-----Rabah, pour
attaquer les troupes des missions, installe son camp out près de
Kousseri, à environ 6 kilomètres en aval.
-----Le commandant
Lamy dispose, en plus de ses troupes aguerries, d'un nombre important
de cavaliers auxiliaires, des Barghirmiens, d'une efficacité légendaire.
-----Il décide
d'attaquer Rabah le 22 avril, dès 7 heures du matin. La bataille
est d'une violence inouïe. Rabah se bat avec frénésie
et Lamy avec clairvoyance.
-----Au milieu
de ses soldats, Rabah attire le feu sur lui et une balle le frappe en
pleine poitrine. Les soldats de l'usurpateur lâchent pied.
-----Les rescapés
se jettent dans le fleuve et se dispersent alors que les cavaliers de
Barghirmi, suivant la loi du vainqueur,sabrent, pillent et incendient
ce qui ne peut être emporté. Les témoins, qui ont
laissé des récits, comparent cette bataille à une
guerre moyen-âgeuse.
-----Et c'est
en pleine victoire que le commandant Lamy est mortellement blessé.
Mais comme Rabah a été également tué, un Tirailleur
le décapite et va montrer sa tête au commandant, pour lui
prouver sa fidélité. Les dernières paroles du Commandant
Lamy sont : "Je meurs content, Rabah n'est
plus". Le drapeau du 19 ème Régiment de
Tirailleurs a mérité que, pour ces faits, soit inscrit dans
ses plis "Tchad-1900".
-----Après
quelques nouvelles escarmouches et l'élimination de Fadelallah,
fils de Rabah, les chefs Rabistes se rendent. Dikoa, point de ralliement
de la mission saharienne, est prise.
-----Après
encore quelques péripéties et avoir parcouru plus de 5.500
kilomètres, la mission atteint Natadi, à l'embouchure du
Congo, où elle embarque pour Bordeaux.
-----Trois
cent dix-sept hommes sont partis en 1898; 206 sont en bon état
de santé, 46 sont blessés et des 48 européens 15
seulement sont revenus.
-----Le 28
octobre 1900, la mission rejoint Blida, le circuit est bouclé en
deux ans.
La conquête des
Oasis
-----Mais pour que
la paix perdure il fallait étendre notre présence aux oasis
sahariennes.
-----C'est
à l'occasion d'une mission géologique, commandée
par le capitaine Pein connaissant bien le Sahara, que la conquête
des oasis débute. ----------Souvenons-nous,
c'est lui qui avait ravitaillé la mission Foureau-Lamy à
partir de Ouargla, jusqu'au sud du Grand Erg Oriental à Temassanine.
L'escorte du capitaine Germain assure une protection discrète.
-----Cette
mission exécutée dans le cadre scientifique était
purement pacifique et relevait du ministère de l'instruction publique.
Monsieur Flamant, préparateur à la faculté d'Alger,
est des recherches géologiques sur les plateaux situés au
nord du massif du Hoggar, le plateau de Tadmaït, le plus au nord
et le plateau de Mouydir, à l'ouest de Adrar-nAhnet.La mission
campe près de l'oasis d'Igosten, au nord d'In Salah. Elle oppose
une forte résistance à des pillards qui l'attaquent. Elle
parvient à les repousser pendant que le capitaine Germain, alerté
par les fusées de détresse, rejoint la mission et organise
la défense.
-----Les oasis
ont un lien de vassalité avec l'Empire Chérifien. Leur conquête
n'est pas envisagée pour ne pas heurter les susceptibilités
internationales.
-----Mais
les Ksouriens des oasis d'In-Rhâr, de Tit et d'Aoulef, groupés,
se font menaçants.
-----Au nombre
d'environ 1300 combattants ils acceptent de combattre contre les escortes
des capitaines Pein et Germain. Celles-ci les battent à plates
coutures. Leurs deux chefs sont les vainqueurs. Les populations d'In Salah
et d'Igosten ainsi que les tribus qui vivent autour de ces agglomérations,
les reconnaissent comme tels. Elles demandent la protection du pavillon
français, après avoir demandé l'aman.
-----Cette
alerte conduit le Général commandant le 19 ème Corps
d'Armée à dépêcher des colonnes de secours
et des munitions, aux ordres du commandant Baumgarten qui s'installe à
In Salah. Le pacha de Timmi, Ed-Driss ben el-Kouri,le somme d'évacuer
la place.
-----Une nouvelle
colonne quitte El Goléa pour renforcer le détachement Baumgarten
à In-Salah. C'est le colonel d'Eu qui commande l'expédition.
-----Après
quelques escarmouches, les Ksouriens s'installent dans (les positions
fortifiées où ils se réfugient dès la fin
de leurs attaques.
-----Ils
ne pourront être délogés qu'au canon et à la
baïonnette. Le pacha demande l'aman; ses pertes sont sérieuses
et les deux kasbahs fortifiées se rendent.
