L'IDEE.
--------La législation
du travail a accordé des congés payés à tous
les salariés. Malheureusement nombreux sont ceux qui ne peuvent,
en raison de l'insuffisance de leurs revenus, profiter de ces 15 jours
ou trois semaines de congé pour changer d'air et se reposer avec
toute leur famille, ailleurs que chez eux, dans un logis trop souvent
insuffisant, et malsain. C'est notamment le cas de ceux qui perçoivent
de bas ou moyens salaires et dont les possibilités sont d'autant
plus réduites que leur famille est plus nombreuse.
-
-------En créant un Centre Familial de Vacances,
la Caisse Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales
du Département d'Alger (C.I.C.A.F.D.A.) a voulu remédier
à cet état de choses et permettre à ses allocataires,
pères de famille nombreuse, de jouir pleinement de ce congé
avec celle-ci dans les meilleures conditions d'hygiène et de confort,
et dans un cadre agréable ;
---------
la famille (père, mère et enfants) étant entièrement
réunie ;
---------
la mère, trop souvent la sacrifiée, ayant elle aussi - et
sans doute pour la première fois de sa vie - ses 15 jours de repos
complet.
--------Cette création satisfait le désir
de plus en plus marqué qu'a la famille de prendre ses vacances
" en famille " et qui explique le développement récent
des Maisons Familiales en Métropole. Une enquête par sondage
sur les vacances des Français en 1950, effectuée par l'Institut
National de la Statistique et des Etudes Economiques, le démontre
parfaitement. Elle a touché 6.414 ménages des principales
grandes villes. Sur 4.178 enfants de moins de 18 ans : 23 % ne sont pas
partis, 44 % sont allés avec leurs parents, 20 % sont allés
dans la famille ou chez des amis, 10 % ont utilisé des colonies
de vacances, 3 % ont utilisé des organisations de jeunesse. Le
Centre Familial de Vacances de Ben-Aknoun répond donc à
un besoin certain et s'inscrit dans un courant très actuel.
--------Il
s'inscrit également dans l'effort fait à notre époque
pour alléger les tâches de la mère de famille, en
la libérant pendant le congé de son mari, des plus lourdes
tâches qui lui incombent et en lui permettant à elle aussi
de prendre de vraies vacances avec les siens.
--------En
outre, le Centre Familial de Vacances, se situant "sur
le plan des oeuvres de justice sociale qu'un large esprit de solidarité
peut faitre naître et non pas sur le plan des eeuvres d'assistance
et de charité " demande une participation effective
aux familles pour sa gestion et son financement.
--------Ainsi
le Centre Familial de Vacances réalise pleinement la définition
récente et officielle des Maisons Familiales de Vacances qui se
multiplient à travers la France : Elles veulent être "
des organisations ne visant pas à la recherche
d'un bénéfice. Elles ont pour but de procurer à tous
les membres d'une famille réunis des vacances reposantes, en rapport
avec leurs ressources et avec leurs besoins grâce à un ensemble
de services d'ordre matériel ou éducatif communs à
plusieurs familles ".
--------Avant la
lettre, le Centre Familial de la C.I.C.A.F.D.A. avait réalisé
cette définition.
LE SITE.
Entrée
actuelle du centre : pavillon d'accueil et restaurant
|
--------La région
qui s'étend au Sud-Ouest d'Alger et qui commence aux portes d'EL-BIAR
a toujours été considéré par les Algérois
comme particulièrement saine en raison de son altitude et comme
la plus agréable des environs immédiats de la Ville en raison
de son relief très varié et du charme de sa verdure. C'est
le début du Sahel Algérois dont Ben-Aknoun est la première
petite agglomération. Ce nom évoque à l'esprit de
bien des algériens le Lycée installé dans l'ancien
domaine des Pères Jésuites et autour duquel s'élèvent
l'Ecole de plein air de la Ville d'Alger, la Cité Universitaire,
l'Ecole Normale des Filles, et bientôt une Médersa moderne.
