Alger, Algérie : documents algériens
Série culturelle

La recherche archéologique en Algérie
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mise sur site le 13-5-2011
* Document n° 20 de la série : Culturelle - Paru le 1er avril 1946 - Rubrique ARCHEOLOGIE

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La recherche archéologique en Algérie

La connaissance du passé de l'Afrique du Nord avant 1830 tenait tout entière dans les œuvres des auteurs anciens, géographes et historiens grecs et latins qui, à quelques rares exceptions près, Pline, dans son " Histoire Naturelle " en particulier, avaient recueilli sur le pays plus de légendes que de faits tirés de l'observation directe et s'étaient contentés de raconter, à propos de l'histoire de Carthage, de Rame et de Byzance, quelques événements saillants : Tite-Live, Salluste, Tacite, Ammien Marcellin, Corippe et Procope ne pouvaient donner de l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord qu'une idée fragmentaire et peu précise. Il manquait par dessus tout l'exacte connaissance d'un pays que les voyageurs et les savants des temps modernes n'avaient pu qu'entrevoir au cours d'explorations difficiles et hâtives, ou au travers des descriptions succinctes et trop peu précises souvent des géographes arabes.

Le Gouvernement de Louis-Philippe, s'inspirant des précédents de Bonaparte en Egypte, de la Restauration en Morée, mena de pair les opérations militaires et l'exploration scientifique du pays. C'est le titre même qu'a porté la Commission créée en 1837 " pour rechercher et réunir tout ce qui pouvait intéresser les sciences et les arts ". Au sein de la vaste enquête menée de 1839 à 1844, l'étude du passé aboutit à deux importants ouvrages, encore utiles de nos jours : " Beaux-arts, Architecture et Sculpture " de l'architecte Ravoisié (1846) et surtout l'album du capitaine d'Artillerie Delamare, " Planches d'archéologie" (1850). Venu en Algérie avec le Maréchal Clauzel dès 1833, Adrien Berbrugger commença de son côté à rassembler les documents qui ont fourni les premiers éléments de la Bibliothèque Nationale et du Musée des Antiquités (1838).

La preuve fut vite faite que le pays qui s'ouvrait de nouveau à la civilisation européenne était d'une extraordinaire richesse en documents du passé. Toutes les civilisations qui avaient, à tour de rôle, pénétré sur cette terre : la punique, la romaine, la byzantine et la musulmane, y avaient laissé des traces restées bien visibles après les siècles, grâce aux conditions historiques. Les plus anciennes d'entre elles étaient tombées sous des coups rapides qui leur avaient épargné un long déclin. Puis avait suivi une longue période où, à la différence de ce qui s'était produit en Europe, les monuments du passé n'avaient été ni défigurés, ni détruits. Assurément, sur certains points du littoral surtout, les villes modernes recouvraient les villes antiques, mais, dans l'intérieur du pays, une population en grande majorité nomade s'était désintéressée des vestiges du passé et les villes mortes, les monuments, les tombeaux, les inscriptions, délaissés mais intacts, avaient été lentement, au cours des siècles, préservés par la nature des injures des hommes.

