GEOGRAPHIE PHYSIQUE
-----------La
région saharienne occupée au XI° siècle de notre
ère par des réfugiés de la secte ibadite qui devaient
former la confédération des Béni-M'zab, est essentiellement
composée de la " Chebka " (filet) du M'ZAB, plateau
secondaire de l'étage crétacé formé par les
calcaires durs du Turonien, profondément raviné par l'érosion
fluviale pendant la période humide qui marqua le début du
quaternaire. Le plateau comporte lui-même des subdivisions d'aspect
physique notablement différent. Dans la partie Nord surtout et
sur la périphérie des séries de buttes témoins
de faible hauteur et à toit plat appartenant à la formation
géologique du cénonien sont les vestiges du niveau primitif
du sol. Dans la partie Sud au contraire les étendues planes dominent,
coupées seulement par les vallées très encaissées
des grands oueds : Oued M'Zab, Oued Metlili, Oued Sebseb, coulant en direction
générale Ouest-Est.
-----------L'ensemble
offre néanmoins une unité remarquable d'aspect physique,
de conformation géologique et de climat qui fait de la Chebka une
région naturelle distincte.
-----------Situation.
- Superficie.
-----------L'annexe
de GHARDAIA est située entre 33° et 31° 15' de latitude
Nord - 2° 30' et 5° de longitude Est.
La superficie de l'Annexe de GHARDAIA qui couvre l'ensemble du pays appelé
M'ZAB est de 2.750.000 hectares. Cette superficie comprend non seulement
la Chebka mais les parcours sahariens avoisinants d'aspect plat ou faiblement
ondulé qui s'inclinent à l'Est vers la dépression
d'OUARGLA, à l'Ouest vers le Grand Erg Occidental.
-----------La
ville de GHARDAIA, chef-lieu administratif, sur l'Oued M'Zab, occupe une
position centrale dans la moitié Nord et au coeur de ta Chebka.
Elle est distante d'ALGER de 630 kilomètres et située à
peu près sur le méridien de: la capitale algérienne.
-----------Géologie.
- Orographie.
-----------Les
terrains sont calcaires. Leur structure à peu près horizontale
indique qu'ils sont restés en place, à l'écart des
mouvement orogéniques, depuis leur formation.
-----------L'altitude
moyenne est de 500 mètres (GHARDAIA : 526 mètres).
-----------Les
vallées les plus profondes bordées de falaises rocheuses
aux pentes rapides accusent une déclivité qui dépasse
rarement 100 mètres par rapport au plateau.
-----------Le
M'ZAB est donc dans l'ensemble une région plate mais où
l'érosion fluviale, jointe à l'action du climat désertique,
a créé une multitude d'accidents superficiels qui rendent
les communications des plus malaisées.
-----------Climat.
- Pluviométrie. - Hydrographie.
-----------Le
M'ZAB doit à sa situation d'appartenir tout entier au climat désertique.
Mais la Chebka est plus encore "un désert dans le désert
". Le plateau rocheux, perméable, buriné par l'érosion
éolienne, dépourvu de cuvettes d'accumulation, ne porte
ni terres ni eau. Epine dorsale du Sahara, il dirige le produit de ses
faibles précipitations à l'Est et à l'Ouest hors
de la portée de ses habitants par des oueds médiocres de
type purement saharien : Oued M'Zab, Oued Metlili, Oued Sebseb, Oued N'Sa.
A l'extrémité Nord-Est cependant, l'Oued Zegrir, descendu
de la région des Dayas (Annexe de LAGHOUAT) a des crues plus fréquentes
et crée une situation favorisée à l'Oasis de GUERRARA.
-----------La
hauteur moyenne des précipitations atmosphériques, mesurée
à GHARDAIA, est de 67 m/m seulement.
-----------Elles
tombent essentiellement sous forme de pluies d'orage à l'automne
et au printemps. Certaines années sont à peu près
sèches (39 m/m en 1944), d'autres exceptionnnellement pluvieuses
(109 m/m en 1951).
-----------Etant
donné la basse latitude et l'altitude modérée, la
température est très élevée en été
(maximum absolu à GHARDAIA : 50°), modérément
fraîche en hiver (minimum absolu : moins 1° à GHARDAIA).
Les gelées sont rares et de faible importance. En hiver comme en
été, la variation diurne de température est importante,
étant donné la sécheresse parfaite de l'atmosphère.
Pour la même raison, la luminosité est intense.
-----------Des
vents de sable venant du Sud-Ouest accentuent périodiquement la
sécheresse du climat. Ils sont particulièrement fréquents
et violents à la fin de l'hiver et au début du printemps.
-----------Végétation.
-----------Dans
la Chebka, le paysage est désolant et la végétation
spontanée, toujours très rare, ne se rencontre qu'en bordure
des oueds. Les espèces qui reverdissent après chaque pluie
sont des herbacées et des arbustes (Rtem, Jujubier) appartenant
tous à la flore saharienne.
-----------Cette
maigre végétation ne peut être utilisée que
pour le paccage des camelins, des caprins et d'assez rares ovins.
-----------En
dehors de la Chebka, la végétation est plus abondante et
permet aux ovins des régions présahariennes de séjourner
en grand nombre sur les pâturages pendant l'hiver et le printemps.
-----------Mais,
même dans ces régions moins défavorisées, l'arbre
demeure une exception remarquable et la flore ne comporte pas d'espèces
plus développées que le jujubier.
-----------Quelques
Betoum (pistachier sauvage) se rencontrent dans le lit des oueds les plus
humides (Oued N'Sa).
GEOGRAPHIE HUMAINE
-----------Histoire
du peuplement.
-----------La
seule volonté humaine est responsable du peuplement d'une région
déshéritée qui eut dû normalement demeurer
un désert parcouru par de rares nomades.
-----------A
la suite de quelles circonstances, vers l'an 1000, les, débris
d'un peuple persécuté sont-ils venus chercher dans la désolation
de la Chebka un ultime refuge ?
-----------II
convient de le rappeler brièvement.
-----------Avec
le quatrième Calife orthodoxe, ALI, dont le trône est menacé
par un compétiteur, MOAOUIA, gouverneur de SYRIE, riait l'hérésie
kharedjite dont les ibadites du M'ZAB seront, avec quelques autres groupes
de musulmans peu nombreux dispersés de l'île de DJERBA à
ZANZIBAR, les derniers tenants.
-----------ALI
ayant en effet accepté, en vue d'éviter l'effusion de sang,
un arbitrage entre lui et son adversaire, une partie de son armée
se révolte contre cette acceptation au nom de l'orthodoxie et de
la loi coranique.
-----------ALI
extermine les révoltés, puis est lui-même assass.
né par l'un des survivants qui s'écrie en lui portant le
coup de sabre fatal : " C'est Allah qui
est juge et non pas toi ".
-----------Cette
petite phrase résume la position et la doctrine de ceux qui sont
sortis de la religion (aux dires d'ALI qui les a affublés du qualificatif
infâmant de Kharedjites (du verbe arabe " Kharàdjà
" : sortir).
-----------Les
Kharedjites, eux, prétendent au contraire être demeurés
seuls dans l'orthodoxie et s'en tenant à l'autorité absolue
du Coran qui, disent-ils, condamne l'arbitrage.
