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BOUZAREA
( ou La Bouzaréah)
La
fondation de ce village de colonisation ne doit rien au plan
Guyot de 1842, même si sa création, lui est postérieure.
Il a été créé près d’un petit fort
militaire établi sur la plus élevée des collines du Sahel, juste au-
dessus de Bab el-Oued. Que cette création ait attendu 13 ans après la
conquête de la ville si proche, souligne bien l’indécision des dirigeants
du Royaume sur la conduite à tenir en Algérie.
Il est vrai que ce massif est
plus venteux, plus frais, plus humide que le reste du Sahel. Il est aussi
à l’écart des chemins principaux. Le site n’est guère attirant et le
village de 1843 est resté longtemps au bout d’une impasse.
Quelques dates
1843 -
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Création d’un centre de colonisation
modeste |
1870
-
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Bouzaréa devient CPE, Commune de plein
exercice |
1888
-
|
Transfert à Bouzaréa de l’Ecole
Normale d’instituteurs inaugurée en 1866 à Mustapha ;
bien que présenté comme provisoire pour atténuer l’opposition
de tous, professeurs et élèves, mécontents d’être
« exilés » si loin de la ville, ce transfert
fut reconnu comme définitif dès 1897. |
Vers 1890
-
|
Création du seul observatoire astronomique
d’Algérie ; Après 1962 il devient le CRAAG ;
Centre de Recherches
en Astronomie, Astrophysique et Géophysique. |
1891
-
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Création de la Section Spéciale à L’Ecole
Normale. |
1940
-
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Suppression, par Vichy, de cette Ecole
Normale, comme de toutes les autres. |
1942
-
|
Occupation américaine de l’Ecole Normale.
C’est notamment l’Etat-Major du Général Hewitt, chargé de préparer
le débarquement en Sicile qui y demeure jusqu’en 1944. |
1945 -
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Réouverture de l’Ecole Normale. |
1957 -
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Création d’une SAU (Section Administrative
Urbaine) sur le modèle des SAS du bled. |
1959 -
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Intégration de la commune dans le 6è
arrondissement du Grand Alger. |
Le territoire communal
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l'image pour une meilleure lecture (150 ko)
Carte du territoire communal, avec
texte |
Le village a été implanté un peu en arrière du sommet
arrondi d’un vieux massif primaire très érodé. Mais ce massif, peu élevé
(407m), est si près du littoral que, vu de la mer, il prend des allures de
montagne. L’endroit est très pluvieux et le massif est entaillé de tous
côtés par des ravins qui dévalent vers le littoral très proche à l’est et
au nord. Les espaces aisément constructibles sont rares.
Il y a plus de broussailles
ou de pauvres pâtures, que de culture ou de vraie forêt : la
forêt de Baïnem n’apparaît que dans le coin N-O. La Tribu
est le village arabe.
Au nord la limite de la commune
court à mi-versant au-dessus de Saint-Eugène et de Guyotville. Au sud elle suit les oueds Ben Lezzard (vers
l’est) et Beni-Messous (vers l’ouest et Chéragas). A l’est elle domine
la Basilique de N-D d’Afrique et suit le haut des carrières Jaubert.
C’est là que se trouvent les meilleurs points de vue sur Saint-Eugène
(Bologhine après 1962), Bab el-Oued et la baie d’Alger.
Le massif de Bouzaréa sert
de château d’eau pour tout le Sahel oriental. Vers l’ouest l’oued Beni
Messous est le moins torrentiel car il est le plus long et a donc une
pente plus faible. Vers l’est l’oued Ben Lezzard (on dit aussi
M’Kacel) est le plus dangereux. Par le Frais Vallon il dégringole
vers Bab-el-Oued qu’il traverse enfoui dans un tunnel. Mais depuis
1962 le déboisement et les constructions anarchiques ont déstabilisé
les sols et aggravé le danger des crues d’orage. Le 10 octobre 2001
une crue plus brutale que les autres a rempli de boue le tunnel et envahi
la ville. On dénombra officiellement 712 morts et 115 disparus !
