Alger
Alger,quelques catastrophes
extraits du numéro 116 , décembre 2006, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
sur site le 25-9-2011

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Alger,quelques catastrophes
par François Vernet

Nous avons tous vu à la télévision en son temps, la catas- trophe causée par les pluies diluviennes à Alger, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la ville étant bâtie sur un ensemble de collines. Mais Alger a connu autrefois d'autres ennuis graves. Citons par ordre chronologique :

1716: le grand tremblement de terre. Presque toutes les habitations furent détruites et un nombre indéterminé d'habitants furent ensevelis sous les décombres. La ville avait été abandonnée un temps car les violentes secousses avaient duré de février à juin.

1830: Alger venait d'être conquise. Le 13 juillet, une compagnie de voltigeurs du 32e de ligne campait aux environs du jardin du Dey, près d'une poudrière. Une cantinière imprudente alluma un feu dans le voisinage du dépôt. II s'ensuivit une explosion qui fit une quarantaine de blessés plus ou moins gravement atteints, qui furent transportés à l'hôpital du Dey.

1835: L'épouvantable tempête des 11 et 12 février causa la perte du vapeur l'Éclaireur et de 17 navires marchands. Un tableau du peintre Marcel Fatio représentait cette catastrophe. Il était exposé au Musée municipal.

1841: Le 21 janvier, une terrible tempête jeta trois navires à la côte.

1845: Le 8 mars à 22 heures, un dépôt, situé au voisinage du Penon, dans lequel se trouvaient 374 obus, 294 grenades ( Les grenades de cette époque n'avaient que peu de rapport avec les grenades à main actuelles. Il s'agissait de grosses sphères remplies de poudre et lancées par des mortiers. La mise à feu se faisait au moyen d'un morceau de roseau planté dans un trou appelé lumière; roseau qui se consumait dès le tir effectué et qui mettait le feu à la poudre.), des gargousses (499 kg de poudre au total répartis en 6 caisses), explosa. On compta 145 morts. La moitié était des artilleurs sur le point de rentrer en France. Parmi les victimes on compta le commandant Palar et Mme Segrettin, épouse du directeur du port qui ce soir là offrait le thé à ses amis et qui fut seule atteinte en cette réunion au moment où elle quittait son salon pour aller dans la chambre voisine voir son jeune enfant endormi. (VOIR :
L'explosion de la poudrière de l'Amirauté - Afrique illustrée du 9-3-1935)

En octobre 1845, il y eut un glissement de terrain à Mustapha- Supérieur. Les géologues virent la cause de ce fait dans l'insuffisante résistance du sous-sol formé de glaise. Le consulat de Suède fut détruit ainsi que plusieurs villas du ravin de Ouali-Dada. Les terres intérieures de la colline se trouvèrent en partie à découvert et on y vit là également la cause d'une épidémie de fièvre.

1850: Une catastrophe a laissé longtemps un souvenir douloureux dans la population de Bab-el-Oued : l'explosion du 4 mai 1850 qui a heureusement fait peu de victimes.

Le Génie avait été chargé du transport de blocs de pierres de Bab-elOued au môle d'Alger. Il avait été décidé qu'une mine de 4 tonnes de poudre serait tirée. Aussi, au jour dit, une nombreuse assistance d'environ 3 000 personnes, parmi lesquelles de nombreuses dames, se rendit dès le matin dans les environs de la carrière et cette foule s'étalait de Bab-el-Oued jusqu'aux Tagarins.

À 8 h 45, il y eut une forte détonation indiquant qu'on venait de mettre le feu à la mèche. Il fallait compter une vingtaine de minutes pour que le feu parvînt aux deux fûts contenant l'un 2,5 tonnes de poudre, l'autre 1,5 tonne.

La mèche de la première galerie fit d'abord exploser 21 boîtes pyrotechniques en signe d'allégresse pour célébrer l'anniversaire de la République. Quelques minutes après une terrible détonation éclata à l'intérieur de la montagne, une épaisse fumée couvrit la carrière, une mitraille de pierres et de quartiers de roches fut lancée vers la ville à des distances incroyables.

Des personnes placées à 800 m de la carrière furent atteintes, les projectiles arrivèrent jusqu'à la Casbah. Le juge Jourdan qui se trouvait à 600 m du lieu de l'explosion, près du cimetière des Consuls, fut touché mortellement. Il y eut en tout huit morts et vingt-et-un blessés.

L'ébranlement fut si fort qu'au quartier de la Vigie et à Sidi ben Nour les habitants crurent à un tremblement de terre.

Une pyramide fut placée à l'endroit où se produisit la catastrophe. Il est à noter que d'autres mines explosèrent par la suite sans faire de victime.

Notons celle du 5 octobre 1852 (10 tonnes de poudre) qui détacha des entrailles de la montagne 40000 m3 de pierre et celle du 30 décembre 1853 (7 tonnes de poudre).