les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

1.- L'Ancien Conseil Général - La Préfecture
2.- L'Archevêché

sur site le 22-3-2009

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L'Ancien Conseil Général
La Préfecture

La maison du Conseil Général, située rue de la Chartre, était, avant la conquête, propriété du beylick.

Elle servait de résidence aux consuls d'Angleterre, pour lesquels elle était louée à bail, depuis l'année 1780.

A la Conquête, sa valeur fut fixée à 80.000 francs.

Le Gouvernement consentit à continuer la location à bail de cet immeuble au Consul britannique qui avait exprimé le vif désir d'y demeurer. Le duc de Rovigo déclara à ce sujet, en 1832, dans une lettre demeurée aux archives, "qu'il convenait, en raison des relations entretenues avec l'Angleterre, de faire cette galanterie à cette puissance"

Le Consul de l'époque, Sir Robert William de Saint-John, qui occupait la maison depuis 1827, l'abandonna en 1847, à la suite d'une augmentation du prix de la location. Le Commissariat central en occupa alors une partie.

Le 19 avril 1856, l'autorité militaire, concédée temporairement de l'immeuble, y logea le général commandant l'artillerie, lequel, plus tard, demeura rue Jean-Bart.

Le 28 février 1861, l'Administration départementale prit possession de cet immeuble où fut installé le Conseil Général (institué en 1858) (1Un édifice attenant qui coûta 200.000 francs, devint la Préfecture).

Cette occupation dura jusqu'en 1909, époque où furent transférés les services départementaux de place Soult-Berg ( Nom du château du Maréchal Soult, â Saint-Amans (Tarn).) dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, édifiée rue de Constantine, en 1881, et réinstallée près de la prison civile, boulevard Valée.

La maison consulaire avait, en son deuxième vestibule, une fontaine (dont il reste une plaque de marbre ciselée) qui, sous les Deys - nous apprend un ancien document - était alimentée gratuitement par la Ville. L'Oukil des Fontaines, Hussein Khodja ben Bakir, attesta ce fait par écrit, en 1835, quand la Municipalité voulut imposer une taxe au Consul, pour l'eau qu'il recevait,

Le Consulat portait le n° 70 de la rue de la Charte. Tout près de là, dans la maison portant le n° 60, qui fut englobée par la Préfecture, habitait au XlVème siècle (voir à Rues) le grand docteur musulman, Sidi Abd-er-Rahman, Oukil en une mosquée du lieu qui fut détruite en 1859. Une inscription du Comité du Vieil Alger rappelle ce souvenir. Cette rue, avant la Conquête, était, avons nous dit précédemment, dénommée : Hammam es-Seghir (Petit Bain) et Mesyed el-Goula (Petite École de la Fée). Lors de la construction de la partie mauresque de la nouvelle préfecture, en 1912, la maison fut, au profit de celle-ci, dépourvue de ses portes, de sa balustrade du premier étage et de ses faïences. Seules demeurèrent ses massives colonnes de marbre. Des familles indigènes l'occupent aujourd'hui.

A rappeler qu'en janvier 1833, les Consuls offrirent là une magnifique soirée au duc et à la duchesse de Rovigo, nouvellement arrivés.

Un grand banquet y fut donné en octobre 1900, en l'honneur du général André, ministre de la Guerre.

La Nouvelle Prefecture

La nouvelle préfecture d'Alger ne fut qu'en 1913, complétée de la partie mauresque dont se décore le boulevard Carnot. Procéda à l'inauguration, le 4 novembre 1913, M. Paul Maurel, Sous-Secrétaire d'État à l'Intérieur.

Cette partie comprend, outre la nouvelle salle du Conseil Général, un superbe hall à parterre de jaspe, à sveltes colonnes d'onyx, à murs brodés d'arabesques et d'épigraphie - une salle de festins - un grand salon, tous deux des plus remarquables, avec la richesse de leur ornementation florale, le jeu de leurs entrelacs, l'éclat de leur céramique polychrome, leurs miradors aux délicates moucharabiehs, leurs galeries extérieures à colonnades de marbre, à verrières fleuries s'ouvrant sur le panorama algérois - le cabinet du Préfet où furent réunies maintes séductions de l'art oriental - enfin le salon et les appartements particuliers.

Le premier hôte de cette belle résidence fut M. Lasserre.

En firent la visite, M. Millerand, en avril 1922; M. Doumergue, en mai 1930.

Les Préfets d'Alger

Les Préfets d'Alger, dont la liste s'échelonne depuis 1848, furent d'abord: MM. Lautour-Mezeray; Lacroix, Gery, Levert.

