Notre-Dame de la mer à Chiffalo petit coin de Sicile...sur la côte algéroise
par Roger Couturier
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réponse à un détracteur (suite)
Alger Magazine, 1954 - envoi: Pierre Chatail

sur site le 14-1-2007

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Réponse à un détracteur (suite)

Tout le monde était là : remorqueur de haute mer, les bateaux de pêche de Chiffalo et d'ailleurs, la vedette « L'Ombrine»,bateaux de plaiscnce, etc., etc.
Tout le monde était là : remorqueur de haute mer, les bateaux de pêche de Chiffalo et d'ailleurs, la vedette « L'Ombrine»,bateaux de plaiscnce, etc., etc.

« Que dire enfin de ce qu'on a appelé la « procession de samedi » ?... qui dit « procession religieuse » dit recueillement. Or, on a vu se dérouler une caravane publicitaire motorisée analogue, aux dimensions près, à celle du Tour de France. Après l'audition d'un disque de musique sacrée, on entendait un haut-parleur beugler de la publicité pour une marque de disques et d'appareils électro-acoustiques. II y avait des voitures publicitaires de boissons hygiéniques, d'apéritifs, d'horlogerie, que sais-je encore ? ».

Si vous aviez lu notre programme, tant dans la presse que sur les affiches, vousauriez su qu'il s'agissait d'une « caravane » et non pas d'une procession, selon votre terme ; le mot était explicite. Aucun prêtre n'accompagnait cette « caravane »à laquelle étaient cordialement invités tous ceux qui voulaient bien y participer. D'importantes firmes d'Alger ont compris le sens de ce cortège et par leurs camions publicitaires rendaient hommage non pas essentiellement à la Vierge, entité religieuse, mais encore à la Vierge, entité folklorique.

Grâce à nous, trente mille personnes pour le moins ont apporté leur hommage à Notre-Dame. Trente mille personnes pour lesquelles — et c'est ainsi que nous l'entendions — l'Algérie Magazine comptait pour bien peu.

F. L. n'était pas présent à la fête ; sans quoi il n'écrirait pas que des haut-parleurs ont diffusé quelque publicité que ce soit. C'est faux : les ordres étaient formels à cet égard. Les firmes s'interdisaient toute publicité directe. Seule, leur présence témoignait en leur faveur, encore que tous les camions fussent parqués loin du port de Chiffalo où se déroulèrent les manifestations religieuses.

Précisions encore du curé de Chiffalo:« Je sais qu'on a reproché la présence de voitures publicitaires. Nous avons accepté cela pour que la cérémonie ait aussi un caractère folklorique. D'ailleurs, ces voitures ont eu une tenue très digne quelques-unes même furent décorées de fleurs en l'honneur de la Vierge (consigne expresse de la direction). Toutes ont fait un don libre et généreux à la kermesse paroissiale de ce jour. Ordre avait été donné de ne diffuser aucune réclame. Toutes ces autos mettaient une ambiance de couleur et de variété qui ajoutait à la fête. Certains esprits scrupuleux pouvaient voir une note intéressée de leur part c'est peut-être possible ! Pour moi, je suis persuadé qu'il faut ouvrir la religion au grand vent du large, même s'il doit y parvenir (et c'est fatal) quelques impuretés.

« Non, non, mille fois non ! De nombreux catholiques fervents ont été outrageusement choqués. La phrase célèbre « c'est plus qu'une erreur, c'est une faute" est la seule pour qualifier ce qui s'est passé.
«J 'ose espérer que les autorités diocésaines n'ont pas approuvé un tel chianlit et qu'elles ont été dépassées par les événements. II n'empêche qu'elles auraient pu s'informer et prévoir. De telles manifestations vont à l'encontre du but à atteindre et don­nent des armes aux détracteurs de l'Eglise»

Sans s'arrêter aux contradictions entre les termes de cette conclusion (les autorités diocésaines n'ont pas approuvé) et ceux du préambule (les autorités diocésaines ont donné leur acquiescement), disons seulement que ce F. L. n'a rien compris à cette fête. Etait-ce une raison pour semer le trouble dans certains esprits ?

Au cours des trois journées où elle fut exposée, le 15 août à Notre-Dame d'Afrique,les 21 et 22 août à Chiffalo, la statue fut dégarnie de toutes les fleurs du socle, pourtant abondantes, par une foule enthousiaste.

Durant le transport de la statue d'Alger à Chiffalo, combien de fois la remorque dut-elle s'arrêter! De jeunes enfants montaient sur la plate-forme et jetaient des pétales cueillis quelques instants auparavant. Là, un homme fait signe de ralentir. Il saute sur le marchepied et dit : « Dans cinquante mètres, c'est notre maison, ralentissez, ma mère, qui voit très peu, voudrait tout de même voir la Vierge... ». Ici, une jeune maman veut que son bébé soit photographié avec la Vierge en arrière-plan, parce que c'est elle qui l'a sauvé, il y a quelques mois, d'une grave maladie. »

J'étais aux côtés du chauffeur, M. Charles Vitiello, dans la cabine du tracteur-remorque que Berliet avait mis à notre disposition pour la circonstance. Un coup de téléphone quelques jours auparavant avait suffi : " Vous voulez un camion pour la Vierge ?... Un seul vous suffit vraiment ? bien vrai ? nous vous enverrons un très beau véhicule et un chauffeur chevronné : 30 ans de maison

M. de Berthois prête un plateau Marel monté sur remorque Coder.

Même histoire chez Shell, toujours par téléphone : « De l'essence pour les avions qui survoleront la manifestation ? D'accord ! Combien de litres ? ». Et Shell offrit plusieurs centaines de litres d'essence d'aviation.

Partout même histoire, même histoire merveilIeuse : Elna fait revenir son super car d'Oranie pour la circonstance Byrrh joint à la caravane son fameux camion carrossé en fût ; J. A. Benoit, ses véhicules ultra-modernes, et surtout Robert et Jacques Colin mettent à notre disposition tout leur matériel de sonorisation et d'enregistrement.

Un patron carossier de Maison-Carrée, M. Lucien Calafat, pourtant sollicité par d'importants soucis, n'hésita pas à mettre bénévolement au service de Notre-Dame, toute sa ferveur et ne ménagea ni son temps, ni sa peine.

Oui, j'étais dans la cabine à côté du chauffeur de Berliet. Nous ne parlions guère : nous vivions des instants qui ne s'oublient jamais. Le chauffeur m'a dit : » Je n'ai pas l'impression de transporter un bloc de pierre de 200 kilos, mais quelque chose d'immense et de léger, quelque chose qu'on ne transporte jamais ; il me semble que je conduis en étant dirigé... ». J'avais aussi l'impression que l'événement nous dépassait. Oui, ce dimanche 22 août, à Chiffalo, fut la fête de tous les hommes de bonne volonté.

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