Alger, Algérie
: documents algériens
|
---- Tiddis
montait la garde au seuil de la petite Kabylie. Avec la petite ville
satellite, Caldis, elle faisait partie. pour la protection du Nord-ouest,
de cette curieuse ceinture fortifiée que l'ensemble (des castella
formait autour de Colonia Cirta. ---- L'intérêt des fouilles de Tiddis est certain. On n'y trouvera certes pas la somptuosité d e Timgad ni de Djemila. Dans un cadre urbain plus petit, il faut y rechercher d'abord l'évocation de la vie d'un castellum à l'époque roumaine, mêlant les édifices du style classique aux habitations troglodytiques. |
51
Ko / 13 s
|
plan de Tiddis, cliquer ici : plan |
---------Au
nord-ouest de Constantine, à moins de 20 kilomètres à
vol d'oiseau, le Rhumel taille à travers les monts des gorges profondes
presque identiques à celles qui donnent son étrange aspect
à la ville qui s'est appelée Cirta. Sur la rive droite de
ces nouvelles gorges, nommées le Khreneg, un plateau bordé
(le falaises sur trois côtés, dominé par un sommet
rocheux et accessible seulement à l'Est par une pente. forme une
véritable acropole. Par la répétition du site, Tiddis
est une deuxième Constantine observant l'autre à une altitude
presque égale et l'on comprend l'appellation des indigènes
: " Ksentina-El-Kdima " (Constantine l'ancienne).
---------Les premiers édifices importants qui bordent la partie dallée (le la voie sont : un temple à Mithra et une petite chapelle chrétienne qui se font face clans une opposition singulière. ---------Le sanctuaire de Mithra, placé à droite, n'a pas encore été étudié d'une façon complète. C'est un monument complexe et par là spécialement intéressant. Il se trouve identifié grâce à une inscription qui commence par les deux lettres I. M., abréviation de I (nvicto) M (ithtæ) ---------La grotte rituelle est taillée dans le roc, mais il semble que les initiés devaient s'y rendre en partant de l'étage supérieur d'où ils descendaient par des escaliers dont plusieurs marches sont encore visibles. Le vestibule qui précède la grotte communique avec une autre grotte de petite dimension, dont le sol est creusé de cavités arrondies. Le sanctuaire semble se prolonger au Sud par une construction dont les parois sont entièrement constituées par le rocher taillé avec aménagement d'un étage situé sous le sol. Comme deux pierres portant sculptées des têtes (le taureau ont été trouvées près de là, on songe à la possibilité pour la salle s souterraine d'avoir servi au fameux taurobolium, sacrifice lié au culte de Cybèle dont on a retrouvé une statue mutilée et dont on sait que son culte était souvent uni à celui de Mithra. L'hypothèse la plus hardie ferait supposer qu'il y eut à Tiddis, côte à côte, un double sanctuaire Mithra-Cybèle. C'est face à ce lieu de culte que s'ouvre un édifice dallé dont la destination (le chapelle chrétienne peut être imaginée pour trois raisons : on voit encore des bases (le colonnes portant (les entailles qui permettaient la pose des barrières du chur ; plusieurs sarcophages contenaient des corps inhumés suivant les rites chrétiens ; enfin les fragments d'une mosaïque tombale laissent lire quelques lettres d'une inscription qui semble être chrétienne. ---------Au delà de ces sanctuaires, en remontant la voie dallée, on aperçoit une base rectangulaire brisée en haut et qui porte l'inscription portant création du marché de Tiddis : " ...un marché se tiendra au castellum des Tidditains, la veille des calendes et la veille des ides de chaque mois avec l'autorisation de Publias Julius Julianus Martialianus, légat propréteur de l'Empereur..." Ce marché pouvait être important. car non loin (le l'inscription qui nous renseigne sur son existence, on voit la dédicace d'un temple à la fortune, dispensatrice des richesses. ---------A l'Ouest de la petite place qui marque la fin de la voie dallée, on remarque un arc écroulé dont l'un des piliers est resté debout. Les claveaux sont tombés à terre. La clef (le voûte porte une couronne sculptée. En suivant la voie taillée dans le rocher, on arrive à une deuxième terrasse où le forum fut établi. LE FORUM. ---------Comparé
aux autres places des villes africaine, ce forum est très petit.
