Le Service de diffusion
cinématographique du Gouvernement Général de l'Algérie
« Il
faut, en tout cas, de façon ou d'autre, que te cinéma trouve
dans quelque élément de la vie spirituelle et artistique,
ce qui peut en faire autre chose qu'un avilissant sous-produit du plus
bas commerce... »
André BAZIN,
Professeur à l'Institut des Hautes études Cinématographiques,
Paris.
Au cours du premier semestre de l'année
1947, la création de la délégation générale
au Plan a entraîné le passage de certains services au Cabinet
du Gouverneur général de l'Algérie. C'est ainsi que
l'ex-Section de propagande de la Direction des Réformes a été
rattachée directement au Service d'Information et de Documentation
du Cabinet, où elle pris le nom de : " Service de diffusion
cinématographique de l'Algérie ".
L'action de ce service s'est manifestée de différentes manières
au cours de ces quatre dernières années (Consulter
" Documents Algériens ", série sociale, n°
16, du 20 novembre 1946. Cinéma, camions de projections.)
et a pu s'amplifier d'une façon assez im portante, malgré
certaines difficultés rencontrées, avec, d'abord, l'aide
de l'ex-Direction dés Réformes d'une part et, d'autre part,
avec l'appui continuel du Service d'Information et de Documentation, du
Service du Cinéma algérien et des maisons algéroises
de distribution de films.
Ce sont donc la structure, les attributions, le fonctionnement et l'activité
du S.D.C. ( Service de diffusion cinématographique.)
que nous allons examiner maintenant.
STRUCTURE.
Le S D C. comporte :
- Un chef de service ;
- Deux équipes attachées à chacun des deux camions
de projections cinématographiques ;
- Un secrétariat.
ATTRIBUTIONS ET FONCTIONNEMENT.
Le chef de service assure la direction du S.D.C. Il est chargé
des rapports avec les différentes directions du Gouvernement général,
le Service du Cinéma algérien, le Cabinet, les Pr.Tfets,
les responsables des services similaires de Tunisie ou du Maroc, les chefs
dés Sections cinématographiques des Ministères de
l'Education nationale, des Colonies, de l'Agriculture, etc..., la Radiodiffusion,
les distributeurs et producteurs de films. Il élabore les programmes,
oriente la constitution de la filmathèque, choisit les disques
et les films, met sur pied les circuits, les tournées et les séances.
Il contrôle le personnel et assure la gestion des crédits
mis à sa disposition pour les dépenses de fonctionnement
du service. Il entretient, enfin, des contacts permanents avec le Service
des liaisons nord-africaines, le Service Cinématographique des
armées et rend compte de l'activité de son organisme au
chef du Service d'Information et de Documentation du Cabinet.
Les équipes des camions de projections comprennent chacune :
- Un chef de bord, adjoint au chef du S.D.C. ;
- Un chauffeur-mécanicien-électricien ;
- Un opérateur dé projections et de prises de vues ;
- Un speaker-traducteur.
Ces équipes, sous le contrôle étroit du chef du S
D.C., assurent l'organisation et la réalisation de tournées
par camions de projections dans les villes, villages et douars d'Algérie,
ainsi que celles de projections en salle. Elles mettent au point les diffusions
de disques et les enregistrements par dispositif spécial placé
sur les véhicules du S.D.C. Elles procèdent aux montages
cinématographiques à l'aide de bandes mises à la
disposition du service par le Service du Cinéma algérien
ou par des distributeurs locaux ou métropolitains. Elles préparent
les tournées en salle de travail. Elles procèdent à
l'entretien, aux réparations des véhicules et des appareils
de son et de projections dans un atelier spécialement équipé,
situé dans le bâtiment du Gouvernement
général. Elles s'occupent des diverses formalités
nécessaires au fonctionnement du service (carburants, lubrifiants,
matériel, etc...).
MATERIEL.
Le Secrétariat du S.D C., placé sous l'autorité directe
du chef de service et de ses adjoints, procède à la dactylographie
et au classement des différentes correspondances, notes, rapports,
etc.. ; à l'enregistrement du courrier, au dépouillement
des articles de la presse française ou musulmane, à exploiter
en cours de tournées par micro ou disques.
Au Secrétariat sont rattachés les deux speakers-traducteurs
qui, lorsqu'ils ne sont pas en tournées, procèdent à
la préparation des commentaires des films, des causeries, des annonces
et des thèmes divers ou à l'élaboration des textes,
des affiches, affichettes et brochures éditées en langue
arabe par les soins du Gouvernement Général.
