-----On voudra bien trouver ici la presque
totalité d'une brochure écrite par Monsieur Raymond Darnatigues,
ancien de Blida et de Chréa ; il souhaite qu'y prennent plaisir
les Anciens d'Alger, de Blida et des villages de la Mitidja, habitués
de ces lieux. Cet Atlas Blidéen est un véritable balcon
sur la riche plaine de la Mitidja et on y a vue jusque sur la Méditerranée.
---- Cette route serpente dans une zone de reboisement, avant de
pénétrer dans une superbe forêt de cèdres qui
couvre tout le sommet de l'Atlas Blidéen. 35 ou 36 virages en épingles
à cheveux et près de 800 courbes en font un parcours idéal
pour les courses de motos et autos organisées par les Clubs de
Blida et Boufarik. Le record de la montée en toutes catégories
a été établi par Dominique Ponsetti en 14'31 (Moto
club d'Alger).
Un sentier muletier menait aussi de Blida à Chréa, long
de 7 km ; lors des fêtes de Chréa, des courses pédestres
étaient organisées entre les deux cités ; record
de la montée établi par un jeune musulman, 1 h 4' ; le vétéran,
M. Astingo, 70 ans, a mis 2 h 20 ; temps moyen des randonneurs, 2 h 30
à 3 h.
Chréa dépendait de Blida qui en avait fait une station
climatique, à 70 km d'Alger. Commune de plein exercice à
cette date, elle était reliée à Blida par une route
de 18 km, pour un dénivelé de 1200 m, certaines pentes ayant
14 % d'inclinaison. Cette route serpente dans une zone de reboisement,
avant de pénétrer dans une superbe forêt de cèdres
qui couvre tout le sommet de l'Atlas Blidéen. 35 ou 36 virages
en épingles à cheveux et près de 800 courbes en font
un parcours idéal pour les courses de motos et autos organisées
par les Clubs de Blida et Boufarik. Un sentier muletier menait aussi de
Blida à Chréa, long de 7 km, lors des fêtes de Chréa,
des courses pédestres étaient organisées entre les
deux cités.
-----La forêt de cèdres couvrait
alors environ 3000 hectares, et s'étendait par reboisement naturel
vers l'E. de la chaîne dont l'altitude moyenne est de 1450-1500
m. Il n'y a pratiquement pas de sous-bois sous les cèdres. C'était
un véritable régal des yeux que de voir ces parterres de
pensées, violettes, tulipes et eeillets sauvages. Ensuite venait
l'époque des orchidées, et, à l'automne, les champignons
: cèpes, morilles, coulemelle... Et quel spectacle la vue sur la
plaine de la Mitidja ! Par beau temps, on apercevait au-delà des
collines du Sahel, sur la mer, de petites taches qui avançaient
: les bateaux quittant ou joignant Alger, dont nous distinguions les hauteurs
: Bouzaréah,
El Biar,
Kouba...
A nos pieds, la plaine de la Mitidja,
avec toutes ses routes, ses canaux, le quadrillage de ses cultures qui
en faisaient un gigantesque échiquier multicolore de 70 km de long
sur 25 de large. Nous aimions, le soir, admirer la plaine qui s'animait
de milliers de feux-follets, depuis le Chenoua jusqu'à Alger.
Chréa n'est pas seulement la station de ski favorite des sportifs
algérois : ses 1 500 m d'altitude lui valent un climat particulièrement
sain et tonifiant. Le troupeau des chalets, disséminés dans
les cèdres odorants s'accroît chaque année et tous
les étés des ribambelles d'enfants peuplaient une dizaine
de colonies de vacances.
-----Le
ski-club : Toutes les administrations, quelques cités
de la plaine possédaient des maisons de vacances à Chrea,la
plus importante étant l'Aérium de la ville d'Alger ; il
accueillait 300 ou 350 enfants de toutes confessions, nécessiteux
pour la plupart ; cet établissement assurait, en plus des soins,
la scolarisation de ces enfants en 8 classes qui fonctionnaient toute
l'année. Le dernier maire fut M. Albert Naud. Évidemment,
Chréa est une création française (on estime à
1000 habitants pour Blida en 1830 et 100.000 en 1962).
