EL-KSEUR en 1900
extraits du numéro 117 , mars 2007 , de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
majorée le 20-1-2012

Christian Vebel - l' un des Trois Baudets célèbre El-Kseurien, collabora jusqu'à son décès à l'algérianiste. Il nous avait adressé le dessin et le texte reproduits ci-contre qui évoquaient sa naissance.( Note du site: à voir dans le PDF)

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El-Kseur en 1900
par Edgar Scotti

A 92 km de Fort-National, sur la route de Bougie dont il est distant de 24 km, ce chef-lieu de commune dominait la vallée de l'oued Sahel. Il était situé sur la ligne du chemin de fer de Beni-Mansour à Bougie, dont la voie ferrée traverse l'oued et passe dans la plaine de l'oued Amizour après avoir franchi un tunnel de 225 m de long, avant de revenir sur la rive gauche pour se diriger vers Il-Maten. Une station des Chemins de fer de l'Est Algérien à 3 km était, en 1900, reliée au village par deux entreprises de voitures de place. ElKseur se trouvait sur le chemin de grande communication n° 21 de Tizi-Ouzou à Oued-Amizour et sur le n° 3 de Beni-Mansour à Bougie avec des liaisons maritimes assurées sur Port-Gueydon, Dellys et Alger.

Le village a été créé en 1872, sur 3 558 ha en plaine et coteaux.

À 2 km à l'est d'El-Kseur, se trouvait Tiklat, un lieu-dit qui abritait les ruines fort belles de Tubusbtus dotées de remarquables citernes alimentées par une
conduite d'eau douce, dite " Anser Arbalalj ", de 14 km de longueur, construite par les Romains. Le nom même d'El-Kseur, signale l'existence de ces vestiges puisqu'il signifie les ruines. En effet, des colonnes de granit et autres traces d'un passé romain parsemaient le territoire de la commune.
L'eau d'alimentation y était d'excellente qualité, mais en quantité insuffisante. En 1900, un projet de remise en état de la conduite romaine devait permettre une abondante distribution d'eau dans chaque immeuble et maison. Les températures variaient entre 10 °C au-dessus de 0 °C en hiver et 42 °C en été.
Le village disposait d'écoles de garçons, de filles et d'une maternelle. Un petit marché quotidien se tenait tous les jours dans la halle, avec un grand marché du lundi, à l'entrée du village. En 1900, le village d'Il-Maten faisait partie de la commune d'El-Kseur qui comptait 4038 habitants dont 438 Français.

Exposée aux risques climatiques et notamment à la sécheresse, la région d'ElKseur est très favorable à la culture des céréales : blé, orge, avoine, sorghobéchena, aux légumineux pois chiches, ainsi qu'aux cultures arbustives : figuiers, caroubiers, oliviers. Avec ses forêts d'oliviers, El-Kseur abritait des huileries et savonneries. Pendant quelque temps des moteurs d'automobiles furent même lubrifiés à l'huile d'olive.

Des terres profondes étaient propices à la viticulture. Au tout début du xxe siècle, un petit vignoble de 200 ha donnait 5500 hectolitres d'excellents vins rouges et blancs dont la teneur alcoolique et les qualités organoleptiques étaient reconnues et appréciées en Suisse et dans le Jura français.

Que reste-t-il aujourd'hui de ce vignoble que des hommes entretenaient toute l'année ?

Administration municipale

Maire: Charles Noël;
adjoint: Armand Charotte;
secrétaire : Jules Dresche;
garde champêtre: Jean-Baptiste Bergeon;
architecte voyer : Charles Talamas, conducteur des Ponts et Chaussées;
médecin de colonisation: Dr Paul Claverie;
curé : abbé Duny;
pasteur: pasteur Hosart;
Eaux et Forêts : MM. Lafaurie, Charlemagne et Legaly, gardes forestiers;
instituteurs : MM. Marcaillou et Deleuze,
adjoint;
institutrices: Mme Marcaillou et Mlle Jeanne Bonnemaison, adjointe;
cadi-notaire: Si Mohamed ould Maklouf;
interprète: Ismael ben Mohamed Hadj Ali;
vétérinaire: Dr Verdin chargé de la quatrième circonscription;
postes et télégraphe : Mme Badin, receveuse;
facteurs ruraux: MM. Jean Dresche et Albert Enert;
chef de gare : M. Joseph Saureil.

