L'Ancien Conseil Général
La Préfecture
La maison du Conseil Général,
située rue de la Chartre, était,
avant la conquête, propriété du beylick.
Elle servait de résidence aux consuls d'Angleterre, pour lesquels
elle était louée à bail, depuis l'année 1780.
A la Conquête, sa valeur fut fixée à 80.000 francs.
Le Gouvernement consentit à continuer la location à bail
de cet immeuble au Consul britannique qui avait exprimé le vif
désir d'y demeurer. Le duc de Rovigo déclara à ce
sujet, en 1832, dans une lettre demeurée aux archives, "qu'il
convenait, en raison des relations entretenues avec l'Angleterre, de faire
cette galanterie à cette puissance"
Le Consul de l'époque, Sir Robert William de Saint-John, qui occupait
la maison depuis 1827, l'abandonna en 1847,
à la suite d'une augmentation du prix de la location. Le Commissariat
central en occupa alors une partie.
Le 19 avril 1856, l'autorité
militaire, concédée temporairement de l'immeuble, y logea
le général commandant l'artillerie, lequel, plus tard, demeura
rue Jean-Bart.
Le 28 février 1861, l'Administration départementale prit
possession de cet immeuble où fut installé le Conseil Général
(institué en 1858) (1Un édifice
attenant qui coûta 200.000 francs, devint la Préfecture).
Cette occupation dura jusqu'en 1909, époque où furent transférés
les services départementaux de place Soult-Berg ( Nom
du château du Maréchal Soult, â Saint-Amans (Tarn).)
dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, édifiée rue de
Constantine, en 1881, et réinstallée près de la prison
civile, boulevard Valée.
La maison consulaire avait, en son deuxième vestibule, une fontaine
(dont il reste une plaque de marbre ciselée) qui, sous les Deys
- nous apprend un ancien document - était alimentée gratuitement
par la Ville. L'Oukil des Fontaines, Hussein Khodja ben Bakir, attesta
ce fait par écrit, en 1835, quand la Municipalité voulut
imposer une taxe au Consul, pour l'eau qu'il recevait,
Le Consulat portait le n° 70 de la rue de la Charte. Tout près
de là, dans la maison portant le n° 60, qui fut englobée
par la Préfecture, habitait au XlVème siècle (voir
à Rues)
le grand docteur musulman, Sidi Abd-er-Rahman, Oukil en une mosquée
du lieu qui fut détruite en 1859. Une inscription du Comité
du Vieil Alger rappelle ce souvenir. Cette rue, avant la Conquête,
était, avons nous dit précédemment, dénommée
: Hammam es-Seghir (Petit Bain) et
Mesyed el-Goula (Petite École
de la Fée). Lors de la construction de la partie mauresque de la
nouvelle préfecture, en 1912, la maison fut, au profit de celle-ci,
dépourvue de ses portes, de sa balustrade du premier étage
et de ses faïences. Seules demeurèrent ses massives colonnes
de marbre. Des familles indigènes l'occupent aujourd'hui.
A rappeler qu'en janvier 1833, les Consuls offrirent là une magnifique
soirée au duc et à la duchesse de Rovigo, nouvellement arrivés.
Un grand banquet y fut donné en octobre 1900, en l'honneur du général
André, ministre de la Guerre.
La Nouvelle Prefecture
La nouvelle préfecture d'Alger ne
fut qu'en 1913, complétée de la partie mauresque dont se
décore le
boulevard Carnot. Procéda à l'inauguration, le
4 novembre 1913, M. Paul Maurel, Sous-Secrétaire d'État
à l'Intérieur.
Cette partie comprend, outre la nouvelle salle du Conseil Général,
un superbe hall à parterre de jaspe, à sveltes colonnes
d'onyx, à murs brodés d'arabesques et d'épigraphie
- une salle de festins - un grand salon, tous deux des plus remarquables,
avec la richesse de leur ornementation florale, le jeu de leurs entrelacs,
l'éclat de leur céramique polychrome, leurs miradors aux
délicates moucharabiehs, leurs galeries extérieures à
colonnades de marbre, à verrières fleuries s'ouvrant sur
le panorama algérois - le cabinet du Préfet où furent
réunies maintes séductions de l'art oriental - enfin le
salon et les appartements particuliers.
Le premier hôte de cette belle résidence fut M. Lasserre.
En firent la visite, M. Millerand, en avril 1922; M. Doumergue, en mai
1930.
Les Préfets d'Alger
Les Préfets d'Alger, dont la liste
s'échelonne depuis 1848, furent d'abord: MM. Lautour-Mezeray; Lacroix,
Gery, Levert.