Le S.D.C. a fait l'acquisition à Paris, en février 1946
et en février 1947, de deux camions de projections cinématographiques.
Ces véhicules, qui constituent des prototypes, ont été
entièrement réalisés par des firmes françaises
a avec du matériel français. Amplificateurs, projecteurs,
micros, tourne-disques, mélangeurs de son, etc..., sont d'une rare
puissance et permettent des diffusions et des projections en plein air,
à longue portée et sans déformation.
Une voiture automobile de tourisme permetégalement au S D.C. le
transport d'un appareil de projections 16 mm avec ses accessoires, pour
séances en salle.
Ce matériel est vérifié, entretenu dans un atelier
équipé selon les conditions les plus modernes. Films et
disques sont entreposés dans un " bloc kauss " situé
dans l'atelier et climatisé par circulation d'air.
Depuis mai 1947, un dispositif d'enregistrement de disques, amovible et
facilement transportable, es* venu compléter l'équipement
du S.D.C. Ces appareils sont utilisés en cours de tournées
pour des enregistrements folkloriques, en liaison avec les émissions
de langue arabe et de langue kabyle de Radio- Algérie.
ACTIVITE.
Le cinéma étant un moyen incomparable d'expression, d'enseignement
et d'éducation, le S.D.C. a étendu son champ d'action en
Algérie et met au point actuellement une diffusion méthodique
de films sur certains écrans du Maroc ou de Tunisie et de quelques
pays étrangers.
En Algérie, l'effort du S.D.C. a porté sur :
- Les populations musulmanes rurales des crois départements et
de certains points des territoires du Sud ;
- Les colonies de vacances contrôlées par l'Inspection départementale
des Mouvements de jeunesse et d'éducation populaire ;
- Les centres permanents d'éducation surveillée ;
- Les établissements scolaires ;
- Les ciné-clubs ;
- Les foyers ruraux d'Hassi-bou-Nif (Oranie) et de Taine (Alger) ;
- La société sportive de Laghouat ;
- Les casernes et écoles militaires ;
- Les grandes manuvres de la Division Territoriale
d'Alger ;
- La Croix-Rouge Française ;
- Le Cercle franco-musulman d'Alger ;
- Le Fezzan (par envoi de films 16 mm à la mission française),
et en organisant des séances privées, à la demande
de personnalités algériennes
Il a également collaboré à l'orientation de bandes
documentaires en liaison étroite avec le Service du Cinéma
algérien.
Ainsi, depuis le mois de juin 1946, cent quatre-vingt-seize séances
gratuites ont été organisées sur le territoire algérien
par le Service de Diffusion cinématographique.
Au cours de celles-ci, des films parlants et sonores de documentation,
d'actualités, des bandes instructives et documentaires, des dessins
animés et des films commerciaux ont été projetés
avec succès.
a) Films
de documentation.
- " Pèlerins de la Mecque ", en langue arabe (35 mm.),
- " Ecoles militaires nord-africaines " (35 mm. ),
- " Regards sur l'Union française " (35 mm.),
- " La Loi du Talion " (355 mm. et 16 mm.),
- " Avec ceux des Goums " (35 mm. et 16 mm. ),
- " Oranie " (35 mm.),
- " Sur la route ", ( film sonorisés en français
et en arabe. Réalisés à la demande du Service Cinématographique
de l'Algérie en 35 mm.)
- " Algérie au travail ", ( film sonorisés en
français et en arabe. Réalisés à la demande
du Service Cinématographique de l'Algérie en 35 mm.)
- " Algérie moderne ", ( film sonorisés en français
et en arabe. Réalisés à la demande du Service Cinématographique
de l'Algérie en 35 mm.)
- " Unité française ",( film sonorisés
en français et en arabe. Réalisés à la demande
du Service Cinématographique de l'Algérie en 35 mm.)
- " Algérie, terre française ",( film sonorisés
en français et en arabe. Réalisés à la demande
du Service Cinématographique de l'Algérie en 35 mm.)
- " Aux Lieux Saints de l'Islam en 1946 ( film sonorisés en
français et en arabe. Réalisés à la demande
du Service Cinématographique de l'Algérie en 35 mm.et 16
mm.).