-----Les territoires des douars de GHELLALE
et de FEROUKRA, alors sous administration militaire, sont par décision
du Conseil général en 1873, rattachés à la
commune de BLIDA administrée alors par M. DE TONNAC, Maire, PAGES,
adjoint, et les conseillers municipaux TRINITE, SIMOUNEAU, BENICHOU, Robert
COMBREDET, Mohamed Hadj BEN AMEUR, Boualem BEN DALI, Hamed BEN AHMED,
Ahmed BEN KAID AMAR, Belkacem BEN SIDI EL KEBIR.
-----Par décret du 3 décembre 1875, le territoire
des SIDI EL KEBIR et des SIDI FODHIL sont rattachés définitivement,
confirmant ainsi le décret provisoire de 1871.
-----Le territoire de SIDI FODHIL a une superficie de 5238 hectares
dont 4999 arch ou melk.
-----Le territoire de SIDI EL KEBIR, 1925 hectares dont 3509 arch
ou melk.
-
----La population kabyle est représentée par 8 Cheiks,
18 Membres de Djemâa et 26 notables soit 52 personnes.
-
----Le koudiat CHREA et le col du même nom figurent pour
la première fois sur un document officiel : la carte d'Etat Major
de 1900. Situés sur le territoire des BENI SALAH, ce nom de lieu
n'est pas cité par le Colonel TRUMELET dans la relation de son
excursion en 1863, à travers cette région ; il indique cependant,
tous les douars et ravins entourant ce lieu dans une ample description,
sans jamais le citer.
En 1899, l'abbé BONFILS, professeur au Collège St-CHARLES
DE BLIDA, célèbre une messe au Koudiat FORTASSA lors de
l'érection de la croix dite CROIX des PERES BLANCS et ceci disait-on,
pour commémorer le sacrifice de 2 cantonniers de la ville, perdus
dans une tempête de neige, alors qu'ils tentaient de secourir une
section de tirailleurs qui s'était égarée dans ce
massif au relief très accidenté et aux ravins abrupts. Leurs
corps furent retrouvés quelques jours plus tard, à la fonte
des neiges ; d'après les souvenirs de vieux blidéens, l'âne
qui transportait les vivres a été retrouvé vivant,
à quelques mètres des corps des deux disparus : la chaleur
dégagée par son corps ayant fait fondre la neige tout autour
de lui, formant un igloo, ce qui lui avait permis de survivre. Bien plus
tard, lorsque la route fut construite, le virage au fort pourcentage situé
près du lieu de cette tragédie a été dit:
Virage de la Croix.
-----Lors des hivers très rigoureux, il se formait à
cet endroit des congères importantes (4 mètres en hiver
44-45).
Le nom lui-même est l'objet de plusieurs interprétations.
D'aucun lui attribuant une étymologie différente Beaucoup
disent QREA, c'est une erreur ; les Kabyles le prononcent en détachant
bien les lettres C et H ce qui peut se traduire par : le toit, le col,
la coupure, la terrasse ; ou encore Cherâa, sorte de petite construction
polygonale élevée habituellement d'un mètre au-dessus
du sol et dans laquelle a été laissé un passage pour
y pénétrer. La Cherâa est souvent un mekam (petite
kouba très plate et lieu de prières et sert surtout à
la prière individuelle d'après le Colonel TRUMELET).
----Par une note
du préfet d'Alger il a été retenu l'opinion suivante
Chréa signifie : Lieu où l'on rend
la justice.
-----En effet, pendant l'occupation turque, les
cadis de Blida se déplaçaient périodiquement et venaient
à cet endroit pour rendre la justice aux indigènes des Beni
Salah qui occupaient l'Atlas Blidéen. C'était avant la lettre,
les audiences foraines de cette époque. Divers arabisants ont cherché
et indiqué de nombreuses autres étymologies, mais j'estime
qu'il faut s'en tenir à l'explication des indigènes eux-mêmes
(Archives).
-----On ne retrouve guère de renseignements
sur la période allant de 1900 à 1910. Les chasseurs y tuaient
encore quelques panthères. Du temps des romains, cette région
fournissaient les bêtes sauvages que les gladiateurs combattaient
dans les arènes. Les lions de l'Atlas étaient réputés
comme étant plus sauvages et féroces que tous autres. Au
cours de son récit, le Colonel Trumelet rapporte les déclarations
des anciens salhis, sur les moyens employés pour capturer les lions.
Peu après le début de la conquête, le Lieutenant Gérard
a abattu quelques-uns de ces fauves au cours de ses chasses. On pouvait
à une époque récente, visiter dans les Gorges de
La Chiffa la grotte aux lions, lieu de ses exploits.
-----L'installation de la redoute de Tala Zit en
1840 a permis à quelques européens téméraires
d'exploiter des glacières (meneur et teldj) près des sommets
dans des prairies très enneigées l'hiver.
Monsieur Delavigne en 1843 a occupé l'ancienne redoute de Djemaaed-Draa.
En 1850-1855 Monsieur Laval exploite des glacières sur le territoire
des Kerrachs appelées pendant longtemps les glacières Laval.
Il a créé ensuite une cédraie et une Châtaigneraie
devenues depuis très belles, un hôtel réputé
repris par la suite par Monsieur Castan (en 1945 cet établissement
sera acheté par la ville de
Boufarik qui a installé une colonie de vacances : le
Petit Boufarik à la Montagne...)
-
----Le long du sentier qui menait des Glacières
à Chréa, on pouvait voir encore les bases de ces glacières
creusées dans le sol. Dès les premières chaleurs
dans la plaine, 4 tonnes de cette glace étaient transportées
chaque jour, à dos de mulets à Blida et jusqu'à Alger
par d'autres moyens.
-----MM. Castan, Reynaud Séraphin, Girbes
Alfred, le Père Girard, M. Giordano qui a capté la petite
source du Ravin Bleu qui porte son nom, M. Bresson dont le nom a été
donné à une place boisée où se trouve le Chameau,
MM. Bouchon, Davidou, Jover, Mans, Rouquette. Les Docteurs Yung, Granger
et bien d'autres sont des pionniers qui ont parcouru tout ce massif montagneux
et contribué à son renom.
En 1911, pour éviter des constructions sans plan d'ensemble et
le déboisement, le Conseil municipal de Blida décide de
créer une station estivale dans cette partie de l'Atlas Blidéen.
En 1913, la forêt est déclarée Parc National de Chréa,
confirmé par arrêté gouvernemental du 3 septembre
1925.
Le ski - Beaucoup de ceux qui s'adonnaient aux sports nobles n'hésitaient
pas les samedis et les dimanches d'hiver à se rendre dans les stations
de ski ; étonnant mais vrai ! Boris Kan qui fut un de ces pratiquants
réguliers, a relaté la naissance du ski en Algérie.
La station de ski de Chréa, au-dessus de Blida, fut créée
dans les années 1920 autour du docteur Granger. Mais il faudra
attendre quelques années pour que l'industriel Paul Lehoux fasse
construire le premier " tire-fesses ".
En 1946, la ville de Blida demande à Monsieur Socart,
architecte du Gouvernement Général, d'établir un
projet d'extension de Chréa. Ce projet est jugé trop ambitieux
par les élus de l'époque, car il prévoyait II quartiers
occupant les koudiats et séparés par les cols.
-
----La loi de réforme communale de 1956,
fait de Chréa une nouvelle commune distincte de Blida qui est amputée
d'une partie des territoires des Sidi Fodhil, des Beni Salah, des Ghellaie,
des Ferroukra et des Bena Messaoud. La nouvelle commune avait ainsi une
superficie d'environ 10.000 hectares et une population (évaluée
avant les événements) de 6 ou 7.000 habitants pour la plupart
en Douars. Lors de notre départ, du fait des regroupements en plaine,
la population de Chréa s'élevait à 1.000-1.200 habitants.
Pendant 3 ans, une commission municipale gère la commune : elle
était présidée, dans un premier temps par Gustave
Faure, ensuite par Albert Naud qui est élu maire lors des élections
de juin 1959. La nouvelle municipalité comprend 13 membres dont
8 musulmans et 5 européens liés par une vieille amitié
et le désir de faire de ce village une des plus belles stations
estivales et la première station hivernale d'Algérie.
-----Tiré
de l'ouvrage du Père Roger Duvollet :"Souvenirs et soupirs
d'Algérie et du Sahara."Tome XV, avec son aimable autorisation.
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