ALI, en acceptant l'arbitrage, a enfreint la Loi. Il est donc devenu hérétique
et tous ceux qui l'ont suivi avec lui. Il a jugé à la place
d'ALLAH dont le Coran est la parole incréée.
Dès la naissance du Schisme, les Kharedjites se groupèrent
derrière l'un d'eux, le Chef ABDALLAH ben OUAHAB qui a donné
son nom à la secte : celle des OUAHABITES.
-----------Les
Ouahabites subiront, de la part des orthodoxes, une longue série
de persécutions mais, se réorganisant après chaque
épreuve au moyen de Sociétés secrètes, ils
les surmonteront toutes et iront porter d'Orient au Moghreb le flambeau
du Ouahbisme, prêchant et convertissant les populations rencontrées.
-----------Au
milieu du Vlll' siècle en effet arrivent en Berbérie ABDERRAHMANE
Mohammed Roustem et quelques compagnons. Ils profitent du trouble et de
la misère provoqués par les premières invasions arabes
pour ramener à eux les populations locales qui se placent sous
leur protection.
-----------Leur
action s'étend de la Tripolitaine au Maroc ; l'Ouahbisme çofrite
s'adjugeant le Maroc et le Sud Oranais, tandis que l'Ouahbisme ibadite
se répand du Djebel Nef oussa, au Sud de Tripoli, au Chéliff.
-----------ABDERRAHMANE
Ibn Roustem fonde TIARET, qui devient bientôt la riche et prospère
capitale d'un important royaume, car la vertu et l'habileté de
l'Iman font merveille et lui rallient nombre de tribus.
-----------A
sa mort, en 765, une dynastie, celle des Rostémides, est constituée,
qui durera plus c('un siècle. Mais le royaume va sans cesse s'affaiblissant
sous l'effet des dissensions internes jusqu'au moment où le Fatimide
ABOU-ABDALLAH Ech-Chii lui porte le coup de grâce. Ce dernier prend
TIARET en 909, massacre les derniers princes Rostemides et la plus grande
partie des ibadites de la ville.
-----------Les
survivants fuient la capitale incendiée à la recherche d'un
lieu exil.
-----------Ils
errent par petits groupes au milieu d'un pays entièrement hostile,
puis trouvent finalement un refuge dans l'Oued Mya (OUARGLA), où
ils s'établissent.
-----------Ils
fondent SEDRATA (voir
article), à quelques kilomètres d'OUARGLA.
-----------Grâce
à leur activité, la ville devient rapidement prospère,
s'agrandit et s'embellit. Mais le refuge n'apparaît pas à
tous suffisamment sûr.
-----------Avant
même que la menace de destruction qui pèse sur la ville ne
soit précisée, les ibadites prudents recherchent un autre
asile et jettent enfin leur dévolu sur l'Oued M'ZAB qui ne contient
que de rares campements.
-----------Une
première cité est fondée en 1017: EL-ATTEUF.
-----------L'entreprise
réussit et attire une population toujours plus nombreuse. SEDRATA
se vide peu à peu avant que d'être prise et détruite
par les Malékites d'ONARGLA, jaloux de la fortune de leurs voisins.
Puis, BOU-NOURA, MELIKA, GHARDAIA, sont successivement fondées.
-----------De
toutes parts, les ibadites persécutés, las de la vie errante
et du secret, viennent se fixer au M'ZAB. La communauté ainsi créée
bâtit, défriche et se donne des lois. Elle connaîtra,
depuis les origines jusqu'au moment de l'arrivée des Français,
un développement lent mais continu, révélé
par la création de BENI-ISGUEN au XIV' siècle et de BERRIAN
et GUERRARA au XVII" siècle.
-----------De
plus, des fractions arabes .de plus en plus nombreuses viendront, au cours
de l'Histoire, s'agréger aux villes ibadites.
-----------Densité
et répartition de la population.
-----------L'Annexe
de GHARDAIA compte une population totale de 48.080 habitants. Cette population
composite comprend à la fois des Européens (164), des Mozabites
sédentaires d'origine berbère et de rite ibadite, des musulmans
sédentaires ou semi-nomades de rite malékite (Arabes agrégés
des villes mozabites : Medabih, rattachés à la tribu de
GHARDAIA Attatcha rattachés à la tribu de GUERRARA ; Oulad
Yahia et Debadba, rattachés à la tribu de BERRIAN) et des
semi-nomades ou de grands nomades ; les Chaambas Berezga, dont le berceau
et l'installation sédentaire est située à METLILI.
-----------La
population mozabite a construit, à partir du XI" siècle
de notre ère, les cinq villes de la Pentapole, toutes situées
sur le cours de l'Oued M'ZAB.
-----------Ces
ksours sont très proches les uns des autres. Il y à peine
20 kilomètres de distance de la palmeraie d'EL ATTEUR à
celle de GHARDAIA, les deux oasis extrêmes.
-----------GHARDAIA,
capitale commerçante, dépasse de beaucoup en importance
toutes les autres cités avec 14.046 habitants.
-----------Mais
l'étroitesse de la vallée de l'Oued M'ZAB, la faible quantité
d'eau de crue disponible, devront entraîner avec le temps la dispersion
des habitants.
-----------Au
XVII' siècle, se fondent BERRIAN à 47 km. au Nord de GHARDAIA,
puis GUERRARA à 100 km. au Nord-Est. Aujourd'hui, ces deux villes,
qui jouissent de conditions matérielles plus favorables, sont parmi
les plus prospères du M'ZAB.
-----------La
population Chaamba, centrée à METLILI, petit ksar fondé
vers le X` siècle, à 35 km. au Sud de GHARDAIA, sur l'oued
du même nom, se répartit en trois tribus : l'une sédentaire
au ksar de METLILI et dans la palmeraie voisine : 3.925 hab. ; deux autres
nomades : les OULAD ALLOUCHE : 2.329 hab., les OULAD ABDELKADER : 3.774
habitants.
-----------Une
communauté juive forte de 1.555 personnes, établie à
GHARDAIA, s'ajoute aux populations mozabites et arabes. BERRIAN et GUERRARA
comptent aussi quelques familles israélites.
LES VILLES DU M'ZAB
-----------Ghardaïa.(voir
article)
-----------Fondée
en 1048 sur la rive droite de l'Oued M'ZAB et en amont des quatre autres
centres de la Pentapole par deux frères SLIMANE et MOHAMMED ben
Yahia, cette ville devint rapidement la capitale commerciale du M'ZAB.
-----------Elle
compte aujourd'hui 14.046 habitants dont 8.024 ibadites et 6.022 malékites.
Ces derniers, qui ne forment pas une population homogène, se répartissent
en arabes dits " Agrégés ", tous sédentaires,
et Medabih originaires du Djebel Amour qui sont sédentaires ou
semi-nomades.
-----------La
Mosquée et son minaret en forme de tronc de pyramide très
allongé, domine toute la cité. Celle-ci, située sur
les flancs d'une éminence conique au milieu de l'oued M'Zab, développe
l'étagement de ses maisons en un panorama qui ne manque ni d'originalité,
ni de grandeur.
