Une ville d'Algérie : Bougie
mise
sur site le 21-2-2010
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-------Les Phéniciens venant des rivages de l'actuel Liban, de Tyr ou Sidon, pratiquaient une navigation côtière qui les conduisit tout le long des rivages de l'Afrique du Nord, depuis la Libye jusqu'au détroit de Gibraltar et au-delà. Ce fut un cabotage avec des embarcations légères ne s'arrêtant pas dans des ports véritables, une crique bien abritée ou un fond de golfe en tenait lieu. Ce n'était que de simples points d'échange. Ainsi, près de l'endroit qui deviendra Bougie, A. Debruge avait dégagé du sable, immédiatement audessus de la plage des Aiguades, des constructions primitives dénommées mapalia, que l'on désignerait de nos jours, sous le nom de huttes ou de cabanes ( CINTAS P, Manuel d'archéologie punique, tome II, p. 98.). * * -------Les Romains
vinrent ensuite au début de notre ère. Immédiatement
au sud de la plage où se trouvait le comptoir phénicien,
sur un promontoire rocheux, ils bâtirent une ville qui fut dénommée
Saldae. À ses pieds, ils installèrent
un port pour leurs navires qui sillonnaient la Méditerranée
d'une rive à l'autre. Dès que la ville acquit une certaine
importance, leur premier souci fut d'y amener l'eau jusqu'aux fontaines
situées au pied des maisons.Une inscription latine
( LESHI L., Revue Africaine XXXV,
1941, p. 386.) trouvée à Lambèse a été
transportée à Bougie. Là, elle est située
sur la place, devant la mairie, accompagnée d'une traduction en
français. Cette inscription bien connue des Bougiotes, nous raconte
les travaux entrepris pour amener l'eau: en 137, Petronius
Celer, gouverneur de la Mauritanie césarienne, fit établir
un projet par un librator (nous dirions
aujourd'hui un géomètre) venu de Lambèse. Ce spécialiste,
Nonius Datus, proposa de capter l'importante
source de Toudja et d'amener l'eau à Bougie à 21 kilomètres
vers l'est. L'eau de cette source ne s'écoulait pas vers la ville,
mais directement vers le sud en direction de la vallée de la Soummam
et, de là, directement vers la mer. Par conséquent, pour
atteindre la ville, il fallut construire un aqueduc à flanc de
coteau, traversant les ravins par des ponts en arcade atteignant jusqu'à
15 mètres de haut et construits en pierre de gros appareillage.
Ensuite, avant d'atteindre la vallée de l'Oued Srir débouchant
aux environs de Bougie, il fallut traverser l'arête rocheuse du
djebel Bou Draham. Cela nécessita la percée d'une galerie
en tunnel creusée dans une roche calcaire très dure, sur
une longueur de 482 mètres. Sans explosif, le travail fut exécuté
à force de bras et dura plusieurs années. Il fut attaqué
par les deux bouts simultanément, après un travail de repérage
qui fixa de part et d'autre de la montagne les deux extrémités
de la galerie, sa direction et sa pente. * * -------Les Vandales venus de l'Europe du Nord traversèrent la Gaule en pillant et, après avoir séjourné en Espagne une vingtaine d'années, passèrent le détroit de Gibraltar avec tout leur peuple. Celui-ci parcourut l'Afrique du Nord jusqu'à Bône qu'il atteignit et assièga en 430. Et de là, il s'établit dans l'actuelle Tunisie. Aucun texte n'atteste de son passage par Bougie. Les Vandales préféraient, semble-t-il, passer par les plaines. * * -------Les Berbères.
Au cours de la période confuse qui suivit ces invasions, la ville
romaine de Saldae fut peuplée
par les Bajaya d'où est venu
le nom de Bougie (GOLVIN L.,
Le Maghreb central à l'époque des Zirides,,
Paris, 1957, p. 132.). Ce peuple - ou cette ethnie - était
probablement l'un des constituants de ce qui fut désigné
sous le nom de Quinquegentiani qui
occupait l'est de la Grande Kabylie. -------En 1541, Charles Quint
avait lancé une flotte à l'assaut d'Alger devenue, sous
l'influence des Turcs, un dangereux nid de pirates. Celle-ci subit un
grave échec malgré la présence de 516 navires, petits
ou grands. Cette défaite fut beaucoup plus due au mauvais temps
qu'aux Turcs. La saison, la fin de l'automne, avait été
mal choisie et beaucoup de navires coulèrent dans la baie d'Alger
sans avoir pu débarquer les troupes qu'ils transportaient. Charles
Quint lui-même, qui dirigeait la flotte, se rendit à Bougie
dans les premiers jours de décembre, espérant y rallier
quelques navires de sa flotte quittant Alger. * * -------Les Français
à Bougie. Ils y arrivèrent le 29 septembre 1833, venant
de Toulon à bord de sept navires de guerre et de dix-huit bâtiments
de commerce. Les troupes, 1800 hommes, étaient placées sous
le commandement du général Trézel. Et la ville fut
occupée après un mois de combats et d'escarmouches. -------La ville de Bougie resta administrée par l'autorité militaire pendant vingt années jusqu'en 1853, où elle devint commune de plein exercice et passa sous l'autorité d'un maire nommé J.-D. Canton et, à partir de ce moment, elle acheva de s'unir à l'ensemble de l'Algérie française. -------À signaler une innovation capitale de la période française. Après la découverte en 1956 des grands gisements de pétrole du Sahara, la construction d'un pipe-line qui conduit jusqu'à la mer, le précieux liquide. Il fut décidé dès 1957 quand l'énormité du gisement d'Hassi Messaoud fut établie qui, depuis lors, a produit plus d'un milliard de tonnes ! Cela fit de Bougie un très grand port pétrolier et par la valeur des produits exportés, le principal port de l'Algérie. -------La ville de Bougie avait, au Moyen-Âge, donné son nom à la cire d'abeille venant de cette ville. Aux temps modernes, son nom est passé aux luminaires que l'on désigne ainsi. Bougie est donc entré comme nom commun dans le vocabulaire du français.
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