
Ain-Taya, la
fontaine fraiche
Les maires d'Aïn-Taya
Joseph GUYOT (1870-1878)
Jean DABADIE (1879-1884)
Casimir FABRE (1884-1891)
P a u 1 OUDAILLE (1891-
1895)
Désiré DULIN (1896-1898)
Joseph CHABERT (18981904)
Paul FABRE (1904-1910)
Charles PELLEGRIN (19101919)
Michel SINTES (1920-1935)
Auguste ALLIER (19351945)
Emile BERTONI (1945, mort en fonction fin 1948) Hector BURKHARDT
(depuis 1949) |


CRÉÉE EN 1853 AVEC 25.000
FRANCS
AIN-TAYA, la centenaire
dune brousse pestilentielle est devenue un magnifique jardin
En 1836, M. Latour-Mazeray
qui, à lépoque, était préfet dAlger,
vint visiter les domaines qui venaient dêtre créés
à Aïn-Taya.
« Lorsque je procédais, il y a trois ans à peine,
à la distribution des lots du village dAïn-Taya, dit-il,
un débroussaillement de quelques mètres fut nécessaire
pour linstallation de ma tente. Aujourdhui, 732 hectares
sont en pleine culture. Les chiffres sont plus éloquents que
les paroles. »
Que dirait alors aujourdhui M. Latour-Mazeray ? Il ne reconnaîtrait
civilisation pas cette région qui, cent ans plus tôt, nétait
quune mer de brous-sailles et de palmiers nains laissant par endroits
la place à des marécages et dont lavenir semblait
voué à la stérilité.
Oui, que de changements depuis ce 30 septembre 1853, date à laquelle
un décret impérial créait la commune dAïn-Taya,
la détachant de la grande commune de la Rassauta.
Oui, que de changements, mais que de travail aussi. Travail opiniâtre,
obscur, mais travail qui allait produire des merveilles. Une brousse
rébarbative
Tout ne fut pas rose pour les premiers colons. Ces vingt familles quivenaient
de quitter leur Mahon natale se trouvaient en présence dune
nature hostile, rebutante. Un long chapelet deaux stagnantes bordait
les dunes littorales de lHarrach au Hamiz et plus loin les débordements
saisonniers de loued Réghaïa reconstituaient inlassablement
de vastes marécages pestilentiels. Une végétation'
rabougrie, épineuse, rébarbative complétait ce
sinistre paysage. Cétait un « no mans land
» où les pillards trouvaient un refuge et navaient
que la compagnie des hyènes, des sangliers et des panthères.
De quoi rebuter les plus courageux. Et pourtant, des vestiges dune
passée attestaient que des hommes avaient vécu là
où maintenant il ny avait que la brousse.
Les petits colons se groupèrent autour dune fontaine que
les musulmans dénommaient Aïn-Taya et qui allait donner
son nom au village.
Aïn-Taya, la source fraîche, devenue depuis la « fontaine
fraîche ». Les nombreux estiveurs qui viennent pique-niquer
lété sous les fraîches frondaisons des platanes
séculaires qui lentourent et qui furent plantés
par le Génie, il y a cent ans, la connaissent bien. Et nous ne
saurions passer sous silence la « pèche » quy
fit cet été un promeneur qui captura un dimanche en plein
midi la carpe de plus de quatre ki los bien connue de tous les habitués
de ce coin charmant qui la nourrissaient des reliefs de leur «
cabas-sette ». Une belle pêche qui ressemble étrangement
à un acte de vandalisme.
La naissance
d'Àïn-Taya
Les Sintès, Pons, Gomila, Orfila et autres Gomès qui faisaient
partie des premiers colons du début et dont les noms sont toujours
représentés a Aïn-Taya se mirent résolument
au travail. Défrichant sans relâche, semant le blé,
plantant de la vigne avant de se mettre, plus tard, au maraîchage,
ils allaient accroître et multiplier les quelques dizaines dhectares
de début. Six mois après leur arrivée, ces pionniers
avaient débroussaillé et rendus propres à la culture
63 hectares. On en comptait 732 lors de la visite du préfet Latour-Mazeray,
trois ans après. Aujourdhui, il serait plus facile destimer
les espaces incultes.