C'est dire combien le climat et le site sont appréciés.
--------Les 20 hectares qui composent la propriété
sont des plus variés : 8 hectares de bois, des vallonnements, une
carrière, etc...
--------Situé à 7 km du Centre d'Alger,
à 500 m. du Lycée en allant vers
Dely-Ibrahim et avant
l'ancien relais des " Deux Bassins " dont il est limitrophe,
le Centre Familial de Vacances est facilement accessible et à peu
de frais.
Son point culminant se trouve à 250 m. au-dessus du niveau de la
mer, c'est dire que, l'été, on y trouve un climat très
différent déjà d'Alger : plus frais grâce à
l'altitude, plus sec grâce à l'éloignement de la mer
dont le massif de la Bouzaréah le protège.
--------Sa
situation relativement élevée permet aux personnes qui y
séjournent d'admirer la pittoresque vallée de Kaddous, de
jouir d'un large panorama sur l'Atlas en arrière plan, de contempler
des couchers de soleil à travers les arbres du bois Duc des Cars
et d'apercevoir les hauteurs de la Bouzaréah.
--------Tous
ces avantages naturels ne demandaient qu'à être mis en valeur.
La C.I.C.A.F.D.A. trouvait là un site de choix pour le but qu'elle
s'était proposé.
LA REALISATION.
--------La création
du Centre Familial fut évoquée pour la première fois
le 28 septembre 1942, à la réunion trimestrielle du Conseil
d'Administration de la C.I.C.A.F.D.A.
--------Le
projet n'avait pas encore pris corps, cependant l'idée de donner
la possibilité de vraies vacances familiales à toutes les
familles était lancée.
--------Le
28 mai 1943, le Conseil d'Administration décidait, en raison des
événements du moment, le seul principe d'une immobilisation
provisionnelle pour services sociau_. dont une oeuvre de vacances pouvait
être le premier Jalon.
L'Assemblée Générale du 22 juin 1943 ratifiait cette
décision et en septembre 1943, le domaine fut trouvé et
acheté, après une visite effectuée par Messieurs
Jacques CHEVALLIER, Mustapha TAMZALI, Edouard FERMAUD et Jean MELEY, membres
du Bureau, fondateurs de la Caisse et toujours en fonctions et Alexandre
CHAULET, directeur.
--------L'Assemblée
Générale de 1944 précisait le projet en ces termes
: " Un Centre Familial de Vacances pourrait
fort bien y être installé répondant à l'économie
suivante pour le temps de congés payés et moyennant le prix
de ce congé, les familles d'allocataires, d'une part, les familles
d'adhérents dont les revenus ne dépassent pas une certaine
somme à fixer, d'autre part, seraient hébergées sur
ce domaine et nourries... Avec la rotation possible sur les cinq mois
de congés payés (Mai à Septembre) et si nous pouvons
arriver à réaliser une centaine de maison-chalets, c'est
dire que le Centre familial de vacances pourrait recevoir chaque année
un millier de familles... Si la paix revenue, notre projet peut être
mis à exécution, et que vous soyez de cet avis, il va sans
dire que nous en aurons toutes les possibilités de réalisation.
Si, au contraire, pour divettses raisons, le projet ne pouvait voir le
jour, il n'est pas trop osé de dire que nous avons agrandi et très
sérieusement le patrimoine de nos adhérents ".
--------De
1944 à 1946, en raison des événements, le domaine
se trouva, si l'on peut dire, en état de conservation. En 1944,
il fut clôturé, un chateau d'eau fut construit. En attendant
mieux, il fut utilisé avec la collaboration de l'Entr'Aide des
Vins en y installant une garderie d'enfants qui prenaient de l'air pur
dans la journée et retournaient chez leurs parents chaque soir
: il y en eut jusqu'à 300 par jour. Mais ce n'était pas
là le but que la C.I.C.A.F.D.A. s'était fixé.