La simple curiosité à l'égard de l'antiquité, l'amour poétique des ruines faisaient place, vers le milieu du XIXè siècle, à une exploration méthodique et à une interprétation raisonnée des vestiges découverts. Les sciences historiques précisaient, en Europe, leurs méthodes d'investigation et de critique : l'épigraphie, l'archéologie, la numismatique devenaient les auxiliaires indispensables de l'histoire. Bientôt l'Algérie fut un de leurs champs d'action. Léon Renier, le premier ouvrit une enquête épigraphique et publia, après ses missions à travers le pays, un Recueil de plus de 4.400 inscriptions inédites (1858). Si, à partir de 1863, la recherche et la publication des inscriptions latines furent assurées pour tout le monde romain par l'Académie de Berlin, Léon Renier dut être, pour l'Algérie, le collaborateur du nouveau Corpus des Inscriptions latines. La guerre de 1870 fit échouer ce projet. Il ne sera repris que quelques années plus tard lorsque René Cagnat collabora, à partir de 1894, aux suppléments du Tome VIII, dont les premiers volumes avaient paru en 1881. Le dernier volume, publié en 1916, portait à 28.000 le nombre des inscriptions recueillies dans toute l'Afrique du Nord. L'Algérie, pour son compte, en avait fourni plus de 15.000. Mais depuis 1916, les découvertes épigraphiques se sont multipliées. Lorsqu'en 1922, Stéphane Gsell a publié le premier volume de son Recueil des Inscriptions Latines de l'Algérie qui pourtant ne concernait qu'un territoire limité, la partie orientale du département de Constantine, à côté de 2.600 textes déjà connus, il en apportait 1.400 nouveaux, et la proportion des découvertes récentes est certainement plus grande encore dans les régions bien explorées comme celles de Timgad ou de Djemila, de Sétif, ou de Cherchel, Le volume du Recueil des Inscriptions Latines de l'Algérie, qui contiendra les textes de la région de Cirta, est à l'impression, et déjà plusieurs fascicules auraient paru si les événements n'y avaient mis obstacle. On peut, au bas mot, évaluer à plus de 40.000 les textes épigraphiques sortis de terre dans l'Afrique du Nord, et il n'est pas une seule région de l'Empire romain, l'Italie exceptée, qui ait fourni une telle moisson de documents. Un recueil de toutes les Inscriptions libyques connues, mené à bonne fin par M. l'Abbé Chabot, doit paraître incessamment. Il contient près de 1.200 textes,

Les découvertes épigraphes, outre les recueils spéciaux, ont alimenté de nombreuses revues scientifiques en Afrique même : Recueil publié par la Société archéologique de Constantine, fondée en 1852, Revue Africaine, organe de la Société Historique Algérienne (1856), Bulletin d'Oran, Bulletin de l'Académie d'Hippone, et dans la Métropole : Revue épigraphique de la Revue Archéologique, Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques, Bulletin de la Société des Antiquaires de France, Revue des Etudes anciennes, etc... Sans la connaissance de ces pièces d'archives que sont les inscriptions, des ouvrages fondamentaux comme " L'Armée Romaine d'Afrique " de René Gagnat n'auraient pas pu être écrits. Grâce à elles, de nombreuses questions ont été élucidées, à propos des institutions romaines, de l'organisation sociale, politique, administrative, économique, militaire, dans les travaux de La Blanchère, René Gagnat, Héron de Villefosse, Stéphane Gsell, Paul Monceaux, de Pachtère, Alfred Merlin, Jules Toutain, Jérôme Carcopino, Eugène Albertini et de beaucoup d'autres chercheurs.

L'archéologie, en général, a tiré un grand profit des trouvailles épigraphiques pour l'identification et l'étude des monuments. Si au début on s'est contenté de décrire ou de dessiner les monuments apparents et de faire la chasse aux inscriptions, le jour est vite arrivé où la fouille archéologique a été organisé, pour ainsi dire, officiellement. L'initiative privée des Sociétés Savantes, engageant à leurs frais des recherches archéologiques, avait ouvert la voie. En 1865, Napoléon III avait subventionné sur la cassette impériale les travaux de Berbrugger au Tombeau de la Chrétienne. En 1880, le Services des Monuments historiques de France étendit son action sur l'Algérie.

