Les quais et le port d'Alger
1.- l'ascenseur de la Pêcherie (détruit durant la guerre)
les quais nord et la bourse

Pour le receveur de l'ascenseur, lire "les deux ascenseurs"...clic
1926
mise sur site le 24-3-2006...ici, le 6-3-2012
2.- Inauguration des ascenseurs d'Alger
Afrique du nord illustrée du 1-1-1921 - Transmis par Francis Rambert
déc.2020

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l'ascenseur, les quais nord et la bourse

------------Construits après la Première Guerre mondiale, deux ascenseurs dressaient leur fine silhouette entre le bleu des eaux du port et l'amphithéâtre de la ville blanche. Accoudés au bastingage des paquebots en approche, leurs passagers éblouis admiraient ces deux édifices, figures de proue élancées, prenant appui sur les boulevards et sur les quais.
-----------Le premier toujours situé en face du square Bresson devenu Aristide Briand, desservait la gare d'autobus du bastion central et celle des CFA.
-----------Le second en face du Café de la Bourse permettait d'accéder à la Pêcherie et au Rowing Club. Ils étaient tous les deux appréciés des sportifs, des voyageurs, des promeneurs familiers du port, des touristes étrangers ainsi que des navigateurs en escale. Construits par la Société des ascenseurs Otis au début des années vingt, ils étaient gérés par la CFRA. Un receveur, coiffé d'une chéchia, sacoche de cuir en bandoulière, crayon surmonté d'un bout de tuyau en caoutchouc dans une main, planchette de tickets dans l'autre, percevait le prix et assurait, à la main, la fermeture des doubles portes métalliques à claires-voies avant d'actionner le levier de commande du rhéostat. Les travailleurs du port n'utilisaient pas ces deux ascenseurs. Partant très tôt, certains dès 4 heures du matin, à une heure où ils n'étaient pas encore en service. Partageant une même pauvreté acceptée, calfats, dockers, lamaneurs, pêcheurs, scaphandriers, préféraient de loin les escaliers ou la rampe de la Pêcherie. Saluant au passage d'un salam, d'un buenos lias ou d'un buono jomo, les garçons des restaurants spécialisés " poissons ", " Cassar " et " Azzopardi " ou ceux du magasin d'articles de pêche, tous trois situés sur la rampe de la Pêcherie sous la mosquée Djemaâ ed J'did. En 1930, à l'occasion des cérémonies du centenaire, les deux ascenseurs furent entourés de milliers d'ampoules électriques du plus bel effet nocturne.
-----------En 1943, à la suite d'une quarantaine de bombardements aériens, l'ascenseur de la Pêcherie fut détruit afin de supprimer un point de repère aux appareils ennemis visant le port en piqué. Cette destruction eut lieu presque en même temps que celle de la colonne (Bailloud) du Fort l'Empereur érigée à la mémoire de l'Armée d'Afrique. Il n'est hélas pas possible d'en fixer la date, en raison de la censure et de l'absence de nombreux Algérois engagés sur le front de Tunisie.
-----------En dépit de son absence, l'ascenseur de la Pêcherie est toujours présent dans la mémoire du port d'Alger, au même titre que d'autres hauts lieux de la ville blanche, comme la Brasserie de la Bourse et les immeubles de la place du Gouvernement.

Edgar Scotti 31000 Toulouse

Inauguration des ascenseurs d'Alger
Inauguration des ascenseurs d'Alger
LES ASCENSEURS D'ALGER

Qui de nous ne s'est plaint, soit durant les chaleurs caniculaires de l'été, soit pendant les averses d'automne ou les giboulées d'hiver, d'être obligé, par une démarche urgente à la Douane ou dans les bureaux des Compagnies de navigation, voire l'attente d'un ami. d'un parent à la gare, de descendre et de remonter les interminables rampes d'accès ou de grimper ces escaliers aux marches gluantes, encombrées de détritus malodorants, sous la menace continuelle d'une chute toujours dangereuse.
La création d'ascenseurs s'imposait.

Dès longtemps, une Société s'était montée dans ce but, mais elle n'aurait mis à la disposition du public que des appareils à eau.

La Société primitive qui avait obtenu la concession des ascenseurs hydrauliques n'ayant pu parvenir à réaliser son projet, une nouvelle concession pour ascenseurs électriques fut adressée au Gouvernement en 1904. En 1911, la concession était accordée à la Société anonyme des Ascenseurs Monte-Charges du Port d'Alger et. malgré toutes sortes de difficultés et d'empêchements, les travaux étaient entrepris en 1913.