--------Dans
le dessein d'asseoir définitivement l'oeuvre envisagée,
un rapport du Président Jacques CHEVALLIER, Député
d'Alger, fut développé à l'Assemblée Générale
du 18 juillet 1946, destiné à renseigner tous les adhérents
sur l'importance de l'eeuvre entreprise et ses possibilités de
réalisation.
--------Ce
rapport fut adopté sans aucune réticence, aux applaudissements
de l'Assemblée, et un pourcentage de 0,25 % sur les salaires contrôlés
fut voté dans l'enthousiasme ; comme le 'Président avait
exposé qu'avec ce pourcentage l'installation durerait une dizaine
d'années, un adhérent demanda même à cette
Assemblée Générale de 1946, s'il ne serait pas possible
d'augmenter ce pourcentage pour arriver à une réalisation
plus rapide.
--------Il
faut savoir en effet qu'au taux actuel (1952) des salaires ce pourcentage
procure 32 millions environ.par an au Centre Familial, ce qui a permis
de réaliser charnue année, comme prévu, une tranche
importante de travaux pour l'édification du Centre et par la suite
doit assurer le fonctionnement de cette oeuvre sociale.
--------De
1946 à 1948 ,les routes furent tracées, le Pavillon d'Accueil
construit selon un plan d'ensemble mis au point avec Monsieur LATHUILLIERE,
Architecte D.P.L.G., à qui avaient été confiées
dès l'origine, l'étude et la réalisation progressive
du projet.
--------Le
29 avril 1948, Monsieur le Ministre NAEGELEN, Gouverneur Général
de l'Algérie, posa la première pierre du Restaurant familial
qui était terminé, ainsi que ses dépendances, l'année
suivante.
--------Ce
restaurant aux lignes modernes très pures, peut assurer à
chaque repas deux services de 350 couverts. Grâce à lui,
les mamans n'ayant plus le souci du marché, de la cuisine et de
la vaisselle se reposent enfin. Les familles y sont reçues par
tables familiales et les tout petits y sont l'objet de soins particuliers
: menus et mobilier d'enfants.
--------Le
20 janvier 1950, les dix premiers appartements familiaux étaient
implantés et pouvaient être offerts aux premières
familles dès le 16 juillet de la même année.
--------A
la suite d'une visite incognito, le 7 août 1950, Monsieur le Ministre
NAEGELEN, enthousiasmé de l'ambiance familiale algérienne
qu'il découvrait, proposait de donner la garantie de l'Algérie
à un emprunt permettant de terminer au plus tôt une oeuvre
sociale dont déjà les plus hautes personnalités de
l'Algérie souhaitaient comme lui et pour les mêmes raisons,
la réalisation rapide.
--------Il était
difficile de refuser une offre si séduisante. Monsieur Alexandre
CHAULET, Vice-président national de la C.F.T.C., Directeur de la
C.I.C.A.F.D.A. promoteur de ce Centre, entra en relations avec la Caisse
Interprofessionnelle de Prévoyance des Cadres de Paris qui avait
à assurer un placement de fonds, l'accord fut facilement réalisé
en raison de la garantie de l'Algérie accordée par le Gouverneur
Général de l'Algérie. Le prêt était
de 150 millions, somme nécessaire pour terminer, dès l'année
1951, le programme prévu jusqu'en 1956.
--------Une
telle avance sur un programme social a posé bien des problèmes
mais l'emprunt de 150 millions était intéressant, puisque
remboursable en dix ans, et il fût ratifié par l'Assemblée
Générale extracrdinaire de la Caisse le 12 avril 1951.
--------En
décembre de la même année, le village était
terminé.
