ALGER, foyer artistique de l'AFRIQUE DU NORDenvoi de Pierre Chatail,
extrait de "Alger-Revue", mai 1955
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CONSERVATOIRE
MUNICIPAL
L'activité du Conservatoire d'Alger a été marquée tout d'abord, pendant le mois de juin 1954, par les concours de fin d'année scolaire et par la distribution des prix. Pour la première fois en Alger, à la suite de cette distribution de prix, un banquet a été organisé qui réunissait la Commission des Beaux-Arts, le Secrétaire Général, le Directeur du Conservatoire et les membres du jury de ce Conservatoire. Cette manifestation a été accueillie très favorablement par toutes lei personnalités artistiques de la Vilie. Depuis octobre 1954, le Conseil municipal a décidé la création d'une classe d'art dramatique musulman, ainsi que la création d'une 2èclasse de danse. En effet, le nombre d'élèves admis au Conservatoire par le professeur actuel de danse s'avérait nettement insuffisant. Il y a 13 élèves dans la classe de danse pour 4:00 élèves au Conservatoire. La création d'une 2è classe de danse, sous la di-rection d'un professeur qualifié, amènera plus de 30 élèves nouveaux à la pratique de cette discipline. Par ailleurs, un autre fait important a marqué l'activité du Conservatoire cette année : Depuis 5 ans, les professeurs, représentés par leurs délégués, demandaient à l'Adjoint délégué aux Beaux-Arts la révision de l'indice de leur traitement. C'est chose faite. L'indice appliqué actuellement au Directeur et aux professeurs permet de dire que le Conservatoire d'Alger devient l'équivalent des, grands Conservatoires métropolitain. Le Conseil a également décidé l'application d'un régime de retraite (C. I.P.R.A.) garantissant ainsi aux professeurs une retraite minime, mais décente. OPERA MUNICIPAL L'activité de notre scène municipale a été marquée cette saison, par quelques créations importantes telles que « Boris Godounov », « La flûte enchantée », « L'Atlantide », « Marouf » et par une opérette à grand spectacle : « Le chanteur de Mexico ». La scène de l'Opéra d'Alger est déjà très surchargée par des représentations lyriques et des tournées de passage telles que Karsenty, Popesco ; elle l'est encore par l'aide fournie aux différents organismes culturels : le C.R.A.D., les J.M.F., la Croix-Rouge Française. La Municipalité d'Alger s'emploie de la façon la plus active à accroître sans cesse le prestige artistique de notre cité. Elle fait appel pour cela aux talents les plus confirmés, mais elle s'attache aussi à susciter et à encourager chaque année des vocations nouvelles, comme à promouvoir toutes les formes d'art susceptibles d'offrir au public algérois des spectacles de qualité toujours plus nombreux. Cette année encore, elle a à son actif d'importantes réalisations, tant sur le plan purement artistique que sur le plan social, dans la mesure très large où elle s'est efforcée également d'améliorer la situation matérielle des professeurs et des artistes qui se dépensent sans compter. Comme pour le Conservatoire municipal, le Conseil a décidé l'augmentation de l'indice des musiciens, revalorisation sensible qui, avec l'application d'un régime de retraite (C.I.P. R.A.), leur donne entière satisfaction. LES BEAUX-ARTS DE LA VILLE D'ALGER, en ce qui les concerne, ont à leur actif, depuis le 4 mai 1954, 3 importantes réalisations : Le Salon de l'imagerie et de l'affiche publicitaire : Ce Salon a été créé pour les moins de 20 ans ; son but est de permettre aux enfants, aux jeunes gens et aux jeunes filles de 10 à 15 ans et de 15 à 20 ans, d'exprimer leur personnalité, par le dessin, l'image, l'affiche... Ce Salon a eu un succès certain puisque 300 dessins environ ont été réunis. Quatre de ces jeunes gens ayant participé à ce concours, furent pressentis pour travailler à la Typo-Litho. Cette année aussi, la Commission des Beaux-Arts a décidé, pour le mois de mai 1955, la réalisation d'un concours de l'image et de l'affiche publicitaire. Cette initiative est dotée très généreusement par les organismes administratifs, para-administratifs et même des Sociétés privées telles que Standard, Shell, Croix-Rouge Française, etc... La Presse et la Radio lui apportent aussi une aide très effective. Le Théâtre de plein air : Le 7 juin 1954, était inauguré, pour la première fois en Alger, un théâtre dit « de verdure », mais, surtout, de plein air. Le succès remporté a récompensé largement les organisateurs des soucis et des difficultés qu'ils ont rencontrés. 