-----------La
palmeraie de GHARDAIA, située à deux kilomètres en
amont de la ville, est de beaucoup la plus florissante de la Pentapole,
avec quelque 60.000 palmiers. -----------C'est,
de plus, une véritable ville d'été par le nombre
de maisons de campagne qui s'y trouvent. Ces villas de plaisance sont
occupées durant toute la saison chaude par les familles entières
venues chercher l'isolement et quelque fraîcheur. -
-----------Mais
la vie y continue comme en ville, dans les chapelles qui tiennent lieu
de mosquée, dans les écoles coraniques, chez les artisans
et commerçants qui font la saison.
-----------Bou-Noura.
-----------Fondée
en 1046 par une fraction des Béni-Mthar d'OUARGLA encouragée
par le succès de la jeune ville d'ELATTEUF.
-----------Vers
1750, une fraction de MELIKA expulsée, les Oulad Abdallah, fut
accueillie à BOU-NOURA par les Béni-Mathar qui, après
les avoir laissé construire des maisons, les chassèrent
à leur tour. Ils se réfugièrent à EL-ATTEUF.
-----------Mais
les autres ksours vinrent attaquer BOU-NOURA et la détruisirent
de fond en comble.
-----------Le
ksar qui existe aujourd'hui fut rebâti au-dessous du premier par
les survivants des, Oulad Abdallah. BOU-NOURA compte aujourd'hui 1.753
habitants.
-----------Son
oasis, limitée à quelques milliers de palmiers, est d'une
importance tout à fait négligeable. BOU-NOURA est, comme
les autres ksours de la Pentapole, dans la dépendance économique
de GHARDAIA dont elle n'est distante que de 3 kilomètres.
-----------Beni-Isguen.
-----------Fondée
en 1347 au confluent de l'oued N'TISSA et de l'oued M'ZAB, elle ne fut
d'abord qu'un petit village grossi au XVI° siècle d'éléments
émigrés de GHARDAIA.
-----------C'est
aujourd'hui, après GHARDAIA, la ville la plus importante de la
Pentalope avec 4.293 âmes.
-----------Ville
sainte du M'ZAB, foyer intellectuel de l'Ibadisme, BENI-ISGUEN occupe
une position toute particulière dans la sentimentalité mozabite.
Sa rigoureuse propreté, la belle ordonnance de ses rues et de ses
maisons, ses remparts intacts attirent l'attention. C'est une ville antique
prolongée jusqu'au 200 siècle et toujours jalousement préservée
des contacts étrangers.
-----------La
palmeraie s'étend le long de l'oued N'TISSA sur 3 kilomètres.
Elle compte quelque 25.000 palmiers.
-----------BENI-ISGUEN
a perdu son ancienne importance commerciale au profit de GHARDAIA située
à 2 km. seule-ment. Elle possède cependant un marché
aux enchères quotidien très couru qui est une sorte de bourse
de l'artisanat.
-----------EI-Atteuf.
-----------La
plus ancienne ville du M'ZAB, fondée en 1012 de l'ère chrétienne
par une fraction d'ibadites venus de l'oued Dya.
-----------Située
à l'extrémité aval de la Pentapole et détachée
par rapport aux autres ksours, EL-ATTEUF est aujourd'hui une cité
peu florissante en raison de sa situation géographique (1.720 habitants).
Les 15.000 palmiers de l'oasis sont dispersés le long de l'oued
M'ZAB.
-----------Melika.
-----------Petite
cité guerrière qui domine la vallée de l'oued M'ZAB.
Elle fit alliance avec les Chaamba Berezga de METLILI, qu'elle conquit
à l'influence mozabite après avoir procédé
à un échange de population.
-----------Sa
palmeraie est à peu près inexistante, mais les habitants
de MELIKA possèdent à METLILI de très nombreux jardins.
-----------Sa
population, forte de 2.829 habitants, comprend une fraction arabe originaire
de METLILI.
-----------Berrian.
-----------Fondée
en 1101 de l'hégire (1690) sur l'oued Bir, affluent de l'oued N'SA,
à 45 km. au Nord de GHARDAIA, par deux fractions chassées
de cette dernière ville. La population de 4.759 âmes comprend
une minorité arabe composée d'Oulad Yahia, tribu maraboutique
venue des Zibans.
-----------L'oasis
de BERRIAN est florissante avec 45.000 palmers. L'eau est assez peu abondante,
mais la terre est très fertile et les jardins sont bien entretenus.
-----------La
ville est un centre commercial important en voie de développement
rapide grâce à sa position sur la grande route GHARDAIA-ALGER
et aux échanges occasionnés par la proximité immédiate
du pays du mouton.
-----------Guerrara.
-----------Fondée
en 1631 par les Oulad Makha, qui habitaient auparavant Ghardaïa et
Melika, elle est la plus excentrique des villes du M'ZAB, à 100
km. de GHARDAIA.
-----------Cette
cité, très considérable pour le désert (7.719
habitants) se trouve sur le passage des caravanes parcourant le Sahara
d'Est en Ouest et du Nord au Sud.
-----------Une
partie de la population (fractions des Attatcha, Draisse et Oulad Abdallah)
est arabe. Ces nomades furent appelés au XVIIIe siècle par
les Mozabites de la ville pour renforcer dans leur lutte les çoffs
opposés.
-----------Le
marché quotidien, qui a lieu l'après-midi, est très
fréquenté par les Larbaa, les Oulad Nail et les nomades
de TOUGGOURT et de BISKRA.
-----------L'oasis
(45.000 palmiers) installée au fond d'une daia contre les dernières
maisons de la ville, est presque luxuriante en temps ordinaire. L'Oued
Zegrir, qui vient de la région des daias, la submerge de ses eaux
à intervalles irréguliers..
-----------La
crue détournée et retenue par des ouvrages hydrauliques
fort ingénieux, peut séjourner plusieurs mois avant de s'infiltrer.
-----------GUERRARA,
deuxième ville du M'ZAB, est la capitale du mouvement moderniste
mozabite qui a vu le jour dans ses murs.
-----------Metlili-des-Chaamba.
-----------Ce
petit ksar, accolé à une vaste palmeraie, est le berceau
des Chaamba et, en même temps, fait partie intégrante du
M'ZAB, à la vie économique duquel il participe étroitement.
La population de 3.925 âmes est dispersée dans l'oasis qui
compte 50.000 palmiers.
-----------METLILI,
à 35 km. seulement de GHARDAIA, ne possède pas de marché.
Chaque vendredi et par centaines, ses habitants se rendent au a Souk "
de GHARDAIA, où ils retrouvent à la fois les Chaambas nomades
et leurs anciens alliés, les Mozabites de MELIKA.
RACES
-----------Malgré
les mélanges de race entre berbères mozabites, arabes et
noirs, au long d'une histoire millénaire, la conformation physique
permet dans la plupart des cas de déterminer l'appartenance raciale
des individus.
-----------Le
Mozabite de taille moyenne, à large face et forte charpente, est
un brachycéphale dont les caractères physiques, à
rapprocher d~ la race berbère, ont été accentués
par le genre de vie et probablement par la consanguinité. Ses jambes
courtes et arquées, sa démarche lourde et son embonpoint,
indiquent nettement qu'il s'agit là d'un sédentaire de vieille
souche, étranger à certains efforts physiques de la vie
nomade. Les femmes sont sur le même type plantureux.