L'esplanade ne mesure que 3o mètres (le longueur sur 10 mètres
de largeur. Le dallage a beaucoup souffert. Il était en deux endroits
recouvert par des murs faits de matériaux de remploi. |
LE PROBLÈME DE L'EAU. ---------L'eau
fut nue des plus grandes préoccupations des bâtisseurs de
Tiddis. Point (le source dans la montagne où il fallait cependant
assurer les réserves d'eau indispensables " à
la santé du peuple et éventuellement aux nécessités
militaires. " C'est pourquoi Tiddis renferme de très
nombreuses citernes, c'est pourquoi l'on voit aussi que tout a été
disposé pour recueillir jusqu'à la moindre goutte de pluie
et que l'eau qui ruisselait sur le dallage du forum était dirigée
par un petit canal vers des citernes placées en contrebas et c'est
pourquoi encore des thermes ont été édifiés
en pleine montagne, alimentés par la seule eau de pluie. Comme
il fallait pour ces thermes une puissante alimentation, trois immenses
bassins contigus ont été installés, pour le remplissage
desquels on avait eu besoin de toute l'eau ruisselant du sommet de la
montagne, dont les filets étaient dirigés vers les cuves
par toute une série de voies de l'eau , dont la plus curieuse est
celle qui, coulant sur un escalier taillé dans le roc, était
dirigée sur un plan incliné vers deux bassins de décantation
successifs avant d'atteindre les réservoirs eux-mêmes LES SANCTUAIRES. ---------Les sanctuaires semblent se multiplier dans ce lieu. Nous avons parlé du premier sanctuaire mithriaque. peut-être accompagné du culte de Cybèle. Il y a plus haut des vestiges d'un autre édifice qui peut, par comparaison avec mithreum de Doura-Europos passer pour nu deuxième sanctuaire a Mithra. un sanctuaire a Vesta, chose rare, peut être identifié. Un autel votif est dédié à la divinité Eventus. Les signes apotropaïques (qui détournent les maux) sont multipliés. Les stèles à Saturne montrant l'homme ou le couple apportant dans le temple l'agneau du molchomor (Sacrifice d'un agneau qui remplace l'enfant), des stèles portant les symboles de la religion phénicienne rappellent les sacrifices d'enfants et le culte de Baal, Une inscription funéraire mentionne un prêtre des " Cereres ". Et voici que le haut lieu se précise par la découverte, au somment du mont, d'un sanctuaire composé d'une salle anciennement couverte, qu'un grand mur de soutènement sépare d'une fosse continuée par une grotte, et d'une sorte d'estrade de plein air à laquelle on pouvait accéder par un escalier monumental dont il ne reste que des vestiges. Parmi les objets recueillis dans la fouille faite au sommet. on doit mentionner, outre une main, débris d'une statue disparue, un petit autel votif où il semble qu'on puisse reconnaître la silhouette de la déesse Africa représentée sous la forme d'une femme à tête de lionne. On a aussi découvert, sur la falaise Est, une figure sculptée dans le roc, difficile à identifier et sur la falaise Nord, l'entrée d'une grotte dont la galerie, creusée sur environ 20 mètres, a laissé découvrir, à l'intérieur, des poteries, plusieurs corps humains inhumés et aussi des os d'animaux dont certains sont fossilisés. La grotte était remplie d'un sable blanc, effritement des roches dolomitiques.
LES CIVILISATIONS. ---------Mais c'est
un autre caractère de Tiddis que d'offrir, dans un même site,
le spectacle de la succession des civilisations. Le haut lieu est certainement
berbère d'origine. En contrebas, sur la pente occidentale, il y
a des dolmens, mais de l'autre côté du Rhumel, la piste qui
mène des mines d'Aïn-Kerma jusqu'aux gorges du Kheneg est
parallèle à une ligne de cromlechs qui est comme une allée
de pèlerinage préfaçant l'ascension du haut lieu.
L'époque pré-romaine est aussi indiquée par une série
de cinq inscriptions libyques, par quatre stèles phéniciennes
anépigraphes, par une petite stèle portant sur son cartouche
une inscription néopunigne et par une magnifique collection de
monnaies de l'ancienne Afrique. ---------Il
y a les innombrables pièces dont le revers, figurant un cheval
courant à gauche. porte les lettres puniques : M. N. (La signification
de ces lettres reste une énigme). On a aussi trouvé huit
monnaies de Cirta où le nom de la ville est écrit en caractères
neo-puniques,des monnaies de Carthage, des monnaies de Rusicade et une
monnaie de Bétique. Tout ce trésor monétaire de l'ancienne
Afrique n'est peut-être aussi important que parce qu'il a été
laissé par les pèlerins venus vers le haut lieu. André BERTHIER, |