Aïn-Taya, sur la côte algéroise.
CRÉÉE EN 1853 AVEC 25.000 FRANCS
AIN-TAYA, la centenaire
d’une brousse pestilentielle est devenue un magnifique jardin

Echo d'Alger du 28-11-1953 - Transmis par Francis Rambert

CRÉÉE EN 1853 AVEC 25.000 FRANCS
AIN-TAYA, la centenaire
d’une brousse pestilentielle est devenue un magnifique jardin

En 1836, M. Latour-Mazeray qui, à l’époque, était préfet d’Alger, vint visiter les domaines qui venaient d’être créés à Aïn-Taya.
« Lorsque je procédais, il y a trois ans à peine, à la distribution des lots du village d’Aïn-Taya, dit-il, un débroussaillement de quelques mètres fut nécessaire pour l’installation de ma tente. Aujourd’hui, 732 hectares sont en pleine culture. Les chiffres sont plus éloquents que les paroles. »

Que dirait alors aujourd’hui M. Latour-Mazeray ? Il ne reconnaîtrait civilisation pas cette région qui, cent ans plus tôt, n’était qu’une mer de brous-sailles et de palmiers nains laissant par endroits la place à des marécages et dont l’avenir semblait voué à la stérilité.
Oui, que de changements depuis ce 30 septembre 1853, date à laquelle un décret impérial créait la commune d’Aïn-Taya, la détachant de la grande commune de la Rassauta.

Oui, que de changements, mais que de travail aussi. Travail opiniâtre, obscur, mais travail qui allait produire des merveilles. Une brousse rébarbative

suite sous l'article.)
 

sur site déc.2024

660 Ko - d 5
retour
 

Ain-Taya, la fontaine fraiche
Ain-Taya, la fontaine fraiche

Les maires d'Aïn-Taya
Joseph GUYOT (1870-1878)
Jean DABADIE (1879-1884)
Casimir FABRE (1884-1891)
P a u 1 OUDAILLE (1891-
1895)
Désiré DULIN (1896-1898)
Joseph CHABERT (18981904)
Paul FABRE (1904-1910)
Charles PELLEGRIN (19101919)
Michel SINTES (1920-1935)
Auguste ALLIER (19351945)
Emile BERTONI (1945, mort en fonction fin 1948) Hector BURKHARDT (depuis 1949)


CRÉÉE EN 1853 AVEC 25.000 FRANCS
CRÉÉE EN 1853 AVEC 25.000 FRANCS

CRÉÉE EN 1853 AVEC 25.000 FRANCS
AIN-TAYA, la centenaire
d’une brousse pestilentielle est devenue un magnifique jardin

En 1836, M. Latour-Mazeray qui, à l’époque, était préfet d’Alger, vint visiter les domaines qui venaient d’être créés à Aïn-Taya.
« Lorsque je procédais, il y a trois ans à peine, à la distribution des lots du village d’Aïn-Taya, dit-il, un débroussaillement de quelques mètres fut nécessaire pour l’installation de ma tente. Aujourd’hui, 732 hectares sont en pleine culture. Les chiffres sont plus éloquents que les paroles. »

Que dirait alors aujourd’hui M. Latour-Mazeray ? Il ne reconnaîtrait civilisation pas cette région qui, cent ans plus tôt, n’était qu’une mer de brous-sailles et de palmiers nains laissant par endroits la place à des marécages et dont l’avenir semblait voué à la stérilité.
Oui, que de changements depuis ce 30 septembre 1853, date à laquelle un décret impérial créait la commune d’Aïn-Taya, la détachant de la grande commune de la Rassauta.

Oui, que de changements, mais que de travail aussi. Travail opiniâtre, obscur, mais travail qui allait produire des merveilles. Une brousse rébarbative

Tout ne fut pas rose pour les premiers colons. Ces vingt familles quivenaient de quitter leur Mahon natale se trouvaient en présence d’une nature hostile, rebutante. Un long chapelet d’eaux stagnantes bordait les dunes littorales de l’Harrach au Hamiz et plus loin les débordements saisonniers de l’oued Réghaïa reconstituaient inlassablement de vastes marécages pestilentiels. Une végétation' rabougrie, épineuse, rébarbative complétait ce sinistre paysage. C’était un « no man’s land » où les pillards trouvaient un refuge et n’avaient que la compagnie des hyènes, des sangliers et des panthères.

De quoi rebuter les plus courageux. Et pourtant, des vestiges d’une passée attestaient que des hommes avaient vécu là où maintenant il n’y avait que la brousse.

Les petits colons se groupèrent autour d’une fontaine que les musulmans dénommaient Aïn-Taya et qui allait donner son nom au village.

