple rangée d'arceaux et sous un dôme
orné du sceau de Salomon, le Dey donnait ses audiences. (On en
fit un dortoir pour enfants). Et c'est ailleurs, dans le corps principal
de la villa, un vestibule de jadis, jalonné de colonnettes jumelées,
devenu oratoire. C'est aussi la grande chapelle de l'établissement
à l'entrée de laquelle s'offre un bénitier formé
d'une stèle funéraire en marbre que surmonte un turban creusé
recélant l'eau sainte. (Ce turban, rappelons-le, indique que la
stèle était dédiée soit à un savant,
soit à un personnage princier).
Sur le cippe apparaît une inscription proclamant : "Il n'y
a de Dieu que Dieu et Mohammed est son prophète". Ce bénitier
appartenait autrefois à la chapelle de l'Evêché.
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