La déclaration de guerre interrompit l'exécution du projet qui ne put être achevé qu'en juillet 1920, mais l'impossibilité de se procurer le courant électrique nécessaire à la marche des machines retarda encore la mise en service des ascenseurs. Grâce à l'intelligente ténacité du groupe financier qui a pris à cœur la réussite de cette entreprise et donné là une nouvelle preuve de son dévouement à l'intérêt public, nous pouvons actuellement utiliser celle précieuse installation dont la faveur de plus en plus marquée des usagers proclame éloquemment la nécessité indiscutable. Elle comprend deux pylônes en ciment armé reliés au boulevard de la République par deux passerelles dont la première est enracinée au droit de la place du Gouvernement et la seconde en face le square Bresson.

Chacun de ces pylônes - au reste absolument identiques d'aspect et d'installation intérieure - contient deux ascenseurs. L'un de ceux-ci, très puissant, peut recevoir trente personnes, ainsi que des bagages, voire des charretons à bras : l'autre, de dimensions plus restreintes, est suffisant pour 12 personnes. Le premier est du type employé pour le métro de Paris, station de l'Opéra ; huit câbles y sont affectés, un seul suffirait d'ailleurs pour que la sécurité soit pleine et entière. Le second est muni de quatre câbles, alors qu'un seul serait également suffisant.

L'électricité constitue, bien entendu, la force motrice ; le voltage est de 500 à 550 volts, la machine actionnant le grand ascenseur développe 35 H.P., celle actionnant le petit de 18 à 20 H.P.

Les ascenseurs fonctionnent à partir de 6 heures du matin : la fermeture en est fixée un quart d'heure après l'arrivée du dernier train, quel que soit le retard de ce dernier. En outre, en cas d'arrivée des paquebots durant la nuit, un appareil sera toujours à la disposition des passagers.

Le tarif est ainsi fixé :
0.05 par personne pour la descente.
0,10 - -- montée.

Ces prix sont ceux primitivement fixés par le cahier des charges élaboré à une époque où le courant et la main-d'œuvre étaient loin de valoir autant qu'aujourd'hui. Mais, dans un esprit qu'on ne saurait trop louer, le Conseil d'administration a décidé de n'appliquer aucun relèvement à moins que le maintien du statu quo n'entraîne une exploitation trop nettement déficitaire.

Les bagages jusqu'à 10 kilos sont admis gratuitement avec les personnes qui les accompagnent ; de 10 à 100 kilos, même tarif que pour le public.

Les départs sont aussi fréquents qu'il est nécessaire et l'on n'attend jamais : le trajet s'effectue en quelques secondes, un tiers de minute exactement.

Les machines que nous avons pu admirer ont été construites par la maison Roux et Combaluzier, de Paris, dont la raison sociale est aujourd'hui Verne et Cie. Celle firme a été chargée entre autres fournitures de celle des ascenseurs du Métropolitain de Paris, dans des conditions de concours et de garanties des plus rigoureuses. En fixant son choix sur ses appareils, la Société anonyme des Ascenseurs Monte-Charges du Port d'Alger a entendu donner au public algérois le maximum de confort et de sécurité.

On n'a pu, malgré tout le désir du Conseil d'administration, exécuter en sous-sol les travaux d'installation des machines : l'eau est rencontrée. en raison de la proximité de la mer, à moins d'un mètre cinquante dans les fouilles : on se rend compte des frais énormes qu'eût entraîné, dans ces conditions, la création de locaux en terrain aussi mouvant que celui des abords de la mer. C'est pour cette raison que le sommet des pylônes dépasse légèrement le niveau du boulevard ; mais on a donné à ceux-ci un aspect aussi séduisant que possible et auquel nous sommes aujourd'hui habitués.

Nous ne pouvons donc que nous féliciter de voir notre ville dotée enfin de ces grands ascenseurs dont la nécessité se faisait depuis longtemps sentir.

Terminons en remerciant M. Jammy, le sympathique administrateur et ingénieur de la Société qui a bien voulu, avec son affabilité coutumière, nous donner les détails techniques qui nous permettent de fournir à nos lecteurs, sur la valeur et la sécurité des appareils mis à leur disposition, tous les renseignements désirables.

Et réjouissons-nous une fois encore d'une innovation qui répondait à un besoin urgent.
place, tickets !