le marabout de Belcourt
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I L y a seulement une trentaine d'années, il existait des tramways
attelés de trois chevaux qui faisaient le parcours Place du Gouvernement-Marabout
pour la modique somme de 0 fr. 10.
La Société des C.F.R.A. a remplacé ces
guimbardes, et il n'y a pas longtemps encore, on pouvait lire sur ses
motrices : " Alger-Marabout ".
Qu'est-ce que le Marabout de Belcourt ? Pour beaucoup, le Marabout, c'est
le cimetière musulman.
Or, il n'en est rien. Le Marabout, c'est le sanctuaire, le tombeau de
Sidi Mohamed Ben Abderrahman " Bougabrine ", c'est-à-dire
l'homme aux deux tombeaux, chef de la confrérie des Rahmania, le
Santon du Djurdjura, venu s'installer à Alger, où il mourut
au 18e siècle.
La légende veut que le corps de Sidi Mohamed Ben Abderrahman, mort
au Djurdjura, fut disputé par les Algérois et les "
Aït Ismaël ", fidèles de son pays. Après
l'inhumation, les Algérois prirent ses restes pour les enterrer
à Belcourt ; mais sur la protestation des " Aït Ismaël
", on ouvrit la première tombe et l'on trouva son corps (d'où
la légende : Saint aux deux tombes).
Sidi Mohamed ben Abderrahman est vénéré par la population
du département d'Alger et du Constantinois. C'est ainsi qu'à
la fin du printemps et avant les moissons, des pèlerinages se forment
à Rovigo, L'Arba,
Sidi-Moussa, Rivet, Tablat, etc...
Les pèlerins viennent en voiture, à cheval, la plupart à
pied, parcourant trente à quarante kilomètres; avec étendards
en tête et tambourin en main, suivis de sacs de semoule, de béliers
ou de boeufs. Les bêtes sont immolées sur place. Le couscous,
roulé par les pèlerins dans des cuisines appropriées,
servira à les nourrir, et particulièrement les pauvres qui
viennent de tous les quartiers d'Alger en ce jour de fête.
Figure populaire, le vieux
muezzin aveugle, ici, à la fontaine du marabout, appelle
les fidèles à la prière depuis prè de
40 ans.
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A leur arrivée, les Pèlerins
sont reçus à la porte du Marabout par l'Oukil (Conservateur),
et les étendards, rentrés dans le sanctuaire, y séjourneront
jusqu'à leur départ. Après une Fatiha, bénédiction
par l'Oukil, tout le monde se réunit dans la cour du cimetière
; sur une Foutah (nappe) posée à terre, des cierges porte-bonheur
sont rangés et vendus aux enchères. Le produit de cette
vente est remis au Conservateur ; il est réparti entre les malheureux
de la Zaouïa, pour leur nourriture.
A la fin de cette cérémonie, sur un terrain attenant au
Marabout, se déroulent des jeux de lutte ; les vainqueurs sont
récompensés par une prime (un cierge) offerte par l'Oukil.
M.Sid Mohamed
Chekhal, conservateur du Marabout et érudit consacre ses
loisirs à l'étude
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Un dîner copieux est servi, et la musique
se fait entendre toute la nuit.
En ce jour de pèlerinage, tout le long du mur du Marabout et près
de la porte d'entrée, sont groupés des marchands de gâteaux,
de fruits, de rafraîchissements, de pacotilles, où les pèlerins
viennent s'approvisionner pour apporter à leur famille quelques
friandises, avec la " Baraka " de Sidi Mohamed ben Abderrahman.
Le lendemain matin, après une visite au cimetière environnant,
tous les assistants se dispersent pour regagner individuellement leur
pays et leur maison, le coeur léger d'un pieux pèlerinage.
Chérif ZAHAR.
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