Artisans et commerçants

- Agent d'affaires: M. Maillé; avocats : Me Gall et Me Maillé; éleveur de bestiaux: M. Falconnet; boucher : Moktar ben Bélaïd ; bourrelier: Auguste Moucan; cafetiers: Mme Vve Anungal, MM. Pradal et Joseph Moucan; cafetiers maures: MM. Zaïdi Mohamed ben Brahim, Ouennaughi Mekki, Marceau, Amar Ben Ali; charrons forgerons: Mme Vve Lesbres, MM. Auguste Maurice et Pierre Viboud; coiffeurs : MM. Ramdane, Mohand ; cordonniers : MM. Petrazza, Ferdinand Clouet, Arfi Kafala; épicier: M. Antoine Franzini; commerce de figues caroubes: MM. Laussinot et Mahieddine; hôteliers: M. Joseph Pradal à l'Hôtel des Voyageurs; moulin à huile : Mme Vve Honorat; maréchaux-ferrants : Mme Vve Lesbres et M. Maurice; matériaux de construction: Mme Vve Jury, M. Cielvo; menuisiers : 1VIM. Cielvo et Paparelle; minotier: M. Jean Dufour; munitionnaire aux vivres: M. Clouet; munitionnaire aux fourrages: M. Armand Charotte; nouveautés: Mme Vve Juny; propriétaire notable: M. Étienne Laussinot; sellier harrtacheur : M. Auguste Moucan; tabac: Mme Vve Jury; teinturier: M. Arfi; transports terrestres: MM. Charotte, Fiorio, Sebili Mohamed, Trotot, Mme Vve Honorat; vétérinaire: Dr Verdin.

Éleveurs, agriculteurs et viticulteurs

Nombreux élevages de bestiaux, ovins, bovins et équins : MM. Bruyas, Charotte, Carton, Dufour, Nofred Ferrer, Guggia et Girard, Mme Vve Paul Bert, MM. Bornand frères, Félix Bornand, Bruyas, Butticaz, Carton, Charotte, Guggia, Noël, Schindler et Auguste Vasserot

Les vestiges de l'époque romaine ont donné leur nom à El-Kseur, " les ruines ". Mais que restera-t-il du souvenir des hommes et femmes qui, au prix de beaucoup de sacrifices, y apportèrent un savoir-faire et une certaine prospérité? Ces mêmes hommes et femmes venus de toute l'Europe sont à l'origine de cette Algérie qui, certes, n'était pas un Eldorado, mais où chacun pouvait, pour être utile à tous, exercer un métier conforme à sa culture et à ses traditions.

Cette note trop succincte permettra peut-être à tous ceux qui eurent des attaches familiales à El-Kseur, d'y trouver des réponses aux questions qu'ils se posent sur ce que leurs aïeux pouvaient bien faire dans ce village. Ils auront alors la possibilité d'en combler les lacunes, de la compléter et de la développer à l'aide de leurs propres archives familiales. Ils iront ainsi à la rencontre de leurs racines, non pas pour eux, ni pour des rues ou des bâtiments, dont il ne subsiste aujourd'hui que des ruines, mais pour partager avec d'autres un peu de l'esprit de ceux qui en furent à l'origine.

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Cette remise en mémoire du village d'El-Kseur a été rendue possible grâce aux archives du Dr Georges Duboucher, de Robert Bornand et Jacques Piollenc. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés.