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" Algeria " en particulier.
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L'Exploitation des Forêts de Chênes-Liège
en Algérie
L'Algérie fournit
actuellement plus du cinquième de la production du liège
dans le monde : elle est en voie de passer au premier rang des pays
producteurs de cette matière. Les forêts constituent, pour
la Colonie, une richesse importante et rapidement accrue.
Pour les seuls massifs de l'État, les produits en argent ont
passé, en 14 ans, de 700 000 francs (1893) à près
de 5 millions (1907).
Toutes ces forêts sont réparties en massifs d'importance
variable sur l'ensemble du territoire de l'Algérie, mais principalement
dans le Tell et sur les deux chaînes de l'Atlas.
Les essences principales qui constituent les massifs sont : le chêne-liège,
le chêne zeen, le chêne afarès, le chêne-vert
(ou yeuse), le chêne kermès ou faux-kermès, le cèdre,
le pin d'Alep, le pin maritime, le thuya et le genévrier. Un
assez grand nombre d'espèces s'y rencontrent par pieds isolés
et en petits bouquets.
La superficie des différentes essences rencontrées dans
les forêts domaniales, situées en territoire civil, s'élève
approximativement à :
Pin d'Alep. . . . . . . . . . .
. . . .. 570 000 hectares
Chêne-vert et kermés. . . . . . . 460 000
Chêne-liège . . . . . . . . . . . . . . 240 000
Chêne zeen et afarés. . . . . . . . .50 000
Cèdre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 000
Thuya . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 100.000
Genévrier. . . . . . . . . . . . . . . . . 80.000
Divers (peuplier,0rme,etc.). . . .25.000
Maquis. friches et alfa. . . . . . .220,000 |
Le produit principal des forêts de l'Algérie est le liège.
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La production en argent du domaine géré par l'Administration
forestière s'accroît considérablement d'année
en année, bien que, comme nous l'avons vu plus haut, une partie
importante de ce domaine se trouve, en raison de sa consistance, ou
de sa situation, peu propre à être exploitée. Les
récoltes de liège constituent le plus gros appoint dans
ce rendement.
Les recettes, qui ne dépassaient pas 2 à 300 mille francs
jusqu'en 1800, ont atteint, en 1907, le chiffre de 4 926 498 francs,
ainsi réparti :
liège. . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 004 444 fr.
Bois et écorces. . . . . . . . . .. . 689 884
Produits divers. . . . . . . . . . . .208 698
Alfa. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 371
Total. . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 926 498 fr.
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On a vu plus haut que le liège provenant des forêts domaniales
et récolté en régie par le service forestier, fournissait
la plus grosse partie des recettes budgétaires de ce service.
Ces recettes ont atteint en 1907 plus de 4 millions de francs pour 107
000 quintaux métriques de liège. Mais à côté
des forêts domaniales, le liège est produit également
en grandes quantités par les forêts particulières
provenant d'anciennes concessions, par les forêts encore concédées
et par quelques massifs appartenant à des communes ou des douars
indigènes. L'exportation totale des lièges d'Algérie
dépasse 300 000 quintaux, d'une valeur de près de 20 millions
de francs.
Si l'on compare cette production avec celle des autres pays qui fournissent
du liège, on verra que l'Algérie est en passe d'atteindre
un des premiers rangs. On sait déjà que le chêne-liège
croît uniquement dans une zone restreinte, comprenant le Portugal,
l'Espagne, le sud de la France, l'Italie, le Maroc, l'Algérie
et la Tunisie. Il est inconnu ailleurs :
La production mondiale de cette matière a été évaluée
ainsi :
Portugal 450
000 quintaux.
Espagne 300 000
Algérie 278 000
France 120 000
Italie 30 000
Tunisie 25 000
Maroc 1 000
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Alors que par le fait même de la limitation de l'aire de végétation
de cette essence la production en reste limitée, la consommation
du liège tend, au contraire, à se développer, car
la fabrication des bouchons prend une extension de plus en plus grande
et, malgré toutes les tentatives, aucune autre matière
n'a pu, jusqu'à ce jour, servir de succédané au
liège. En outre, l'utilisation du liège et de la poudre
de liège pour le linoléum, les agglomérés
et divers autres objets qui, jusqu'à présent, était
à peu près insignifiante, accuse un progrès très
marqué. Il en résulte que le liège devient de plus
en plus une marchandise rare et recherchée et que ses prix ne
peuvent qu'augmenter.
Ces considérations ne peuvent que faire regretter davantage que
l'État, seul propriétaire des forêts de chênes-liège
lors de la conquête, n'ait pas su conserver intacte, pour ses
besoins futurs, cette source si importante de revenus et en ait abandonné
imprudemment la plus belle part.
On sait que le liège du commerce est formé par l'écorce
qui repousse sur le chêne-liège lorsque, par l'opération
du démasclage, on a enlevé à ce dernier, sur une
portion de la tige et même des branches, son écorce naturelle,
grossière et crevassée, qui porte le nom de liège-mâle.
Après l'enlèvement de cette écorce naturelle, qui
se détache d'un seul bloc lorsque la sève est active,
la couche vivante restée à nu, et qui n'est autre que
le liber ou mère, reforme, couche par couche et année
par année, une nouvelle enveloppe protectrice plus fine et plus
élastique que l'ancienne et qui est précisément
le liège de reproduction ou liège du commerce.
Quand cette nouvelle écorce a l'épaisseur voulue pour
qu'on puisse y tailler des bouchons, ce qui arrive, suivant les régions,
au bout de 10 à l5 ans, on la récolte par un procédé
analogue au premier démasclage. Une troisième écorce
se reforme alors, qu'on lèvera au bout du même laps de
temps et on continuera ainsi jusqu'à ce que l'arbre soit épuisé
ou que le liège produit devienne inutilisable. On compte en général
que chaque arbre peut donner cinq ou six récoltes de liège
vendable.
Les forêts domaniales restées sous la gestion du service
sont évaluées à 240 000 hectares environ, dont
la mise en valeur ne fut sérieusement entreprise qu'à
partir de 1884, lorsque le budget fut enfin doté des crédits
nécessaires pour les démasclages. Cette uvre peut
être considérée comme à peu près terminée
aujourd'hui, sauf sur quelques milliers d'hectares tenus en réserve
à cause des dangers particuliers d'incendie qui les menacent
; elle ne tarda pas à donner ses fruits et la production du liège
récolté en régie par l'Administration a suivi une
progression remarquable : de 1 300 quintaux vendus 36 000 fr. en 1890,
cette production s'est élevée par bonds successifs, au
chiffre de 107 000 quintaux, vendus 4 004 444 francs, en 1907 ; on peut
admettre qu'elle restera encore un certain nombre d'années dans
la période de développement, jusqu'à ce qu'elle
atteigne environ 200 000 quintaux, d'une valeur de 6 millions de francs.