--------Ce
village, situé sur une pente Nord du Domaine, très fraiche
en été, comprend une centaine d'appartemcnts répartis
dans des Pavillons de différents types. Chacun de ces appartements
est équipé pour receviir facilement un groupe familial de
10 personnes. Chaque entrée, indépendante, ouvre sur une
salle de séjour, centre de l'appartement. Cette salle comprend
: table, chaises, 2 couchettes superposées, une chaise d'enfant:,
une chaise longue, une petite table aves chauffe-biberon et réchaud
électrique pour les bouillies ; une cheminée, pouvant être
utilisée l'hiver, l'agrément. Sur un côté de
cette salle, s'ouvrent deux chambrettes alcôves de deux couchettes
superposées chacune, permettant de répartir convenablement
grand garçons et grandes filles s'il y a lieu. Sur l'autre côté,
s'ouvre d'une part une chambre des parents oà l'on peut encore
disposer un lit de bébé de 3 à 4 ans et un berceau
: cette chambre comporte un grand placard penderie ; d'autre part, de
la pièce centrale, on a accès sur le bloc hygiène
qui comprend : lavabo et douches (eau chaude - eau froide), un W.C. ;
une baignoire est mise à la disposition des familles, ayant de
jeunes bébés. Un nécessaire d'entretien est prévu
pour le ménage. Cet appartement ne comporte pas de cuisine puisque
les repas sont pris au Restaurant. Les petits lavages familiaux peuvent
être effectués dans les 4 buanderies et séchoirs,
munis de tables et accessoires de repassage, répartis à
travers le village et qui ont été construits à la
même époque.
--------L'ensemble
de "l'appartement" offre une surface habitable de 52 m2.
Plan
d'aménagement intérieur de deux appartements jumeaux
|
-------Depuis, en
bordure de ce village, une Salle de Réunion où peuvent se
tenir les Assemblées de Parents, des conférences et, l'hiver,
des séances de cinéma, a été construite. Une
bibliothèque est à la disposition des grands et des petits,
ainsi qu'un bazar où les familles peuvent se procurer tous les
menus articles d'utilité courante.
--------Le
Centre de Vacances se devait d'offrir à ses familles toute une
gamme de distractions. Pour les sportifs, de vastes terrains sont aménagés
: stades de football, de volley-ball, de basket-ball, plateaux d'éducation
physique avec tous les accessoires traditionnels. Pour les tout petits,
un parc d'enfants où ils peuvent s'initier aux joies du toboggan,
des balançoires, des manèges... ou du sable ! Pour les gens
tranquilles, un boulodrome et tous les jeux de société dont
on peut rêver. Les soirs d'été, dans un théâtre
de verdure ont lieu, deux fois par semaine, des séances de cinéma.
Dans l'avenir une piscine augmentera l'agrément du Centre. En cas
d'accident, de malaise, ,une infirmerie dispense les soins nécessaires.
Un bar ou la buvette champêtre offre à certaines heures des
rafraîchissements.
--------A
cet ensemble mis directement à la disposition des familles s'ajoutent
les services Administratifs aussi réduits que possible, le Magasin
Général , la Buanderie-Lingerie, etc... Bref tout ce qu'il
faut pour faire vivre et distraire une population de 700 personnes.
--------L'idée
de 1942 est devenue une réalité en 1952.
LE SEJOUR DES FAMILLES.
--------Cette réalité,
de nombreuses familles l'ont déjà vécue, car la C.I.C.A.F.D.A.
n'a pas attendu l'achèvement du Centre pour l'ouvrir.
--------Durant l'été 1950, les 10
premiers appartements ont été occupés successivement
par 33 familles groupant 257 personnes, soit 68 parents et 189 enfants.
--------Durant
l'été 1951, dans la mesure où le permettait l'avancement
des importants travaux en cours, 96 familles ont été reçues,
réunissant 578 personnes dont 194 parents et 384 enfants.
--------A
l'aide de ces premières expériences, les notes dominantes
d'un séjour au Centre Familial peuvent déjà être
dégagées.