-----------Le
Chaambi, dont le sang arabe est indéniable, contraste par sa sveltesse,
ses membres longs, son allure élancée, avec le précédent,
il est façonné par les longues courses à pied, la
vie sobre et active du désert. Sa peau est basanée par le
soleil, alors que le teint du Mozabite est généralement
blafard.
-----------Les
Juifs, habillés à la mode indigène, aux moeurs bibliques
pour la plupart, se distinguent plus des précédents par
leur religion et leurs moeurs que par l'aspect physique. Ce sont généralement
des hommes d'assez haute taille, au teint clair et au visage allongé.
Leurs femmes, vêtues de longues robes multicolores, au visage orné
de lourdes boucles d'oreilles, accuseraient davantage le type sémite.
-----------Mais
il y a fort à penser qu'il s'agit là d'une population berbère
de la Tripolitaine convertie au Judaïsme à une très
haute époque aussi bien que d'Israélites proprement dits.
LANGUES
-----------L'ensemble
de ces populations parle l'arabe, langue du commerce, des affaires et
des actes civils. Mais la population mozabite de souche berbère
continue de faire un très large usage de son dialecte importé
de TIARET et qui se rattache étroitement aux dialectes kabyles.
De nombreuses femmes mozabites, pour ne pas dire la plupart, ne connaissent
que cette langue
-----------Les
Chaamba ne parlent que l'arabe.
-----------L'hébreu
est utilisé par les israélites dans les actes civils et
religieux, peu, semble-t-il, dans Id. vie courante.
RELIGIONS
-----------C'est
surtout par une religion particulière que se distinguent les mozabites.
Le rite ibadite auxquels ils appartiennent est caractérisé
en premier lieu par une intransigeance doctrinale qui est en opposition
avec l'Islam orthodoxe. L'ibadisme rejette ces " arrangements avec
le ciel " que souvent les hommes font dans la pratique pour tempérer
une religion trop sévê e. Pour l'ibadite, tout homme religieux,
s'il veut être digne de ce nom et gagner le ciel, doit observer
non seulement l'esprit, mais la lettre du texte sacré, le Coran,
que l'Ange Gabriel a transmis au Prophète et qui est la parole
même de Dieu.
-----------ALI,
Calife légitime, a trahi la véritable foi islamique en acceptant
un arbitrage, arrangement humain, avec le révolté, l'usurpateur
MOAOUIA.
-----------Les
musulmans orthodoxes trahissent la religion musulmane lorsqu'ils se groupent
en confrérie, lorsqu'ils soumettent leurs actes à l'autorité
d'un humain. Dieu est un, il s'adresse directement à chaque fidèle
qui ne doit entrer en communication avec lui que par l'intermédiaire
du Coran incréé.
-----------Le
Coran est le Livre de la vie toute entière. Aucun Hadith ne saurait
en détruire, amende ou étendre les préceptes ; aucun
homme ne saurait valablement édicter de nouvelles règles
religieuses. L'intervention de l'homme n'est justifiée que dans
la mesure où celui-ci, tirant les conclusions du Livre Saint, s'occupe
de définir les règles pratiques de la vie religieuse.
-----------Cette
intransigeance aboutit à une sorte de protestcntisme musulman où
l'absence d'intermédiaire entre Dieu et l'homme est compensée,
comme dans la Genève de Calvin, par une réglementation restrictive
extrêmement développée.
-----------Mais
l'ibadisme n'est pas seulement un schisme austère. Demeuré
à l'abri des déformations dues aux survivances des croyances
animistes des races berbères qui ont fait passer dans la nouvelle
religion nombre de pratiques étrangères, l'ibadisme apparaît
comme un Islam. purifié, épuré, une religion à
l'état natif. C'est ce qui fait sans doute, avec la pureté
de la foi, le charme puissant de ce rite hétérodoxe, son
cachet particulier.
-----------Fruit
de circonstances religieuses, le M'ZAB se présente comme une nation
théocratique. Pour éviter le libre examen où n'aurait
pas manqué de conduire le rejet de toute espèce de sacerdoce,
les mozabites ont confié dès les origines, à des
assemblées religieuses, les Djemaàs de Mosquée présidés
par un Chikh, le soin d'édicter des règles absolues tant
civiles que religieuses. Les règles qui constituent la charte même
de l'ibadisme mozabite ont, été réunies au XVII'
siècle en une immense codification, le " Nil ", par un
savant théologien de l'ibadisme. Cette codification n'a pas arrêté
la création de la législaltion et du droit ibadite qui se
continue de nos jours malgré l'influence française et les
progrès du modernisme.
-----------Les
Chaambas se rattachent au rite orthodoxe malékite. Leur piété
stimulée par le contact de leurs voisins est généralement
très vive, mais les pratiques de sorcellerie, étrangères
à l'Islam, se sont perpétuées jusqu'à nos
jours au sein de ce milieu très fruste, vivant à l'écart
des courants de civilisation.
-----------Par
ailleurs, comme tous les Moghrebins, les Chaamba ont toujours été
sensibles à l'action des hommes pieux, des santons locaux ou régionaux,
créateurs de confréries. C'est au XVI` siècle que
Sidi CHIKH, qui passa une partie de sa vie à METLILI, fit rentrer
un grand nombre de Chaamba dans les observances de sa doctrine.
Aujourd'hui encore, la confrérie des Oulad Sidi Chikh délègue
à METLILI des Moqqadem qui, dans une petite Zaouia, entretiennent
le culte du grand marabout et diffusent les voies de sa croyance.
-----------Les
Juifs possèdent à GHARDAIA une synagogue qui contient de
très anciens manuscrits de la Bible. Venus de l'île de Djerba
au XII` siècle à l'instigation des ibadites de GHARDAIA,
ils se sont maintenus, malgré le mépris général
des musulmans, dans la religion austère qui est la leur. Le contact
des mozabites a fait que chez aussi les prescriptions religieuses sont
observées avec le plus grand soin. Plusieurs Rabbins desservent
la communauté.
HABITAT
-----------La
maison mozabite.
-----------Les
fuyards de TIARET ont développé au M'ZAB les restes d'une
civilisation urbaine très étendue sur laquelle nous n'avons
que des renseignements insuffisants. En effet, il ne subsiste rien de
l'ancienne capitale entièrement détruite par les orthodoxes.
A SEDRATA, premier point de fixation des ibadites au Sahara, des ruines
importantes recouvertes de sable ont été étudiées
par des archéologues.
-----------Des
vestiges de palais, de nombreuses décodations de stuc refouillées
en arabesques y trahissent une opulence qu'on ne retrouve pas au M'ZAB.
Sans aucun doute l'existence saharienne a amené un appauvrissement
lent mais inexorable de la société prospère de TIARET.
Des richesses peu à peu consommées ou échangées
pour vivre par les persécutés, il ne devait plus rester
grand chose du XI' siècle lorsque les premiers ibadites s'installèrent
dans la Chebka.
-----------Par
contre, le sentiment de la civilisation urbaine n'avait pas péri.