Pendant ce temps, la population connaissait parallèlement une
augmentation croissante. Ladministration avait alloué 25.000
francs aux premiers colons pour leur permettre de tracer les rudiments
de leur village. Cela avait permis de niveler quelques rues, daménager
trois fontaines et un lavoir, douvrir des chemins et daménager
le premier canal dirrigation. Mais le village se développait.
Des 325 habitants du début, on en compte 550. en 1859. 1.020
en 1936. Ils sont aujourdhui plus de 5.000. En effet, aux premières
familles mahonnaises du début étaient venues se joindre
quelques familles génoises et françaises. Cétaient,
surtout à lorigine, des Bretons que le gouvernement avait
fait venir pour équiper les premiers ports de pêche du
littoral et en particulier la station de Surcouf qui connaissait une
évolution parallèle.
La
création de
Surcouf (voir la page)
Autant, Aïn-Taya a
eu une origine terrienne, autant Surcouf. tout au moins à ses
débuts, fut avant tout un centre maritime. Certes, à lépoque,
le centre ne portait pas le nom du célèbre marin français.
Et à ce sujet nous ouvrons une parenthèse pour constater
que nos stations du littoral est et plus particulièrement celles
entourant Cap-Matifou
et Aïn-Taya, ont été baptisées de noms de
marins ou dexplorateurs :
La Pérouse,
Jean-Bart, Suffren. Surcouf.
Peut-être les premiers pécheurs bretons qui y habitèrent
voulurent-ils ainsi rendre hommage à leurs glorieux ancêtres.
En 1853. donc, Surcouf était connu sous le nom indigène
de Aïn-Acherou-Ouâlou, « la source où lon
ne boit pas », ce qui laissait bien entendre que ses eaux étaient
moins que salubres. Concurremment avec létablissement dAïn-Taya,
lAdministration essaya davoir un port de pêche à
Surcouf. Lexpérience fut désastreuse. Les pécheurs
bretons, ne pouvaient se faire aux caprices dune mer quils
ne connaissaient pas et demandèrent leur rapatriement. Mais quarante
ans plus tard, le gouverneur générai Cambon comprit que
des pêcheurs venus du Midi de la France auraient plus de chance
de sacclimater. Et cest ainsi quen 1892 un premier
convoi de Languedociens, Provençaux et Catalans embarqua à
Toulon pour lAlgérie. On y trouvait les Desclaux, Ramel.
Dupupet, Nondedeu dont les familles existent toujours. Ils saccrochèrent,
ils luttèrent, menant de front le travail de la mer, celui de
la terre et, quelques décades plus tard, leur uvre venait
rejoindre celle dAïn-Taya. Un avenir digne du passé
Ainsi, une commune était née. Son essor allait devenir
plus brillant dannée en année. Des routes souvrirent,
les canaux dirrigation se multiplièrent sur cette terre
asservie et qui devenait un immense jardin où tous les primeurs
poussaient. Des écoles furent créées. Aïn-Taya
prit tous les jours une importance accrue. Les Algérois, les
moyens de communication aidant, allaient bientôt connaître
le sable fin de ses plages qui appelaient au délassement.
De jungle, toute la région se transformait en jardin à
la parure changeante, aux frondaisons accueillantes. Aïn-Taya,
sorti des limbes de lenfance, devenu adulte, se tournait vers
lavenir.
Un avenir brillant que lui avait préparé la saine gestion
de ses édiles municipaux aux vues réalistes
et que continue cet excellent administrateur quest M. Hector Burkhardt,
vice-président du Conseil général, membre de lUnion
française.
Sous sa direction, Aïn-Taya a repris un nouveau départ.
Ses réalisations promettent à sa cité un avenir
aussi brillant qua été remarquable son passé.