Alger,quelques
catastrophes
par François Vernet
Nous avons tous vu à la télévision
en son temps, la catas- trophe causée par les pluies diluviennes
à Alger, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la ville
étant bâtie sur un ensemble de collines. Mais Alger a connu
autrefois d'autres ennuis graves. Citons par ordre chronologique :
1716: le grand tremblement de terre.
Presque toutes les habitations furent détruites et un nombre indéterminé
d'habitants furent ensevelis sous les décombres. La ville avait
été abandonnée un temps car les violentes secousses
avaient duré de février à juin.
1830: Alger venait d'être conquise.
Le 13 juillet, une compagnie de voltigeurs du 32e de ligne
campait aux environs du jardin du Dey, près d'une poudrière.
Une cantinière imprudente alluma un feu dans le voisinage du dépôt.
II s'ensuivit une explosion qui fit une quarantaine de blessés
plus ou moins gravement atteints, qui furent transportés à
l'hôpital du Dey.
1835: L'épouvantable tempête
des 11 et 12 février causa
la perte du vapeur l'Éclaireur et de 17 navires marchands. Un tableau
du peintre Marcel Fatio représentait cette catastrophe. Il était
exposé au Musée municipal.
1841: Le 21
janvier, une terrible tempête jeta trois navires à
la côte.
1845: Le
8 mars à 22 heures, un dépôt, situé
au voisinage du Penon, dans lequel se trouvaient 374 obus, 294 grenades
( Les grenades de cette époque
n'avaient que peu de rapport avec les grenades à main actuelles.
Il s'agissait de grosses sphères remplies de poudre et lancées
par des mortiers. La mise à feu se faisait au moyen d'un morceau
de roseau planté dans un trou appelé lumière; roseau
qui se consumait dès le tir effectué et qui mettait le feu
à la poudre.), des gargousses (499 kg de poudre au total
répartis en 6 caisses), explosa. On compta 145 morts. La moitié
était des artilleurs sur le point de rentrer en France. Parmi les
victimes on compta le commandant Palar et Mme Segrettin, épouse
du directeur du port qui ce soir là offrait le thé à
ses amis et qui fut seule atteinte en cette réunion au moment où
elle quittait son salon pour aller dans la chambre voisine voir son jeune
enfant endormi. (VOIR : L'explosion
de la poudrière de l'Amirauté
- Afrique
illustrée du 9-3-1935)
En octobre 1845, il y eut un glissement
de terrain à Mustapha-
Supérieur. Les géologues virent la cause de ce
fait dans l'insuffisante résistance du sous-sol formé de
glaise. Le consulat de Suède fut détruit ainsi que plusieurs
villas du ravin de Ouali-Dada. Les terres intérieures de la colline
se trouvèrent en partie à découvert et on y vit là
également la cause d'une épidémie de fièvre.
1850: Une catastrophe a laissé
longtemps un souvenir douloureux dans la population de Bab-el-Oued : l'explosion
du 4 mai 1850 qui a heureusement fait
peu de victimes.
Le Génie avait été chargé du transport de
blocs de pierres de Bab-elOued au môle d'Alger. Il avait été
décidé qu'une mine de 4 tonnes de poudre serait tirée.
Aussi, au jour dit, une nombreuse assistance d'environ 3 000 personnes,
parmi lesquelles de nombreuses dames, se rendit dès le matin dans
les environs de la carrière et cette foule s'étalait de
Bab-el-Oued jusqu'aux Tagarins.
À 8 h 45, il y eut une forte détonation indiquant qu'on
venait de mettre le feu à la mèche. Il fallait compter une
vingtaine de minutes pour que le feu parvînt aux deux fûts
contenant l'un 2,5 tonnes de poudre, l'autre 1,5 tonne.
La mèche de la première galerie fit d'abord exploser 21
boîtes pyrotechniques en signe d'allégresse pour célébrer
l'anniversaire de la République. Quelques minutes après
une terrible détonation éclata à l'intérieur
de la montagne, une épaisse fumée couvrit la carrière,
une mitraille de pierres et de quartiers de roches fut lancée vers
la ville à des distances incroyables.
Des personnes placées à 800 m de la carrière furent
atteintes, les projectiles arrivèrent jusqu'à la Casbah.
Le juge Jourdan qui se trouvait à 600 m du lieu de l'explosion,
près du cimetière des Consuls, fut touché mortellement.
Il y eut en tout huit morts et vingt-et-un blessés.
L'ébranlement fut si fort qu'au quartier de la Vigie et à
Sidi ben Nour les habitants crurent à un tremblement de terre.
Une pyramide fut placée à l'endroit où se produisit
la catastrophe. Il est à noter que d'autres mines explosèrent
par la suite sans faire de victime.
Notons celle du 5 octobre 1852 (10
tonnes de poudre) qui détacha des entrailles de la montagne 40000
m3 de pierre et celle du 30 décembre 1853
(7 tonnes de poudre).
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