Avant de construire un ksar, l'enceinte était soigneusement tracée,
l'emplacement de la mosquée réservé, les ruelles
tracées au mieux des nécessités combinées
de la circulation et de la dépense. Soutenus par une foi ardente,
les ibadites mirent au M'ZAB leur talent de bâtisseurs au service
de leur nouveau destin.
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|
------------Et
visiblement, l'habitat mozabite, tel que nous le révèlent
les cités d'aujourd'hui, se distingue par une science architecturale
qui contraste avec les modestes et rudimentaires habitations des autres
régions sahariennes.
-----------La
maison mozabite est une construction de base, carrée ou légèrement
rectangulaire comportant généralement un étage.
-----------Les
murs extérieurs, aveugles la plupart du temps pour préserver
le secret de la vie familiale, portent parfois d'étroites fenêtres
masquées par des balcons de bois ou de stuc découpé.
La porte massive, ouverte par une grosse clef de fer ou un peigne de bois
piqué de clous, est surmontée d'un arc de décharge.
Un couloir d'accès au dessin contrarié, toujours afin d'éviter
les indiscrétions des passants, conduit à un patio carré,
entouré de petites chambres longues et étroites, servant
aux travaux féminins (artisanat), à la cuisine, au stockage
des vivres et du matériel, à la sieste de l'été,
car lorsqu'il n'existe pas de cave, c'est ici le lieu le plus frais de
la maison. Quatre piliers plus larges à la base qu'au sommet supportent
le toit du patio qui est c'ou.'ert sur sa plus grande partie. Au centre,
une ouverture carrée de 2 mètres de côté environ
et souvent couverte d'une grille, permet à l'air et au jour de
pénétrer, à la fumée des kanouns de s'échapper.
-
----------Au premier
étage, les chambres aveugles sont toujours situées sur le
pourtour, mais elles reçoivent de l'intérieur, par les arcs
d'une galerie, une lumière plus généreuse que l'étage
inférieur. Cette galerie, à arcades mauresques, en anse
de panier, ou tout simplement en plein cintre, n'occupe que deux côtés
à angle droit de la maison.
-----------L'exposition
est calculée de telle sorte que les chambres qu'elle dessert présentent,
hiver comme été, les meilleures conditions d'habitation.
Les deux autres côtés du premier étage forment une
terrasse souvent entourée de murs où les femmes, l'hiver,
viennent prendre le soleil, où l'on dort volontiers durant les
nuits torrides de l'été saharien.
-----------Du
premier étage, on accède souvent à une deuxième
terrasse par un escalier intérieur. Cette terrasse est également
entourée de murs assez hauts pour empêcher les voisins de
voir.
-----------Les
lieux d'aisance, situés dans un recoin du premier étage,
possèdent une fosse d'évacuation au rez-de-chaussée.
Ainsi, les odeurs désagréables sont supprimées ou
tout au moins diminuées.
La disposition de la maison mozabite décrite ci-dessus se trouve
répétée à des milliers d'exemplaires dans
tout le M'ZAB. Juifs et arabes, influencés par leurs voisins, ont
également adapté un type d'habitat qui se recommande par
un confort non négligeable et une parfaite adaptation au climat
brûlant de l'été et froid de l'hiver.
-----------Bien
entendu, la situation de fortune du propriétaire influe très
largement sur la dimension des pièces et le confort de la maison.
-----------De
nombreuses habitations urbaines possèdent des caves creusées
à l'explosif (autrefois à la main), à même
le roc. Ces pièces souterraines souvent vastes, convenablement
aérées, sont le séjour idéal durant l'été.
-----------Parfois,
non satisfaits d'un rez-de-chaussée et d'un étage spacieux,
certains mozabites installent une deuxième galerie sur la ter-rasse,
de façon à se protéger du soleil. De plus, la décoration
intérieure, le nombre et les complexités des aménagements
réalisés en plâtre, dans l'épaisseur du mur,
témoignent du degré de science et de raffinement des maçons
et propriétaires. Presque toutes les pièces, en effet, possèdent
des étagères encastrées, des niches, des recoins
qui ont un usage défini (poulailler, magasin à dattes, étagères
pour la vaisselle, les vêtements, etc...).
-----------Certaines
maisons possèdent, en outre, une pièce réservée,
aux hôtes, ou bien l'ouverture du patio est remplacée par
une coupole.
-----------L'habitat
des villes se retrouve inchangé dans les oasis dans ses dispositions
générales. Cependant, l'absence de voisinage gênant,
de plus vastes étendues de terrain, permettent aux architectes
autochtones plus de fantaisie, aux habitants un contact direct avec la
nature.
-----------Le
jardin se divise en deux parties :
-----------L'une,
de beaucoup la plus vaste, est une palmeraie d'exploitation qui peut,
sans danger, être offerte aux vues de l'extérieur ; l'autre,
très restreinte, délimitée par un mur élevé,
est le jardin d'agrément. Sous quelques palmiers rangés
le long des murs, croissent des orangers, des bigaradiers ornementaux,
des légumes rares. Le tout est parfumé par le jasmin qui
court sur le mur au-dessus de la porte. Au fond de ce minuscule paradis
végétal, au sol soigneusement balayé, une galerie
à arcades en légère surélévation et
de cinq à six mètres de long, est le séjour favori
du, maître de maison et des enfants. C'est là aussi que les
hôtes sont reçus et que se poursuivent, entre
hommes, de longues conversations dans le désoeuvrement de l'été.
-----------Cette
visite rapide de la maison mozabite, qui est aussi cellé des Arabes
agrégés et des Israélites de GHARDAIA, ne doit pas
faire oublier le triste habitat des classes les plus pauvres. Si les dispositions
générales sont alors conservées, l'exiguité
des locaux n'a pas de pareille hors de ces ksours à populations
entassées qui souvent mana quent d'air, d'eau et de lumière.
LA CIVILISATION URBAINE
AU M'ZAB
-----------Les villes
du M'ZAB représentent un capital immobilier considérable
accumulé au cours des siècles. Bien qu'aucun recensement
n'existe en ce domaine dans ce pays où le système d'imposition
est encore la Lezma fixe, il est possible d'en évaluer la valeur
à deux milliards de francs environ en tenant compte des multiples
habitations d'été qui à GHARDAIA, en particulier,
couvrent une bonne partie de l'oasis.
-----------Cette
accumulation de maisons est concentrée pour 90% au moins sur un
espace de moins de deux kilomètres carrés. 60 ha. pour GHARDAIA,
30 pour BENI-ISGUEN, 15 pour MELIKA, BOU-NOURA et EL-ATTEUF, 30 pour BERRIAN
et 40 pour GUERRARA, soit au total 175 hectares de surface bâtie
pour abriter une population théorique de 40.000 habitants.
-----------A
l'échelle -de chaque ksar, le cadre du village est donc largement
dépassé. Dans les rues étroites des villes mozabites
(la plus large n'excède pas trois mètres), apparaît
la complexité de l'établislsement urbain. II n'est pas rare
que, de nuit, les habitués eux-mêmes s'y perdent. Passages
couverts, impasses, escaliers s'enchevêtrent en un réseau
inextricable. Cependant, un plan d'ensemble existe qui, malgré
la diversité apparente, se retrouve dans tous les ksours.