---------
Le repos de la mère de famille est enfin possible : dès
son arrivée, l'Assistante Sociale s'informe rapidement du régime
auquel ses plus petits enfants sont habitués afin de lui faire
procurer ou servir à table tout ce qu'il lui faut. Au Restaurant,
les menus des tout petits sont servis en même temps que les hors-d'eeuvre
de façon à permettre à la maman de prendre tranquillement
son repas. Dans la journée, elle peut, si elle le désire,
confier ses enfants à des jardinières d'enfants, à
des monitrices ou à des moniteurs qui sont chargés de les
distraire. La plupart des mères de famille à quelque degré
de l'échelle sociale qu'elles appartiennent, déclarent que
ce sont les premières vacances de leur vie.
---------
Un climat de liberté fait de ce séjour de vraies vacances
: pas de vacances sans liberté. Chaque famille organise sa vie
comme elle l'entend. Le petit règlement intérieur du Centre
n'a d'autre raison d'être que de faire respecter à chacun
la liberté des autres. Les familles d'ailleurs participent à
l'organisation des loisirs comme elles peuvent proposer à la Direction
tout ce qui leur semble souhaitable, grâce à un Conseil de
Parents élu par elles.
Un
pavillon familial , la buanderie familiale
|
-------Les
familles sont heureusement surprises de pouvoir se procurer au Centre,
chaque matin, le quotidien de leur choix. Comment pourrait-il en être
autrement puisque le Centre est ouvert à tous les salariés
quels que soit leur origine et quelles que soient leurs convictions.
---------
Une ambiance très naturelle de large fraternité s'instaure
au Centre : Toutes ces familles d'origines sociales ou ethniques très
diverses vivent ensemble sans aucune difficulté. A quoi cela tient-il
A la brièveté du séjour, peut-être... Mais
plus encore au fait que d'abord toutes sont reçues sur un pied
d'égalité absolue, non seulement matériellement,
mais surtout dans les rapports avec le personnel. Ensuite au fait que
le confort offert ou les égards rendus sont d'un certain niveau
; les familles les plus aisées (les quelques-unes qui ont l'équivalent
chez elles) ou les plus simples (les nombreuses familles qui mènent
une vie précaire) prennent davantage conscience alors de leur dignité
propre et de celle des autres ; la conséquence est un respect mutuel
qui n'est pas atténué, comme dans la vie coutumière,
par le cadre de vie sur lequel souvent on se juge. Au Centre Familial
de Vacances, pour cette raison, les familles sont portées plus
naturellement à ne se juger que sur leurs qualités humaines...
et moins d'après les préjugés ; elles se découvrent.
Enfin, au fait que chaque famille conserve son indépendance, son
unité, sa personnalité parce qu'elle a un " chez soi"
où elle est vraiment chez elle.
--------Gens
de divers races et milieux peuvent participer à un même séjour,
il n'y a jamais promiscuité, il n'y a jamais de gêne pour
vivre chez soi selon ses coutumes ; chaque famille se mêle librement
aux autres familles dans la mesure et de la façon dont elle le
désire ; elle le fait d'elle-même progressivement et d'autant
plus facilement qu'elle a un " home " où elle peut rester
elle-même. La vie de tout ce monde est souvent si cordiale que beaucoup
demandent l'année suivante à revenir ensemble.
---------
La tenue des familles est remarquable : on fait toilette avant de descendre
au Restaurant où les enfants sans doute impressionnés favorablement
par le Cadre, se tiennent d'une façon étonnante. Sur le
plan matériel, les déprédations sont nulles, la casse
insignifiante. Avant leur départ, d'elles-mêmes, les familles
tiennent à ce que leur appartement soit aussi propre et bien rangé
qu'à leur arrivée ; il n'y a aucune exception. On peut voir
dans ce geste un réflexe de propreté provoquée peut-être
par la qualité et la tenue de ce qu'elles ont trouvé, mais
aussi un remerciement et le souci que les autres soient aussi bien qu'elles
mêmes.