-----Deux
compagnies demeurent à In Salah et le colonel d'Eu regagne avec
sa colonne El-Goléa.
-----Quelques
opérations semblables sont faites dans le sud-Oranais. Igli et
Tabelcosa puis Timimoun voient ainsi flotter le drapeau tricolore qui
va protéger les populations.
-----Sous
une chaleur atroce les hommes ont parcouru 1.825 kilomètres et
pieds quasi nus, les chaussures étant usées tant par le
sable de l'erg que le roc de la hamada. Le pied du Grand Erg est un véritable
décor grandiose naturel d'opéra. Taghit, qui est le plus
beau fleuron des Oasis, est sous la protection du commandant Bundsaux.
-----Le général
Servière commande la division d'Alger. Il effectue, à partir
d'El-Goléa, une inspection dans le Tidikelt et remonte sur le Touat.
Son escorte est faible mais le Goum du capitaine Pein accompagne les Spahis
et les Tirailleurs de sa garde.
-----Il reçoit
un accueil chaleureux des indigènes, sous une chaleur torride.
Il retourne à
El-Goléa en passant par Timimoun.
Les garnisons sont renforcées pour s'opposer aux violentes réactions
qui se manifestent dans la vallée de l'Oued Zousfana et dans le
Gourara.
-----Dans
les conflits algéro-marocains nos troupes sont tenues en haleine
par les Béraber du Tafilalet, Doui-Ménia du Djebel Béchar,
les Ouled-Djerir des alentours du Figuig et quelques dissidents Chaamba
(Ouargla).
-----Les pertes
françaises sont parfois sévères mais après
de nouvelles actions (les colonnes militaires, les Ksours demandent l'aman
dans le Touat. Adrar fait allégeance.
-----Mais
de nouveaux incidents nous obligent à poursuivre des actions punitives,
notamment après l'attaque du bordj de Timimoun par un millier de
Berabers, de nuit.
-----Les oasis
sont toutes tenues, mais les Bérabers continuent leur harcèlement
des postes, des convois et des populations locales. Les Touareg s'agitent
aussi car évincés de leur suzeraineté du Tidikelt.
Ils ne renoncent pas à exercer de nouveau contre les populations
affamées, misérables, vivant dans le cadre merveilleux des
palmeraies.
Le Sahara s'ouvre
à la France
-----Les Méharistes,
les Goumiers du Tidikelt et les Cavaliers du maghzen d'In Salah, sont
sous les ordres d'un seul Français,le lieutenant Cottenest. Ils
sont des supplétifs mais commandés par leur caïd respectif
Ils déciment la tribu des DagRali,la plus importante du Hoggar
et la plus dominatrice.
-----Les Touareg-Hoggar
ne se relèvent pas et le Sahara s'ouvre à la France, le
19 mai 1902. C'est grâce à la démonstration du lieutenant
Cottenest avec ses troupes de Tirailleurs et de Spahis sahariens, dans
le Tidikelt, qu'une loi institue des compagnies sahariennes sous l'appellation
de Compagnies Méharistes Indigènes.
-----La paix
française règne dans le Hoggar. L'oeuvre civilisatrice du
colonel Laperrine secondé par le Père Charles de Foucault
se poursuit.
-----En 1904,
la paix règne dans le Hoggar dont le chef, Moussa, reconnait la
suzeraineté française. Ceci n'empêche pas les razzous
de Bérabers et les rapines de pillards.
-----Pour
parvenir à la pacification complète, il faut participer
à des opérations de police dans le Sud-Oranais et la vallée
de la Saoura, jusqu'en 1906. Les conflits Algéro-Marocains.
-----Les tribus
des confins algéro-marocains chevauchent la frontière du
fait de l'imprécision du traité du 18 mars 1845;tribus guerrières
elles sont peu soucieuses des accords signés à Alger les
7 mars et 20 avril 1902.
-----C'est
pourquoi il nous faut intervenir au Maroc, pays encore moyenâgeux,
replié sur lui-même où la sécurité n'existe
pas. Le Père Charles de Foucault, devenu moine, trappiste, après
avoir été officier dans les hussards et les chasseurs d'Afrique
puis explorateur secret au Maroc a été ordonné prêtre
le 9 juin 1901. Homme de paix, il construit, à Beni-Abbès,
un ermitage qu'il occupe. Il vit parmi les Touareg dans le Hoggar, qu'il
parcourt. Les autochtones le vénèrent, mais son action gêne.
Des Senoussis venus de Libye l'assassinent le ler décembre 1916,
àTamanrasset.
-----La guerre
civile est quasi permanente, les tribus se battent entre elles et refusent
d'obéir au pouvoir central. C'est encore une oeuvre d'apport de
civilisation et de pacification par la France pour qui c'est un nouvel
effort considérable.
(à suivre)
Lt Colonel ( ER)
Gaston Bautista
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