Aïn-Taya, la source fraîche, devenue depuis la « fontaine fraîche ». Les nombreux estiveurs qui viennent pique-niquer l’été sous les fraîches frondaisons des platanes séculaires qui l’entourent et qui furent plantés par le Génie, il y a cent ans, la connaissent bien. Et nous ne saurions passer sous silence la « pèche » qu’y fit cet été un promeneur qui captura un dimanche en plein midi la carpe de plus de quatre ki los bien connue de tous les habitués de ce coin charmant qui la nourrissaient des reliefs de leur « cabas-sette ». Une belle pêche qui ressemble étrangement à un acte de vandalisme.

La naissance d'Àïn-Taya

Les Sintès, Pons, Gomila, Orfila et autres Gomès qui faisaient partie des premiers colons du début et dont les noms sont toujours représentés a Aïn-Taya se mirent résolument au travail. Défrichant sans relâche, semant le blé, plantant de la vigne avant de se mettre, plus tard, au maraîchage, ils allaient accroître et multiplier les quelques dizaines d’hectares de début. Six mois après leur arrivée, ces pionniers avaient débroussaillé et rendus propres à la culture 63 hectares. On en comptait 732 lors de la visite du préfet Latour-Mazeray, trois ans après. Aujourd’hui, il serait plus facile d’estimer les espaces incultes.

Pendant ce temps, la population connaissait parallèlement une augmentation croissante. L’administration avait alloué 25.000 francs aux premiers colons pour leur permettre de tracer les rudiments de leur village. Cela avait permis de niveler quelques rues, d’aménager trois fontaines et un lavoir, d’ouvrir des chemins et d’aménager le premier canal d’irrigation. Mais le village se développait. Des 325 habitants du début, on en compte 550. en 1859. 1.020 en 1936. Ils sont aujourd’hui plus de 5.000. En effet, aux premières familles mahonnaises du début étaient venues se joindre quelques familles génoises et françaises. C’étaient, surtout à l’origine, des Bretons que le gouvernement avait fait venir pour équiper les premiers ports de pêche du littoral et en particulier la station de Surcouf qui connaissait une évolution parallèle.

La création de Surcouf (voir la page)

Autant, Aïn-Taya a eu une origine terrienne, autant Surcouf. tout au moins à ses débuts, fut avant tout un centre maritime. Certes, à l’époque, le centre ne portait pas le nom du célèbre marin français.
Et à ce sujet nous ouvrons une parenthèse pour constater que nos stations du littoral est et plus particulièrement celles entourant Cap-Matifou et Aïn-Taya, ont été baptisées de noms de marins ou d’explorateurs : La Pérouse, Jean-Bart, Suffren. Surcouf. Peut-être les premiers pécheurs bretons qui y habitèrent voulurent-ils ainsi rendre hommage à leurs glorieux ancêtres.

En 1853. donc, Surcouf était connu sous le nom indigène de Aïn-Acherou-Ouâlou, « la source où l’on ne boit pas », ce qui laissait bien entendre que ses eaux étaient moins que salubres. Concurremment avec l’établissement d’Aïn-Taya, l’Administration essaya d’avoir un port de pêche à Surcouf. L’expérience fut désastreuse. Les pécheurs bretons, ne pouvaient se faire aux caprices d’une mer qu’ils ne connaissaient pas et demandèrent leur rapatriement. Mais quarante ans plus tard, le gouverneur générai Cambon comprit que des pêcheurs venus du Midi de la France auraient plus de chance de s’acclimater. Et c’est ainsi qu’en 1892 un premier convoi de Languedociens, Provençaux et Catalans embarqua à Toulon pour l’Algérie. On y trouvait les Desclaux, Ramel. Dupupet, Nondedeu dont les familles existent toujours. Ils s’accrochèrent, ils luttèrent, menant de front le travail de la mer, celui de la terre et, quelques décades plus tard, leur œuvre venait rejoindre celle d’Aïn-Taya. Un avenir digne du passé

Ainsi, une commune était née. Son essor allait devenir plus brillant d’année en année. Des routes s’ouvrirent, les canaux d’irrigation se multiplièrent sur cette terre asservie et qui devenait un immense jardin où tous les primeurs poussaient. Des écoles furent créées. Aïn-Taya prit tous les jours une importance accrue. Les Algérois, les moyens de communication aidant, allaient bientôt connaître le sable fin de ses plages qui appelaient au délassement.

De jungle, toute la région se transformait en jardin à la parure changeante, aux frondaisons accueillantes. Aïn-Taya, sorti des limbes de l’enfance, devenu adulte, se tournait vers l’avenir.

Un avenir brillant que lui avait préparé la saine gestion de ses édiles municipaux aux vues réalistes
et que continue cet excellent administrateur qu’est M. Hector Burkhardt, vice-président du Conseil général, membre de l’Union française.

Sous sa direction, Aïn-Taya a repris un nouveau départ. Ses réalisations promettent à sa cité un avenir aussi brillant qu’a été remarquable son passé.