Son programme d'action fut double : d'une part, entretenir et conserver les monuments de l'époque musulmane à Tlemcen, à Alger, à Bougie, à Constantine ; installer, d'autre part, des chantiers de fouilles sur des sites antiques. Le premier chantier fut celui de Timgad, qui, d'intermittent après 1880, devint permanent en 1892 et, depuis cinquante ans, demeure en pleine activité. En 1883, on se mit à explorer Lambèse ; à partir de 1886, Cherchel, dans la mesure que permettait l'existence de l'agglomération moderne. En 1888, un chantier fut ouvert à Tébessa, en 1891, à Tipasa. Puis ce fut le tour, en 1900, de Khamissa (Thubursicum Numidarum), en 1903, d'Announa (Thibilis), en 1905, de Mdaourouch (Madauros) en 1909, de Djemila (Cuicul) et, sauf Announa et Madaure, tous ces chantiers sont encore actifs. A partir de 1928, des fouilles furent entreprises sur le site d'Hippone où. le périmètre des terrains à fouiller est encore insuffisant par rapport à l'importance des vestiges conservés et des souvenirs historiques qui s'y rattachent. En 1928 également, un chantier commença -à explorer les ruines de Zana (Diana Veteranorum). En 1928, celles de Bagaï et de Chemora, enfin, au début de 1941, on a entrepris le dégagement du Castellum Tidditanorum, à 20 km. au Nord de Constantine.

Plus récemment encore, Tébessa a connu un regain d'intérêt par la découverte, sous son bel ensemble chrétien, de galeries de catacombes, les premières de cette importance qui aient été rencontrées en Algérie.

A l'heure actuelle, une ville est entièrement sortie de terre, c'est Timgad, qui offre au visiteur l'attrait d'une cité complète, où les recherches cependant se poursuivent dans les faubourgs et les vastes nécropoles qui l'entourent.

L'exploration de l'intérieur du Fort Byzantin où est apparu au-dessous des vestiges du VIè siècle, un ensemble thermal et religieux du IIIè admirablement conservé sous les fortifications des soldats de Solomon, a été une révélation inattendue sur un site dont l'intérêt pouvait passer pour épuisé. La fouille n'en est pas encore achevée : statues, colonnes, chapitaux, inscriptions, sortent en grand nombre de ces édifices, qui sont, au fur et à mesure de leur découverte, consolidés et restaurés.

A Djemila, c'est près de la moitié de l'agglomération urbaine qui a également revu le jour. Dans les autres chantiers, les fouilles ont été moins activement poussées, mais elles sont suffisantes pour offrir, à travers l'Algérie, une grande variété d'ensembles urbains : villes des Hauts-Plateaux, militaires et commerçantes, villes de la côte, traficantes et industrielles, petits centres intellectuels et bourgades rurales, villes à la romaine ou gros bourgs indigènes à la mode berbère. La vie citadine commence à être bien connue dans ses aspects les plus variés, les plus riches parfois et, grâce à elle, on entrevoit le degré de civilisation auquel était parvenue l'Afrique ancienne. Mais il y a d'autres points qu'il est intéressant de préciser : la vie économique, par exemple, le régime des terres et leur aménagement en vue de la culture, l'outillage et l'équipement du pays, les travaux de voirie et d'irrigation, la défense du territoire et l'organisation des frontières fortifiées. Les réponses à ces questions dont certaines n'ont jamais cessé d'être posées en Afrique, sont fournies par des travaux de recherches plus dispersés, plus souples que ceux que l'on vient d'énumérer. Ils ont reçu une impulsion particulière depuis la création en 1912 d'une Inspection et en 1923, d'une Direction des Antiquités. Désormais, la direction effective des recherches, leur orientation, la centralisation et la mise en œuvre de leurs résultats furent organisées à Alger même. La fondation, en 1922, de bourses archéologiques permit de confier à des membres de l'École Française d'Histoire et d'Archéologie de Rome des chantiers temporaires pour une recherche restreinte et les résultats obtenus depuis vingt ans forment une belle somme de travaux originaux dans tous les domaines : punique, romain, et chrétien, militaire, économique, agricole et artistique.

Il serait injuste de ne pas mentionner l'activité des chercheurs locaux, membres, pour la plupart, de Sociétés savantes, qui, en liaison étroite avec le Service .des Antiquités, maintiennent une tradition vieille bientôt de près d'un siècle, par des fouilles au cœur de la Numidie, dans la région de Thagaste, dans le Hodna, à Mons, près de Djemila, à Saint-Leu, près d'Oran, sans parler des reconnaissances à travers l'Aurès, la Petite Kabylie, le Sersou, le Dahra.