-----------La
mosquée, au centre, est le point de mire ; la plupart du temps,
elle domine avec majesté la foule des maisons à qui elle
semble commander. A l'écart de l'édifice religieux, dans
un lieu bas, facile d'accès, se trouve la place centrale. Elle
en a souvent remplacé une autre plus ancienne, abandonnée
en raison du dévelolppement de la ville. Cette place si pittoresque
de la ville mozabite est à la fois un marché et un forum.
Marché où se rendent chaque jour les nomades de l'extérieur
pour écouler leurs produits, ravitailler le ksar en bois, en beurre
et en laine, faire eux-mêmes leurs emplettes chez les commerçants.
Forum où les notabilités s'assemblent pour discuter grave-ment
des affaires de la tribu. C'est de la place du marché, sur laquelle
donne généralement la Mahakma du Caïd, que les instructions
de l'autorité sont données à la population. Chaque
ville était, jusqu'à l'arrivée des Français,
protégée par une enceinte fortifiée flanquée
de tours. Aujourd'hui, BERRIAN a totalement perdu ses fortifications -
GUERRARA en conserve la majeure partie -- GHARDAIA n'a conservé
des murailles que du côté de l'oasis - les autres ksours
et BENI-ISGUEN en premier lieu ont des remparts intacts.
HABITAT NOMADE
-----------A côté
des cités mozabites relativement opulentes et qui témoignent
dans le domaine de l'habitat de science architecturale avancée,
de leurs constructeurs, jointe à un goût profond pour la
vie citadine, on rencontre dans les espaces désertiques entre les
ksours, les tentes misérables des Chaambas. Beaucoup d'entre eux,
sur le chemin de la sédentérisation, campent près
des villes. Nombreux sont ceux aussi qui ont construit hors remparts des
gourbis de toub ou de pierre dont l'accumulation tend à constituer
de médiocres hameaux. Certaines villes du M'ZAB
GHARDAIA, BERRIAN et GUERRARA ont donc des faubourgs arabes populeux dont
l'extension_ est surtout fonction de la croissance démographique.
DEVELOPPEMENT DE' L'HABITAT
-----------Si l'habitat
arabe hors remparts se développe assez rapidement dans des conditions
généralement peu satisfaisantes (mais la pauvreté
de la population malékite ne peut permettre d'envisager mieux pour
l'instant), l'habitat mozabite semble à peu près stationnaire.
On répare certes, on reconstruit les maisons vétustes mais
on fait peu de neuf.
-----------La
raison de la carence relative des Mozabites en ce domaine, carence qui
a pour conséquence une sévère crise du logement,
doit être recherchée dans les moeurs des Mozabites plus que
dans la conjoncture économique.
-----------Le
Mozabite admet difficilement en effet de vivre à l'extérieur
des remparts qui protègent la ville. C'est pour lui une sorte de
déchéance que d'être rejeté hors de ces limites
étroites, la perte du droit de cité. Partant de ce principe,
les questions de confort, d'espace et d'air passent en dernier lieu. La
richesse se confine souvent en des endroits étroits et sans lumière.
Lorsque la maison est trop décrépite, on la démolit
pour la reconstruire sur place en l'améliorant. Et bien entendu
l'insuffisance quantitative des logements entraîne la cherté
des loyers. L'exemple type de cette stagnation est BENI-ISGUEN, ville
aisée s'il en est, en pays musulman. Depuis 50 ans, la ville s'est
à peine étendue. Les remparts construits vers 1860 n'ont
pas été forcés par la poussée des maisons.
Cependant, pour parer au manque de logements, certains Mozabites tendent
à faire de leurs maisons de campagne leur résidence habituelle,
surtout lorsque celle-ci est peu éloignée de la ville.
-----------En
définitive, le problème de l'habitat se pose au M'ZAB avec
une sérieuse acuité.
-----------Le
dépeuplement provoqué par l'installation de familles ibadites
entières dans les villes du Nord est à peine sensible et,
par ailleurs, la plupart des familles qui suivent ce mouvement étant
largement aisées, se réservent la jouissance de leur maison
au M'ZAB.
-----------Mais
c'est surtout pour les Arabes agrégés ou sédentarisés
depuis peu que se pose le problème du logement. Les villes du M'ZAB
exercent une forte attraction en raison de l'abondance du travail, sur
les populations d'alentour, et la croissance démographique très
rapide de la population malékite ajoute ses effets à ceux
de la sédentarisation.
MURS ET COUTUMES
DU M'ZAB
-----------Les moeurs
et coutumes des Mozabites se rattachent aux coutumes berbères avec
cependant de larges ajouts résultant d'une religion et d'une histoire
particulière.
-----------Au
M'ZAB, la rigidité des principes m oraux, la valeur absolue donnée
aux coutumes correspond à l'intransigeance dogmatique d'un petit
peuple, car c'en est un, forgé et uni indissolublement par mille
années de vie et d'exil commun. Bien que les Mozabites soient entrés
très tôt dans le courant économique de la civilisation
européenne, ils ont su conserver presqu'intacts jusqu'à
nos jours les principes, les moeurs et coutumes de leurs ancêtres.
-----------Le
fait paradoxal explique les problèmes de ce pays de la contradiction.
Il explique encore les luttes politiques qui divisent aujourd'hui l'esprit
des BENI-M'ZAB.
-----------Etudions
quelques aspects des moeurs mozabites. Elles sont placées en vertu
de la religion, sous le signe de l'austérité. L'austérité,
c'est la réclusion de la femme - l'austérité, c'est
l'interdiction des plaisirs coupables dont la liste est plus longue que
nulle part ailleurs - l'austérité, c'est la vie simple,
loin de l'agitation du monde, l'austérité c'est encore la
passion du travail, de l'effort opposé complaisamment à
la fainéantise, l'austérité c'est la volonté
de s'en tenir à l'application de la réglementation qui règle
les plus anodins des actes de la vie.
LE STATUT DE LA FEMME
-----------Il existe
sans doute peu de lieux au monde où la femme soit sous une plus
étroite dépendance de l'homme. -----------La
femme, objet de la convoitise de ce dernier, l'est ici bien plus encore.
Elle est la mère des enfants qui perpétuent la race des
Béni-M'Zab, l'éducatrice du premier âge, la conservatrice
du foyer et, d'une façon plus générale, la sauvegarde
du M'ZAB. Elle représente la constante grâce à laquelle
l'ibadisme survit. A l'interdiction première formulée dans
le Coran, de montrer son visage à d'autres hommes que ceux de la
famille proche, à l'obligation d'être voilée, les
Mozabites, parfaitement conscients de la menace de dissolution que faisait
peser sur leur race leur existence mobile de marchands en ont ajouté
d'autres : l'interdiction de la coquetterie, et toutes les femmes ne portent
que haïk de laine grossière - interdiction surtout de sortir
du M'ZAB. Ces interdictions, formulées par les Azzabas, personnages
religieux, sont sanctionnées par une peine très sévère,
la " Tébria a ou excommunication, la-quelle d'ailleurs peut
être appliquée aux hommes comme aux femmes. ,
-----------La
femme est donc recluse, confinée - dans sa maison la plupart du
temps. A partir de l'âge nubile, elle ne connaît plus, surtout
si sa famille est aisée, que le paysage s'étendant autour
de la terrasse.