Vinrent ensuite : MM. Mercier-Lacombe, 1861; Poignant, 1865; Le Myre de Vilers, 1870; Varnier, Oustry, 1871 ; d'Ideville 1873; Brunel, 1874; Lestaubière, 1878; Firbach, 1881; Henri Paul, 1889; Laroche, 1893; Christian, 1894; Granet, 1895; Génie, 1898; Lutaud, 1899; Rostaing, 1901; Verne, 1906; Périer, 1910; Lasserre, 1912; Lefébure, 1914; Aliez, 1923; Bordes, 1926; Mathieu, 1927; Atger, 1929; Bourrat, 1935.

L'Archevêché

L'ancien palais dédié autrefois à la fille du Dey, femme du bey de Constantine, et ique soirée au que l'on appelait, pour cela, Dar-Aziza-Bey, fut donné en 1838, à l'évêque d'Alger comme résidence. Il faisait partie de la Jenina .

Il fut, en 1830, occupé par un officier supérieur. Une grande quantité de laine s'y trouvait. Hamdan ben Othman Khodja, auteur du "Miroir", dit, en cet ouvrage, que les Turcs y avaient laissé un nombre considérable de vêtements de luxe, de nombreux meubles et de l'argenterie; le tout évalué à un demi-million, que l'on vendit pour la somme dérisoire de 2.200 francs. Le Juif Ben Dran aurait mis, paraît-il, huit jours à effectuer le déménagement de ce butin.

Le premier soin de l'évêque Dupuch fut, en arrivant à Dar-Aziza-Bey de débarrasser les élégantes colonnes des galeries, des couches tricolores de peinture dont les avaient, en un sentiment plus patriotique qu'artistique, recouvertes les nouveaux occupants de 1830.

Bientôt, ses précieuses faïences, ses délicates broderies murales recouvrèrent leur éclat d'autrefois.

Une chapelle fut aménagée au premier étage du Palais. Il s'y trouvait entre autres choses : une mosaïque extraite des ruines d'Hippone, une colonne funéraire à turban de marbre, transformée en bénitier; des débris précieux provenant de Ketchaoua, qu'on restitua plus tard à cet édifice devenu cathédrale. Citons une pyramide en marbre de Paros, surmontée d'un croissant, qui formait le dessus du mimbar de l'ancienne mosquée. La rampe de marbre de ce mimbar, incrustée de fleurs d'onyx, servant provisoirement de table de communion. Le tombeau vide de l'évêque Marius, trouvé à Orléansville sous l'autel de la basilique de Saint-Réparatus. Le cercueil et le corps de ce saint.

Sous l'autel se trouvait aussi déposé le corps de Modestin; jeune martyr de douze ans, inhumé primitivement dans les catacombes de Rome.

Cette chapelle possédait encore une rosace en mosaïque, prise à la Basilique de la Paix, à Hippone, en 1842, et qui figure, aujourd'hui, au milieu du choeur de l'Eglise Saint-Augustin d'Alger.

La collection archéologique de l'Archevêché comprit encore: une toile roulée, de Lesueur, l'Apparition du Christ à Saint-Benoît, une Mater Dolorosa et un saint Dominique béni par le Christ, oeuvres ravies autrefois par les Corsaires. Un reliquaire contenant une parcelle de la vraie Croix que la reine Christine réclama comme ayant été pris par les pirates sur un navire espagnol.

Un crucifix servant à administrer les esclaves mourants. Des crocs de la porte d'Azoun.

Une madone de grand prix, capturée dans les temps précédents par les pirates et retrouvée depuis. Un tableau de l'Assomption donné par le Pape. Un ange de caractère antique, reposant sur un monument de marbre de Carrare, tiré des ruines d'Hippone et pourvu d'une inscription qui mentionnait qu'à ses pieds, avait été couché un enfant mort en son premier printemps. Enfin, au milieu du dallage et sous la lampe de bronze, une rosace en mosaïque provenant également d'Hippone et présentant deux anneaux entrelacés.

En 1719, fut rachetée en ce palais, la jeune fille de la Comtesse de Bourk. Plusieurs bénédictions nuptiales y furent données. Citons celles de Mlle Randon et du Colonel de Fénelon, en 1856; de Mlle Laloé et du Prince d'Annam, en 1904. L'édifice, repris au clergé en vertu de la loi de Séparation, revint fictivement dans la suite à celui-ci qui fut admis à l'occuper moyennant location.

Cet édifice, classé en 1887, est intérieurement un vrai bijou. Dans l'élégance de son architecture, les bois, les plâtres, les marbres ciselés, les inscriptions dorées produisent un effet délicieux. Un square dont l'emplacement sera celui de l'ancienne Jénina l'avoisinera bientôt, espère-t-on, du côté de l'Est.