Vinrent ensuite : MM. Mercier-Lacombe, 1861; Poignant, 1865; Le Myre de
Vilers, 1870; Varnier, Oustry, 1871 ; d'Ideville 1873; Brunel, 1874; Lestaubière,
1878; Firbach, 1881; Henri Paul, 1889; Laroche, 1893; Christian, 1894;
Granet, 1895; Génie, 1898; Lutaud, 1899; Rostaing, 1901; Verne,
1906; Périer, 1910; Lasserre, 1912; Lefébure, 1914; Aliez,
1923; Bordes, 1926; Mathieu, 1927; Atger, 1929; Bourrat, 1935.
L'Archevêché
L'ancien palais dédié autrefois
à la fille du Dey, femme du bey de Constantine, et ique soirée
au que l'on appelait, pour cela, Dar-Aziza-Bey, fut donné en 1838,
à l'évêque d'Alger comme résidence. Il faisait
partie de la Jenina .
Il fut, en 1830, occupé par un officier supérieur. Une grande
quantité de laine s'y trouvait. Hamdan ben Othman Khodja, auteur
du "Miroir", dit, en cet ouvrage, que les Turcs y avaient
laissé un nombre considérable de vêtements de luxe,
de nombreux meubles et de l'argenterie; le tout évalué à
un demi-million, que l'on vendit pour la somme dérisoire de 2.200
francs. Le Juif Ben Dran aurait mis, paraît-il, huit jours à
effectuer le déménagement de ce butin.
Le premier soin de l'évêque Dupuch fut, en arrivant à
Dar-Aziza-Bey de débarrasser les élégantes colonnes
des galeries, des couches tricolores de peinture dont les avaient, en
un sentiment plus patriotique qu'artistique, recouvertes les nouveaux
occupants de 1830.
Bientôt, ses précieuses faïences, ses délicates
broderies murales recouvrèrent leur éclat d'autrefois.
Une chapelle fut aménagée au premier étage du Palais.
Il s'y trouvait entre autres choses : une mosaïque extraite des ruines
d'Hippone, une colonne funéraire à turban de marbre, transformée
en bénitier; des débris précieux provenant de Ketchaoua,
qu'on restitua plus tard à cet édifice devenu cathédrale.
Citons une pyramide en marbre de Paros, surmontée d'un croissant,
qui formait le dessus du mimbar de l'ancienne mosquée. La rampe
de marbre de ce mimbar, incrustée de fleurs d'onyx, servant provisoirement
de table de communion. Le tombeau vide de l'évêque Marius,
trouvé à Orléansville sous l'autel de la basilique
de Saint-Réparatus. Le cercueil et le corps de ce saint.
Sous l'autel se trouvait aussi déposé le corps de Modestin;
jeune martyr de douze ans, inhumé primitivement dans les catacombes
de Rome.
Cette chapelle possédait encore une rosace en mosaïque, prise
à la Basilique de la Paix, à Hippone, en 1842, et qui figure,
aujourd'hui, au milieu du choeur de l'Eglise
Saint-Augustin d'Alger.
La collection archéologique de l'Archevêché comprit
encore: une toile roulée, de Lesueur, l'Apparition du Christ à
Saint-Benoît, une Mater Dolorosa et un saint Dominique béni
par le Christ, oeuvres ravies autrefois par les Corsaires. Un reliquaire
contenant une parcelle de la vraie Croix que la reine Christine réclama
comme ayant été pris par les pirates sur un navire espagnol.
Un crucifix servant à administrer les esclaves mourants. Des crocs
de la porte d'Azoun.
Une madone de grand prix, capturée dans les temps précédents
par les pirates et retrouvée depuis. Un tableau de l'Assomption
donné par le Pape. Un ange de caractère antique, reposant
sur un monument de marbre de Carrare, tiré des ruines d'Hippone
et pourvu d'une inscription qui mentionnait qu'à ses pieds, avait
été couché un enfant mort en son premier printemps.
Enfin, au milieu du dallage et sous la lampe de bronze, une rosace en
mosaïque provenant également d'Hippone et présentant
deux anneaux entrelacés.
En 1719, fut rachetée en ce palais, la jeune fille de la Comtesse
de Bourk. Plusieurs bénédictions nuptiales y furent données.
Citons celles de Mlle Randon et du Colonel de Fénelon, en 1856;
de Mlle Laloé et du Prince d'Annam, en 1904. L'édifice,
repris au clergé en vertu de la loi de Séparation, revint
fictivement dans la suite à celui-ci qui fut admis à l'occuper
moyennant location.
Cet édifice, classé en 1887, est intérieurement un
vrai bijou. Dans l'élégance de son architecture, les bois,
les plâtres, les marbres ciselés, les inscriptions dorées
produisent un effet délicieux. Un square dont l'emplacement sera
celui de l'ancienne Jénina l'avoisinera bientôt, espère-t-on,
du côté de l'Est.
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