De toute cette activité sont sortis, outre de beaux ouvrages d'archéologie : " Timgad ", de Boeswillwald, Cagnat et Ballu : " Les Monuments Antiques de l'Algérie ", " Les Promenades Archéologiques aux environs d'Alger D. " L'Atlas Archéologique", " Khamissa, Announa, Mdaourouch ", de Stéphane Gsell ; " L'Afrique Romaine ", d'Eugène Albertini ; " L'Afrique du Nord Française dans l'Histoire ", de Lespès, Albertini, Marçais, Yver : " L'Afrique Byzantine de Charles Dielh ; les ouvrages de Paul Monceaux sur l'Afrique chrétienne ; " Djemila ", de Mlle Allais " ; " Les vestiges chrétiens du Centre de la Numidie antique ", de MM. Berthier, Logeart et Martin ; " Castellum Dimmidi ", de M. Gilbert Picard ; un très grand nombre d'articles dans les revues savantes, notamment les " Mélanges " publiés par l'Ecole de Rome, des communications aux Congrès scientifiques, sans parler des Rapports de l'Architecte en chef des Monuments historiques sur les Chantiers du Service.

Une conséquence de la richesse du terroir archéologique et de l'impulsion vigoureuse donnée à la recherche a été la création, à travers l'Algérie, d'un grand nombre de Musées et de collections d'antiquités. Ils sont évidemment de valeur inégale et vont du très bel ensemble comparable aux Musées de France et de l'étranger qu'est le Musée de Cherchel, à la modeste collection lapidaire Gaston de Vulpilliàres, à El-Kantara, riche cependant de documents importants. Après Cherchel et sa belle collection de statues et de mosaïques, vient le Musée Stéphane Gsell, à Alger, qui possède dans un cadre trop exigu des pièces infiniment précieuses pour l'histoire et pour l'art ; les Musées Demaeght, à Oran, et Gustave-Mercier, à Constantine, construits en 1930, les collections municipales de Bône, Souk-Ahras, Tébessa, Guelma, Lambèse, Philippeville, Bougie, Sétif, Aumale et Tlemcen, et surtout les Musées annexes de chantiers : Timgad, Djemila, Tipasa, Khamissa-Madaure, sont des centres artistiques, historiques et éducatifs souvent d'un grand intérêt. Onze de ces Musées, les plus évocateurs et les plus riches, ont d'ailleurs fait l'objet, dans la série " Musées et Collections archéologiques de l'Algérie et de, la Tunisie ", de belles publications qui en ont présenté et commenté les monuments principaux.
Si l'on considère l'oeuvre accomplie, le chemin parcouru depuis un siècle, les résultats obtenus dans le domaine scientifique et artistique, on sera tenté de trouver que, malgré des tâtonnements inévitables, il n'a pas été perdu trop de temps. Il reste cependant beaucoup à faire. Le champ des recherches archéologiques s'est étendu dans le temps comme dans l'espace. L'Algérie et ses territoires du Sud, le Sahara tout entier, tout récemment le Fezzan, se sont révélés un terroir non moins fertile pour la préhistoire que pour l'histoire. Les recherches préhistoriques ont connu en Algérie, depuis la fin du XIXè siècle, un grand développement grâce aux travaux de Pallary et de Doumergue, de Debruge et de Joleaud, et surtout de M. Reygasse. Par les fouilles et les découvertes de ces chercheurs, la chronologie des différents âges du paléolithique et du néolithique a été précisée et des comparaisons suggestives ont été faites avec les époques de l'Europe Occidentale.

Les explorations de M. Reygasse jusqu'au coeur du Sahara et au Fezzan ont révélé une série de faits nouveaux et des plus importants pour une précise connaissance de la préhistoire africaine.

Pour le passé historique lui-même, si notre connaissance a fait de notables progrès, on peut cependant définir un certain nombre de tâches à remplir, de buts à atteindre.

