modifiée
le 11-11-2003
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Entre le Gué du Bou Roumi et celui de l'Oued Djer, au pied de l'Atlas Tellien, de basses collines s'avancent sur les alluvions de la plaine. Elles dominent et surveillent les routes antiques de Sufazar (Blida) à Cesarae (Cherchell) et la voie romaine de l'Oued Djer au Chélif f par Miliana et Appidium Novum (Affreville). Point de passage obligatoire au sud des marécages du lac Halloula et de la Mitidja, ce tronçon de route a toujours été le lieu des batailles que livraient les montagnards avides, encadrés par les Turcs, aux caravanes et aux voyageurs mal gardés, ainsi qu'aux laboureurs de la vallée... El Affroun... |
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-----Entre
le Gué du Bou Roumi et celui de l'Oued Djer, au pied de l'Atlas
Tellien, de basses collines s'avancent sur les alluvions de la plaine.
Elles dominent et surveillent les routes antiques de Sufazar (Blida)
à Cesarae (Cherchell)
et la voie romaine de l'Oued Djer au Chélif f par
Miliana et Appidium Novum
(Affreville).
Point de passage obligatoire au sud des marécages du lac Halloula
et de la Mitidja, ce tronçon de route a toujours été
le lieu des batailles que livraient les montagnards avides, encadrés
par les Turcs, aux caravanes et aux voyageurs mal gardés, ainsi
qu'aux laboureurs de la vallée... El Affroun... ce nom de lieu,
transmis par la langue du pays, évoque les plus terribles réalités
le vol, le pillage, le viol et le rapt des femmes, la razzia des troupeaux,
l'incendie des habitations, la torture et le meurtre des hommes qui défendaient
leurs familles ou leurs pauvres moyens de subsistance, en un mot, l'oppression
: c'est tout cela qu'a fait cesser la pacification française à
partir de 1840.
-----De 1848 à la fin du XIXe siècle, l'histoire d'El Affroun est l'histoire douloureuse de la plupart des villages de colonisation de la Mitidja, de leurs débuts souvent tragiques, dans des territoires infestés de paludisme, avec le typhus, le choléra, la dysenterie endémiques. Les pionniers de la colonisation agricole de 1848-1849, suivis des déportés de 1850 et des colons libres des années suivantes, ont peu à peu transformé cette "terre infernale ", comme on l'appelait alors. Ils n'avaient pas eu la chance de trouver réunis, sous un climat modéré, un sol facile à exploiter, et de l'eau en quantité suffisante pour les hommes, les animaux et leurs cultures. Leurs efforts furent rudes, à la mesure de la nature hostile, et le succès vint lentement. Cette lenteur, d'ailleurs, n'est pas seulement imputable aux tâtonnements et aux erreurs individuelles ou collectives des colons il serait contraire à la vérité historique d'ignorer les lenteurs de l'Administration de ce temps, qui pesèrent lourdement sur l'avenir de cette colonie agricole. Rien n'était fait de ce qu'elle avait promis ------Les maisons n'étaient pas construites, les rues n'étaient marquées que par des piquets fichées en terre. Les arrivants furent entassés pêle-mêle dans des baraques où la promiscuité rendait la vie douloureuse. Les semences annoncées par l'Etat n'arrivaient pas, le matériel agricole, même l'outillage de jardin, était de qualité plus que médiocre. La viande, corrompue et immangeable, fut supprimée, puis remplacée par de la morue -----Cependant - les documents historiques en témoignent - les colons de 1848 n'ont pas plus mal réussi que ceux établis par l'Etat, en Algérie, à d'autres époques. S'il y eut des défaillants, ils furent remplacés au fur et à mesure. Quand ils eurent surmonté les mille inconvénients provenant d'un changement de climat, et du bouleversement de leur vie, de leur métier, de leurs habitudes, ils se montrèrent aussi tenaces, aussi travailleurs, aussi économes que leurs devanciers ; ils ajoutèrent à ces qualités un esprit d'initiative et d'entreprise qui les conduisit au succès. Les épreuves ne leur avaient pas été épargnées : les terribles épidémies causaient l'encombrement des cimetières, les tremblements de terre qui laissaient toutes les maisons en ruines et des dizaines de cadavres sous les décombres, les nuages de sauterelles qui ravageaient les récoltes, apportant avec elles la famine et le typhus; toutes les angoisses et toutes les souffrances, les pionniers les ont endurées de 1848 à 1870 avec une ténacité et un courage indomptables. Quand l'industrie du crin végétal, de création récente dans le Sahel, fut transportée, en 1869, à El Affroun, le bien-être entra partout: les salaires et les profits améliorèrent la condition générale. Jusqu'à la grande époque de la viticulture, on peut dire que les colons de ce pays ont vécu et prospéré de la production de crin végétal. Mais le destin d'El Affroun fut définitivement fixé quand vinrent la vigne et le tabac, cultures riches et sociales. L'esprit de collaboration, de mutualité et de coopération fut la force vive et le levier qui donna tout son essor à cette belle région. Comme dans toutes les autres régions agricoles de l'Algérie, cet esprit se manifesta par d'importantes réalisations et créations, parmi lesquelles les associations agricoles méritent la première place. -----Les Associations agricoles d'El Affroun se sont attachées à réaliser une oeuvre double : - créer des institutions tendant à l'accroissement de la richesse générale, c'est-à-dire une amélioration de la production agricole, en utilisant comme moyen d'action la coopération. L'ensemble de ces institutions forme ce que l'on peut appeler l'oeuvre économique ; - créer d'autre part des institutions tendant à faire profiter la population entière de la prospérité ainsi accrue, en contribuant au mieux-être de tous : c'est là l'oeuvre social EL AFFROUN,INSTITUTIONS ECONOMIQUES -----La
Caisse Régionale d'El Affroun s'est fixée pour but essentiel
de faciliter, par le crédit, la tâche combien difficile des
colons et des fellahs. En 1955, les prêts consentis se sont élevés
à plus d'un milliard et demi de francs, dont furent bénéficiaires
200 sociétaires européens et 450 sociétaires musulmans.
Par ailleurs, administrée de façon très souple, elle
est devenue familière à la majeure partie de la population
de la région, qui lui confie toutes ses opérations bancaires
et d'importants dépôts de fonds. Elle a vraiment été,
et reste encore, la base solide sur laquelle repose tout ce qui existe
dans la zone d'El Affroun en fait d'oeuvres mutualistes et sociales, dont
la création eût été impossible sans elle. -----Les
Associations agricoles d'El Affroun auraient jugé qu'elles avaient
incomplètement rempli leur rôle si elles n'avaient pas prolongé
leur oeuvre économique par un ensemble de réalisations sociales
de même envergure. Ici comme là, l'idée directrice
a été d'étendre à tous des bienfaits réservés
à une minorité de privilégiés. En particulier,
les Associations Agricoles ont fait porter leur effort sur la population
indigène, cherchant à la faire profiter de leur activité
économique et à l'associer à leur oeuvre. - El Affroun-Assurances
sociales. Cet organisme, créé en 1949, assure le service
de la S. Sociale dans le secteur agricole de la région. Cette caisse
perçoit les cotisations patronales et ouvrières, constitue
les dossiers éventuels de ses assujettis et paye les prestations
correspondant aux maladies. Elle verse, d'autre part, un pécule
à la naissance et un capital aux ayants-droit de l'assuré
social décédé. ."Les trois
Provinces d'Algérie au Sahara. (Père Roger DUVOLLET). |