Le village-centre
Il n’est pas du tout conforme
au schéma du village de colonisation classique : pas de plan en
damier, pas de place centrale carrée ou rectangulaire ; juste un
carrefour en Y au centre de la commune et en retrait du fort. Avec ses
villas alignées le long de rues sans plan d’ensemble,
l’agglomération tient plus d’une banlieue inorganisée que d’un village
créé ex-nihilo.
La rue principale, et la plus
commode, est celle qui vient de Châteauneuf. C’est par là que passaient
les trolleybus et les autobus venus d’Alger.
Sa desserte par les transports en commun
En 1962 3 lignes de bus de la
RSTA (Régie syndicale des Transports Algérois regroupant depuis 1959
les deux réseaux de transports urbains) montaient d’Alger à Bouzaréa,
carrefour central.
La plus ancienne est la ligne 6
(trolley, puis bus) de la place du Gouvernement, par Châteauneuf
La ligne 6 barré
vient de la Grande Poste par le Télemly et Châteauneuf
La ligne 16
est la plus récente, venue de la place du Gouvernement, par le Frais
Vallon.
Les
bâtiments et institutions notables sont l’observatoire et
l’ENIB.
·
L’observatoire astronomique
a été créé à une date que je ne connais pas avec précision, mais qui
est très antérieure à 1894. La hauteur et la situation au-dessus des
brumes du littoral, ainsi que la proximité de la capitale et de ses
écoles supérieures expliquent le choix de ce site pour l’implantation
du seul observatoire algérien. Avec les bâtiments de service qui l’accompagnent
il forme un hameau qui porte le nom délicieux de « village céleste »
visible sur la carte au 1/50000.
C’est là qu’en 1916 l’astronome Frédéric Sy a découvert
les astéroïdes 858 et 859 qu’il baptisa El Djezaïr et Bouzaréa. Cet
observatoire est encore actif. Après 1962 l’observatoire est promu CRAAG
Centre de Recherches en Astronomie, Astrophysique et géophysique.
·
L’ENIB ou Ecole Normale
d’Instituteurs de Bouzaréa mérite qu’on s’y arrête
plus longuement qu’à l’observatoire.
Ce ne fut pas la seule Ecole Normale d’Algérie,
mais ce fut la principale et en quelque sorte la clé de voûte de l’Enseignement
Primaire dans le bled car ce fut la seule E.N de garçons habilitée à
former les instituteurs du cadre B destinés à l’enseignement des « indigènes »,
avant la fusion des cadres A et B en 1949. C’est là qu furent formés
tous les instituteurs du bled.
L’ENIB avait été instituée, par décret impérial
du 4 mars 1865, mais les bâtiments
avaient été choisis en ville, à Mustapha Supérieur.
Ce n’est qu’en 1888
que l’E.N. dut déménager d’urgence à cause d’un glissement de terrain
menaçant à Mustapha. Cet exil fut combattu par un front uni de professeurs
et d’élèves contrariés d’être exilés si loin de la ville. On leur promit
que ce serait provisoire ; en 2007 l’E.N est toujours à Bouzaréa.
En octobre on emménagea, provisoirement croyait-on, dans un bâtiment
pas terminé et prévu à l’origine pour un asile d’aliénés ;
les élèves le dénommèrent « Maboulville.
En 1891 est
créée la « Section Spéciale » qui avait pour mission «
d’adapter les élèves-maîtres ayant achevé le cursus normal, à l’Enseignement
des Indigènes ». Les élèves en question pouvaient être natifs de
métropole ou d’Algérie. On avait prévu des promotions de 40 en 1891 :
en réalité le chiffre a varié en fonction des créations de classes dans
le bled ; par ex. 12 élèves en 1896 et 54 en 1938.
Cette Section Spéciale » était également appelée
la « Quatrième Année »
A la sortie de la Section Spéciale le nouvel instituteur
obtient trois papiers.