-----------Elle
ne verra plus d'autres hommes que son mari et ses frères, pas même
son beau-frère. Elle n'ira pas faire ses courses chez les commerçants,
ce sont les hommes qui les font. Elle n'aura d'autres amies que les femmes
de sa famille et ses voisines chez qui elle pourra accéder pa les
terrasses contiguës. Si vous rencontrez une femme mozabite dans la
rue, ce qui n'est pas très fréquent, elle rajustera rapidement
son voile de façon à ne laisser voir qu'un oeil. Souvent
même, elle se tournera carrément contre le mur et attendra
que vous soyez passé pour continuer son chemin.
-----------La
femme mozabite ne répond pas non plus aux convocations administratives.
Son mari ou son représentant masculin (Oukil) se présente
à sa place. Afin de limiter au maximum les possibilités
d'action indépendantes de la femme, le Mozabite la fait souvent
interdire par le Cadi lorsqu'elle a des biens personnels, sous prétexte
d'inexpérience et d'insuffisance mentale.
-----------Cet
isolement farouche de la femme mozabite n'est diminué que durant
l'été, lorsque, quittant le ksar sur-chauffé, elle
se rend à l'oasis avec ses enfants. Là, sous les palmiers,
à l'abri des hauts murs qui ferment le jardin, elle trouve ses
seuls instants de contact direct avec la nature.
-----------Une
dérogation curieuse existe par ailleurs ; lorsque l'oued coule,
les femmes peuvent sortir, se rendre sur la berge et observer autant qu'elles
veulent le passage des eaux. On les voit alors par grappes joyeuses assistant
à l'écoulement majestueux. Cette dérogation s'explique
sans doute par la rareté du phénomène et la valeur
symbolique de la crue de l'oued dans l'âme mozabite. Cette crue
est, en effet, le signe que le Créateur n'abandonne pas les Ibadites
établis au milieu de la Chebka désertique. La femme mozabite,
lorsqu'elle a soigné ses enfants et fait sa cuisine avec souvent
l'aide d'une négresse - car dans bien des cas c'est une "
bourgeoise " matériellement parlant - se livre volontiers
à des travaux de tissage. D'où l'artisanat très prospère
du M'ZAB.
-----------Si
la femme adulte est " protégée " des contacts
extérieurs,, la fillette est, elle aussi, isolée. Certes,
elle n'est pas voilée, elle peut jouer dans la rue avec ses compagnes,
mais l'Ecole Française lui demeure interdite. En 1 952, après
70 ans de présence française, alors qu'environ 2.000 garçons
fréquentent les écoles primaires du M'ZAB, pas une fillette
mozabite n'est inscrite à l'Ecole publique -; 4 ou 5 seulement
vont à l'Ecole privée des Soeurs Blanches. Le fait ne doit
cesser de demeurer à l'esprit de qui veut mesurer la force de résistance
des traditions mozabites.
-----------Le
mouvement moderniste qui a provoqué l'expatriation de quelques
dizaines de femmes mozabites déclenchant ainsi, d'ailleurs, les
foudres des Azzabas, n'est pas encore parvenu à un début
de scolarisation des fillettes.
-----------L'interdiction
des plaisirs coupables et de certaines affaires.
-----------La
liste des actes défendus est fort longue car les interprètes
ibadites du Coran ont recherché dans le texte sacré les
moindres allusions leur permettant de formuler une interdiction.
-----------Les
interdictions les plus notables sont :
-----------L'interdiction
de la musique (moins respectée de nos jours sauf dans la ville
sainte de BENI-ISGUEN). L'interdiction de fumer (celle-ci toujours respectée
mais tournée en cachette par de nombreux Mozabites). ----------------------L'interdiction
des parfums et du luxe général.
-----------L'interdiction
des boissons alcoolisées (commune à tous les musulmans,
mais ici particulièrement respectée). -----------La
prohibition de la prostitution pour les femmes mozabites.
-----------La
prohibition du commerce de l'argent réservé aux juifs et
qui ne va pas sans gêner la vie économique d'un peuple commerçant,
etc...
-----------La
vie simple loin de l'agitation du monde.
-----------Lorsque
le Mozabite commence à vieillir et que ses enfants devenus grands
sont aptes à gérer ses affaires, il arrive fréquemment
qu'il se retire de ses activités pour se retremper au sein de l'existence
primitive, biblique de ses pères. Vivant dans son ksar natal au
milieu d'autres barbes blanches, il se consacrera désormais à
des travaux simples de jardinage ou de maçonnerie, entrecoupés
des prières rituelles. C'est qu'au fond le Mozabite garde au-dedans
de lui-même jusque dans la vie active où il excelle en particulier
par ses qualités commerciales la nosta Igie d'une vie simple vouée
en grande partie à la contemplation. II se rattache, par là,
à la grande tradition de ses pères, à l'exemple en
particulier de l'Iman ABEDERRAHMANE Ibn Rostem qui, Chef d'un royaume,
construisait sa maison de ses propres mains. Cet aspect du tempérament
mozabite ne peut être négligé, même si l'on
considère que la vieillesse est généralement une
période de repos, de réflexion et d'attente inquiète
ou paisible de la mort. Vieillir et mourir au M'ZAB au milieu des choses
simples aimées dès l'enfance est un article de la foi mozabite,
aussi bien qu'une attitude spontanée de l'homme sur le déclin.
La terre qui a vu naître l'ibadite doit lui servir de der-nier séjour.
Séjour tranquille puisque, de par les coutumes religieuses, sa
tombe restera inviolable jusqu'au jour de la résurrection.
-----------Jusqu'à
présent, le modernisme n'a pas entamé l'idée de ce
retour vers la terre natale. Combien de vieillards ne voit-on pas, juchés
sur leur mulet ou sur leur âne, se diriger silencieux, le regard
perdu dans une contemplation intérieure, avec la dignité
qui sied à un notable, vers l'oasis de sa ville où ils s'adonneront
aux travaux les plus simples ordinairement confiés à un
khammès.
-----------La
passion du travail et du gain.
-----------Au
nom de la religion, le Mozabite a vaincu les conditions inhumaines du
désert où il s'est réfugié. Au nom de l'indépendance
de sa secte, il s'est lancé avec succès sur les routes du
commerce nord-africain pour faire vivre et prospérer les bourgades
du désert dont l'ensemble forme le M'ZAB. Sa race travailleuse
a acquis un degré de réputation et un état de richesse
relative qui contraste heureusement avec la dureté des conditions
de vie qu'il s'était imposées au départ. Ici, le
fatalisme oriental n'a pas eu raison des qualités de la race berbère
et la nécessité aidant, l'esprit d'entreprise s'est largement
développé devenant pour beaucoup un article de foi et une
néçessité morale.
-----------Le
goût du travail, de l'effort individuel, associé à
un esprit de lucre qui est sans doute le défaut le plus voyant
desBéni-M'Zab, n'exclut pas l'esprit d'association et de collaboration
d'où naissent les entreprises collectives. Ainsi en témoignent
les grands ouvrages hydrauliques dont nous aurons l'occasion de reparler,
et les multiples associations commerciales existantes. De plus, malgré
les apparences et les conflits politiques, il existe une solidarité
réelle entre Mozabites qui, dans toute la mesure du possible, évitent
de se faire concurrence.
