ESSOR DE L'ALGÉRIE - 1947

14.-L'industrialisation
19.-L'industrialisation


ici, mars 2016

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L'expérience de la guerre en abandonnant l'Algérie à ses propres ressources a montré avec un relief saisissant le besoin de réforme de structure de ce pays. Son industrialisation prudente et modérée est indispensable pour deux raisons essentielles, l'une démographique, l'autre économique.

L'accroissement particulièrement rapide de la population risque un jour de dépasser celui des moyens de subsistance et seule une industrie, sinon puissante, du moins multiple pourra utiliser des milliers de bras inoccupés, mobiliser une force de travail immense en puissance et en inclure la valeur dans des produits échangeables, c'est-à-dire finalement porter les subsistances au niveau des besoins. Seul un peuple actif et tout entier voué au labeur agricole et industriel peut devenir un acheteur intéressant.

Nombreux sont les pays qui nous ont donné l'exemple du passage de l'économie agricole à l'économie complexe que l'Algérie s'apprête à franchir d'une manière mesurée avec des prolongements et des enchevêtrements de ces systèmes.

Four des verreries de la Senia
Four des verreries de la Senia

La guerre a démontré que l'Algérie privée du bénéfice de ses exportations et livrée à ses propres ressources est un pays pauvre, elle a cependant depuis 194o mis en œuvre toute son ingéniosité pour parer à sa disette.

La loi de substitution a joué : la fabrication du sucre de raisin a été tentée non sans succès, l'extension de culture de plantes oléagineuses a été poursuivie, la sparterie grâce à l'abondance de la matière première qu'elle utilise et à la dextérité ancestrale de la main-d'œuvre indigène dans ce domaine a accru sensiblement sa production, 'la fabrication de conserves alimentaires a été tentée souvent avec des moyens de fortune, la distillation de l'alcool a été poussée, l'artisanat s'est développé, une verrerie a été fondée à La Sénia, et l'industrie du tissage a pris son essor notamment à Tlemcen à partir des modestes ateliers de cette vieille cité industrieuse. Si modestes que soient les résultats obtenus au cours d'une période difficile ils sont un encouragement au dessein d'équiper industriellement l'Algérie dans la mesure permise par les conditions et les aptitudes naturelles.

L'administration algérienne sous l'impulsion de M. Yves Chataigneau, Gouverneur général, a dressé un plan quinquennal d'industrialisation dont une première série de projets sont relatifs aux industries dérivant de l'agriculture ; création d'une " chaîne du froid " qui drainera les fruits et les viandes de l'intérieur vers la côte et les ports d'embarquement; création d'usines à sucre dans les régions d'Affreville et de Relizane, d'industries de la conserve, de la pulperie, de jus de fruits, d'huileries, de savonneries, d'usines de traitement du liège, du bois, de l'alfa, du cuir et des textiles.

L'effort de l'Algérie dans le domaine des industries chimiques portera particulièrement sur les industries de production à destination agricole : accroissement de la production des usines existantes d'acide sulfurique et superphosphates, engrais composés, acide chlorhydrique et sulfate de cuivre, création d'une industrie de l'anhydride sulfureux, des insecticides agricoles, de l'acide tartrique et citrique, du sulfure de carbone, de trichlorethylène, traitement des os (suif, colle, engrais, gélatine) fabrication d'extraits tannants.

L'industrie lourde sera représentée par la fabrication de soude, de carbonate de soude, de chlore, de produits chlorés, d'une quantité de carbure de calcium limitée aux besoins essentiels des temps de crise, la dépense d'énergie électrique nécessaire à cette fabrication étant très élevée.

La création, déjà étudiée en 1941, d'une industrie de grosse métallurgie est de nouveau projetée en vue de la production de la fonte et de l'acier à Bône, c'est-à-dire à proximité des mines de fer de l'Ouenza. Parallèlement, la distillation des goudrons provenant de la fabrication du coke métallurgique permettra une industrie de l'ammoniaque et du sulfate d'ammonium.

Des industries diverses projetées entrent dans une phase active de réalisation. Sont dans ce cas : les verreries d'Afrique du Nord (La Sénia) susceptibles de fabriquer 30 tonnes de verres creux par jour, les faïenceries de la région de Berrouaghia. Ces deux établissements doivent fonctionner incessamment.

D'une manière générale le plan quinquennal d'industrialisation prévu coordonne les divers projets suggérés depuis un certain temps par des industriels ou des groupements industriels métropolitains ou algériens et suppose le libre exercice des initiatives privées.

Là où l'initiative privée ne suffira pas, le Gouvernement général de l'Algérie y suppléera. Les conditions les plus favorables sont offertes aux initiatives privées par des allégements fiscaux, l'octroi de crédits, l'assouplissement très sensible du formalisme administratif.

Conditionné par une électrification suffisante, par une formation professionnelle adaptée aux besoins du pays, l'industrialisation de l'Algérie qui s'annonce sous les meilleurs auspices pourra peut-être bénéficier dans un avenir plus ou moins éloigné de la captation de l'énergie solaire et calorifique si généreusement dispensée par le ciel saharien.

En attendant les progrès de la science permettant de telles éventualités, qui restent pour le moment dans le domaine de l'imagination et le secret des laboratoires, l'Algérie travaille, s'équipe, et crée avec les moyens mécaniques et humains actuels, des industries capables d'améliorer la vie économique et sociale de ses populations.
( pas de nom d'auteur)