--------Beaucoup
au cours de leur séjour, ne cachent pas leur admiration pour l'intérieur
qui leur est offert et déclarent que ça leur donne des idées
pour arranger leur appartement habituel. Le témoignage d'Assistantes
Sociales qui ont visité des familles où l'appartement était
remis en état et même aménagé dans le genre
" Ben-Aknoun ", se passe de commentaires.
---------
Les répercussions sociales de ce séjour peuvent parfois
être assez importantes
--------Quelques-uns
plus marqués par la misère et les soucis, ont un réflexe
d'insatisfaction continuelle. Les premiers jours, il leur manque toujours
quelque chose. Peu à peu, le calme des lieux et surtout le standard
de vie qui les comble, les apaisent et les détendent : les requêtes
extraordinaires, les inquiétudEs disparaissent et ils repartent
moins aigris.
--------Bien
des visiteurs croient qu'au moment du départ les familles sont
désespérées de quitter la vie qu'elles ont connue.
Certes, il y a eu des larmes, mais ces larmes, plus que le regret, recouvraient
la reconnaissance, l'émotion d'avoir connu de vraies vacances.
Ce séjour est dans la vie de la plupart un vrai rayon de soleil.
Elles en ont joui et elles ont l'espoir (l'en jouir de nouveau.
--------Toutes
quittent le Centre fortifiées physiquement et moralement. Certaines
mêmes partent fières d'avoir été traitées
comme elles l'ont été : elles réalisent qu'elles
ont été traitées comme il se doit et repartent dans
la vie plus conscientes de leur dignité.
--------Jusqu'à
présent, en raison des travaux, le Centre a surtout fonctionné
l'été pour les congés payés. A partir de cette
année, il est largement ouvert non seulement en toutes saisons
pour les congés payés, mais encore en dehors de l'été
comme Centre de repos pour la famille.
--------Durant
l'été 1952, ce sont 600 familles groupant 4.000 personnes
qui pourront être reçues. Voici les conditions générales
d'admission dans ces différents cas.
A. - Période du 1" juin au 30 septembre
---------
Le séjour n'est accordé qu'à l'occasion du congé
payé du Chef de famille, à toute la famille réunie
pour une période de 15 jours minimum ou 3 semaines maximum.
---------
Le séjour est réservé aux allocataires de la Caisse
Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales du Département
d'Alger ; cependant, dans la mesure des places disponibles, des salariés
appartenant à d'autres Caisses peuvent être reçus
sous réserve d'accord avec leur Caisse.
---------
Ne sont admises que les familles ayant au moins 3 enfants bénéficiaires
d'allocations familiales, ou celles de 2 enfants ayant moins de 5 ans,
ou celles où un 3"'o enfant est attendu.
---------
Aucun membre de la famille ne doit avoir une maladie contagieuse.
---------
Verser à l'arrivée au Centre le montant de l'indemnité
de congé payé, majoré du montant correspondant des
allocations familiales, quel que soit ce salaire et quelque soit le nombre
d'enfants bénéficiaires d'allocations familiales.
--------Cependant,
les salaires pris en considération sont plafonnés à
60.000 francs.
B. - Période d'Octobre à fin Mai.
Congés Payés
--------Toutes
les familles, quelque soit le nombre des enfants sont admises, aux mêmes
que pour la période d'été.
Séjours pour convalence
ou repos
---------
La personne ayant besoin de repos peut séjourner au Centre accompagnée
ou non de membres de sa famille (conjoint ~ enfants).
---------
La durée du séjour est au minimum de 8 jours et peut être
prolongée suivant les possibilités du Centre.
---------
Le prix du séjour, logement et nourriture compris, est fixé
actuellement à
---------
650 francs par jour pour les grandes personnes et enfants de plus de 10
ans ;
---------
325 francs par jour pour les enfants de 2 à 10 ans.