3.240 personnes assistèrent à la dernière représentation fin août 1954. Près de 40.000 personnes payantes assistèrent aux différentes représentations. Le but recherché était atteint,car nous avons ainsi permis à un public en grande partie populaire, de profiter de spectacles distrayants et même d'une qualité éducative certaine. Par ailleurs, il a été ainsi possible d'offrir une activité à 66 artistes algérois en une période de l'année où ils se trouvaient jusqu'à présent démunis de travail. Cette année, grâce à une aide importante du Conseil Municipal, les spectacles du théâtre de plein air vont être encore d'une plus haute qualité. Le début de la saison de plein air commencera le 14 juin par « La Belle de Cadix ». Ce spectacle a été choisi tout spécialement, car, pendant cette quinzaine, se dérouleront à Alger les « Fêtes Latines » organisées par 1e Comité des Fêtes de la Ville. Notre théâtre de plein air sera d'ailleurs prêté aimablement le 19 juin au Comité des Fêtes pour lui permettre de donner un spectacle folklorique composé d'éléments venant d'Espagne, d'Italie et du Midi de la France. Le Conseil municipal a décidé de confier ]a direction artistique à M. Albert Dagnant qui s'est montré, l'an passé, un Directeur de grande classe. Dans le cadre des fêtes de l'A.S.M.A., fêtes qui vont se dérouler boulevard Laferrière du 2 au 7 juillet 1955, une représentation d'« Aïda » sera organisée sur le forum, toujours à des prix extrêmement bas, pour permettre au public qui reste cet été à Alger de bénéficier d'une représentation à grand spectacle. Enfin une représentation de plein air est prévue dans le magnifique cadre de Diar-Es-Saâda, soit dans la cour des Palmiers, soit sur une esplanade quelconque de la cité. Le Salon «Prix de peinture de la Ville d'Alger ». Le premier Salon de peinture de la Ville d'Alger a été créé en 1954. 67 toiles furent réunies dans la salle des colonnades du nouvel Hôtel de Ville. Le jury, qui était présidé par M. le Doyen Alazard, a décidé de partager le prix, qui était de 50.000 francs, entre deux peintres algérois : M. Camille Leroy et M. Duboucher. Trois plaquettes des Beaux-Arts de la Ville furent remises également à MM. Du Hamel, Bernasconi et Mesli Choukri. I1 est à noter que M. Mesli Choukri avait obtenu une bourse d'études pour parfaire son éducation artistique à Paris. Dans le cadre général de ses activités, la délégation des Beaux-Arts a remis également de nombreuses plaquettes à des peintres et à des musiciens, faisant tous partie des différents Salons ou sociétés musicales de la Ville. Une aide importante a été apportée au Salon del'Art Sacré, au Salon de l'Enfance et au Salon de l'Armée. Le festival organisé par Mlle Bailac sous l'égide du C.R.A.D. qui donna, en 1954, 1'« Arlésienne », a bénéficié de l'appui sans réserves de la Municipalité. Cette année encore, le C.R.A.D. va donner une représentation : « Le songe d'une nuit d'été » et l'aide de la Ville d'Alger sera la plus efficace possible. Les Jeunesses Musicales apportent au public, et en particulier à la jeunesse estudiantine, des spectacles éducatifs puisque ces spectacles de musique sont commentés par des conférenciers qui expliquent à la jeunesse les oeuvres qui sont exécutées. Là encore la Municipalité a soutenu cette organisation en lui accordant des subventions importantes et en mettant à sa disposition la scène municipale. Enfin la Ville a acquis cet hiver quelques toiles de maîtres, notamment de MM. Frailong, Bouviol, Fernez et de Buzon.
Le 25 Mai 1955 dans les Jardins du Forum aménagés selon la plus pure tradition des Théâtres de Plein Air une représentation du « Songe d'une Nuit d'Eté a inauguré le Festival du Théâtre Algérien. |