Dernière minute :
L'enquête sur les auteurs de l'indicatif de Radio Alger enfin
bouclée !
Les responsables sont identifiés avec certitude
Depuis quelques années, aucun visiteur de ce
site n'a pu échapper à la lancinante reconstitution de
l'indicatif de Radio Alger que j'avais bidouillée de mémoire
en mode MIDI, faute de disposer d'un enregistrement original.
Cette reconstitution a été largement mise en doute, et
un hurluberlu m'a même adressé un message à la limite
de l'injurieux affirmant que tout le monde savait parfaitement que l'indicatif
de Radio Alger était le Boléro de Ravel et point
barre. J'ai bien entendu refusé la polémique avec ce gossier
personnage aux oreilles pleines de tramousses et qui devait boire plus
souvent de l'anisette que du Sélecto à l'apéritif.
Il reste que nous ignorions toujours qui était l'auteur de cette
musique même si une piste semblait se faire jour vers "Escales"
de Jacques Ibert. Personnellement, je n'avais jamais entendu
parler de cette piste jusqu'à ce message de l'ami Jean Paul
Fernon reçu en fin de semaine dernière, le samedi
19 janvier 2008 (c'est donc tout chaud).
Jean Paul Fernon y disait que notre grand gourou (d'Australie) Bernard
Venis (Bernard:"hélas, je n'en ai pas
la queue...) lui avait affirmé qu'il s'agissait d'un
air d'opéra et que fort de ce renseignement, il avait découvert
avec certitude qu'il s'agissait de "Marouf,
savetier du Caire", composé par
Henri Rabaud (1873-1949). Il fournissait pour appuyer ses
dires un lien internet vers une émission de radio de 31 minutes
que je n'ai pas eu à éplucher longtemps pour constater
que le tuyau était incontestable.
Pour preuve, voici un premier montage (ECOUTER)
où j'ai juxtaposé une partie de ma reconstitution et un
extrait de l'émission en question. Aucun doute n'est plus permis.
Néanmoins, cette découverte capitale de Jean-Paul partant
d'un bon renseignement de Bernard ne levait pas totalement le mystère
car j'ai eu beau écouter l'émission de radio de bout en
bout, rien n'y ressemblait à la seconde partie de l'indicatif
de style pseudo-oriental.
Sachant depuis longtemps de source sûre que cet indicatif était
formé de deux airs composés par des auteurs différents,
et puisque c'était la première fois que j'entendais parler
de l'oeuvre "Escales" de Jacques
Ibert (1890-1962), j'ai décidé de creuser cette
piste que Jean-Paul écartait un peu hâtivement.
Il ne me fallut guère de temps pour dénicher un extrait
de "Escales - Tunis-Nefta" et pousser un cri de Sioux
sur le sentier de la guerre puisque j'entendais enfin la seconde partie
de l'indicatif de Radio Alger.
Voici un second montage (ECOUTER)
similaire au premier et qui ne laisse guère de doute.
L'affaire est donc entendue et il n'y a plus lieu d'y revenir, sauf
que personne ne semble disposer d'un véritable enregistrement
audio de cet indicatif et c'est bien dommage.
Il serait d'autant plus bienvenu qu'en tant que musicien professionnel
je suis à peu près convaincu que cet indicatif n'était
pas un simple montage des deux extraits mais un réarrangement
et un réengistrement total par un orchestre d'Alger ou d'ailleurs.
Certaines différences sont en effet très perceptibles,
particulièrement dans la première partie qui dans mon
souvenir est exclusivement composée de cuivres et jouée
sur un tempo plus martial. Mais je peux me tromper.
Pour en finir en faisant bonne mesure, voici une citation (seulement
au piano) de l'indicatif des émissions
enfantines du jeudi (ECOUTER)
à 14h00 (auteur inconnu), l'indicatif des
mots croisés sonores du jeudi à 13h30 : la
"Petite musique de nuit" de Mozart, (ECOUTER)
celui d'une des deux émissions de jazz
de Radio Alger : Cornet Shop Suey
(ECOUTER)
enregistré par Louis Armstrong avec son
Hot Five en 27 ou 28, celui de la seconde
émission de jazz : Mahogany Hall
Stomp,
(ECOUTER) toujours joué par Louis Armstrong
mais avec son All Stars après la deuxième guerre
mondiale, l'indicatif in extenso de Pour nos soldats
: "le joyeux trompette"
de Gabriel Eugène Hippolyte Allier (1867-1924) (ECOUTER)
[source Jean-Paul Fernon](Bernard:"est-ce
celle du sketch de Fernand Reynaud?), et Dans
les rues d'Antibes de Sidney Béchet, qui servit
longtemps de test d'antenne (ECOUTER)
cinq minutes avant la reprise des émissions de midi.
Ce test changea cependant souvent et je me souviens parfaitement d'un
"Muskrat Ramble" de Kid Ory joué au vibraphone
sur un rythme typique. Je n'en ai malheureusement aucune trace.
Puisque l'on vient d'évoquer "Pour nos soldats",
j'ai aussi parfaitement en mémoire l'indicatif de "La
voix du Bled" : une marche rapide de Chasseurs où les
cors dominent mais que je n'ai toujours pas retrouvée.
Merci à Jean-Paul et à Bernard d'avoir grandement contribué
à lever le voile sur ce vieux mystère.
Rémy Laven
22 janvier 2008