--------Indépendamment
de ces séjours, la C.I.C.A.F.D.A. est en pourparlers avec l'Union
Nationale des Caisses d'Allocations Familiales et divers organismes sociaux
métropolitains, pour recevoir des salariés de France en
hiver au Centre Familial. Ce serait un moyen de révéler,
à bon compte, aux salariés métropolitains et à
leurs familles notre Algérie dont personne ne peut plus ignorer
les problèmes. A une époque de l'année, justement,
où le tourisme se fait en Algérie.
QUELQUES APPRECIATIONS.
--------M.
Roger LEONARD, Gouverneur Général de l'Algérie. à
l'occasion de sa visite du 17 novembre 1951, voulait bien laisser sur
le Livre d'Or du Centre, l'appréciation suivante : " Il
n'est pas de grande uvre humaine et surtout il n'est pas de grande
oeuvre française - où l'on ne trouve associées à
sa naissance, l'intelligence du cur et l'ingéniosité
de l'esprit.
--------Le
Centre Familial de Vacances de Ben-Aknoun en est un des plus éclatants
exemples : il est d'ailleurs mieux qu'une réalisation, il est aussi
un exemple de ce qui, dans ce pays, peut et doit être fait pour
témoigner que la fraternité française et une vivante
réalité. x"
--------Sur
ce même Livre d'Or, bien des visiteurs de milieux et d'idéologies
divers ont tenu à faire connaître leur jugement sur le Centre.
Les appréciations portées sont unanimes. Qu'il nous suffise
de citer celle qui illustre parfaitement le but familial poursuivi.
--------"Ben-Aknoun
réalise vraiment l'idéal du Service Social : permettre à
chaque famille de vivre dans un cadre harmonieux, retrouver le sens du
foyer, de l'intimité et en même temps participer à
une vie collective bien conçue.
Il serait à souhaiter que beaucoup d'organismes puissent réaliser
une aussi belle uvre. "
Mlle P. TOURNIER
Présidente de l'Association Nationale
des Assistantes Sociales
LE CENTRE DE FORMATION
PROFESSIONNELLE ACCELEREE DE L'HOTELLERIE EN ALGERIE.
--------C'est
à dessein que dans la présentation du Centre Familial, il
n'a pas été parlé du Centre Hôtelier, élément
important dans le fonctionnement du Centre de Vacances où il est
installé. Il a semblé plus intéressant de rassembler
tout ce qui a trait au Centre Hôtelier de façon à
en donner aisément une idée plus c6rnplète.
--------Au
Centre Familial de Vacances devaient être rattachées ultérieurement,
ainsi que l'avaient prévu ses fondateurs, une école ménagère
et une école d'orientation professionnelle destinées, l'une
et l'autre, aux filles et aux garçons des allocataires de la C.I.C.A.F.D.A.,
afir. de les former et, en même temps d'assurer les services essentiels
du Centre.
--------Le
hasard devait en décider autrement, dans 'la ligne tracée,
mais plus parfaitement.
--------C'est.
en effet, à la suite d'une rencontre inattendue, le 25 février
1950, entre les dirigeants de la C.I. C.A.F.D.A. désireux de pourvoir
à l'alimentation des familles devant séjourner au Centre
Familial de Vacances, et ceux de la Fédération Algérienne
des Syndicats d'Hôteliers, Restaurateurs et Limonadiers, désireux
de fonder un centre de formation du personnel hôtelier et de trouver
pour ce centre des bouches à nourrir, qu'un accord fut conclu le
1er avril 1950, entre la C.I.C.A.F.D.A. et cette Fédération
en vue de la création, au Centre Familial de Ben-Aknoun, du Centre
de Formation Professionnelle de l'Hôtellerie en Algérie.(voir
photo de classes)
--------Le
Centre Familial offre son installation matérielle de Restauration
(Restaurant, cuisine, pâtisserie) et assure dans ses locaux (appartements,
dortoirs, salle de cours) l'hébergement du Directeur du Centre
hôtelier ainsi que des moniteurs et des élèves ; en
contre partie, le Centre Hôtelier offre ses services gratuits pour
assurer la Restauration des familles reçues au Centre Familial
de Vacances : Solution financièrement intéressante pour
les deux parties.