Pour les villes antiques dont le dégagement est en cours, il sera nécessaire de le mener à son terme. Outre l'intérêt que présente l'attrait de ces grands ensembles et leur valeur pour le tourisme intérieur et étranger, qui en avait naguère appris le chemin et qui, espérons-le, saura le retrouver demain, c'est à ce prix qu'on réussira à y reconstituer, jusque dans ses détails, la vie urbaine de l'Afrique ancienne et qu'on connaîtra l'évolution de ces cités, reflets des vicissitudes mêmes du pays.

Qu'on doive attendre encore beaucoup de ces fouilles urbaines, les résultats obtenus depuis cinq ans par le chantier de Tiddis en sont la preuve : on voit déjà se dessiner la physionomie d'une ville très différente du type habituel de la cité romaine et qui, par son assiette, ses monuments, ses rues, ses places et ses maisons donne assez bien une idée de ce que pouvait être une ville numide comme Cirta, par exemple, sa voisine et son chef-lieu.

Parmi les sites antiques encore peu explorés et dont la fouille serait souhaitable, il en est deux qui, à des degrés divers, présentent un gros intérêt. C'est Hippone, la seule grande ville maritime que n'ait pas recouverte une agglomération moderne, à laquelle s'attachent les souvenirs de Saint-Augustin et dont les sondages en cours ont révélé la conservation tout en mettant au jour le Théâtre et une partie du Forum, c'est aussi la ville même de Lambèse, qui, victime de la curiosité suscitée par son camp légionnaire, a été jusqu'ici trop négligée, et pourtant c'était une capitale de province, riche en œuvres d'art, dont plusieurs sont déjà sorties de terre. Mais sur ces deux sites, il faudrait assurer des réserves de terrains en vue des fouilles, dont on peut être sûr qu'elles seraient fécondes.

On ne rencontrerait pas les mêmes difficultés pour développer à travers l'Algérie ces prospections qui ont fourni déjà tant de renseignements. Mais on devrait recourir à des moyens d'investigation modernes. On songe à l'aide si efficace fournie par la photographie aérienne à la recherche des vestiges archéologiques. Des essais isolés, tentés depuis quelques années, ont été si fructueux qu'on ne peut que souhaiter de voir ces méthodes développées et organisées d'une façon régulière. C'est à des procédés de ce genre qu'il faudra recourir pour établir rapidement et d'une façon précise et détaillée, la carte des frontières militaires de l'Afrique romaine, de son organisation défensive, des voies stratégiques et pour rechercher aussi les traces de l'équipement agricole, des cultures et de la répartition des terres. Bien entendu cette prospection devra être accompagnée de fouilles, d'autant plus rapides et fécondes qu'elles seront plus exactement guidées.

Ce travail de recherche, d'enquête, ne fera pas oublier l'œuvre de description, de publication qui doit l'accompagner pas à pas : des relevés précis, des dessins, des plans exacts devront être établis. Là aussi, la photographie aérienne peut apporter une collaboration précieuse. Enfin la présentation des documents eux mêmes devra recevoir tous les soins : par la restauration ou plus exactement, la conservation, l'entretien des édifices et aussi par l'organisation, le classement et la présentation des collections de Musées.

Certaines transformations s'imposeraient : à Hippone, du jour où les feuilles recevraient l'ampleur souhaitable, le Musée, ou ce qui en tient lieu, serait insuffisant ; à Tébessa, le Musée est désormais incapable de recueillir de nouveaux objets et chaque jour cependant apporte une moisson nouvelle ; à Alger, enfin, le Musée Stéphane Gsell, avec toutes ses richesses, est victime du manque de place et de l'encombrement qui en résulte.

Un programme d'extension des fouilles, de présentation des ensembles et des Musées, a été mis sur pied. Il ne pourra être réalisé qu'à la longue et au prix d'un effort soutenu, mais dès maintenant, le patrimoine archéologique de l'Algérie, sorti sans trop de dommages des vicissitudes de la guerre, est apte à témoigner des efforts accomplis depuis plus d'un siècle par la France pour mieux faire comprendre et faire mieux aimer ce pays à la fois si jeune et si ancien.

L. LESCHI.
Correspondant de l'Institut,
Directeur des Antiquités.