- " Bataille infernale dans le Pacifique " (35 mm.),
- " Les Gars de Leclerc " (35 mm.),
- " Forteresses volantes " (35 mm.),
- " La Bourgogne " (en 35 mm. et en 16 mm.),
- " Kabylie " (en 35 mm. et en 16 mm., en voie de sonorisation
en arabe et en kabyle),
- " Jeunesse du Monde" : Préparation au Jamboree de la
Paix " (en 35 mm.).
b) Bandes
d'actualité.
- " Magazines nord-africains " (en 35 mm.),
- " Les Actualités françaises " (en 35 mm. et
en 16 mm.).
c) Bandes
instructives et documentaires.
- " Les Arts du Feu " (Limoges - Baccarat) (en 35 mm.),
- " J'ai fait escale à Bordeaux " (en 16 mm.),
- " Les Solitaires de la grande forêt " (en 35 mm.),
- " Assaut des Montagnes " (en 16 mm.),
- " Les Sources de la Ville : Les Alpes " (en 16 mm.),
- " Dans le ciel des frontières " (en 16 mm.),
- " Tennis " (en 16 min.),
- " Cross-country " (en 16 mm.),
- " La Réunion, terré sucrière française
" (en 16 mm.),
- " Au Royaume des Jouets " (en 35 mm.),
- " Les Enfants et les Bêtes " (en 35 mm.),
- " Autour de la piste " (en 35 mm. et en 16 mm.),
- " Rythmes " (en 35 mm.),
- " Galerie d'Art " (en 16 mm.).
d) Dessins
animés.
- Dessins animés de la Paramount, de la Société R
K.O.,
- " Bou Saâd, Djelloul et les moustiques ", réalisé
par la Direction de la Santé publique. Sonorisé en arabe
(en 35 mm.),
- " La lutte contre le paludisme ", sonorisé en arabe
(en 35 mm.).
- " La Belle et la Bête ",
- " Sylvie et le fantôme ",
- " Pontcarral ",
- " La belle aventure ",
- " Petites pestes >>,
- " Ademaï, bandit d'honneur ",
- " Les deux Vagabonds ",
- " Septième Porte " (version arabe),
- " De Tunis à Rome ", (Projetés également
en 16 mm.)
- " Débarquement Sud ",(Projetés également
en 16 mm.)
- " Le Fils du Shériff ",
- " Sentinelles de l'Empire ".
Durant ces différentes tournées, les camions et la voiture
légère du S.D.C. ont parcouru près de onze mille
kilomètres et ont pu toucher environ 350.000 spectateurs. En certains
points de la Kabylie, des arrondissements d'Aumale, d'Orléansville
et du Constantinois, les équipes des véhicules ont enregistré
jusqu'à 10 000 spectateurs pour une seule séance.
Il y a lieu de mentionner également que les véhicules du
S.D.C ont pris part d'une façon efficace, en octobre 1946, à
l'embarquement des pèlerins se rendant à la Mecque, en diffusant
à leur intention des consignes, des disques et des souhaits de
bon voyage. D'autre part, l'un des camions de projections a fait une démonstration
très appréciée à Fort-de-l'Eau,
en décembre 1946, lors du stage de culture cinématographique
organisé par la Direction de l'Education nationale en Algérie.
Cette année encore, le S.D.C. sera présent à ces
manifestations, le 7 octobre et au mois de décembre.
Ainsi, l'emploi du cinéma s'est révélé comme
un instrument parfait d'éducation, d'information et de détente.
Les programmes, soigneusement composés selon les milieux et les
régions, ont été, semble-t-il, fort goûtés,
tant par les populations de l'intérieur que par les collectivités
et groupements qui ont réclamé le concours du S.D.C.
Dans les mois à venir, ce service, doté d'un matériel
qui a fait ses preuves et d'outils bien au point, va encore accentuer
son effort et perfectionner son action.
A travers les villages, les centres et les douars et " ksour "
algériens, il s'efforcera de manifester d'une façon vivante
et attrayante, parfois incisive, mais toujours logique, un peu de cette
présence et de cet esprit français
Sur les écrans étrangers ou nord-africains, d tâchera
de présenter, sous l'aspect le plus favorable, l'effort français
en Algérie et l'image d'une terre riche en réalisations
et en exemples de labeur et de volonté.
P. MURATI,
Administrateur des Services civils,
Chef du Service de Diffusion cinématographique
de l'Algérie,
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