--------Le
Centre de Formation Professionnelle est régi par le Titre III de
l'arrêté du 29 avril 1949 concernant l'organisation de la
Formation Professionnelle en Algérie.
--------Le
financement du Centre Hôtelier est assuré selon la réglementation
de la Formation Professionnelle, c'est-à-dire, qu'il est alimenté
par la taxe professionnelle, reversée sous forme de subvention
au Comité de Gestion selon un budget prévisionnel établi
par ses soins avec toutes les justifications comptables d'usage.
--------Le
but de ce Centre est de former les jeunes gens qui se destinent à
l'hôtellerie et de les orienter vers les différents services
de cette profession : cuisine, pâtisserie, service de salle, secrétariat,
etc..., selon leurs goûts et leurs aptitudes individuelles et de
leur donner des notions suffisantes sur l'organisation complète
d'un hôtel, afin de leur permettre, dans l'avenir, d'accéder
à des postes plus élevés.
--------La
création de ce Centre de Formation Professionnelle répond
en Algérie à un besoin urgent. Indépendamment de
l'avantage offert aux jeunes gens d'apprendre un métier qui n'est
pas surchargé en main d'oeuvre qualifiée, le Centre leur
assure pendant les 18 mois de stage : une rétribution, la nourriture,
ainsi que le logement et le blanchissage pour les internes.
--------Le
Directeur du Centre hôtelier est assisté pour la formation
des élèves par plusieurs professeurs un moniteur maître
d'hôtel, un moniteur chef cuisinier, un moniteur chef pâtissier
et plusieurs moniteurs ou surveillants chargés de cours.
--------Le
C.F.P.H. est ouvert à tous les jeunes Français de statut
civil Français ou de statut personnel musulman, âgés
de 17 ans révolus.
--------L'admission
est prononcée dans la limite des places disponibles. Le degré
d'instruction doit être au moins égal au Certificat d'études
primaires. Le candidat dont la demande est retenue est soumis à
une visite médicale et à un examen psychotechnique qui peuvent
être éliminatoires.
--------La
Formation Professionnelle se fait en 18 mois, dont une année au
Centre et 6 mois dans un établissement hôtelier agréé
par le Centre.
--------A
l'expiration des 18 mois de stage, les élèves peuvent obtenir
après examen, le certificat d'aptitude professionnelle.
--------Le centre pourra pourvoir, sous certaines
conditions, à leur embauchage.
--------L'année
scolaire commence chaque année au Centre aux environs du 15 octobre
et se termine l'année suivante à la même époque.
--------50
stagiaires peuvent être formés chaque année. A l'Incorporation
de la 2°' promotion en octobre 1951, 200 candidats pour ces 50 places.
--------Indépendamment
des cours pratiques, les stagiaires ont des cours théoriques correspondant
au service qu'ils ont choisi et des cours de culture générale
: révision de leur français et de leur arithmétique,
cours de langues, etc...
--------Le
concours de cette école assure aux familles qui viennent au Centre
un service et une cuisine d'une haute tenue : tout plat est prétexte
à démonstration, le service est assuré avec une gentillesse
du meilleur aloi.
--------La
première promotion d'élèves, formée au Centre
Hôtelier, a quitté Ben-Aknoun le 29 septembre 1951. Les élèves,
placés en stage en hôtel du 1°' octobre 51 au 31 mars
1952, sont devenus des ouvriers accomplis, puisqu'au 1" avril 1952,
la quasi-totalité a été conservée par les
hôteliers, de toute l'Algérie où ils se trouvaient.
--------C'est
le meilleur des témoignages.
--------A
l'expérience, il est apparu que le Centre Familial et le Centre
hôtelier sont très complémentaires et leur heureuse
collaboration contribue à créer une ambiance idéale
de vacances ou de repos.
J. DESPINS
Directeur du Centre Familial de Vacances
Mai 1952
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