Belcourt - Alger,
1.-La mosquée Sidi-.M'Hamed du marabout de Belcourt
Extraits de l'Echo du 29-8-1951 - Transmis par Francis Rambert
avril 2022

En raison de l'extension de la ville, le cimetière musulman d'Alger, qui occupait l'emplacement délimité aujourd'hui par le plateau des Glières, les rues d'Isly, Dumont-d'Urville et les tournants Rovigo, fut transféré à la nécropole du Hamma, après 1830. Parmi les tombes se trouvait déjà celle de Sidi M'Hamed ben Abd-er-Rahman qui, natif d'Alger, fit ses études au Caire.

A son retour Sidi M'Hamed fonda une confrérie qui prit une grande extension en Kabylie où le marabout mourut. Les amis du défunt décidèrent alors de déterrer le corps et de l'inhumer à Alger. La cérémonie eut lieu en présence d'une foule imposante.

Ce geste ne fut pas du goût des fidèles de Kabylie qui entrèrent dans une furieuse colère. Celle-ci pourtant se calma bien vite, car ils s'aperçurent bientôt - de visu - que le corps de Sidi M'Hamed était demeuré intact dans le premier tombeau.

Une telle constatation devait engendrer une puissante dévotion pour celui qui reçut le surnom de Bou-Kobrin (l'homme aux deux tombes), en souvenir de ce miracle.
Désormais, la nécropole devint un lieu de pèlerinage et au mausolée qui devait permettre la célébration des rites funéraires, on préféra une mosquée susceptible, par sa grandeur et ses aménagements, de recevoir les foules.

Cette mosquée fut construite en 1791 au temps d'Hassan Pacha comme en témoigne une inscription placée à l'entrée du mausolée. Elle est coiffée d'un très beau minaret.

Près du sanctuaire se trouve un autre lieu de prières appelé El-Mocella et un refuge pour les pauvres. C'est là que les familles déshéritées du quartier et des environs viennent - comme à Sidi Adb-er-Rahman - chercher quelque secours.


2.- Le pèlerinage des Sidi-Moussa au tombeau de Sidi M'hamed
Extraits de l'Echo des 17 et 31-5-1935 Transmis par Francis Rambert

Voici cent quarante-quatre ans, mourait, dans le Djurdjura, le très vénéré tiidi M'Hamed ben Abderhamann. Durant la nuit, d'après la légende, ses serviteurs enlevèrent son corps et vinrent l'inhumer près d'Alger. Bientôt, sur le tombeau, s'éleva une zaouia autour de laquelle de nombreux fidèles furent enterrés et cela devint le cimetière de Sidi M'Hamed bou Kabrine ben Abderrhamann, le saint aux deux tombeaux.
(suite dans les articles.)

avril 2019

3.-Le marabout de Belcourt
lieu de pèlerinage au tombeau d'un saint

extrait de Alger-revue, août 1955
mise sur site le 13-4-2009...+ avril 2019

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La mosquée Sidi-.M'Hamed du marabout de Belcourt


Le pèlerinage des Sidi-Moussa au tombeau de Sidi M'hamed

Le pèlerinage des Sidi-Moussa au tombeau de Sidi M'hamed

Le marabout de Belcourt
le marabout de Belcourt


I L y a seulement une trentaine d'années, il existait des tramways attelés de trois chevaux qui faisaient le parcours Place du Gouvernement-Marabout pour la modique somme de 0 fr. 10. La Société des C.F.R.A. a remplacé ces guimbardes, et il n'y a pas longtemps encore, on pouvait lire sur ses motrices : " Alger-Marabout ".

Qu'est-ce que le Marabout de Belcourt ? Pour beaucoup, le Marabout, c'est le cimetière musulman.

Or, il n'en est rien. Le Marabout, c'est le sanctuaire, le tombeau de Sidi Mohamed Ben Abderrahman " Bougabrine ", c'est-à-dire l'homme aux deux tombeaux, chef de la confrérie des Rahmania, le Santon du Djurdjura, venu s'installer à Alger, où il mourut au 18e siècle.

La légende veut que le corps de Sidi Mohamed Ben Abderrahman, mort au Djurdjura, fut disputé par les Algérois et les " Aït Ismaël ", fidèles de son pays. Après l'inhumation, les Algérois prirent ses restes pour les enterrer à Belcourt ; mais sur la protestation des " Aït Ismaël ", on ouvrit la première tombe et l'on trouva son corps (d'où la légende : Saint aux deux tombes).

Sidi Mohamed ben Abderrahman est vénéré par la population du département d'Alger et du Constantinois. C'est ainsi qu'à la fin du printemps et avant les moissons, des pèlerinages se forment à Rovigo, L'Arba, Sidi-Moussa, Rivet, Tablat, etc...

Les pèlerins viennent en voiture, à cheval, la plupart à pied, parcourant trente à quarante kilomètres; avec étendards en tête et tambourin en main, suivis de sacs de semoule, de béliers ou de boeufs. Les bêtes sont immolées sur place. Le couscous, roulé par les pèlerins dans des cuisines appropriées, servira à les nourrir, et particulièrement les pauvres qui viennent de tous les quartiers d'Alger en ce jour de fête.

Figure populaire, le vieux muezzin aveugle, ici, à la fontaine du marabout, appelle les fidèles à la prière depuis prè de 40 ans.

Figure populaire, le vieux muezzin aveugle, ici, à la fontaine du marabout, appelle les fidèles à la prière depuis prè de 40 ans.

A leur arrivée, les Pèlerins sont reçus à la porte du Marabout par l'Oukil (Conservateur), et les étendards, rentrés dans le sanctuaire, y séjourneront jusqu'à leur départ. Après une Fatiha, bénédiction par l'Oukil, tout le monde se réunit dans la cour du cimetière ; sur une Foutah (nappe) posée à terre, des cierges porte-bonheur sont rangés et vendus aux enchères. Le produit de cette vente est remis au Conservateur ; il est réparti entre les malheureux de la Zaouïa, pour leur nourriture.

A la fin de cette cérémonie, sur un terrain attenant au Marabout, se déroulent des jeux de lutte ; les vainqueurs sont récompensés par une prime (un cierge) offerte par l'Oukil.

M.Sid Mohamed Chekhal, conservateur du Marabout et érudit consacre ses loisirs à l'étude
M.Sid Mohamed Chekhal, conservateur du Marabout et érudit consacre ses loisirs à l'étude

Un dîner copieux est servi, et la musique se fait entendre toute la nuit.

En ce jour de pèlerinage, tout le long du mur du Marabout et près de la porte d'entrée, sont groupés des marchands de gâteaux, de fruits, de rafraîchissements, de pacotilles, où les pèlerins viennent s'approvisionner pour apporter à leur famille quelques friandises, avec la " Baraka " de Sidi Mohamed ben Abderrahman.

Le lendemain matin, après une visite au cimetière environnant, tous les assistants se dispersent pour regagner individuellement leur pays et leur maison, le coeur léger d'un pieux pèlerinage.

Chérif ZAHAR.