-----------Les
progrès de l'individualisme d'une part ,les interventions multiples
de l'organisation étatique d'autre part, n'ont pas eu raison jusqu'à
ce jour de la tendance des Mozabites à agir et à s'administrer
par l'intermédiaire de leurs entités traditionnelles, la
fraction et la tribu.
-----------Associé
au goût du travail et soutenant l'effort, l'instinct de conservation
physique, moral, spirituel, anime le comportement de ce petit peuple.
Volonté de résistance et de survie traduite par l'attachement
du Mozabite à ses affaires commerciales (sans elles le M'ZAB serait
condamné à disparaître), volonté de permanence,
d'intégrité, voire de conservatisme révélé
par l'acharnement au travail de la terre ingrate des vallées de
la Chebka, par les dépenses énormes faites par les plus
riches pour honorer la terre mozabite en aménageant à grands
frais des villes de plaisance et de féériques jardins.
-----------II
ne faudrait pas croir cependant que le Mozabite soit doué pour
toute espèce de travail. L' " homo economicus " mozabite
fut d'abord un " rusticus ", puis un " mercator ",
surtout sans doute par la force des circonstances. Il fut aussi de tous
temps un excellent bâtisseur. Mais les tâches ne ressortissant
pas à ces trois branches d'activité furent toujours confiées
à des populations de religion ou de races différentes :
Juifs pour la confection des vêtements, des chaussures, le travail
des métaux et la bijouterie ; Arabes pour les tâches serviles
et nombre de petits méiers.
-----------En
définitive, le comportement économique mozabite apparaît
en partie dicté par des impératifs d'ordre supérieur
: travailler de telle ou telle façon peut être, pour lui,
un devoir religieux et national en même temps.
-----------Degré
d'évolution des populations du M'Zab.
-----------Si,
sous la rubrique précédente, nous avons sciemment négligé
de parler des moeurs de la population arabe, adonnée d'ailleurs
à des genres de vie très différents, c'est en réalité
que peu de chose la distingue à ce titre des populations malékites
voisines, qu'elles soient nomades ou sédentaires, si ce n'est l'influence
exercée sur elle par le milieu mozabite. La population malékite,
en effet, vit surtout en client des Béni-M'Zab.
-----------Partout,
elle occupe les emplois les moins rémunérateurs et ne connaît
pas l'indépendance économique réelle. Arabes arégés,
Medabih, Chaambas même pour une partie et dans une moindre mesure,
ne pourraient vivre sans les investissements, les offres d'emploi, de
la clientèle mozabite. L'évolution de cette population en
état d'infériorité depuis de nombreux siècles
est peu avancés. Khammès, manoeuvres du bâtiment,
employés de commerce, petits métiers, vivent pauvrement
et leur attitude favorable vis-à-vis de la scolarisation (les filles
arabes vont facile-ment à l'école), n'a pu encore changer
leur condition, car le pays est pauvre, l'élevage incertain, la
culture aléatoire. C'est à peine si au total quelques dizaines
de malékites ont une situation aisée acquise généralement
dans le commerce ou dans l'élevage.
-----------Proche
de la situation des Arabes est celle des Israélites. En état
d'infériorité devant leurs maîtres mozabites, ils
n'ont pu encore sortir de la condition misérable et méprisée
qui fut la leur durant des siècles. Le quartier juif de GHARDAIA
est le plus archaïque des mellahs d'Algérie. Entre ces maisons
hautes parfois de deux étages, mais dont l'aspect correct ne rachète
pas la misère intérieure, le long des ruelles obscures où
de loin en loin stagnent des flaques nauséabondes, on ressent ce
que peut être parfois la dure condition humaine.
-----------Femmes
et hommes ont, pour un bon nombre, conservé les moeurs bibliques.
Celles-là vêtues de longues robes chatoyantes, grasses sous
l'étoffe crasseuse, les cheveux nattés, de grossiers bijoux
de laiton ou d'argent autour du cou, élèvent des enfants
blafards dans une atmosphère lourde que l'implacable chaleur de
l'été rend plus insupportable encore. Beaucoup de ces femmes
ne parlent qu'arabe, n'ayant pu bénéficier de l'école
dans leur enfance. Les hommes, de leur côté, sont à
peine plus évolués. Ils éprouvent les plus grandes
difficultés à trouver des occupations rentables et seulement
quelques-uns d'entre eux sont parvenus à l'aisance.
-----------L'Ecole
française et les qualités inhérentes à la
race juive doivent permettre à la population israélite de
GHARDAIA de rattraper son retard. L'évolution est cependant à
peine commencée et c'est plutôt à l'extérieur
du M'ZAB que les Israélites cherchent aujourd'hui un avenir meilleur.
Plusieurs centaines d'entre eux ont quitté le M'ZAB pour la terre
promise, lorsque l'Etat d'Israël s'est constitué. Un certain
nombre déjà se livrent au commerce dans les centres du Sud
et des Hauts Plateaux où les conditions matérielles et morales
défavorables dues à la proximité des Mozabites disparaissent.
-----------En
définitive, c'est sur l'action des Mozabites que repose l'évolution
du M'ZAB tout entier.
-----------Riches
d'un passé de civilisation, forts de leur activité et de
leur nombre, ils sont à l'avant-garde du progrès matériel,
social et moral au M'ZAB. Dès avant l'occupation de leur pays,
ils purent, par le commerce, prendre con-tact avec l'Européen dans
les grandes villes du Nord. Aujourd'hui, leur commerce extérieur
a pour clientèle autant l'Européen que le Musulman, et,
sous la pression des circonstances : évolution de l'ensemble de
la population algérienne amenant la concurrence des musulmans locaux,
augmentation constante du chiffre de la population européenne,
sens des affaires et évolution des Mozabites eux-mêmes, -le
contact avec l'Européen devient de plus en plus fréquent
et étroit. Par ailleurs, l'évolution matérielle s'accélère
à la mesure d'un enrichissement certain.(
note : des problèmes car une partie du texte est absent)
Depuis 1830, la fortune mozabite évaluée par tête
d'habitant a sans aucun doute fait plus de progrès que celle des
autres musulmans d'Algérie. -----------L'accroissement
démographique pour diverses raisons est extrêmement lent.
Le commerce jouissant désormais d'une parfaite sécurité,
les Mozabites ont pu, par ailleurs y donner toute leur mesure.
-----------Aujourd'hui,
en outre, grâce à l'Ecole, mais peut-être plus encore
par le contact du comptoir, 50% des Mozabites du sexe masculin parlent
le français, des milliers le lisent et l'écrivent.
-----------Mais
l'évolution est frénée, voir corrigée et guidée
par la survivance des coutumes , l'attachement aux institutions du passé
et surtout la situation de la femme qui, elle, est maintenue jalousement
à l'abri du contact civilisateur.
-----------En
fait, ces Mozabites, ces durs travailleurs sont plus près des conceptions
d'une vie bourgeoise, laborieuse, probe et ordonnée que quantité
d'autres administrés. Et de ce fait permettrait de conclure qu'une
évolution ample et harmonieuse est possible et pourrait se réaliser.
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