Le Certificat d’Aptitude Professionnel (le
C.A.P.)
Le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement
Agricole
Le diplôme d’Hygiène et de Médecine usuelle.
En 1897 on fit
savoir que le provisoire deviendrait nécessairement définitif
car de vastes terrains étaient indispensables pour mener à bien la nouvelle
mission agricole de l’instituteur du bled ; or à Bouzaréa
l’ENIB disposait de 23 ha, et depuis 1895 d’une cheptel.
En 1914 le confort
s’améliora : on installa l’électricité et l’eau courante.
En 1928 on fusionna
les deux concours d’admission européen et indigène jusque là séparés.
En octobre 1940
l’ENIB fut supprimée par le Gouvernement de Vichy, qui estimait
que « ces séminaires laïcs » ne pouvaient soutenir les objectifs
moraux de la « Révolution Nationale » prônée par Pétain. Les
élèves-maîtres ne perdirent pas leur statut (sauf les juifs, exclus)
mais durent aller préparer le baccalauréat ailleurs. Il avait été prévu
que la formation professionnelle serait assurée, après l’obtention du
bac, par des IFPI (instituts de formation professionnelle interdépartementaux)
et par des stages de trois mois dans des écoles.
Le
débarquement américain du 8 novembre 1942 mit fin à cette
législation : il n’y eut pas d’IFPI en Algérie et les juifs furent
réintégrés. Mais l’ENIB ne rouvrit pas.
De 1942
à 1944 l’ENIB fut occupée par l’armé américaine.
Les bâtiments de l’ENIB
Et
quelques villas proches Après
1962 cette école devint Ecole
Normale Supérieure | |
En octobre 1945
l’Ecole est réouverte avec des promotions de 2è, 3è
et 4è année diminuées par la mobilisation,
générale en Algérie après le débarquement du 8 novembre ; voire
par la mort au Champ d’Honneur en Syrie, Italie, France, Autriche
ou Allemagne. |
Supplément facultatif
Je ne résiste pas à l’envie de
placer l’emploi du temps de 1866 et une photo de la section spéciale
pour l’année scolaire 1925/1926 .
Une journée vécue par
les 30 premiers élèves,
en 1866/1867
5h - Réveil ; puis prière et étude
7h - Petit déjeuner et repos
8h - Cours
12h - Repas et repos
13h - Etude surveillée
14h - Cours
18h - Repas et repos
19h - Etude
21h - Repas
22h - Extinction des feux après la prière |
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Le
jeudi après-midi était libre pour pouvoir recevoir des visites et rédiger
sa correspondance. Le dimanche matin la messe est obligatoire, sauf pour
les musulmans.
Jusqu’en 1884 les élèves ne
pouvaient s’absenter durant les 10 mois et demi de l’année scolaire. En
1884 ils obtinrent le droit de sortir en ville, le dimanche, en uniforme
bleu, avec casquette ou chéchia.
Photo des
élèves-maîtres la classe de la Section Spéciale en 1925/1926
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Voici trois destins tout à fait représentatifs des carrières des instituteurs
du cadre B.
Un début dans un bled sans route, ni commerce, ni
Européens à cette date ; et une fin à Alger
Louis a
occupé un poste à Agouni Gherrane au pied du Djurdjura, puis à Sétif,
puis à Maison-Carrée.
Il
a terminé sa carrière comme Directeur à la Colonne Voirol.
Il était natif de Draria et est mort à Paris.
Eloi
a occupé un poste à Agouni Ahmed (Kabylie des Beni
Yenni), puis à Perrégaux, puis à Blida.
Il
a terminé sa carrière comme Directeur à Hydra.
Il
était natif de Cauterets et est mort à Cauterets
Marceau a occupé
un poste à Aït Lahcene (Kabylie des Beni Yenni), puis à Médéa, Alger-Frais-Vallon.
Il
a terminé sa carrière comme Directeur à Alger-Guillemin.
Il
était natif de Draria et est mort à Sommières.
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